PARIS: La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) indique avoir infligé une amende de 32 millions d'euros à la société qui gère les grands entrepôts du groupe Amazon dans l’Hexagone pour son système de surveillance «excessivement intrusif». Il a été mis en place pour contrôler les performances et l'activité du personnel.
Ce système aura coûté à Amazon France Logistique (AFL) une pénalité qui équivaut à près de 3% du chiffre d'affaires de l'entreprise.
Un niveau «quasiment sans précédent», a précisé la Cnil à l'AFP, le maximum encouru étant de 4%.
L'organisme français de surveillance des données personnelles a expliqué que le système en question permettait aux responsables de la filiale du géant américain de la distribution en ligne de suivre ses salariés de si près qu'il entraînait de multiples violations des règles strictes de l'Union européenne (UE) en matière de confidentialité, appelées «règlement général sur la protection des données» (RGPD).
Les salariés des entrepôts Amazon sont munis d’un scanner qui leur permet de documenter l’exécution de leurs tâches. Les données collectées permettent à l’entreprise d'évaluer la qualité, la productivité et les périodes d’inactivité des employés.
Un système illégal selon la Cnil
Trois indicateurs de suivi enregistrés par ces scanners et transmis aux managers ont été jugés illégaux par la Cnil: le premier, le «Stow Machine Gun», signale le fait qu’un salarié scanne un article trop rapidement, en moins d’1,25 seconde; le deuxième, l'«Idle Time», permet de repérer une période d'inactivité de plus de dix minutes.
Un autre indicateur mesure le temps écoulé entre le moment où l'employé a badgé à l'entrée du site et celui où il a scanné son premier colis.
Le gendarme français de la vie privée a considéré qu'il était «excessif de conserver l'ensemble des données collectées par le système, ainsi que les indicateurs statistiques qui en résultent, pour l'ensemble des salariés et des intérimaires, pendant une durée de trente et un jours, alors qu’il suffirait d’une semaine».
Les salariés sont également mal informés des systèmes de vidéosurveillance présents dans les entrepôts. La Commission, qui a ouvert une procédure en 2019 à la suite d'articles de presse et de plaintes de salariés, soulève aussi divers problèmes de sécurité informatique.
Amazon affirme être fortement «en désaccord avec les conclusions de la Cnil, qui sont factuellement incorrectes».
En 2021, le chiffre d'affaires d'AFL s'élevait à 1,135 milliard d'euros, pour un résultat net de 58,9 millions d'euros.
Son porte-parole a indiqué que l’entreprise de e-commerce n'était pas d'accord avec l'amende de la Cnil et qu'elle se réservait le droit de faire appel.
«Les systèmes de gestion d'entrepôt sont des normes industrielles et sont nécessaires pour assurer la sécurité, la qualité et l'efficacité des opérations et pour suivre le stockage des stocks et le traitement des colis dans les délais et conformément aux attentes des clients», a-t-il également déclaré.
L'enquête de l'organisme de surveillance s'est concentrée sur l'utilisation par les employés d'Amazon de scanners portatifs pour suivre les colis à différents moments de leur déplacement dans l'entrepôt.