Massacres au Soudan: la BNP avait sciemment maintenu ses opérations, estiment les enquêteurs

Une photo prise le 12 avril 2022 montre le siège de la banque BNP Paribas dans le quartier d'affaires moderne de Porta Nuova à Milan. (AFP)
Une photo prise le 12 avril 2022 montre le siège de la banque BNP Paribas dans le quartier d'affaires moderne de Porta Nuova à Milan. (AFP)
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Publié le Lundi 11 mars 2024

Massacres au Soudan: la BNP avait sciemment maintenu ses opérations, estiment les enquêteurs

  • Les policiers estiment que BNP Paribas a maintenu ses opérations bancaires au Soudan «en toute connaissance de cause»
  • La banque «a continué les opérations bancaires avec ce pays se substituant même aux banques américaines pour les opérations de clearing», selon l'OCLCLIFF

PARIS: L'enquête visant la BNP Paribas pour complicité de crimes contre l'humanité perpétrés au Soudan lors du conflit du Darfour progresse: après des perquisitions massives en 2021, les policiers estiment que la banque y a maintenu ses opérations bancaires "en toute connaissance de cause".

L'information judiciaire porte sur les années de 2002 à 2008 au Soudan, pendant lesquelles une guerre dans la région du Darfour (ouest) a éclaté, faisant 300 000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, d'après les Nations unies.

Les plaignants - neuf réfugiés soudanais, la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), la Ligue des droits de l'Homme (LDH) - accusent la BNP Paribas et sa filiale suisse de s'être substituée à la banque centrale soudanaise, malgré des embargos internationaux, permettant ainsi aux milices d'utiliser ses fonds pour acheter des armes.

En juin 2021, des perquisitions, révélées par le magazine Challenges, ont été réalisées dans plusieurs services de la BNP Paribas en région parisienne et à Genève, dans la filiale suisse.

L'exploitation de la masse de documents saisis est encore en cours, mais l'AFP vient d'avoir connaissance de premières conclusions de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières (OCLCLIFF) et de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF).

"La banque BNP Paribas a décidé de continuer les opérations bancaires avec ce pays (le Soudan, ndlr) en toute connaissance de cause, se substituant même aux banques américaines pour les opérations de clearing" ou compensation, d'après plusieurs comptes rendus.

"Il ressort des documents internes de la BNP Paribas Suisse que la banque était au courant en temps réel de l'évolution des règles internationales", soulignent les enquêteurs en décembre 2021.

Par ailleurs, "la mise en garde d'un rapport de l'inspection générale effectué fin 2005" n'est pas suivie d'effet, relèvent les policiers en février 2022.

L'inspection générale a notamment mis au jour des échanges de mails qui mentionnaient "l'existence d'une preuve matérielle d'une règle de discrétion sur le sujet embargos", sujets pour lesquels "l'oral est/était de rigueur".

"Ce n'est que la procédure américaine et le risque pénal sévère encouru par la BNP Paribas qui ont mis fin à ces transactions et qui aboutiront en 2013 au paiement d'une amende record pour une banque française", poursuivent les enquêteurs.

En 2014, la BNP Paribas a plaidé coupable aux États-Unis de violation des embargos américains contre le Soudan, Cuba et l'Iran, et s'est acquittée d'une amende de 8,9 milliards de dollars.

Le groupe bancaire français a déclaré à l'AFP n'avoir "aucun commentaire à apporter sur cette procédure qui suit son cours".

«Ne plus revoir la lumière du soleil»

Lors de son audition en décembre 2022, dont l'AFP a eu connaissance, un réfugié soudanais a raconté à la juge d'instruction les "tortures" infligées par les Janjawids.

Ces miliciens arabes ont mené, dans les années 2000, la politique de la terre brûlée pour la dictature militaro-islamiste d'Omar el-Béchir.

"On pouvait voir des enfants qui n'ont que douze ans, armés et payés pour effrayer la population", a-t-il relaté. "Ils ont tué nos parents. Ils ont payé des espions".

L'homme dit avoir été enlevé, puis "tabassé" pendant un mois lors d'interrogatoires où ses bourreaux lui demandaient s'il était "contre le gouvernement".

"Après les pires tortures que j'ai connu(es), ils m'ont emmené ailleurs". Il est remis en liberté sous la menace: "ils (m'ont dit) que si j'étais arrêté encore une fois pour les mêmes faits, je ne reverrais plus la lumière du soleil. Cette expression veut dire qu'on va me tuer".

En 2004, les Etats-Unis estimaient que les atrocités commises au Darfour répondaient à la définition d'un "génocide". Les plaignants dénoncent aussi des massacres dans les états du Kordofan-Sud et du Nil bleu.

Omar el-Béchir ne fut destitué qu'en 2019 par l'armée, sous la pression de quatre mois de révolte populaire. Il est toujours réclamé par la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide et crimes contre l'humanité commis lors de ce conflit au Darfour.

Vingt ans après, cette région a replongé dans la guerre en avril 2023. L'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, s'oppose aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdane Daglo, l'ex-patron des Janjawids.


Attaque contre des prisons: Bayrou mercredi dans l'Isère avec Darmanin et Retailleau

François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
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  • Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France
  • Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram

PARIS: François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France.

Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram.

Le Pnat a notamment annoncé lundi se saisir de l'enquête sur des tirs par arme à feu et des jets de cocktails Molotov ayant visé dans la nuit un lotissement en Isère où résident des agents pénitentiaires.

Dans la nuit de dimanche à lundi, "plusieurs tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé des pavillons dans un lotissement en Isère, où résident plusieurs agents pénitentiaires" et "des graffitis +DDPF+ (droits des prisonniers français, NDLR) ont été découverts sur place", a indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat), qui "s'est saisi de ces faits".

À Villefontaine, commune iséroise située non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d'une maison a été incendiée et des impacts de tirs ont été découverts sur la façade, selon la gendarmerie et des sources syndicales. Une inscription "DDPF" a été retrouvé taguée sur le domicile.

M. Darmanin a indiqué mardi que "plusieurs attaques" contre des prisons "ont été dissuadées" dans la nuit de lundi à mardi.


Un jeune homme, poignardé près d'un point de deal, entre la vie et la mort

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
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  • La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès
  • L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise

LYON: Un jeune homme est entre la vie et la mort après avoir été poignardé à proximité d'un point de deal à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, a indiqué mardi à l'AFP une source policière.

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.

L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise.

La victime, un "jeune homme", est "défavorablement connue de la justice", mais le lien avec le trafic de drogues "n'a pas encore été établi" à ce stade de l'enquête, selon cette source policière.

Fin novembre, un homme d'une trentaine d'années avait été tué par balle dans ce même quartier à Villeurbanne où plusieurs fusillades ont éclaté en 2024.


Fusillade à Rennes: les quatre suspects mis en examen et écroués

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
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  • La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé
  • Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits

RENNES: Les quatre hommes, âgés de 21 à 23 ans, suspectés d'avoir tiré à plusieurs reprises en pleine journée dans un quartier populaire de Rennes le 17 avril pour "reconquérir" un point de deal, ont été mis en examen et écroués, a annoncé mardi le parquet de Rennes.

Trois ont été mis en examen des chefs d'association de malfaiteurs et tentative de meurtre en bande organisée et encourent "une peine de réclusion criminelle à perpétuité", a annoncé Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué.

Le quatrième a été mis en cause pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, soit une peine encourue de dix ans d'emprisonnement.

La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé, a indiqué M. Teillet mardi matin.

Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits.

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier", d'après le magistrat.

Le 14 avril, "après plusieurs jours d’assauts violents, ce clan a été évincé par le groupe des Villejeannais, qui a repris possession du terrain qu’il estimait être le sien", explique le magistrat.

C'est dans ce contexte "de règlement de compte lié au narcotrafic que des tirs d'arme à feu ont fait trois victimes et qu'une quatrième a été pourchassée en voiture, renversée violemment et laissée à terre, le 17 avril", poursuit M. Teillet.

Deux des mis en cause sont originaires de Tours, l'un de Marseille et le quatrième de la région parisienne.

"Leur équipement (armes, vêtements, voiture volée…) et leur mode opératoire ont démontré leur détermination extrême à reconquérir par tous les moyens le point de deal, à la demande de leurs commanditaires, en éliminant physiquement leurs concurrents et en prenant le risque de blesser, en plein après-midi, toute personne se trouvant à proximité", a dit M. Teillet.