Il est grand temps qu’Israël paye le prix de ses mensonges et de ses supercheries

La poursuite des mensonges et des supercheries d’Israël aura un effet durable sur les relations des dirigeants mondiaux avec Israël (AFP)
La poursuite des mensonges et des supercheries d’Israël aura un effet durable sur les relations des dirigeants mondiaux avec Israël (AFP)
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Publié le Samedi 11 mai 2024

Il est grand temps qu’Israël paye le prix de ses mensonges et de ses supercheries

Il est grand temps qu’Israël paye le prix de ses mensonges et de ses supercheries
  • Les mensonges ont commencé dès le premier jour, lorsqu’Israël a affirmé que sa guerre de vengeance était une guerre d’autodéfense
  • Ensuite, il y a eu des mensonges absurdes sur des enfants décapités, brûlés dans des poêles, en plus des cas de viols de masse

En temps de guerre, l’absence de vérité et la présence de supercheries prévalent. Israël en est la preuve vivante. Tout ce que les Israéliens font ou disent n’a aucun lien avec la vérité. Dans presque toutes les déclarations, les mensonges, les distorsions de faits et les tentatives d’obscurcissement sont évidents. Malheureusement, cette mauvaise habitude de propagande, ou ce que les Israéliens appellent «hasbara», est désormais utilisée à plus grande envergure aux États-Unis, alors que le lobby pro-israélien inonde les chaînes, les réseaux sociaux et même les salles du Congrès de mensonges évidents.

Une députée soutient que l’intifada signifie le génocide des juifs. Les étudiants d’universités prestigieuses affirment, sans aucune preuve, que leur vie est mise en danger par des partisans terroristes du Hamas qui sont également leurs collègues et même, pour certains d’entre eux, des collègues juifs.

Ces affirmations sont souvent faites par des tiers, comme le milliardaire juif américain Bill Ackman, à la fois pour orienter la politique des médias et pour intimider les administrations universitaires afin qu’elles anéantissent le nouveau discours propalestinien qui a commencé à prendre forme dans les établissements d’enseignement supérieur les plus prestigieux des États-Unis.

L’un des plus gros mensonges répétés à l’infini dans les universités américaines provient en réalité d’un manifestant pro-israélien qui a incité les administrations universitaires à réprimer les manifestants propalestiniens. L’étudiant de l’université Northeastern a répété l’expression «tuez les Juifs», donnant l’impression que c’était le slogan des opposants aux crimes de guerre israéliens à Gaza.

«L’un des plus gros mensonges répétés à l’infini dans les universités américaines provient en réalité d’un manifestant pro-israélien.»

Daoud Kuttab

Évoquant le massacre de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem en 1990, des vidéos mettent en lumière les mensonges israéliens au sujet de cet incident, au cours duquel dix-sept Palestiniens ont été tués, alors qu’aucun Israélien n’a été blessé. Une enquête menée par feu Mike Wallace dans 60 Minutes de CBS a révélé ce mensonge et la manipulation médiatique. À l’époque, j’ai travaillé avec Wallace et son producteur, Barry Lando, pour démentir méticuleusement les allégations israéliennes. Lando se souviendra plus tard de l’incident, expliquant: «Nous avons découvert que la version officielle israélienne, publiée par [Benjamin] Netanyahou était, comme les Palestiniens l’avaient remarqué, montée de toutes pièces. Il n’y avait pas d’autre façon de le décrire.»

Les Israéliens, dirigés par le Premier ministre Netanyahou, un grand menteur, se déchaînent aujourd’hui à nouveau, inventant des récits puis incitant leurs troupes à donner suite à ces mensonges. Ces derniers ont commencé dès le premier jour, lorsqu’Israël a affirmé que sa guerre de vengeance était une guerre d’autodéfense. Ensuite, il y a eu des mensonges absurdes sur des enfants décapités, brûlés dans des poêles, en plus des cas de viols de masse. Toutes ces affirmations se sont révélées absolument fausses; pourtant, elles ont été répétées tellement de fois, y compris par la Maison-Blanche, que les vérificateurs des faits ont en grande partie renoncé à vérifier les mensonges du Premier ministre israélien et de ses propagandistes bien payés en Israël, aux États-Unis et dans le reste du monde.

De même, Israël a déployé des efforts infondés et coordonnés pour délégitimer la principale organisation des Nations unies d’aide aux réfugiés palestiniens, l’Unrwa. Par ailleurs, en 2016, un travailleur humanitaire palestinien, Mohammed el-Halabi, qui dirigeait le projet humanitaire World Vision International à Gaza, a été arrêté et accusé d’avoir transféré 50 millions de dollars d’aide au Hamas (1 dollar = 0,93 euro). Non seulement c’est bien plus que le budget total de l’organisation caritative chrétienne basée aux États-Unis, mais, en plus, devant le tribunal, Israël n’a pas réussi à présenter un seul document pour prouver cette affirmation absurde.

Alors que la vérité est toujours la première victime de la guerre et que la supercherie alimente les conflits armés, on est surpris de constater qu’un petit pays continue à tromper le pays le plus puissant du monde, qui s’avère également son principal (et parfois seul) complice. Israël soutient qu’il a été pris au dépourvu par l’accord conclu cette semaine avec le Hamas et que celui qui a été approuvé par le mouvement palestinien était différent de celui qui l’a été par Tel-Aviv. Cela semble plutôt farfelu, puisque l’accord de cessez-le-feu en trois phases ainsi que l’accord sur l’échange de prisonniers ont été élaborés personnellement par le plus grand espion américain, Bill Burns, qui dirige la CIA. Peut-être qu’Israël aurait été moins surpris par les détails s’il n’avait pas rappelé ses négociateurs du Caire.

«Les vérificateurs des faits ont en grande partie renoncé à vérifier les mensonges du Premier ministre israélien et de ses propagandistes bien payés.»

Daoud Kuttab

Au lieu de faire face à ses propres erreurs et à l’absence de son équipe de négociation, Israël a trompé son meilleur allié et a ridiculisé Burns en lançant une offensive terrestre contre Rafah.

Nous ne saurons pas de sitôt ce qui s’est passé lors des conversations privées entre de hauts responsables israéliens et américains. Toutefois, il est très improbable que les dirigeants de Washington se soient même doutés qu’Israël romprait ses propres promesses faites au président Joe Biden de s’abstenir de lancer une offensive terrestre contre Rafah jusqu’à ce qu’ils puissent être sûrs que les vies civiles seront épargnées par l’utilisation de bombes et de munitions de fabrication américaine. Le fait que Washington ait suspendu la semaine dernière une livraison de munitions, selon Axios, semble montrer le mécontentement manifesté (trop tard et trop timidement) par l’administration Biden.

La prise par Israël du côté gazaoui du poste-frontière de Rafah viole les accords avec l’Égypte et le gouvernement palestinien ainsi que les engagements du pays envers Biden. Les accords de Camp David et les amendements ultérieurs ont déclaré que toute la zone située entre les Palestiniens de Gaza et les Égyptiens du Sinaï était une zone démilitarisée. Après 2005, lorsqu’Israël s’est retiré de la bande de Gaza, l’Égypte est devenue la seule partie autorisée à déployer un nombre limité de soldats près du couloir de Philadelphie.

Les mensonges et les supercheries d’Israël portent leurs fruits depuis des années, mais il est clair que leur poursuite aura un effet durable sur les relations des dirigeants mondiaux avec Israël et qu’elle affectera certainement les relations américano-israéliennes. À moins que des mesures sérieuses ne soient prises à l’encontre de ces mensonges et supercheries, la région et le monde ne pourront jamais jouir de la paix et de la liberté auxquelles ils aspirent.

Daoud Kuttab est un journaliste palestinien plusieurs fois primé et le directeur du Community Media Network.

X: @daoudkuttab

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com