COX’S BAZAR: Deux jeunes hommes rohingyas ont été tués par des hommes armés dans un camp de réfugiés au Bangladesh, pour avoir refusé de partir se battre aux côtés de l'armée birmane, a-t-on appris jeudi auprès de leurs familles.
Nur Absar, un étudiant de 22 ans, et Nur Faisal, un enseignant de 21 ans, ont été assassinés par des "tireurs inconnus" dans le camp de Kutupalong, situé dans le district de Cox's Bazar, au Bangladesh, a confirmé la police.
"L'un est mort dans le camp, l'autre à l'hôpital", a déclaré Arefin Jewel, porte-parole de la police de Kutupalong. "Nous enquêtons pour savoir s'il s'agit d'un cas de recrutement forcé", a-t-il ajouté.
Le Bangladesh abrite près d'un million de Rohingyas, minorité musulmane apatride de Birmanie. Ils ont pour la plupart fui, en 2017, une violente répression militaire qui fait désormais l'objet d'une enquête de l'ONU pour génocide.
Milice
Des milices armées rohingyas, anciens rebelles, se sont ralliées à la junte et sont rentrés en Birmanie combattre un autre groupe rebelle ethnique.
Ils sont accusés de forcer des centaines de jeunes hommes rohingyas à rejoindre leurs rangs.
Le père de Nur Faisal a ainsi accusé les miliciens de l'Organisation de solidarité avec les Rohingyas (RSO) d'être responsables de sa mort.
"Le RSO s'est rendu à l'école de mon fils pour le recruter, mais il a refusé", a déclaré Zakir Ahmed, 45 ans, à l'AFP.
Selon Zakir Ahmed, son fils travaillait comme garde pour empêcher la nuit les miliciens de recruter de force des jeunes dans le camp.
"Ce sont les miliciens du RSO qui ont tué mon fils", a également accusé Aman Ullah, 40 ans, père de Nur Absar, la seconde victime. "Ils ont tenté de le recruter. Ici, ils sèment la terreur".
Les combattants rohingyas du RSO se battent désormais aux côtés de l'armée birmane dans l'Etat de Rakhine contre les forces rebelles de l'armée de l'Arakan (AA), qui veulent davantage d'autonomie pour les membres de l'ethnie majoritaire dans cette région, où sont restés vivre environ 600.000 Rohingyas après la répression de 2017.
L'AA a récemment pris le contrôle de Buthidaung, une ville peuplée majoritairement par des Rohingyas, près du Bangladesh.
Plusieurs groupes de la diaspora rohingya ont affirmé que les combattants de l'AA avaient forcé les Rohingyas à fuir, puis avaient pillé et brûlé leurs maisons, des propos que l'AA a qualifié de "propagande".