Nouveau renoncement à gauche pour Matignon, la droite présente son "pacte législatif"

Vue générale des députés lors du troisième tour de l'élection du président de la chambre basse à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 18 juillet 2024. Les nouveaux députés se réunissent pour la première fois le 18 juillet 2024 (AFP)
Vue générale des députés lors du troisième tour de l'élection du président de la chambre basse à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 18 juillet 2024. Les nouveaux députés se réunissent pour la première fois le 18 juillet 2024 (AFP)
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Publié le Lundi 22 juillet 2024

Nouveau renoncement à gauche pour Matignon, la droite présente son "pacte législatif"

  • Plus de deux semaines après être arrivée en tête des législatives anticipées, mais loin de la majorité absolue à l'Assemblée, la gauche revendique toujours le poste de Premier ministre mais continue de se diviser sur le nom de son candidat.
  • Face à ces divisions, le camp présidentiel espère tirer son épingle du jeu.

PARIS : Nouveau renoncement à gauche pour Matignon: après la Réunionnaise Huguette Bello, Laurence Tubiana a jeté l'éponge lundi face aux désaccords internes du Nouveau Front populaire, tandis que la droite va présenter son "pacte législatif" et que le camp présidentiel travaille à une large coalition.

Plus de deux semaines après être arrivée en tête des législatives anticipées, mais loin de la majorité absolue à l'Assemblée, la gauche revendique toujours le poste de Premier ministre mais continue de se diviser sur le nom de son candidat.

Emmanuel Macron n'a, à ce stade, pas demandé au Nouveau Front populaire de lui proposer un nom, mais chargé le gouvernement de Gabriel Attal, qui a démissionné mardi dernier, de gérer les affaires courantes.

La France entre dans la période des Jeux Olympiques qui s'ouvriront vendredi, l'occasion d'une "trêve politique", selon Emmanuel Macron.

La dernière candidate potentielle pour Matignon à gauche n'a pas résisté aux dissensions: "Je constate que mon nom a rencontré des oppositions au sein du NFP", a écrit lundi matin sur X la diplomate du climat Laurence Tubiana, qui en prend "acte" et renonce à briguer le poste.

Son nom avait été proposé par le Parti socialiste, et validé par les écologistes et les communistes, mais elle été rejetée par les Insoumis qui la trouvent trop "Macron-compatible".

C'est la deuxième candidate envisagée par le Nouveau Front populaire qui renonce. Avant elle, la présidente de la région Réunion Huguette Bello, dont le nom avait été avancé par les communistes et appuyé par les Insoumis et les écologistes, a abandonné après l'opposition du PS.

Le Nouveau Front populaire, construit dans l'urgence après la dissolution surprise de l'Assemblée, se trouve dans l'impasse, au grand désespoir des électeurs de gauche et de plusieurs élus, comme le député François Ruffin, qui a déploré dimanche la "nullité" de l'alliance de gauche.

Pour sortir de cette situation, les socialistes avaient réclamé vendredi "un vote solennel des députés des quatre groupes" d'ici le mardi 23 juillet.

Mais le coordinateur de LFI Manuel Bompard, prônant une décision par "consensus", a réitéré lundi son opposition à un tel vote et souligné qu'il n'y avait pas d'urgence à trancher, tant que le président de la République n'appelait pas les formations de gauche à constituer un gouvernement.

"La responsabilité, elle appartient aujourd'hui au président de la République de se tourner vers le Nouveau Front populaire", a-t-il jugé. "S'il le fait, nous terminerons nos discussions et (...) nous lui proposerons effectivement un candidat ou une candidate".

Au cours d'un contact entre les partenaires du NFP, d'autres noms ont été mis sur la table, dont ceux de la directrice générale d'Oxfam France et ancienne ministre Cécile Duflot, de l'ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon et du chef des députés communistes André Chassaigne.

- Travail et autorité -

Insoumis et socialistes se divisent avant tout sur leur stratégie: le mouvement de Jean-Luc Mélenchon ne jure que par "le programme, rien que le programme, tout le programme" du NFP. Les socialistes, eux, reconnaissent la nécessité d'élargir le projet, et mettent en doute la volonté de LFI de vouloir gouverner.

Face à ces divisions, le camp présidentiel espère tirer son épingle du jeu.

Gabriel Attal, Premier ministre démissionnaire et chef de file des députés macronistes, a proposé à ces derniers de "contribuer" à un pacte de "coalition" avec "la gauche et/ou la droite républicaines", dans un courrier transmis dimanche.

Ce courrier vient en résonance avec le "pacte législatif" que Laurent Wauquiez, nouveau président du l'ex-groupe LR à l'Assemblée, rebaptisé La droite républicaine, doit détailler lundi après-midi, avec le président des LR au Sénat Bruno Retailleau.

Après une alliance à l'Assemblée en fin de semaine dernière entre la macronie et la droite, qui a permis aux deux camps d'obtenir plusieurs postes importants, ce "pacte législatif" pourrait servir de fondement à un éventuel accord plus large. Même si La droite républicaine assure refuser toute "coalition gouvernementale" avec le bloc central.

Le projet de pacte, dévoilé la semaine dernière, repose sur "une dizaine de textes" jugés prioritaires, autour du travail et de l'autorité.


Après les tensions, Paris et Alger entament un nouveau chapitre

Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune sont convenus de relancer les échanges bilatéraux et de jeter les bases de cette reprise. (AFP)
Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune sont convenus de relancer les échanges bilatéraux et de jeter les bases de cette reprise. (AFP)
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  • Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont décidé de relancer les échanges bilatéraux
  • L'échange téléphonique a permis de formaliser une feuille de route ambitieuse et pragmatique

Après avoir frôlé la rupture, un nouveau chapitre s'ouvre dans les relations entre la France et l'Algérie.

Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune sont convenus de relancer les échanges bilatéraux et de jeter les bases de cette reprise.

Le communiqué publié par le palais de l'Élysée fait suite à plusieurs signes récents de rapprochement, notamment l'entretien accordé par Tebboune aux journalistes des médias publics algériens, où il a exprimé sa volonté de renouer le dialogue avec son homologue français et de mettre fin à ce qu'il a qualifié de «période d'incompréhension» entre leurs deux pays.

L'échange téléphonique a permis de formaliser une feuille de route ambitieuse et pragmatique, centrée sur trois axes prioritaires: la coopération sécuritaire, la gestion des flux migratoires et les questions mémorielles.

Le communiqué conjoint, publié à l’issue de cet échange, souligne la volonté des deux chefs d’État de dépasser les crises récentes pour amorcer une relation apaisée et mutuellement bénéfique.

Premier résultat concret dans le cadre de cette volonté affichée, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot se rend à Alger le 6 avril pour des entretiens avec son homologue algérien Ahmed Attal.

Les ministres devront détailler un programme de travail ambitieux et en décliner les modalités opérationnelles et le calendrier de mise en œuvre.

La coopération sécuritaire doit reprendre sans délai, notamment pour lutter contre le terrorisme au Sahel et sécuriser les frontières de la région.

La gestion des migrations irrégulières et la question des réadmissions de ressortissants algériens en situation irrégulière en France sont au cœur des discussions. 

Cette dynamique s’inscrit dans la continuité de l’engagement du président français, exprimé dès le début de son premier mandat et même avant, lors de sa campagne électorale en Algérie, où il avait qualifié la colonisation de «crime contre l’humanité».

Plus tard et dès son élection en 2017, Macron a affiché sa volonté de regarder «la vérité en face». Sa première visite officielle en Algérie marquait la priorité qu’il entend donner à la relation franco-algérienne, en posant les bases d’un dialogue sincère et apaisé. 

Cet engagement a été réaffirmé par la déclaration d’Alger en août 2022, qui prévoyait la mise en place d’une «commission mixte des historiens» chargée d’examiner les archives et de favoriser une meilleure compréhension mutuelle.

Les enjeux de ce rapprochement, dont l’objectif est la poursuite du travail de refondation des relations bilatérales, dépassent le cadre strictement bilatéral et s’inscrivent dans un contexte géopolitique et sécuritaire complexe.

La coopération entre Paris et Alger est essentielle pour répondre aux défis régionaux, notamment dans le Sahel, où le terrorisme et l’instabilité menacent la sécurité de l’Afrique du Nord et de l’Europe. 

La France et l’Algérie partagent un intérêt commun pour la lutte contre les groupes armés et leur coopération stratégique revêt une importance capitale pour stabiliser la région.

La gestion des flux migratoires reste un point de tension récurrent, car si la France souhaite des mécanismes de réadmission efficaces, l’Algérie demande le respect de la dignité et des droits de ses ressortissants. 

Malgré la volonté de réconciliation affichée, le dossier mémoriel reste un obstacle majeur.

La question des excuses officielles pour les crimes coloniaux demeure sensible. Si Emmanuel Macron a reconnu des «crimes contre l’humanité» en 2017, les demandes d’excuses formelles de l’Algérie n’ont pas encore été pleinement satisfaites. 

Les travaux de la commission mixte des historiens, lancés à l’été 2022, doivent permettre d’approfondir la recherche sur cette période sombre et de poser les bases d’un dialogue apaisé.

Malgré les gestes d’ouverture, les relations entre Paris et Alger restent fragiles, en partie en raison d’une méfiance réciproque, alimentée par des perceptions contradictoires des enjeux bilatéraux.

L’un des points de friction les plus marquants est la question du Sahara occidental. La position française, perçue comme favorable au Maroc, a suscité des crispations du côté algérien, allant jusqu’au rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France. 

Pour Alger, le soutien implicite de Paris au plan d’autonomie marocain est perçu comme un alignement qui remet en cause l’équilibre diplomatique régional.

Bien que la France ait tenté de clarifier sa position, en affirmant vouloir accompagner une dynamique internationale de sortie de crise, ce dossier demeure une source de tension. 

Au-delà des relations diplomatiques, les opinions publiques des deux pays jouent un rôle crucial dans l’évolution du partenariat.

En Algérie, une partie de la population reste méfiante vis-à-vis des intentions françaises, nourrie par un sentiment de souveraineté exacerbée et par la mémoire toujours vive des exactions coloniales. 

En France, la question algérienne suscite également des clivages politiques. Certains considèrent les gestes mémoriels comme une forme de repentance excessive, tandis que d’autres appellent à une reconnaissance plus franche des torts commis pendant la colonisation. 

La relance des relations entre la France et l’Algérie repose sur un équilibre délicat entre la reconnaissance du passé, la gestion des défis actuels et la mise en œuvre d’une coopération tournée vers l’avenir. 

Malgré la volonté politique manifeste, la concrétisation de ce partenariat dépendra de la capacité des deux dirigeants à dépasser les clivages historiques et à impulser une dynamique durable.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau.