Israël: la colère d'une ex-otage dont le mari est mort en captivité à Gaza

Cette photo diffusée par l'armée israélienne le 8 juin 2024 montre Noa Argamani, 26 ans, serrée dans les bras de son père au centre médical Sheba Tel-HaShomer, après son sauvetage de la bande de Gaza par l'armée israélienne, à Ramat Gan près de Tel Aviv le 8 juin 2024. (Photo distribuée Armée israélienne AFP)
Cette photo diffusée par l'armée israélienne le 8 juin 2024 montre Noa Argamani, 26 ans, serrée dans les bras de son père au centre médical Sheba Tel-HaShomer, après son sauvetage de la bande de Gaza par l'armée israélienne, à Ramat Gan près de Tel Aviv le 8 juin 2024. (Photo distribuée Armée israélienne AFP)
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Publié le Lundi 10 juin 2024

Israël: la colère d'une ex-otage dont le mari est mort en captivité à Gaza

  • La colère froide de cette femme de 79 ans tranche avec l'euphorie qui avait accompagné l'annonce, la veille, de la libération de quatre otages aux mains du Hamas lors d'une opération au centre de la bande de Gaza
  • Un tiers de pita et un bout de fromage avec deux dattes le matin, du riz le soir, pas d'eau chaude pour se doucher, des soucis de santé pour elle et ses camarades de captivité, Mme Metzger raconte avec précision ses longues journées aux mains du Hamas

KIRYAT GAT, Israël : Une semaine après l'annonce officielle de la mort de son mari captif à Gaza, Tami Metzger, ex-otage du Hamas ne décolère pas contre le gouvernement israélien.

«Si le gouvernement avait arrêté la guerre», dit-elle, son mari Yoram, serait encore en vie.

«Je suis en colère, ils n'ont pas de cœur», ajoute-t-elle à propos des dirigeants israéliens.

L'armée israélienne avait annoncé la semaine dernière la mort de quatre otages israéliens retenus depuis le 7 octobre par le Hamas à Gaza dont Yoram Metzger, 80 ans.

Quand Mme Metzger reçoit dimanche l'AFP dans sa maison de Kiryat Gat, dans le sud d'Israël, la colère froide de cette femme de 79 ans tranche avec l'euphorie qui avait accompagné l'annonce, la veille, de la libération de quatre otages aux mains du Hamas lors d'une opération au centre de la bande de Gaza.

Si elle aussi a partagé la joie de tout un pays, elle ne dissimule pas sa rancoeur à l'égard du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, «qui a vite couru pour parler aux ex-otages».

«Quand nous sommes sortis, pas un mot, personne ne nous a parlé», déplore-t-elle en référence au moment où elle-même, alors otage à Gaza, a été libérée à la faveur d'un trêve d'une semaine entre Israël et le Hamas fin novembre.

Samedi soir, M. Netanyahu est allé rencontrer à l'hôpital les otages libérés et a multiplié les déclarations pour saluer leur retour et féliciter les forces de sécurité pour cette opération.

- Jetée dans un pick-up -

Le même soir, Ayala Metzger, sa belle fille, une des figures de la contestation anti-gouvernement a manifesté à Tel-Aviv, comme toutes les semaines, pour exiger un accord de libération des otages et «faire tomber le gouvernement».

Le 7 octobre, Tami Metzger a été enlevée avec son mari au kibboutz Nir Oz lors de l'attaque inédite du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, d'après un décompte de l'AFP s'appuyant sur des données israéliennes.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées et emmenées dans la bande de Gaza. Ils sont toujours 116 otages à y être retenus dont 41 sont considérés morts, d'après l'armée israélienne.

L'offensive militaire israélienne sur Gaza menée en représailles a tué plus de 37.100 Palestiniens, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza.

Interrogée sur sa captivité, Mme Metzger raconte avec force détails son enlèvement par des Palestiniens non armés : «Un Gazaoui a ouvert (la salle de bains) et m'en a sortie. Il m'a demandé de l'argent, mais je n'avais pas d'argent (...), il m'a attrapé par les bras et m'a tiré dehors.»

Emmenée sur une moto par deux hommes, puis jetée à l'arrière d'un pick-up le visage en sang, la septuagénaire est poussée dans un tunnel souterrain et forcée de marcher pendant des kilomètres, se souvient-elle.

Pendant plus de 50 jours, elle vit sous terre avec un groupe d'une dizaine d'autres otages parmi lesquels son mari. Arabisant, Yoram Metzger servait d'interprète avec leurs geôliers.

Un tiers de pita et un bout de fromage avec deux dattes le matin, du riz le soir, pas d'eau chaude pour se doucher, des soucis de santé pour elle et ses camarades de captivité, Mme Metzger raconte avec précision ses longues journées passées aux mains du mouvement islamiste palestinien.

Elle se souvient aussi, sourire aux lèvres, des tentatives de son mari pour détendre l'atmosphère, en faisant des blagues. Interrogé sur ce qu'elle a ressenti pendant cette période, Mme Metzger reste pudique et ne dévoile pas ses sentiments.

- «Les enfants t'attendent» -

Quand elle est libérée le 28 novembre, elle n'a pas le temps de vraiment dire au revoir à son mari.

«Ils ne m'ont pas autorisé à (...) le toucher, ni lui parler», se souvient-elle. «Lui me criait +pars, les enfants t'attendent+, je n'avais pas d'autre choix que de partir et je ne l'ai plus jamais revu.»

Le 3 juin, quand l'armée lui annonce la mort de son mari, ainsi que celle de trois autres otages, elle n'est pas surprise.

En décembre, le Hamas avait diffusé une vidéo montrant son mari et deux otages originaires du kibboutz de Nir Oz, en vie, demandant leur libération.

«Quand j'ai vu cette vidéo, j'ai compris qu'il n'y avait pas d'espoir», dit Mme Metzger, faisant allusion à l'état des trois hommes, visiblement épuisés.

Entourée de ses trois fils et six petits-enfants, Mme Metzger se souvient avec nostalgie de sa vie paisible avant le 7 octobre mais, résignée, conclut par un triste: «C'est comme ça».


Soudan: violents combats près de Khartoum, des centaines de familles sur les routes

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  • Mercredi, les forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) ont attaqué la grande base de la ville de Bahri qui jouxte la capitale soudanaise au nord
  • Cette base appelée Hattab est restée aux mains de l'armée après le début de la guerre civile au Soudan en avril 2023

PORT-SOUDAN: Des centaines de familles soudanaises ont fui samedi une proche banlieue de Khartoum après une intensification des combats entre l'armée et les paramilitaires autour d'une base militaire, ont rapporté des témoins à l'AFP.

Mercredi, les forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) ont attaqué la grande base de la ville de Bahri qui jouxte la capitale soudanaise au nord. Cette base appelée Hattab est restée aux mains de l'armée après le début de la guerre civile au Soudan en avril 2023.

"Depuis ce matin (samedi), l'armée tire à l'artillerie vers le sud de la base Hattab tandis que des avions militaires survolent" la zone, a indiqué un témoin à l'AFP.

Dans le même temps, les paramilitaires des FSR "ont attaqué des maisons au sud de (la base) de Hattab, capturant des citoyens et en abattant d'autres", a témoigné un résident, Nasr el-Din, qui a souhaité taire son nom de famille pour des raisons de sécurité.

"Depuis le matin, des centaines de familles sont parties en direction du nord, portant leurs affaires sur leurs têtes" pour fuir les combats, a-t-il ajouté, ce qu'un autre témoin, anonyme, a corroboré.

La guerre entre l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les FSR, dirigées par son ancien adjoint Mohamed Hamdane Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 10 millions de personnes et notamment dans les pays voisins, selon l'ONU.

Vendredi, des experts de l'ONU mandatés par le Conseil des droits de l'Homme, ont réclamé le "déploiement sans délai" d'une force "indépendante et impartiale" afin de protéger les populations civiles, alors que la guerre a aussi provoqué une très grave crise humanitaire.

Selon eux, les belligérants soudanais "ont commis une série effroyable de violations des droits de l'Homme et de crimes internationaux, dont beaucoup peuvent être qualifiés de crimes contre l'humanité".

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a entamé samedi une visite de deux jours à Port-Soudan (est), siège de facto du gouvernement après que les autorités ont été chassées de Khartoum.

D'après un correspondant de l'AFP sur place, il a rencontré des responsables soudanais et devait visiter des infrastructures de santé.


Les Algériens votent pour choisir leur président, victoire escomptée de Tebboune

Les trois candidats disent tous vouloir améliorer le pouvoir d'achat et redresser l'économie, afin qu'elle soit moins dépendante des hydrocarbures (95% des recettes en devises). (AFP)
Les trois candidats disent tous vouloir améliorer le pouvoir d'achat et redresser l'économie, afin qu'elle soit moins dépendante des hydrocarbures (95% des recettes en devises). (AFP)
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  • Dans la capitale, hormis les services de sécurité autour des centres de vote, c'est l'atmosphère habituelle du week-end
  • Les télévisions diffusent des images du vote dans différentes régions, montrant dans certaines villes comme Djelfa (centre), des hommes faisant la queue dans un bureau

ALGERIE: Les Algériens ont commencé à voter samedi dans un scrutin présidentiel, qui devrait voir une réélection sans surprise d'Abdelmadjid Tebboune pour un deuxième mandat, dont le principal enjeu réside dans le taux de participation.

A l’ouverture des bureaux à 07H00 GMT, les personnes âgées, majoritairement des hommes, étaient, comme à l'accoutumée, les premières à glisser leur bulletin dans l’urne

"Je suis venu tôt exercer mon devoir et choisir le président de mon pays, en toute démocratie", déclare à l'AFP Sid Ali Mahmoudi, 70 ans, à Alger centre.

Dans la capitale, hormis les services de sécurité autour des centres de vote, c'est l'atmosphère habituelle du week-end. Le gros des électeurs, notamment les femmes et les plus jeunes, ne sont pas attendus avant l'après-midi.

Les télévisions diffusent des images du vote dans différentes régions, montrant dans certaines villes comme Djelfa (centre), des hommes faisant la queue dans un bureau.

Face au président sortant, deux candidats peu connus: Abdelaali Hassani, un ingénieur des travaux publics de 57 ans, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP), le principal parti islamiste, et Youcef Aouchiche, 41 ans, ancien journaliste et sénateur, à la tête du Front des forces socialistes (FFS), plus vieux parti d'opposition, ancré en Kabylie (est).

Une reconduction de M. Tebboune, 78 ans, est d'autant plus probable que quatre formations importantes soutiennent sa candidature, notamment le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique) et le mouvement islamiste El Bina.

Le président tient toutefois "à une participation importante. Il veut être un président normal, pas un président mal élu", souligne à l'AFP Hasni Abidi du Centre d'études Cermam à Genève.

Plus de 24 millions d'électeurs, sur 45 millions d'habitants, sont appelés à voter. Les bus publics, le métro et le tramway sont gratuits samedi afin de faciliter les déplacements.

Les résultats pourraient tomber dès samedi soir ou au plus tard dimanche.

« La deuxième économie en Afrique »

En décembre 2019, l'abstention avait battu des records (60%) lors du scrutin remporté par M. Tebboune avec 58% des suffrages, alors que les manifestations massives pour un changement du système en vigueur depuis l'indépendance (1962), battaient leur plein.

Dans une déclaration aux médias samedi, M. Hassani a appelé "le peuple algérien à voter en force" car "un taux de participation élevé donne une plus grande crédibilité à ces élections", après une campagne électorale menée en plein été et suscitant peu d'enthousiasme.

Les Algériens établis à l'étranger, 865.490 électeurs selon l'Autorité électorale Anie, votent depuis lundi. Des bureaux itinérants sillonnent les zones éloignées.

Les trois candidats disent tous vouloir améliorer le pouvoir d'achat et redresser l'économie, afin qu'elle soit moins dépendante des hydrocarbures (95% des recettes en devises).

Aidé par la manne du gaz naturel, M. Tebboune a promis de rehausser salaires et retraites, des investissements, deux millions de logements neufs et 450.000 emplois nouveaux, pour faire de l'Algérie, "la deuxième économie en Afrique", derrière l'Afrique du sud.

« Tolérance zéro »

En clôture de campagne mardi, celui que les réseaux sociaux surnomment affectueusement "aammi Tebboune" (Tonton Tebboune) s'est engagé à redonner aux jeunes -plus de la moitié des 45 millions d'habitants et un tiers des électeurs- la "place qui leur sied".

M. Tebboune affirme que son premier quinquennat a été entravé par le Covid-19 et la corruption de son prédécesseur, dont il fut pourtant ministre.

Ses rivaux promettent davantage de libertés. Le candidat du FFS s'engage à "libérer les prisonniers d'opinion via une amnistie et à réexaminer les lois injustes" sur le terrorisme ou les médias. Celui du MSP prône "le respect des libertés réduites à néant".

Selon l'expert Abidi, cinq ans après le Hirak, étouffé par les interdictions de rassemblement liées au Covid et l'arrestation de ses figures de proue, le bilan de M. Tebboune souffre "d'un déficit de démocratie" qui pourrait constituer un handicap lors d'un nouveau mandat.

L'ONG Amnesty International a accusé cette semaine le pouvoir de continuer d'"étouffer l'espace civique en maintenant une répression sévère des droits humains", avec de "nouvelles arrestations arbitraires" et "une approche de tolérance zéro à l'égard des opinions dissidentes".

Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD, algérien), des dizaines de personnes liées au Hirak ou à la défense des libertés, sont encore emprisonnées ou poursuivies.


Américaine tuée en Cisjordanie: la famille accuse Israël et réclame une enquête

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné vendredi "une intervention barbare d'Israël" qui a coûté la vie selon lui à Aysenur Ezgi Eygi. (AFP)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné vendredi "une intervention barbare d'Israël" qui a coûté la vie selon lui à Aysenur Ezgi Eygi. (AFP)
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  • Selon l'ONU, Aysenur Ezgi Eygi, 26 ans, a été tuée par des tirs des forces israéliennes alors qu'elle participait à une manifestation contre la colonisation juive à Beita
  • "Sa présence dans nos vies a été brutalement, injustement et illégalement arrachée par l'armée israélienne", a déploré la famille de la jeune femme dans un communiqué

JERUSALEM: La famille d'une militante américano-turque blessée mortellement par balle en Cisjordanie occupée lors d'une manifestation anticolonisation, a accusé samedi l'armée israélienne de l'avoir tuée et exigé une "enquête indépendante".

Selon l'ONU, Aysenur Ezgi Eygi, 26 ans, a été tuée par des tirs des forces israéliennes alors qu'elle participait à une manifestation contre la colonisation juive à Beita, près de Naplouse dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

"Sa présence dans nos vies a été brutalement, injustement et illégalement arrachée par l'armée israélienne", a déploré la famille de la jeune femme dans un communiqué.

"Aysenur défendait pacifiquement la justice lorsqu'elle a été tuée par une balle", a-t-elle ajouté, faisant état d'une vidéo "montrant qu'elle (la balle) provenait d'un tireur de l'armée israélienne".

"Nous demandons au président (Joe) Biden, à la vice-présidente (Kamala) Harris et au secrétaire d'Etat (Antony) Blinken d'ordonner une enquête indépendante sur le meurtre injuste d'une citoyenne américaine et de veiller à ce que les coupables répondent pleinement de leurs actes."

L'armée israélienne a indiqué vendredi que des soldats dans le secteur de Beita avaient "répondu par des tirs en direction de l'instigateur principal de violences qui avait lancé des pierres sur eux et présentait une menace". Elle a dit "examiner les informations selon lesquelles une ressortissante étrangère a été tuée du fait de coups de feu dans la zone".

Principal allié d'Israël, Washington a déploré la mort "tragique" de la jeune femme et a réclamé une enquête.

Sa famille a estimé toutefois qu'"au vu des circonstances (...)  de la mort d'Aysenur, une enquête israélienne n'est pas suffisante".

La jeune femme était membre du International Solidarity Movement (ISM), une organisation propalestinienne, et se trouvait à Beita pour participer à une manifestation hebdomadaire contre l'expansion des colonies israéliennes, selon l'ONG. Ces colonies sont illégales aux yeux du droit international.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné vendredi "une intervention barbare d'Israël" qui a coûté la vie selon lui à Aysenur Ezgi Eygi.

Les violences ont flambé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre.

Plus de 660 Palestiniens ont été tués depuis en Cisjordanie par des tirs de soldats ou colons israéliens, selon des données du ministère palestinien de la Santé.

Au moins 23 Israéliens, dont des soldats, y ont péri dans des attaques palestiniennes ou des opérations militaires, selon des données officielles israéliennes.