Près de Chicago, la profonde colère des habitants de "Little Palestine"

People hold signs during a protest to demand reproductive justice, defend the rights of trans and queer people and demand a ceasefire in Gaza on the eve of the Democratic National Convention (DNC) at the United Center in Chicago, Illinois, on August 18, 2024. (Photo AFP)
People hold signs during a protest to demand reproductive justice, defend the rights of trans and queer people and demand a ceasefire in Gaza on the eve of the Democratic National Convention (DNC) at the United Center in Chicago, Illinois, on August 18, 2024. (Photo AFP)
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Publié le Lundi 19 août 2024

Près de Chicago, la profonde colère des habitants de "Little Palestine"

  • Dans les allées de Bridgeview, quelques drapeaux palestiniens se détachent des façades grises. Sous les enseignes en arabe et en anglais, des affiches appelant à manifester contre le soutien américain à Israël sont placardées.
  • Sans un changement radical de la politique du Parti démocrate en la matière, il faudra faire sans eux en novembre, préviennent les électrices et électeurs de Little Palestine.

BRIGEVIEW : "Ils n'auront pas notre vote". A une vingtaine de kilomètres de Chicago, où le Parti démocrate s'apprête à investir triomphalement Kamala Harris,  les membres de la plus grande communauté palestinienne du pays ne décolèrent pas.

Dans les allées de Bridgeview, quelques drapeaux palestiniens se détachent des façades grises. Sous les enseignes en arabe et en anglais, des affiches appelant à manifester contre le soutien américain à Israël sont placardées.

Après plus de dix mois de conflit dévastateur à Gaza, la tenue cette semaine de la convention démocrate ravive le ressentiment des habitants de cette ville surnommée "Little Palestine" contre le duo qui dirige le pays.

"Ce que je peux vous dire, c'est que les gens sont furieux contre Joe Biden et Kamala Harris. Ils ne sont pas les bienvenus ici", lâche Ali Ibrahim, la vingtaine.

"Ils n'auront pas notre vote cette année, et nous ne voulons pas qu'ils soient élus, parce que ce qui se passe est mal, et nous ne tolérons pas cela", assure le jeune homme, pendentif en forme de la Palestine autour du cou.

"Certains membres de notre communauté ont travaillé dur pour faire élire Joe Biden en 2020, et se sentent maintenant trahis", témoigne Souzan Naser, née en Palestine et élevée dans cette banlieue de Chicago.

Car ici, explique-t-elle, chacun est de près ou de loin relié au conflit.

"J'ai une étudiante qui a par exemple perdu 35 membres de sa famille", confie cette enseignante et membre de l'association propalestinienne USPCN, la voix étranglée par l'émotion.

La guerre, déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas en Israël a fait plus de 40.000 morts dans la bande de Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé à Gaza.

- "Trahis" -

Une tragédie qui aurait pu être évitée, selon Ali Ibrahim. Les responsables américains "auraient pu facilement appeler à un cessez-le-feu et faire que cette guerre soit terminée depuis longtemps", estime-t-il.

"Avec un trait de stylo, ils peuvent mettre fin au génocide, ils peuvent choisir de cesser d'envoyer l'aide militaire qui massacre notre peuple", abonde Mme Naser.

Pour elle, comme pour d'autres habitants rencontrés, le retrait du président Biden de la course, et son remplacement par la vice-présidente, qui a promis de ne "pas rester silencieuse" face aux souffrances des civils palestiniens, ne change rien.

"En a-t-elle fait assez? Non. Le fera-t-elle? C'est ce que nous espérons", résume le propriétaire d'un restaurant palestinien, Muhammad Baste, appelant à des actions plutôt que des promesses.

Parmi celles souhaitées: un cessez-le-feu permanent, la fin de l'aide américaine apportée à Israël et un embargo sur les armes. Une mesure qui ne serait toutefois pas envisagée par la candidate, avait indiqué en début de mois l'un de ses proches conseillers.

Sans un changement radical de la politique du Parti démocrate en la matière, il faudra faire sans eux en novembre, préviennent les électrices et électeurs de Little Palestine.

"Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que nous votions pour vous lorsque vos valeurs, vos politiques et vos principes ne correspondent pas aux nôtres", assène Mme Naser.

Et qu'on ne vienne pas lui dire, comme Kamala Harris elle-même, que les abstentionnistes pourraient être responsables d'un retour au pouvoir du républicain Donald Trump.

Une nouvelle présidence Trump serait un "désastre", estime l'enseignante, "mais nous refusons d'en prendre la responsabilité. Nous vous avons donné tout le temps nécessaire pour changer de cap et vous continuez à insister", accuse-t-elle.

Lors d'un récent déplacement de campagne, Kamala Harris avait été interrompue par des militants propalestiniens criant "nous ne voterons pas en faveur d'un génocide!".

"Si vous voulez que Donald Trump gagne, continuez à dire ça", avait répliqué sèchement la démocrate. "Sinon, c'est moi qui parle."


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.