DUBAÏ: Les dirigeants du monde doivent mettre fin à la crise à Gaza en s’attaquant à la source du problème et en créant un État palestinien indépendant, a déclaré le président turc, Recep Tayyip Erdogan.
«Nous avons besoin d’un diagnostic précis pour trouver le bon traitement. Si nous ne pouvons pas diagnostiquer un problème à sa source, il n’y aura pas de solution», a souligné M. Erdogan lors d’un discours prononcé en tant qu’invité d’honneur du Sommet mondial des gouvernements (WGS) à Dubaï.
«Sans la création d’un État palestinien indépendant, nous ne trouverons jamais de solution temporaire. Toutes les mesures prises demeurerons incomplètes tant qu’un État palestinien indépendant, souverain et géographiquement intégré ne sera pas établi selon les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale», a-t-il ajouté.
Le président turc a réfuté les affirmations selon lesquelles l’attaque du 7 octobre perpétrée par le Hamas serait à l’origine de la crise, évoquant la longue lutte des Palestiniens contre l’injustice et l’expansion du territoire israélien depuis 1948.
Les colonies établies sur des terres occupées en violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU montrent qu’ «Israël se considère au-dessus du droit international et que, depuis plusieurs décennies, l’occupation, les colonies illégales et les politiques de massacre sont maintenues», a indiqué M. Erdogan.
Le conflit de Gaza est un exemple de ce qui se passe lorsque des questions essentielles ne sont pas résolues, a-t-il fait remarquer.
«Tous les incidents qui n’ont pas encore été résolus ont pris de l’ampleur avec le temps, se sont enchevêtrés, aboutissant à une impasse, et ont été ressuscités à maintes reprises. Tout ce que nous balayons sous le tapis n’a pas encore été résolu», a-t-il ajouté.
M. Erdogan a tenu ces propos alors qu’Israël, malgré le tollé mondial, se prépare à lancer une offensive terrestre à Rafah, où environ 1,4 million de Palestiniens déplacés ont afflué dans l’espoir de trouver un abri. Jusqu’à présent, la guerre contre Gaza a tué plus de 28 000 Palestiniens, en a blessé 70 000 autres et a transformé l’enclave en un champ de ruines.
Le dirigeant turc a appelé à la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de juin 1967. Cela permettrait d’instaurer la paix, la stabilité et le développement économique dans la région, a déclaré M. Erdogan, appelant à une gouvernance mondiale efficace, à la solidarité et à la coopération «si nous voulons que notre monde connaisse un avenir prometteur».
Les gouvernements doivent soutenir l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (Unrwa), alors que certains pays européens réduisent leur financement à cette organisation, a-t-il ajouté.
L’Unrwa sert de «bouée de sauvetage» à environ 6 millions d’immigrants palestiniens en Jordanie, en Syrie, au Liban et dans les Territoires occupés de Palestine, a affirmé M. Erdogan. «Je lance cet appel en tant que dirigeant d’un pays qui a ouvert ses portes, il y a des décennies, aux immigrants juifs fuyant les incursions européennes», a-t-il poursuivi.
La Turquie soigne actuellement 380 patients palestiniens et accueille 344 membres de leurs familles qui ont été évacués de Gaza, a précisé M. Erdogan, ajoutant que son gouvernement assure le suivi de l’application du droit international devant la Cour internationale de justice (CIJ) en ce qui concerne les crimes de guerre présumés d’Israël.
«Nous n’abandonnerons jamais nos frères et sœurs palestiniens. Nous ne les laisserons jamais seuls et sans espoir», a assuré M. Erdogan, remerciant l’Afrique du Sud pour l’action qu’elle a intentée devant de la CIJ.
Évoquant les défis internationaux, le président turc a constaté qu’un cycle de crises et de tensions définissait désormais le monde, faisant référence à l’éclatement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine au moment où le monde se remettait encore de la pandémie de Covid-19. La guerre a eu un impact sur l’économie mondiale, provoquant une hausse des prix de l’énergie, des crises alimentaires, des migrations irrégulières et de nouveaux défis, a-t-il indiqué.
M. Erdogan a appelé à un engagement mondial, à la patience et à la collaboration pour faire face à ces nouveaux défis.
Le président turc était l’un des 25 chefs d’État participant au Sommet mondial des gouvernements, qui se déroule jusqu’au 14 février et rassemble plus de 85 organisations internationales et régionales et institutions mondiales, 140 gouvernements, ainsi que des leaders d’opinion et des experts du monde entier.
Plus de 200 intervenants de renom aborderont les tendances mondiales futures au cours de plus de 110 tables rondes. Le WGS 2024 compte plus de 4 000 participants. Au total, 23 réunions ministérielles et exécutives sont organisées auxquelles participent plus de 300 ministres.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com