LONDRES: Israël mène une campagne de lobbying secrète visant à influencer les députés et le public américains au sujet de la guerre à Gaza, selon un article du New York Times publié mercredi.
La campagne, organisée et financée par le ministère israélien des Affaires de la diaspora, visait à obtenir un soutien aux actions d’Israël dans le conflit, comme l’ont révélé les responsables impliqués et les documents associés.
«Le rôle d’Israël dans cette affaire est imprudent et probablement inefficace», déclare Achiya Schatz, directeur général de FakeReporter, un organisme israélien de surveillance de la désinformation qui a identifié cette initiative en mars.
Il a qualifié de «particulièrement irresponsable» le fait de mener une opération qui s’immisce dans la politique américaine.
Les documents cités par le New York Times indiquent que le ministère a alloué près de deux millions de dollars (1 dollar = 0,92 euro) à l’opération et a embauché Stoic, une société de marketing politique de Tel-Aviv, pour exécuter la campagne.
Initiée en octobre, la campagne a utilisé des centaines de faux comptes sur des réseaux sociaux comme Facebook, Instagram et X pour publier des commentaires pro-israéliens générés par l’intelligence artificielle et ciblant les principaux députés américains.
Le représentant démocrate Hakeem Jeffries (leader de la minorité parlementaire de New York) ainsi que le sénateur Raphael Warnock de Géorgie semblent avoir été des cibles majeures.
Trois faux sites d’information en anglais présentant des articles pro-israéliens faisaient également partie de la campagne d’influence.
Malgré ces efforts, FakeReporter note que la campagne n’a pas eu d’«incidence à grande échelle».
Les comptes fermés par Meta en mai avaient «accumulé plus de quarante mille abonnés sur X, Facebook et Instagram», mais de nombreux abonnés semblaient être des robots, ne parvenant pas à générer une audience significative.
Le ministère israélien des Affaires de la diaspora a nié toute implication, affirmant qu’il n’avait aucun lien avec Stoic. Cependant, quatre membres actuels et anciens du ministère ont contredit cette affirmation, confirmant l’implication du ministère.
Si cela est vérifié, ce serait la première campagne connue du gouvernement israélien visant à influencer directement les députés américains.
Des pays comme l’Iran, la Chine, la Corée du Nord, la Russie et les États-Unis ont déjà été associés à des tactiques similaires visant à influencer l’opinion publique et à susciter la controverse.
Avec un soutien mondial au plus bas, Israël a eu recours à de telles tactiques pour influencer l’opinion publique, en particulier aux États-Unis, où le soutien de l’administration Biden aux actions israéliennes fait l’objet d’un mécontentement croissant.
En octobre dernier, une enquête d’Arab News a révélé qu’une campagne publicitaire de l’État israélien était apparue sur le fil d’actualité de nombreux utilisateurs de X, malgré les directives publicitaires de la plate-forme interdisant ce type de contenu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com