Les colons israéliens exploitent le conflit à Gaza pour s’emparer de plus de terres en Cisjordanie

Des colons israéliens marchent vers l’avant-poste d’Eviatar, près du village palestinien de Beita, au sud de Naplouse, en Cisjordanie. (AFP)
Des colons israéliens marchent vers l’avant-poste d’Eviatar, près du village palestinien de Beita, au sud de Naplouse, en Cisjordanie. (AFP)
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Publié le Lundi 26 février 2024

Les colons israéliens exploitent le conflit à Gaza pour s’emparer de plus de terres en Cisjordanie

  • Les expulsions forcées et les litiges fonciers en Cisjordanie se sont multipliés depuis l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre
  • Les autorités israéliennes sont accusées de violer activement l’interdiction de l’expansion des colonies de peuplement, en vigueur depuis des décennies

LONDRES: Alors que la campagne militaire israélienne à Gaza entre dans son sixième mois, les gouvernements occidentaux ont intensifié la pression sur les colons «extrémistes» qui, selon les critiques, profitent du conflit pour occuper illégalement davantage de terres palestiniennes en Cisjordanie occupée.

Ces derniers mois, les violences commises par les colons israéliens extrémistes ont amené l’Occident à imposer des sanctions, et d’autres devraient être annoncées dans les semaines et les mois à venir. Cela n’a pas empêché le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, d’approuver la semaine dernière la construction de plus de 3000 nouveaux logements dans les colonies, en réponse à une fusillade meurtrière en Cisjordanie.

Le ministre israélien des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, accompagné de soldats lors d’une visite au kibboutz de Kfar Aza, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 14 novembre 2023, a approuvé la construction de plus de 3000 nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie. (Photo, AFP)
Le ministre israélien des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, accompagné de soldats lors d’une visite au kibboutz de Kfar Aza, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 14 novembre 2023, a approuvé la construction de plus de 3000 nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie. (Photo, AFP)

Peace Now, une organisation non gouvernementale israélienne qui prône une solution à deux États et qui condamne le comportement des colons israéliens en Cisjordanie, a précisé que vingt-six nouvelles communautés avaient vu le jour au cours des douze derniers mois, faisant de 2023 une année record pour la création de nouvelles colonies illégales.

Yonatan Mizrachi, membre de l’équipe de surveillance des colonies de Peace Now, a déclaré qu’il n’était pas inhabituel de voir de nouveaux avant-postes apparaître en Cisjordanie lors des périodes de violence à Gaza, lorsque la communauté internationale est distraite.

«Depuis le début de la guerre, l’administration civile israélienne applique beaucoup moins, voire pas du tout, les mesures visant à supprimer les avant-postes illégaux», a indiqué M. Mizrachi à Arab News. «Les colons profitent de ces périodes pour intensifier leur travail illégal et construire de nouveaux avant-postes, des routes et d’autres infrastructures.»

Vendredi, les États-Unis ont rétabli leur politique de longue date selon laquelle les colonies vont à l’encontre du droit international, quelques heures seulement après l’annonce par M. Smotrich du plan visant à faire avancer la construction de milliers de nouveaux logements dans les colonies.

«La politique des États-Unis, sous les administrations républicaines et démocrates, consiste depuis toujours à considérer que les nouvelles colonies entravent l’instauration d’une paix durable», a affirmé Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, vendredi.

L’approbation de la construction d’un nombre record de logements dans les colonies l’année dernière et l’expansion de la présence des colons en Cisjordanie ont conduit l’administration Biden à convoquer l’ambassadeur israélien à Washington pour la première fois depuis plus de dix ans.

Sous le gouvernement de coalition d’extrême droite dirigé par Benjamin Netanyahou, les autorités israéliennes semblent avoir activement compromis l’interdiction de l’expansion des colonies, qui date de plusieurs décennies, en mariant le droit israélien aux pratiques des colons.

Ces changements ont permis de légaliser quinze avant-postes en Cisjordanie. Le gouvernement a également pris des mesures pour promouvoir la construction de 12 349 unités de logement en Cisjordanie, ce qui constitue un nouveau record.

Vue d’un avant-poste de colons israéliens, non autorisé, dans la ferme de Meitarim, près de la ville d’Hébron, en Cisjordanie occupée. (AFP)
Vue d’un avant-poste de colons israéliens, non autorisé, dans la ferme de Meitarim, près de la ville d’Hébron, en Cisjordanie occupée. (AFP)

Dans un communiqué publié récemment, Peace Now cite des données de l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem : «En relation directe avec l’établissement de ces avant-postes, environ 1345 Palestiniens ont été contraints de fuir leurs maisons en raison d’attaques violentes menées par les colons.»

Ces nouveaux avant-postes ont été catastrophiques pour les Palestiniens, puisque vingt et une communautés ont été contraintes de quitter leurs maisons au cours des douze derniers mois, dont seize depuis les attaques menées par le Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre,ce qui a déclenché la guerre actuelle dans la bande de Gaza.

Ces expulsions forcées et les conflits liés à l’utilisation des terres contribuent depuis des années à la violence localisée entre les colons et les résidents palestiniens. Selon le Global Centre for the Responsibility to Protect (GCR2P), ces violences se sont intensifiées depuis le début de la guerre.

S’appuyant sur des données du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH), l’ONG a relevé 532 attaques de colons contre des Palestiniens entre le 7 octobre et le 14 février, notamment des fusillades et des incendies de maisons, qui ont fait des victimes et causé des dégâts matériels.

Des Palestiniens se rassemblent près des décombres d’une maison familiale démolie par l’armée israélienne lors d’un raid dans la ville d’Hébron, en Cisjordanie occupée, le 21 janvier 2024. (AFP)
Des Palestiniens se rassemblent près des décombres d’une maison familiale démolie par l’armée israélienne lors d’un raid dans la ville d’Hébron, en Cisjordanie occupée, le 21 janvier 2024. (AFP)

«Avant le 7 octobre, les colonies et les déplacements de population dus aux colons avaient déjà augmenté en Cisjordanie occupée ces dernières années», indique un porte-parole du GCR2P à Arab News

«Depuis le 7 octobre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme signale que les colons qui commettent ces attaques agissent parfois avec l’assentiment et la collaboration de l’armée et des autorités israéliennes.» 

De même, les données de l’ONU révèlent le nombre de personnes déplacées en Cisjordanie occupée, 4525 structures appartenant à des Palestiniens ayant été démolies ou détruites depuis 2019.

 

EN CHIFFRES

• 26 colonies israéliennes établies en Cisjordanie rien qu’en 2023, un nouveau record annuel.

 

• 21 communautés palestiniennes déplacées au cours des 12 derniers mois, dont 16 depuis le 7 octobre.

 

• 532 attaques de colons, contre des Palestiniens, enregistrées entre le 7 octobre et le 14 février.

 

Source : Peace Now, BCAH

Bien que les gouvernements occidentaux aient été lents à censurer Israël pour sa conduite à Gaza, ils ont adopté une position plus claire sur la nécessité d’empêcher l’expansion des colonies en Cisjordanie, qu’ils considèrent comme une menace pour la création d’un futur État palestinien.

L’article 49 de la quatrième convention de Genève interdit à une puissance occupante de transférer une partie de sa population civile dans un territoire occupé, ce qui est également connu sous le nom d’ «implantation de colons».

«L’implantation et l’activité des colons constituent donc une violation des obligations d’Israël en tant que puissance occupante en vertu du droit international humanitaire», a affirmé le porte-parole du GCR2P.

«L’expansion des colonies garantit effectivement que le territoire occupé restera sous le contrôle d’Israël à perpétuité, ce qui conduit à une annexion de facto.» 

Un Palestinien inspecte une voiture brûlée lors d’une attaque menée la nuit précédente par des colons israéliens dans le village de Burqa, au nord-ouest de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 20 février 2024. Environ 490 000 Israéliens vivent dans des dizaines de colonies de Cisjordanie jugées illégales au regard du droit international. (AFP)
Un Palestinien inspecte une voiture brûlée lors d’une attaque menée la nuit précédente par des colons israéliens dans le village de Burqa, au nord-ouest de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 20 février 2024. Environ 490 000 Israéliens vivent dans des dizaines de colonies de Cisjordanie jugées illégales au regard du droit international. (AFP)

Le Canada, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont tous pris des mesures à l’encontre des colons israéliens, imposant des sanctions allant de l’interdiction de voyager à des restrictions interdisant le commerce et au blocage d’actifs. Certaines institutions financières israéliennes ont fait de même, gelant les comptes de quatre hommes.

Un porte-parole du Bureau des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement du Royaume-Uni a déclaré à Arab News que le Royaume-Uni s’oppose depuis toujours à l’expansion des colonies israéliennes.

«Les colonies sont illégales au regard du droit international, constituent un obstacle à la paix et menacent la viabilité d’une solution fondée sur la coexistence de deux États», a expliqué le porte-parole. 

«Nous ne cessons d’exhorter Israël à mettre fin à l’expansion des colonies en Cisjordanie et à demander des comptes aux auteurs d’actes de violence commis par les colons.»

En annonçant des sanctions contre quatre colons «extrémistes» le 14 février, le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, David Cameron, a déclaré qu’«Israël doit également prendre des mesures plus fermes pour mettre un terme à la violence des colons».

Yonatan Mizrachi, de Peace Now, a souligné que les sanctions avaient été une «grande affaire» en Israël. «Je pense et j’espère que cela aura un effet à tous les niveaux, mais nous avons également besoin que le public israélien lutte plus activement contre les colonies», a-t-il déclaré.

«Je pense que nous devons attendre de voir comment et si le gouvernement israélien changera sa politique en ce qui concerne “le projet de colonisation”.» 

Ces mesures ont suscité la colère des députés israéliens. Amit Halevi, du parti Likoud de Netanyahou, a convoqué une réunion urgente du Comité des affaires économiques de la Knesset afin d’étudier les moyens d’aider les «familles simples travaillant dans l’agriculture» qui ont été sanctionnées.

Les observateurs des droits de l’homme, quant à eux, ont décrit les sanctions comme une simple façade politique de la part de gouvernements qui se contentent de continuer à financer, à fournir des armes et à assurer la couverture diplomatique de l’effort de guerre d’Israël.

Boudour Hassan, chercheuse sur Israël et la Palestine pour Amnesty International, a fait remarquer que les sanctions étaient en quelque sorte une arme à double tranchant. Elle a expliqué à Arab News que si elles indiquaient que la communauté internationale avait pris conscience de la situation, elles ne tenaient pas compte du véritable problème.

«Elles sont trompeuses et contribuent à l’idée que ce sont les colons individuels, et non les colonies, qui posent problème, ignorant la violence inhérente au projet de colonisation», a souligné Mme Hassan.

«La majorité des colons ne sont pas violents ; ils n’attaquent pas les Palestiniens. Cependant, il ne s’agit pas seulement de violence physique. Il s’agit de l’acquisition forcée de terres palestiniennes, de la ségrégation des communautés. Les droits et privilèges des colons sont discriminatoires à l’égard des Palestiniens. Tout cela est intrinsèquement violent.»  

«Ce sont les postes de contrôle, les soldats israéliens et l’infrastructure juridique, physique et politique qui se combinent pour promouvoir le projet qui est en cause. Punir des individus, c’est ignorer ces problèmes fondamentaux».

L’armée israélienne tient un poste de contrôle à l’entrée fermée du sud de la ville d’Hébron, en Cisjordanie occupée, près de la colonie israélienne de Beit Haggi. (AFP)
L’armée israélienne tient un poste de contrôle à l’entrée fermée du sud de la ville d’Hébron, en Cisjordanie occupée, près de la colonie israélienne de Beit Haggi. (AFP)

Mme Hassan a réitéré le point de vue d’Amnesty International, qui a toujours considéré que «les colonies qui sont illégales au regard du droit international» doivent être démantelées pour que la paix puisse être instaurée.

Toutefois, la notion de démantèlement de ces colonies soulève des questions sur le sort des familles de colons, «si et quand Israël se retire», a noté M. Mizrachi.

«Israël a évacué des colons à deux reprises par le passé : d’abord en 1982 dans le Sinaï, puis en 2005 dans la bande de Gaza et le nord de la Cisjordanie. Comme nous le savons, vouloir, c’est pouvoir.»

«Cela pourrait prendre du temps et il n’est pas possible d’évacuer des centaines de milliers de personnes en un jour, mais il existe des possibilités d’y parvenir.» 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le Hamas revendique des tirs de roquettes du Liban sur le nord d'Israël

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, le Hezbollah libanais échange quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne en soutien au mouvement islamiste palestinien. (AFP).
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, le Hezbollah libanais échange quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne en soutien au mouvement islamiste palestinien. (AFP).
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  • Les combattants du Hamas ont "lancé une salve de roquettes depuis le sud du Liban en direction" d'une position militaire israélienne
  • Cette salve était "en réponse aux massacres de l'ennemi sioniste (Israël)" dans les territoires palestiniens de Gaza et de Cisjordanie occupée

BEYROUTH: La branche armée du Hamas palestinien a revendiqué des tirs de roquettes lundi depuis le sud du Liban en direction d'une position militaire dans le nord d'Israël.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, le Hezbollah libanais échange quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne en soutien au mouvement islamiste palestinien. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont également revendiqué des attaques transfrontalières depuis le Liban.

Les combattants du Hamas ont "lancé une salve de roquettes depuis le sud du Liban en direction" d'une position militaire israélienne, ont indiqué les Brigades Ezzedine al-Qassam dans un communiqué sur Telegram.

Cette salve était "en réponse aux massacres de l'ennemi sioniste (Israël)" dans les territoires palestiniens de Gaza et de Cisjordanie occupée.

L'armée israélienne a déclaré à l'AFP qu'"une vingtaine de tirs avaient effectués depuis le Liban sur le territoire israélien", ajoutant avoir intercepté la plupart des roquettes et avoir frappé "l'origine du feu".

"Aucun blessé ni dégât n'a été signalé", a indiqué l'armée israélienne.

Le 21 avril, la branche armée du Hamas avait revendiqué des tirs de roquettes depuis le sud du Liban vers le nord d'Israël.

Le 2 janvier, un haut responsable du mouvement palestinien, Saleh Arouri, avait été tué dans une attaque de drone imputée à Israël sur la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 385 personnes parmi lesquelles 254 combattants du Hezbollah et 73 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 20 personnes incluant 11 soldats et neuf civils ont été tuées, selon le bilan officiel.

Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées des deux côtés de la frontière.


Washington détermine que 5 unités israéliennes ont commis des abus en Cisjordanie

Des informations de presse ont notamment fait état d'accusations contre le bataillon "Netzah Yehuda", formé en grande partie de soldats ultra-orthodoxes.  Fort d'un millier d'hommes, il était stationné jusqu'en 2022 en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël. (AFP).
Des informations de presse ont notamment fait état d'accusations contre le bataillon "Netzah Yehuda", formé en grande partie de soldats ultra-orthodoxes. Fort d'un millier d'hommes, il était stationné jusqu'en 2022 en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël. (AFP).
La loi américaine, du nom d'un ancien sénateur démocrate Patrick Leahy, interdit au gouvernement d'utiliser des fonds ou d'envoyer des armes à des unités de forces de sécurité étrangères lorsqu'il existe des informations crédibles les impliquant dans des violations des droits humains. (AFP).
La loi américaine, du nom d'un ancien sénateur démocrate Patrick Leahy, interdit au gouvernement d'utiliser des fonds ou d'envoyer des armes à des unités de forces de sécurité étrangères lorsqu'il existe des informations crédibles les impliquant dans des violations des droits humains. (AFP).
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  • Des consultations se poursuivent avec le gouvernement israélien s'agissant d'une cinquième unité israélienne mise en cause
  • Des informations de presse ont notamment fait état d'accusations contre le bataillon "Netzah Yehuda", formé en grande partie de soldats ultra-orthodoxes

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont déterminé que cinq unités de sécurité israéliennes ont commis des exactions contre des Palestiniens en Cisjordanie avant l'attaque du Hamas en octobre, quatre d'entre elles ayant pris des "mesures correctives" éloignant la perspective de sanctions américaines, a indiqué lundi le département d'Etat.

Des consultations se poursuivent avec le gouvernement israélien s'agissant d'une cinquième unité israélienne mise en cause, a précisé le porte-parole adjoint du département d'Etat, Vedant Patel.

Un responsable américain a confirmé, sous couvert d'anonymat, qu'il s'agissait d'une unité de l'armée israélienne.

Des informations de presse ont notamment fait état d'accusations contre le bataillon "Netzah Yehuda", formé en grande partie de soldats ultra-orthodoxes.

Fort d'un millier d'hommes, il était stationné jusqu'en 2022 en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël.

"Après un processus minutieux, nous avons trouvé cinq unités israéliennes responsables d'actes individuels correspondant à des violations flagrantes des droits de l'homme", a déclaré à la presse le porte-parole.

"Tous ces faits se sont produits bien avant le 7 octobre et aucun n'a eu lieu à Gaza", a-t-il dit sans préciser ni les dates ni les circonstances de ces abus.

"Quatre de ces unités ont effectivement remédié à ces violations, ce que nous attendons de nos partenaires", a encore indiqué le responsable en soulignant que s'agissant de la cinquième unité, le gouvernement israélien avait "soumis" des informations complémentaires au département d'Etat.

"Nous poursuivons nos consultations et nos engagements avec le gouvernement israélien. Il a fourni des informations supplémentaires concernant cette unité, et nous continuons à avoir ces conversations", a déclaré M. Patel.

Le responsable s'est refusé à identifier ces unités et à préciser quelles avaient été les sanctions prises par Israël à leur encontre.

La loi américaine, du nom d'un ancien sénateur démocrate Patrick Leahy, interdit au gouvernement d'utiliser des fonds ou d'envoyer des armes à des unités de forces de sécurité étrangères lorsqu'il existe des informations crédibles les impliquant dans des violations des droits humains.

L'armée israélienne est mobilisée depuis plus de six mois contre le Hamas dans la bande de Gaza, dévastée par le conflit, et sur la frontière libanaise où les échanges de tirs avec le Hezbollah pro-iranien sont quasi-quotidiens.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait vivement réagi il y a plusieurs jours à des informations selon lesquelles Washington pourrait imposer des sanctions à une unité de l'armée israélienne, affirmant que l'armée "ne doit pas être sanctionnée" dans les circonstances actuelles.

Le département d'Etat poursuit son évaluation quant à cette unité de l'armée israélienne et n'a pas encore pris de décision sur le fait ou non de lui interdire toute aide américaine, selon M. Patel.

L'affaire intervient alors que l'administration démocrate du président Joe Biden est sous pression d'exiger des comptes d'Israël pour sa conduite de la guerre dans la bande de Gaza, menée en représailles à l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre.

En pleine année électorale aux Etats-Unis, des voix se font de plus en plus nombreuses pour conditionner l'aide militaire massive des Etats-Unis à son allié israélien, et des manifestations pro-palestiniennes secouent de nombreux campus américains, notamment à l'université Columbia à New York.


Antony Blinken «espère» qu’un accord de cessez-le-feu sera conclu à Gaza

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, déclare que le Hamas doit décider, et rapidement, s’il doit accepter la proposition extraordinairement généreuse de cessez-le-feu. (AFP)
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, déclare que le Hamas doit décider, et rapidement, s’il doit accepter la proposition extraordinairement généreuse de cessez-le-feu. (AFP)
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  • Le secrétaire d’État réaffirme l’opposition des États-Unis à une opération militaire israélienne à Rafah lors de la réunion du WEF à Riyad
  • Ces propos interviennent au lendemain de la déclaration du président palestinien Abbas selon laquelle les États-Unis sont «le seul pays» capable d'éviter une catastrophe à Rafah

RIYAD: Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, espère que le Hamas acceptera une proposition de cessez-le-feu «extraordinairement généreuse» pour mettre fin à l’offensive dévastatrice d’Israël à Gaza en échange de la libération des otages.

«Le Hamas doit décider, et rapidement, s’il doit accepter la proposition extraordinairement généreuse de cessez-le-feu. J’espère qu’il prendra la bonne décision et que nous pourrons changer fondamentalement la dynamique», a déclaré le responsable américain lors d’une table ronde du Forum économique mondial (WEF) à Riyad.

Vendredi dernier, une délégation égyptienne de haut niveau s’est rendue en Israël pour participer à des pourparlers dans le cadre d’une nouvelle initiative diplomatique visant à parvenir à une trêve dans les hostilités qui durent depuis six mois et à obtenir la libération des otages israéliens détenus par les combattants palestiniens.

Le conflit à Gaza, qui a commencé à la suite de l’attaque du Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre 2023, a entraîné la mort de près de trente-cinq mille Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, et réduit 75% de l’enclave assiégée à l’état de ruines, selon les autorités locales.

«Nous collaborons avec nos partenaires pour tenter de mettre un terme au conflit et de faire en sorte qu’il ne s’étende pas, et tout cela est un effort collectif. Le moyen le plus rapide de mettre fin au conflit à Gaza est de parvenir à un cessez-le-feu et à la libération des otages», indique M. Blinken, qui a remercié l’Égypte et le Qatar pour le rôle déterminant qu’ils ont joué dans les efforts en vue d’une trêve et de la libération des otages.

Antony Blinken a ensuite réaffirmé l’opposition des États-Unis à une opération militaire israélienne imminente à Rafah, la ville la plus au sud de Gaza, en l’absence d’un plan garantissant que les civils ne seront pas blessés.

«Nous n’avons pas encore trouvé de plan qui nous garantisse que les civils peuvent être protégés efficacement», souligne M. Blinken.

Depuis des semaines, Israël menace de mener une offensive générale à Gaza afin de détruire les forces restantes du Hamas.

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui a prononcé un discours lors d’une table ronde du WEF un jour plus tôt, a affirmé que les États-Unis étaient «le seul pays» capable d’empêcher l’invasion israélienne longtemps redoutée de Rafah, où vivent actuellement plus d’1,5 million de Palestiniens.

Même une simple «petite frappe» sur Rafah obligerait la population palestinienne à fuir la bande de Gaza, et la «plus grande catastrophe de l’Histoire du peuple palestinien se produirait alors», ajoute M. Abbas.

Antony Blinken a insisté sur la nécessité de «préparer un plan d’après-guerre pour Gaza, qui inclurait les mesures à prendre en matière de sécurité, de gouvernance et d’administration, ainsi que les besoins humanitaires et de reconstruction».

«Énormément de travail a été accompli dans ce domaine, mais il reste encore beaucoup à faire», souligne-t-il.

M. Blinken a également expliqué que «la plus grande menace pour l’Iran et le Hamas serait qu’Israël normalise ses relations avec tous les pays de la région et qu’un État palestinien soit créé.»

«Les États-Unis et l’Arabie saoudite ont travaillé dur ces derniers mois sur l’accord de normalisation israélo-saoudien. Je pense qu’il est potentiellement sur le point d’être conclu», précise-t-il.

«Mais pour aller de l’avant dans la normalisation, deux choses seront nécessaires: le calme à Gaza et une voie crédible vers un État palestinien.»

Antony Blinken avait auparavant participé à la réunion inaugurale du Conseil de coopération entre les États-Unis et le Golfe, au cours de laquelle il avait déclaré aux ministres des Affaires étrangères de la région que le meilleur moyen de mettre un terme à la catastrophe humanitaire à Gaza serait de négocier un accord de cessez-le-feu qui permettrait de libérer les otages détenus par le Hamas.

Le secrétaire d’État américain s’est par ailleurs entretenu avec le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, avec lequel il a examiné les moyens de renforcer les relations bilatérales et la coopération dans divers domaines, selon l’agence de presse saoudienne (SPA).

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com