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Quelques mois après l’investiture de Joe Biden en tant que 46e président des États-Unis, ses partisans se sont vantés d’avoir nommé plus d’Américains d’origine arabe à des postes administratifs que tout autre président.
Cette affirmation a été répétée il y a deux ans lors de mon émission de radio parrainée par Arab News par des membres de l’organisation Arab Americans in Foreign Affairs Agencies Employee Organization. Dirigée par deux Arabo-Américains, cette organisation vérifie et recommande des membres de la communauté pour des nominations à la Maison Blanche et au département d’État.
Leur présence dans l’administration Biden était censée concrétiser la plateforme élaborée par Biden pour renforcer son soutien parmi les Américains d’origine arabe, notamment dans l’État clé du Michigan, que Biden a remporté de justesse en 2020 (il n’a battu Donald Trump que de 154 000 votes sur près de 5,5 millions de votes).
Biden a fondé son « inclusion » des Arabo-Américains dans un programme intitulé « Un plan pour le partenariat », publié en août 2020 pendant sa campagne présidentielle.
C’était tout à fait vrai. Biden est allé plus loin que n’importe quelle autre administration en engageant directement des Américains d’origine arabe et en les plaçant à des postes clés tout au long de son mandat, plutôt que de se contenter d’interagir uniquement avec les dirigeants du monde arabe, comme le faisaient les administrations précédentes. Cette initiative a été accueillie avec enthousiasme par les Américains d’origine arabe.
Les Arabo-Américains ont été exclus de la vie politique américaine pendant de nombreuses années. Une exception notable s’est produite en 1984, lorsque le révérend Jesse Jackson a inclus les Arabo-Américains dans sa campagne pour obtenir l’investiture du parti démocrate à l’élection présidentielle. Bien que Jackson n’ait pas obtenu l’investiture, il a contribué, en collaboration avec Jim Zogby, fondateur et président de l’Institut arabo-américain, à l’élaboration d’une plateforme du Comité national démocrate qui reconnaissait les demandes de paix au Moyen-Orient émanant des Américains d’origine arabe et du monde arabe.
Mais après avoir établi le record du plus grand nombre d’Américains d’origine arabe à la Maison Blanche et au Département d’État, Joe Biden a discrètement imposé une condition essentielle : les personnes nommées ont été étroitement surveillées et il leur a été interdit de donner des interviews publiques aux grands médias, y compris aux médias arabo-américains.
De nombreux analystes et experts des médias pensent naïvement que Biden a perdu le soutien des Américains d’origine arabe l’année dernière lorsqu’il n’a pas réussi à empêcher Israël de mener l’un des massacres de civils arabes les plus horribles depuis des années, en représailles aux attaques du Hamas à Gaza le 7 octobre. Selon The Lancet, le bilan de la guerre israélienne contre Gaza pourrait dépasser les 186 000 morts.
Les problèmes ont surgi dès que les Américains d’origine arabe nommés dans l’administration ont assumé leurs fonctions à la Maison Blanche et au Département d’État.
Ray Hanania
Cependant, les problèmes de Biden avec la communauté arabo-américaine ont commencé bien avant le 7 octobre. En réalité, les problèmes ont surgi dès que les Américains d’origine arabe nommés dans l’administration ont assumé leurs fonctions à la Maison Blanche et au Département d’État. On leur a demandé de ne pas accorder d’interviews publiques, craignant que cela ne contrarie les alliés israéliens de Biden. Par conséquent, ils ont été contraints de travailler discrètement en coulisses.
La démarche de Biden auprès de la communauté arabo-américaine a peut-être été bien accueillie par les Américains d’origine arabe, mais elle a irrité le mouvement pro-israélien, qui a longtemps régné incontesté en matière de lobbying et d’influence sur la Maison Blanche et sur une majorité écrasante de législateurs au Congrès, veillant à ce qu’ils partagent l’opposition d’Israël à la création d’un État palestinien.
La crainte de provoquer la colère du lobby pro-israélien était intense, ce qui a motivé la politique de silence imposée aux personnalités arabo-américaines nommées. Quelques-uns ont accordé des interviews, mais la plupart ont été soigneusement chorégraphiées et gérées par l’administration, y compris celle que j’ai réalisé en 2022 avec Hady Amr, le secrétaire d’État adjoint chargé des affaires israéliennes et palestiniennes. Amr a probablement accordé plus d’interviews que les autres, se montrant toujours franc, optimiste et soucieux de veiller à ce que chacun soit traité équitablement.
La montée de l’influence arabo-américaine a inquiété de nombreux groupes pro-israéliens, notamment l’American Israel Public Affairs Committee. Lors des dernières élections primaires, ce comité a remporté les 224 courses où il avait financé un candidat, battant ainsi des dizaines de candidats pro-arabes.
La plupart des présidents, y compris Barack Obama, qui a été constamment attaqué par les critiques pro-israéliens, ont ressenti cette intense pression du lobbying et ont ajusté leur rhétorique en faveur des droits des Arabes et des Palestiniens.
Biden a réussi à aller plus loin dans son soutien aux Américains d’origine arabe en grande partie parce qu’il se déclare sioniste depuis des années. Chaque fois que les Américains juifs et les militants pro-israéliens s’inquiétaient de sa proximité avec la communauté arabe, Biden soulignait ce fait.
Cela lui a permis de tendre la main aux Américains d’origine arabe sans trop se soucier de la colère que cela pourrait provoquer chez les puissants lobbies israéliens. Cependant, l’essentiel ne réside pas dans la perception ou l’image, et il ne s’agit certainement pas de rhétorique vide.
Biden n’a pas su répondre aux préoccupations des Américains d’origine arabe, et son incapacité à limiter la brutalité excessive d’Israël à Gaza ne fait que souligner ce constat tragique.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur plusieurs fois primé de la mairie de Chicago. Il peut être joint sur son site Internet personnel à l’adresse suivante: www.Hanania.com X: @RayHanania
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
