Qui l'Iran veut-il voir à la tête de la Maison Blanche ?

Vue générale de la Maison Blanche (Reuters)
Vue générale de la Maison Blanche (Reuters)
Short Url
Publié le Vendredi 16 août 2024

Qui l'Iran veut-il voir à la tête de la Maison Blanche ?

Qui l'Iran veut-il voir à la tête de la Maison Blanche ?
  • Il est évident que le régime iranien calcule également l'impact d'une riposte sur les résultats des élections américaines, à la suite des frappes israéliennes
  • Le régime se range indéniablement du côté de la vice-présidente Kamala Harris, candidate désignée par le Parti démocrate

Malgré ses propos acerbes à l'encontre des États-Unis au cours des cinq dernières décennies, le régime de Téhéran fait tout ce qu'il peut pour influencer le résultat des élections présidentielles américaines. Savoir qui est aux commandes à la Maison Blanche revêt une importance cruciale pour l'Iran, puisque cela dicte ses actions dans la région. Cette théorie est vraie depuis que le régime a pris le pouvoir et a joué un rôle dans la course présidentielle entre Jimmy Carter et Ronald Reagan jusqu'à l'élection de 1980.

La crise iranienne des otages a commencé en novembre 1979 lorsque des militants iraniens se sont emparés de l'ambassade des États-Unis à Téhéran, retenant 52 Américains en otage pendant 444 jours. Cette crise a eu une incidence considérable sur l'élection présidentielle américaine de 1980, contribuant à la défaite de Carter. À la suite de cette longue prise d'otages, Carter a été perçu comme inefficace dans la gestion des crises internationales, ce qui a érodé la confiance de l'opinion publique dans son leadership. Cette perception, combinée à des questions économiques, a permis à Reagan de l'emporter. Les otages ont été libérés le 20 janvier 1981, quelques minutes après l'investiture de Reagan en tant que 40e président des États-Unis. Le régime avait choisi de retarder la libération jusqu'à ce que les résultats des élections soient connus, mais avant le début effectif de la présidence de Reagan.

La question des représailles iraniennes aux frappes israéliennes fait partie intégrante de l'actualité.

                                             Khaled Abou Zahr

Depuis, le régime iranien préfère systématiquement avoir un démocrate à la Maison Blanche. Les actions de Téhéran traduisent cette préférence, en particulier pendant les années électorales. Dans certains cas, lorsque l'économie est le sujet principal, l'impact est limité. Cette année, c'est une autre histoire, la guerre à Gaza ayant occupé le devant de la scène non seulement sur la scène politique américaine, mais aussi au sein même du parti démocrate. Et la question des représailles iraniennes aux frappes israéliennes fait partie intégrante de l'actualité.

Alors que Téhéran envisage de mettre en œuvre la vengeance promise après l'assassinat du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyé, il est évident que le régime calcule également l'impact d'une riposte sur les résultats des élections américaines. Cette fois-ci, le régime se range indéniablement du côté de la vice-présidente Kamala Harris, candidate désignée par le Parti démocrate, pour diverses raisons.

Quel serait l'effet d'une attaque musclée sur les résultats des élections? Tout d'abord, toute riposte de l'Iran faisant fi des règles d'engagement avec Israël risque d'étendre le conflit. De plus, étant donné que Kamala Harris est déjà à la Maison Blanche, toute escalade nuira à ses chances, puisqu'elle suggérera que la situation a été gérée de manière inefficace et aura également des répercussions négatives sur l'économie. Par ailleurs, le régime iranien constate à quel point le Parti démocrate se montre critique à l'égard des politiques de guerre d'Israël. Que les émissaires de la Maison Blanche se rendent souvent au Moyen-Orient pour tenter d'éviter l'escalade est sans doute jouissif pour Téhéran.

Israël tente de mettre la patience de l'Iran à rude épreuve.

                                 Khaled Abou Zahr

Les mises en garde actuelles d'Israël incitent Téhéran à retarder ses représailles afin de trouver un moyen créatif d'éviter l'escalade. Israël comprend également cette situation et tente de mettre cette patience iranienne calculée à rude épreuve. C'est pour cela qu'il continue d'aller de l'avant en ignorant les pressions exercées par les États-Unis et d'autres pays. Tel-Aviv sait également que cette occasion unique pourrait disparaître avec les prochaines élections.

Lors d'un rassemblement dans le Michigan, la vice-présidente Kamala Harris s'est adressée aux manifestants propalestiniens en disant : « Si vous voulez que Donald Trump gagne, alors dites-le. Sinon, c'est moi qui parle. » C'est également le même raisonnement que celui du régime iranien ; il peut soit perturber le cours des événements, soit attendre les élections de novembre. C'est pourquoi, à moins qu'un accident ne se produise ou qu'Israël ne frappe une autre cible symbolique, le régime et ses mandataires éviteront une escalade. L'Iran s'attend à ce que son silence soit valorisé par une éventuelle administration Harris.
 

Khaled Abou Zahr est le fondateur de SpaceQuest Ventures, une plate-forme de financement axée sur l’espace. Il est PDG d’EurabiaMedia et rédacteur en chef d’Al-Watan al-Arabi. 

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com