La Russie et la Biélorussie ont été toutes deux interdites de participer aux jeux Olympiques (JO) d’été de Paris en raison de leur implication dans la guerre contre l’Ukraine. Alors,pourquoi la participation d’Israël est-elle maintenue?
L’armée israélienne est engagée dans l’une des pires attaques contre une population depuis la Seconde Guerre mondiale, avec plus de 37 000 Palestiniens tués dans la bande de Gaza. Et nous n’avons que la parole d’Israël, selon laquelle denombreuses personnes tuées seraient des membres du Hamas, le groupe militant qui a lancé une violente offensive contre Israël, tuant environ 1 200 personnes, le 7 octobre 2023.
Au cours des deux premières années qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, plus de 30 000 Ukrainiens ont été tués ou blessés.
Il existe, en réalité, plus de détails précis sur la façon dont les Ukrainiens sont tués par la Russie que sur les bombardements militaires imprudents menés par Israël sur presque toutes les villes de la bande de Gaza. Les détails de la violence contre l’Ukraine sont si précis que les organisations humanitaires et d’aide ont estimé le nombre de victimes à 42 civils par jour.
«Si la primauté du droit international et la prétendue opposition de l’Occident au massacre de civils n’étaient pas dépourvues de sens, la participation d’Israël aux JO serait interdite.»
Ray Hanania
Plus de 87% des Ukrainiens tués, soit 9 241 personnes, ont été victimes d’armes explosives. Plus de 5,9 millions de personnes ont été contraintes de fuir l’Ukraine vers d’autres pays et environ 4 millions d’individus sont déplacés à l’intérieur de l’Ukraine.
À Gaza, près de 85% des 2,3 millions d’habitants ont été contraints de quitter leur domicile et cherchent constamment un abri. Israël ne se contente pas de tirer des missiles sur la masse terrestre assiégée, mais il a également envoyé des chars, des troupes et des tireurs d’élite dans la zone, tuant des personnes qui se déplaçaient de Beit Lahia, au nord à Rafah,dans le Sud.
La France, pays hôte des jeux Olympiques de cette année, est divisée sur l’invasion israélienne et le gouvernement a pris des mesures pour s’opposer à la montée de l’antisémitisme. Le président français Emmanuel Macron a également tenté de réconforter les musulmans.
Pourquoi le Comité international olympique n’a-t-il pas pris de mesures pour limiter ou interdire la participation d’Israël aux JO? Si la primauté du droit international et la prétendue opposition de l’Occident au massacre de civils n’étaient pas dépourvues de sens, la participation d’Israël serait interdite.
Le problème est que, lorsqu’il s’agit du Moyen-Orient, l’Occident s’est toujours moins soucié des souffrances des Arabes et des musulmans que de celles des non-Arabes et des non-musulmans. C’est cette attitude raciste et islamophobe, alimentée par des stéréotypes historiques affreux qui remontent aux croisades d’il y a près de mille ans, qui permet à l’Occident de se préoccuper de l’Ukraine et d’être en colère contre la Russie tout en étant indifférent aux Arabes de Gaza et de tout le Moyen-Orient et en tolérant l’attitude d’Israël.
Israël contrôle en grande partie le récit médiatique de la guerre, affirmant à tort que les violences ont commencé le 7 octobre. Les médias occidentaux ont généralement défendu ce récit, apportant de l’eau au moulin d’Israël.
Pendant ce temps, Israël s’est engagé dans une guerre non seulement contre le Hamas, mais aussi contre des journalistes indépendants, principalement arabes, tuant plus de 100 de ceux qui couvraient la guerre depuis Gaza et qui n’étaient pas intégrés à l’armée israélienne, qui censure et contrôle le contenu.
«Il existe d’innombrables preuves qui montrent qu’Israël représente une plus grande menace pour les civils de Gaza que la Russie pour les civils d’Ukraine.»
Ray Hanania
La violence d’Israël avant l’attaque du Hamas du 7 octobre était excessive, mais sous-estimée par les médias occidentaux. La vérité est que le carnage israélien contre les Palestiniens a commencé bien avant la fondation du Hamas, qui trouve ses racines dans une tentative israélienne de saper la montée du nationalisme palestinien laïc dans les années 1970.
Compte tenu de la censure militaire établie par Israël à Gaza et en Cisjordanie depuis le début de l’occupation en 1967, il est difficile de connaître le nombre exact de Palestiniens tués, ainsi que l’ampleur du vol de terres qui se poursuit afin de construire et d’élargir les colonies réservées aux Juifs.
Les estimations du nombre de Palestiniens tués en 2023 avant le 7 octobre varient entre 175 et 230, alors que, en 2022, ce chiffre se situait entre 250 et 400. B’Tselem, l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme, essaie de tenir sa propre liste, mais, il y a plusieurs années, le gouvernement israélien a réprimé ces groupes humanitaires et de défense des droits de l’homme.
En 2021, B’Tselem a mené une recherche approfondie et détaillé ses conclusions dans un document qui concluait qu’Israël menait des politiques d’apartheid discriminatoires à l’égard des non-Juifs.
Des mois plus tard, le gouvernement israélien a déclaré six groupes palestiniens de défense des droits de l’homme de premier plan comme «organisations terroristes», limitant ainsi leur capacité à documenter les violations des droits de l’homme commises par Israël et ses violences militaires et policières contre les non-Juifs.
Cependant, après l’attaque du Hamas, les organisations palestiniennes étant réduites au silence par les politiques restrictives et les menaces d’Israël, B’Tselem a documenté la manière dont l’invasion de Gaza par Israël mettait l’accent sur la violence contre les civils.
Malgré les efforts d’Israël pour masquer sa violence et se concentrer sur la violence du Hamas, ainsi que ses efforts pour censurer tout média qui n’adhère pas à sa propagande, notamment en ciblant et en tuant des journalistes indépendants, il existe d’innombrables preuves pour montrer qu’Israël représente une plus grande menace pour les civils de Gaza que la Russie pour les civils d’Ukraine.
Si le Comité international olympique avait une conscience, il empêcherait immédiatement Israël de participer aux JO de Paris, ainsi que toutes les nations qui se livrent à une violence excessive et sans restriction contre les civils. D’un autre côté, si Israël est autorisé à participer aux JO de 2024, la Russie et la Biélorussie devraient également être autorisées à y participer.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur plusieurs fois primé de la mairie de Chicago. Il peut être joint sur son site Internet personnel à l’adresse suivante: www.Hanania.com
X: @RayHanania
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com