Les nouveaux membres du Conseil de sécurité de l'ONU déterminés à mettre fin aux conflits régionaux

Obtenir un siège au Conseil de sécurité garantit à un pays de disposer d’une voix forte sur des sujets comme la paix et la sécurité internationales (Shutterstock)
Obtenir un siège au Conseil de sécurité garantit à un pays de disposer d’une voix forte sur des sujets comme la paix et la sécurité internationales (Shutterstock)
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Publié le Mardi 05 janvier 2021

Les nouveaux membres du Conseil de sécurité de l'ONU déterminés à mettre fin aux conflits régionaux

  • La Tunisie, qui assume la présidence du Conseil en janvier, s’engage à œuvrer pour résoudre la «juste cause palestinienne»
  • L'Irlande souligne la nécessité de mettre fin aux guerres en Syrie et au Yémen, tandis que la Norvège appelle à une coopération internationale pour garantir les droits de l'homme

NEW YORK: Avec la nouvelle année, cinq membres font leur entrée au Conseil de sécurité des Nations unies: l'Inde, le Mexique, le Kenya, l'Irlande et la Norvège. 

Lundi dernier, les envoyés de ces pays ont ainsi planté leurs drapeaux devant la salle du conseil, lors d'une cérémonie d'installation minimaliste diffusée en ligne, en raison des précautions relatives à la pandémie de Covid-19. 

Obtenir un siège au Conseil de sécurité garantit à un pays de disposer d’une voix forte sur des sujets comme la paix et la sécurité internationales. 

La Tunisie assure la présidence du conseil pendant tout le mois de janvier, et ce pour la quatrième fois. L’ambassadeur du pays auprès de l’ONU, Tarek Ladeb, déclare que la cérémonie de lundi a ajouté du symbolisme dans un contexte de pandémie qui continue à provoquer la violence et l’instabilité, à menacer la paix et la sécurité, des millions de personnes se trouvant confrontées à une grave crise humanitaire. 

Il a aussi expliqué que son pays fonderait son mandat de président du conseil sur des principes de multilatéralisme et de gouvernance mondiale. Il n'épargnera aucun effort pour «promouvoir le consensus et l'unité au sein du conseil, afin d'améliorer son efficacité dans le maintien de la paix internationale», et plaider pour «une approche plus globale de la paix et de la sécurité, qui tienne compte des différentes causes sous-jacentes des conflits et de la violence». 

«Nous continuerons à faire pression afin de mettre fin à de nombreux conflits qui sont à l'ordre du jour depuis longtemps, en particulier la légitime cause palestinienne», souligne-t-il dans son discours d'ouverture lors de la cérémonie. 

Le Conseil de sécurité, composé de quinze membres, est l'organe de l'ONU le plus puissant. Il compte cinq membres permanents: la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis. Ces pays ont le pouvoir de mettre leur veto à n’importe quel vote. 

Les dix autres membres sont élus pour un mandat de deux ans par les cent quatre-vingt-treize membres de l'Assemblée générale des Nations unies. Ces sièges non permanents tournent entre les membres de blocs régionaux dans lesquels les États membres sont traditionnellement divisés en vue du vote et de la représentation: l'Afrique, l'Asie-Pacifique, l'Amérique latine et les Caraïbes, chacun obtenant une voix, et l'Europe occidentale, qui en obtient deux. 

L'Inde a facilement acquis le siège incontesté de l'Asie-Pacifique, avec cent quatre-vingt-quatre voix, ce qui lui garantit un huitième mandat en tant que membre non permanent du conseil. 

Le ministère indien des Affaires étrangères indique que New Delhi est résolu à réformer le Conseil de sécurité, qu’il considère comme «un organe totalement déconnecté des réalités mondiales en évolution». 

T. S. Tirumurti, représentant permanent de l’Inde auprès de l’ONU, fait savoir pour sa part que son pays siège au conseil en tant que plus grande démocratie du monde, qu’il représente un sixième de l’humanité, et qu’il fait preuve d’«un très fort engagement en faveur du multilatéralisme et des droits de l’homme». 

Prônant les avantages d'une «technologie à visage humain», il ajoute que «l'Inde sera une voix pour le monde en développement» à un moment où la crise de la Covid-19 a transformé la communauté internationale en «une seule famille». 

Il cite en outre les paroles du moine hindou Swami Vivekananda: «Chaque nation doit donner pour vivre. Si vous donnez la vie, vous aurez la vie. Lorsque vous recevez, vous devez payer pour cela en donnant à tous les autres.» 

Geraldine Byrne Nason, ambassadrice de l’Irlande auprès de l’ONU, déclare quant à elle: «C’est un moment que nous n’oublierons jamais. Nous sommes ici pour faire la différence, et non pour augmenter les chiffres.» 

Son pays «vient avec de l’espoir et des attentes», insiste-t-elle, soulignant le sort des habitants des pays ravagés par la guerre de Syrie et du Yémen, et appelant le conseil à assumer sa responsabilité «non seulement pour atténuer les conflits, mais pour les résoudre». 

Elle précise: «Nous comptons les uns sur les autres pour nous abriter. Les gens ont besoin les uns des autres. C’est l’esprit irlandais que nous apporterons au Conseil de sécurité. Je souhaite que nous nous souvenions tous des espoirs des autres, pour un avenir sûr et pacifique – et cela dépend de nous. Je le ferai certainement.» 

La bataille entre l'Irlande, la Norvège et le Canada pour les sièges au Conseil de sécurité a été âprement disputée. Dans le cadre de la campagne, l'Irlande a invité des diplomates de l'ONU à un concert du groupe de rock irlandais U2, tandis que le Canada tentait de les séduire avec des billets pour un spectacle de Céline Dion. 

Les nations concurrentes ont également offert le dîner à des représentants des Nations unies: le Canada a servi de la poutine, un plat traditionnel de frites et de fromage en grains servi avec une sauce, tandis que la Norvège a servi des gaufres, un plat populaire nordique; l'Irlande, elle, a organisé une fête de la Saint Patrick. 

Bien qu’elle soit une «petite nation insulaire», l’Irlande a été élue, en reconnaissance de sa participation constante, depuis 1958, à certaines des missions de maintien de la paix les plus difficiles de l’ONU. Plus de six cents casques bleus irlandais sont actuellement déployés dans les zones de conflit du monde entier, y compris en Syrie. 

La Norvège a été élue deuxième nouveau membre d'Europe occidentale, principalement en raison du rôle déterminant qu'elle a joué au cours des trois dernières décennies pour négocier des accords de paix dans certains des conflits les plus acharnés du monde, à commencer par les accords d'Oslo, dans les années 1990, entre Israël et l'Organisation de libération de la Palestine. 

La Norvège est également l’un des donateurs étrangers les plus généreux au monde, elle qui remet un peu plus d’1% de son produit intérieur brut aux pays en développement. Le Canada donne quant à lui environ 0,26%. Parmi les autres obstacles à la candidature canadienne figuraient le fait qu'il a passé plus de temps en tant que membre élu que les deux autres candidats, et son vote constamment en faveur d’Israël, qui a dissuadé de nombreuses nations. 

Mona Juul, la représentante permanente de la Norvège auprès de l’ONU, souligne l’incertitude qui existe actuellement dans un «monde en transition» où «plus, [en tout cas] pas moins, de coopération internationale [est nécessaire] afin d’assurer la paix [et de] faire respecter les droits de l’homme». 

Elle rappelle également à son auditoire que le Conseil de sécurité a «un impact réel sur la vie des personnes que l'ONU sert» et doit être attentif au fait de «protéger les gens des souffrances de la guerre et des conflits armés, [et veiller] en particulier aux droits des enfants». 

Juul incite les membres du conseil à respecter les principes de paix, de réconciliation et de création de liens pour s'attaquer aux conflits. Elle a également évoqué la symbolique de la table en forme de fer à cheval qui a été présentée comme un cadeau par la Norvège en 1952, et autour de laquelle les membres du Conseil de sécurité se sont rassemblés depuis. 

«Cette table reflète nos valeurs, consistant à nous rencontrer les uns les autres et à rappeler l'importance de l'égalité et du dialogue entre les nations», déclare-t-elle. 

L’émissaire du Kazakhstan – le pays qui a instauré la tradition d’installer les drapeaux des nouveaux membres lors d’une cérémonie spéciale – accueille ces derniers arrivants avec ces trois souhaits simples: «Soyez prudents, concentrez-vous et restez ensemble.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.