PARIS: Organisée par Business France au début de ce mois, en format itinérant à Paris, Lyon et Marseille, la 15e édition des Rencontres Algérie a permis aux participants de découvrir les récents changements de l’environnement des affaires et la volonté de l’Algérie d’attirer davantage d’investissements productifs et d’opportunités d’affaires pour les petites et moyennes entreprises (PME) françaises.
Présentée comme la quatrième économie d’Afrique, la deuxième d’Afrique du Nord, et la première au Maghreb en matière d’indicateurs de développement humain (IDH), avec 90,5% de taux d’alphabétisation et 30% de population francophone, l’Algérie, située au carrefour de trois mondes, méditerranéen, arabe et africain, occupe une position géographique stratégique dont elle veut profiter pour diversifier son économie et promouvoir ses exportations.
Le pays a «un nouveau logiciel», a indiqué Saïd Moussi, ambassadeur d’Algérie en France, lors de son intervention. Ce dernier a fait part des nombreuses mesures prises par le gouvernement algérien pour faciliter l’acte d’investir à l’image de la nouvelle loi sur l’investissement, la baisse des taxes à l’importation ou encore l’assouplissement des procédures et des réglementations. «L’objectif de notre président, avec ces changements juridiques, était de mettre fin aux mauvaises pratiques qui sont désormais derrière nous. Il faut laisser le temps aux opérateurs de reprendre confiance.»
Mise en relation des écosystèmes
Dans un entretien accordé à Arab News en français, Romain Keraval, directeur du bureau Business France en Algérie, affirme que cet événement a pour vocation de mettre en relation les différents écosystèmes productifs français avec des entreprises algériennes. «Les entreprises algériennes ont fait l’effort de venir en France pour rencontrer et partager, entre pairs, leurs expériences et potentiellement discuter des partenariats qu’elles envisagent de constituer, en fonction des projets qui sont les leurs ou des opportunités qu’elles ont identifiées pour accroître leurs propres activités sur ce marché», explique M. Keraval.
«L’Algérie change, elle bouge, et aujourd’hui, elle met l’accent sur les investissements productifs. Ce sont des notions, qui, pour de nombreux acteurs économiques français, ne sont pas encore connues. Cet événement a pour objectif de les informer de l’évolution des attentes et des transformations sur le plan réglementaire, macroéconomique, budgétaire et des arbitrages en matière de politique publique économique. Il s’agit aussi de faire connaître la transformation de l’écosystème productif et entrepreneurial en cours en Algérie.»
«L’Algérie change, elle bouge, et aujourd’hui, elle met l’accent sur les investissements productifs; ce sont des notions, qui, pour de nombreux acteurs économiques français, ne sont pas encore connues.»
«Les attentes en matière d’importation ne sont plus les mêmes, il s’agit aujourd’hui d’équipements, de lignes de machines, d’outillages. C’est une évolution en termes de typologie et de positions commerciales. Le processus de diversification se poursuit et il permet de créer de nouvelles opportunités qui doivent être identifiées et discutées afin de faire évoluer également l’état d’esprit des entreprises françaises et leurs attentes potentielles en termes de positionnement sur ce marché algérien», poursuit-il.
Le secteur pharmaceutique
La coopération algéro-française dans le secteur pharmaceutique date de plusieurs décennies. Les laboratoires Servier et Sanofi produisent des médicaments sur le marché local. Dans une déclaration à Arab News en français, Amine Aissaoui, directeur des affaires publiques pour la filiale algérienne de Sanofi, confirme «les ambitions de l’entreprise française en Algérie en matière d’internalisation à destination d’autres pays africains et vers l’Europe».
De son côté, Abdelouahab Kerrar, directeur général de la société Biopharm et président de l’association de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie, déclare que «l’Algérie a décidé de disposer d’une certaine autonomie dans la fabrication de médicaments». Cette autonomie a été mise en œuvre à partir de 2008, précise-t-il, à travers des investissements importants et une interdiction d’importation des médicaments fabriqués localement. «Les résultats sont là, car nous couvrons aujourd’hui 70% de nos besoins.»
M. Kerrar affirme que la coopération industrielle et commerciale est effective dans la mesure où plusieurs sociétés françaises comme Sanofi et Servier fabriquent leurs produits en Algérie. «Biopharm fabrique des produits français, avec des standards européens. Les deux cents entreprises locales pourraient être des sites de production alternatifs, compétitifs pour l’Europe. Nous devrions envisager la cofabrication des matières premières avec nos partenaires européens, à condition que ces derniers regardent l’Algérie sous l’œil de l’investissement, et pas celui du comptoir. Il y a beaucoup d’atouts pour faire naître une coopération afin de sécuriser l’approvisionnement de l’Europe en matières premières», conclut-il.