ABU DHABI: Le monde culturel a connu un essor remarquable dans la capitale des Émirats arabes unis, comme l’illustre la nouvelle fondation artistique Bassam-Freiha(également désignée par le sigle anglais «BFAF»), qui tire son nom du célèbre mécène libanais et abrite sa collection d’œuvres d’art orientalistes et un certain nombre d’œuvres arabes.
La fondation, qui se trouve dans le quartier culturel de Saadiyat, proposera des cours d’art et des tables rondes. Ellesoutiendra les talents émergents et invitera des collectionneurs privés à exposer leurs collections.
Le quartier abrite déjà le Louvre Abu Dhabi, ainsi que différents projets, comme le Guggenheim Abu Dhabi, le musée national Zayed et le musée d’histoire naturelle.
M. Freiha a rassemblé environ 50 œuvres d’art orientalistes. Ilavait ouvert la galerie Mathaf, à Londres, en 1976, pour présenter certaines d’entre elles. Ce courant est en grande partie représenté par des artistes européens du XIXe siècle qui ont dépeint une partie des sociétés asiatiques et moyen-orientales d’une manière très stylisée et romancée.
«Cette fondation est la première et la seule fondation d’art privé à Abu Dhabi», confie à Arab News Michaela Watrelot, directrice des expositions à la BFAF. «M. Freiha a constitué sa collection au cours des cinquante dernières années. Il estvraiment captivé par la beauté de l’art orientaliste et ce sont les visites de musées, la littérature et sa créativité personnellequi ont suscité cet intérêt. Il a appris à apprécier profondémentl’art», ajoute-t-elle.
«L’idée de faire découvrir sa collection personnelle au public lui tenait à cœur et il cherchait la bonne approche», poursuitMme Watrelot. «Au début, il voulait ouvrir les portes de samaison privée et inviter les gens à voir sa collection, mais, par la suite, les dirigeants des Émirats arabes unis lui ont conseillé d’exposer sa collection sur l’île culturelle de Saadiyat.»
Ouverte au public depuis le début du mois de mars, l’exposition inaugurale de la fondation s’intitule «Échos de l’Orient». Elle présente une sélection de peintures de harems, d’odalisques et d’architectures d’inspiration arabe créées, entre autres, par les artistes français Rudolf Ernst (1854-1932), Léon-François Comerre (1850-1916) et Paul Leroy (1860-1942).
L’exposition présente également des œuvres prêtées par des artistes arabes, notamment le Libanais Habib Srour (1860-1938), l’Émirati Abdel Qader al-Rais (né en 1951) et le peintre libanais César Gemayel (1898-1958).
«L’exposition vise à se réapproprier le récit orientaliste en juxtaposant les représentations occidentales avec des œuvres prêtées par des modernistes arabes et la photographie orientaliste du XIXe siècle, dans l’espoir de catalyser un dialogue Ouest-Est significatif sur le mouvement orientaliste, tout en favorisant une compréhension plus profonde des échanges culturels», précise Mme Watrelot.
Des photographies en noir et blanc de femmes de la région font partie de l’exposition. «L’inclusion de photographies orientalistes du XIXe siècle offre un voyage visuel unique, qui transporte les visiteurs à l’époque des artistes voyageurs», indique un communiqué publié par la BFAF.
«Ces photographies complètent non seulement les œuvres peintes, mais elles fournissent également une représentation plus fondée, quoique toujours romancée et stylisée, de l’Orient. Elles agissent comme un pont visuel entre les fantasmes orientalistes capturés sur les peintures et les réalités vues à travers l’objectif des photographes occidentaux.»
Un aspect remarquable de la fondation réside dans son architecture moderne et pointue, avec de grandes fenêtres en verre. Entouré d’eau, ce lieu tranquille, conçu par l’architecte Rasha Gebran, abrite un jardin de sculptures.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com