Sénégal: Amadou Ba, de l'ombre du chef de l'Etat à la lumière de la présidentielle

L'ancien Premier ministre Amadou Ba, candidat de l'Alliance pour la République (APR), parti du président sortant, quitte les lieux après une réunion de campagne en vue des élections présidentielles sénégalaises, à Diourbel, le 19 mars 2024. (Photo, AFP)
L'ancien Premier ministre Amadou Ba, candidat de l'Alliance pour la République (APR), parti du président sortant, quitte les lieux après une réunion de campagne en vue des élections présidentielles sénégalaises, à Diourbel, le 19 mars 2024. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 20 mars 2024

Sénégal: Amadou Ba, de l'ombre du chef de l'Etat à la lumière de la présidentielle

  • Amadou Ba et Bassirou Diomaye Faye sont perçus comme les deux favoris de la présidentielle de dimanche
  • Sonko a décrit M. Ba comme un "fonctionnaire milliardaire" qui "sera le président des pays étrangers" s'il est élu. Il l'ont pressé de justifier sa fortune présumée, lui qui est né dans un milieu modeste

DIOURBEL: Avec lui, les "bandits" ne passeront pas: devant une foule de supporteurs, Amadou Ba, ancien gouvernant de l'ombre poussé dans la lumière de la présidentielle sénégalaise, assume son nouveau rôle de rempart contre le désordre.

Ce terrain sablonneux de Diourbel (centre) sur lequel se massent des centaines de partisans arborant des boubous, des tee-shirts et des pancartes à son effigie est le théâtre de la réincarnation inattendue d'un ancien Premier ministre discret en orateur pugnace et d'un candidat contesté en champion du camp présidentiel.

"Nous ne voulons pas que le Sénégal tombe entre les mains de sasaï", des bandits en langue ouolof, dit celui que le président Macky Sall a désigné pour lui succéder. Tout le monde comprend qui il vise: le candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye et le guide de celui-ci, Ousmane Sonko.

Amadou Ba et Bassirou Diomaye Faye sont perçus comme les deux favoris de la présidentielle de dimanche. Chacun des deux hommes, que beaucoup de choses opposent, sinon d'avoir servi dans l'administration des Impôts, réserve à l'autre ses plus vives critiques.

M. Faye, qui a consacré son énergie à défier le pouvoir du président Sall jusqu'à passer plusieurs mois en prison, disait mardi qu'il préférait encore M. Sall à Amadou Ba. M. Sonko a décrit M. Ba comme un "fonctionnaire milliardaire" qui "sera le président des pays étrangers" s'il est élu. Il l'ont pressé de justifier sa fortune présumée, lui qui est né dans un milieu modeste.

"Ce pays ne sera pas confié à des aventuriers, des inexpérimentés, des incompétents", a répliqué Amadou Ba. Rompant avec la retenue qui était sa marque, il s'en est pris vigoureusement à la proposition de ses adversaires de créer une monnaie sénégalaise, et aux propos de Bassirou Diomaye Faye sur le rang que devrait tenir la ville de Ziguinchor (sud).

Avanies

Le changement de ton et de posture n'est pas passé inaperçu de la part d'un homme dont les chances étaient sérieusement mises en doute il y a quelques jours.

"Il a repris du poil de la bête", dit Sidy Diop, directeur adjoint des rédactions du quotidien le Soleil.

Il rappelle que M. Ba, choisi en septembre alors qu'il était encore Premier ministre, a tout de suite fait face aux objections, exprimées parfois ouvertement, des caciques du camp présidentiel craignant une défaite assurée. Il affronte toujours trois candidatures dissidentes dans son camp.

Il s'est retrouvé fin janvier confronté aux accusations d'un candidat disqualifié, Karim Wade, selon lequel il avait soudoyé deux juges du Conseil constitutionnel. M. Ba a alors connu l'avanie de voir les députés du camp présidentiel s'allier aux partisans de Karim Wade à l'Assemblée pour approuver la constitution d'une commission d'enquête parlementaire.

Le président Sall a invoqué l'affaire parmi les arguments pour décréter un report de la présidentielle, déclenchant une grave crise au cours de laquelle les rumeurs ont abondé sur un lâchage de M. Ba par le chef de l'Etat et les siens.

Après l'établissement d'un nouveau calendrier, le président Sall a confirmé M. Ba comme son candidat, et rappelé la coalition gouvernementale à l'ordre.

Amateur de reggae 

Depuis, la campagne d'Amadou Ba "prend forme et lui-même est plus confiant, ça se sent dans son discours", observe Sidy Diop.

Quand les réfractaires "ont compris qu'ils avaient plus à perdre qu'à gagner, ils sont tous rentrés dans le rang. Et puis ça n'arrange pas le président de laisser le candidat qu'il a choisi perdre avec un score lamentable", dit El Hadji Mamadou Mbaye, enseignant-chercheur à l'université de Saint-Louis.

A présent, Amadou Ba, 62 ans, sillonne le pays. Lui que la stature présidentielle reléguait souvent à l'arrière-plan et qui mène sa première campagne se retrouve sur le devant de la scène, haranguant les sympathisants en veste, pantalon et casquette aux couleurs marron-beige du parti présidentiel. Il brise la glace en avouant dans la presse locale avoir, jeune, "aimé Bob Marley" et continuer à écouter du reggae.

Sa campagne le promeut comme le garant d'une stabilité dont le pays a besoin après les troubles des dernières années. Elle met en avant son expertise.

Chef du gouvernement de septembre 2022 à début mars 2024, auparavant ministre des Affaires étrangères jusqu'en 2020, il a été ministre de l'Economie de 2013 à 2019. A ce titre, il a été aux avant-postes pour mettre en oeuvre l'ambitieux plan pluriannuel de développement économique du président Sall. Il dit vouloir le faire fructifier à l'heure où le Sénégal s'apprête à produire du gaz et du pétrole.

"Je veux être le président de l'emploi des jeunes. Il faut éviter que le Sénégal tombe entre des mains destructrices", disait-il à Diourbel.

 

Un des 19 candidats à la présidentielle se retire

Un des 19 candidats à la présidentielle de dimanche au Sénégal, Cheikh Tidiane Dieye, a annoncé mercredi se retirer au profit du candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye.

Cheikh Tidiane Dieye a rappelé devant la presse qu'il était l'allié du parti de M. Faye et de son guide Ousmane Sonko au sein de la coalition d'opposition Yewwi Askan Wi ("Libérons le peuple") créée en 2021.

Il a inscrit sa candidature et quelques autres du même bord dans une "ligne de défense" devant parer la possible disqualification de M. Sonko, devenue réalité entretemps. La candidature de Bassirou Diomaye Faye, relevant de la même tactique, a en revanche été validée.

"J'appelle tous ceux qui m'ont suivi, qui m'ont compris et qui étaient prêts à voter pour moi à porter leur vote et leur voix sur le candidat Bassirou Diomaye Faye", dit-il dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

"Je retire donc ma candidature à l'élection afin d'éviter tout éclatement et éparpillement des voix autour de notre projet", a-t-il ajouté.

La Constitution du Sénégal dit qu'en cas de retrait d'un des candidats avant le premier tour, "l'élection est poursuivie avec les autres candidats en lice". "Le Conseil constitutionnel modifie en conséquence la liste des candidats. La date du scrutin est maintenue", dit-elle.

 

 


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.

 


Trump désigne l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
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  • L’annonce a été faite lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier
  • Mohammed ben Salmane salue une nouvelle phase dans la coopération bilatérale et les liens économiques

WASHINGTON : Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis désigneront officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN, marquant une élévation significative des liens de défense entre les deux pays.

Il a révélé cette décision lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier Mohammed ben Salmane.

« Ce soir, j’ai le plaisir d’annoncer que nous portons notre coopération militaire à un niveau encore plus élevé en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN — quelque chose de très important pour eux », a déclaré Trump.

« Et je vous le dis pour la première fois, car ils voulaient garder un petit secret pour ce soir. »

Ce nouveau statut ouvre la voie à une coopération militaire plus profonde et revêt un poids symbolique fort, Trump affirmant qu’il fera progresser la coordination militaire américano-saoudienne « à des sommets encore plus élevés ».

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Le prince héritier a remercié Trump pour un « accueil chaleureux et formidable », ajoutant : « Nous nous sentons chez nous. » Il a évoqué les fondements historiques de la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, rappelant que leur partenariat remonte à près de neuf décennies, à la rencontre entre le président Franklin D. Roosevelt et le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite moderne.

Il a également souligné les jalons à venir pour les deux nations, les États-Unis approchant de leur 250e anniversaire et l’Arabie saoudite de son 300e, estimant que ces célébrations mettent en lumière la longue trajectoire d’une coopération partagée.

En retraçant l’histoire de l’alliance, le prince héritier a mis en avant les efforts communs durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, et la longue lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Mais il a insisté sur le fait qu’aujourd’hui marque une nouvelle phase de la coopération bilatérale, les liens économiques s’étendant à des secteurs sans précédent.

« Aujourd’hui est un jour particulier », a déclaré le prince héritier. « Nous pensons que l’horizon de la coopération économique entre l’Arabie saoudite et l’Amérique est plus vaste dans de nombreux domaines.

« Nous avons signé de nombreux accords qui peuvent ouvrir la voie à un approfondissement de la relation dans plusieurs secteurs, et nous allons travailler dessus. »

Il a ajouté : « Nous estimons que les opportunités sont immenses ; nous devons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et continuer à accroître les opportunités entre nos deux pays. »

Trump a exprimé à plusieurs reprises son appréciation pour le partenariat et le leadership du prince héritier, mettant en avant les accords majeurs signés lors de la visite, notamment dans l’énergie nucléaire civile, les minéraux critiques et l’intelligence artificielle, qualifiant l’ampleur des investissements d’inédite.

Trump a souligné que l’Arabie saoudite entreprend une expansion majeure de ses capacités de défense, évoquant les projets du Royaume portant sur près de 142 milliards de dollars d’achats d’équipements et de services militaires américains, qu’il a qualifiés de « plus grande acquisition d’armement de l’histoire ».

Il a présenté ces acquisitions comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à renforcer la sécurité au Moyen-Orient et à consolider le rôle du Royaume comme force de stabilité.

En plus de la désignation d’allié majeur hors OTAN, Trump a annoncé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient signé un accord stratégique de défense historique qui permettra de créer « une alliance plus forte et plus capable » et de soutenir ce qu’il a décrit comme le moment où le Moyen-Orient est le plus proche d’une « paix véritablement durable ».

Trump a remercié le prince héritier « pour toute l’aide » dans ce qu’il a décrit comme un moment historique pour la paix régionale et la coopération américano-saoudienne, et pour son rôle central dans les avancées diplomatiques récentes, notamment des étapes ayant contribué à la fin de la guerre à Gaza.

« Même les grands experts… appellent cela un miracle », a-t-il dit à propos des évolutions régionales récentes. Les deux dirigeants ont présenté ce moment comme le début d’un nouveau chapitre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com