PARIS: Annoncée et reportée à maintes reprises depuis des années, la révision du système des subventions, sujet sensible et complexe, fera-t-elle partie des mesures de rationalisation des dépenses publiques prévues par le gouvernement algérien au cours de l’année 2021?
Cette révision, envisagée depuis la chute des prix du pétrole en 2014, mais jamais concrétisée, figure, selon Aymen Benabderrahmane, le ministre des Finances algérien, parmi les priorités du second semestre de l’année 2021 du gouvernement.
Directes ou indirectes, les subventions accordées par les pouvoirs publics sont coûteuses et mal réparties, notamment dans le contexte incertain de crise économique et sanitaire liée, entre autres, à la pandémie de Covid-19. La loi de finances prévoit pour l’année 2021 une enveloppe de 1 960 milliards de dinars, soit 17 milliards de dollars (13,88 milliards d’euros), qui sera consacrée au soutien social.
Révision du système des subventions?
D’après le ministère des Finances, une révision du système des subventions pourrait être mise en œuvre au cours du second semestre de l’année 2021. Ainsi, «des critères ouvrant droit au soutien» ont été définis. «Il n’est pas normal que les catégories aisées acquièrent les produits subventionnés au même prix que les citoyens à faible revenu», fait savoir le ministre des Finances à Arab News en français, qui précise que le gouvernement œuvre pour que «le soutien de l’État profite aux citoyens qui en ont le plus besoin».
Dans une déclaration à la presse algérienne, Aymen Benabderrahmane indique que le système des subventions sera désormais destiné aux catégories sociales les plus nécessiteuses. Le ministre explique que «la protection du pouvoir d’achat et le maintien du caractère social de l’État sont consacrés par la Constitution».
Collaboration avec la Banque mondiale
Dans le cadre de la refonte du système des subventions, considérée comme l’un des plus grands défis socio-économiques du pays, les pouvoirs publics ont sollicité l’aide technique de la Banque mondiale (BM) afin de mettre en place un système de ciblage des subventions. Réalisée entre les mois de mars et de juin 2018, cette étude avait pour objectif de déterminer les outils qui permettent d’orienter les subventions vers les catégories sociales qui en ont le plus besoin.
«Au nom d’une justice sociale, la refonte de la politique sociale est indispensable. Un système de subventions généralisé à tous n’a pas lieu d’être», nous confie Amel, cadre dans une entreprise privée. «Il est urgent de rétablir les aides à destination des ménages les plus vulnérables, surtout en cette période de pandémie et dans le contexte économique actuel du pays.»