WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mercredi classer à nouveau les rebelles yéménites Houthis, soutenus par l'Iran, comme une entité "terroriste" après leurs attaques de navires marchands en mer Rouge qui font craindre un embrasement régional.
Cette sanction, destinée à faire "pression" sur ce groupe soutenu par l'Iran tout en préservant l'acheminement d'aide humanitaire cruciale au Yémen, ne prendra effet que dans 30 jours, selon un communiqué du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.
Il s'agit de "faire en sorte que le groupe rende des comptes pour ses activités terroristes", a affirmé M. Blinken, en soulignant que "si les Houthis cessent leurs attaques en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, les Etats-Unis réévalueront cette désignation".
Au large du Yémen, les Houthis prennent pour cible des navires qu'ils estiment liés à Israël, en solidarité selon eux avec les Palestiniens de Gaza, territoire pilonné et assiégé par Israël depuis l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.
Les armées américaine et britannique ont lancé une série de frappes ces derniers jours contre les Houthis, visant notamment près de 30 sites au Yémen la semaine dernière.
Ces derniers ont répondu mercredi à l'annonce de Washington en disant qu'ils poursuivraient leurs attaques.
"Nous ne renoncerons pas à cibler les navires israéliens ou les navires se dirigeant vers des ports de la Palestine occupée (...) en soutien au peuple palestinien", a déclaré leur porte-parole, Mohammed Abdelsalam, dans une interview sur la chaîne Al Jazeera, ajoutant que les rebelles riposteront en cas de nouvelles frappes les visant.
En décembre, les Etats-Unis ont mis en place une force navale multinationale pour protéger les navires de la mer Rouge, voie de transit essentielle qui représente jusqu'à 12% du commerce mondial.
"Nous ne cherchons pas un conflit régional, loin de là", a déclaré mardi le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, au Forum économique mondial à Davos.
«Profonde inquiétude»
Les Houthis font partie de ce qu'ils qualifient d'"axe de la résistance" contre Israël, qui compte des groupes soutenus par l'Iran, comme le Hamas palestinien ou le Hezbollah libanais.
Les Etats-Unis avaient retiré les Houthis de leur liste d'"organisations terroristes" en février 2021.
Ils avaient jugé à l'époque que cette désignation compliquait la réponse à une très grave crise humanitaire au Yémen, pays en guerre dont le groupe rebelle contrôle une bonne partie.
En optant mercredi pour la qualification d'entité "spécialement désignée comme terroriste au niveau mondial", au lieu d'"organisation terroriste étrangère", une sanction plus large interdisant les échanges, les Etats-Unis entendent maintenir le flot d'aide humanitaire au Yémen, qui en dépend très largement, a expliqué un responsable américain sous le couvert de l'anonymat.
"Les Houthis doivent être tenus responsables de leurs actes, mais cela ne doit pas se faire aux dépens des Yéménites", a souligné Antony Blinken.
Il a précisé que les Etats-Unis allaient prendre dans cette période de 30 jours une série de mesures "pour atténuer tout impact négatif que cette désignation pourrait avoir sur le peuple yéménite".
En parallèle, le département du Trésor va publier des licences autorisant certaines transactions liées notamment à la fourniture de nourriture, de médicaments et de carburant.
Ces sanctions américaines ont pour effet de geler les avoirs éventuels des Houthis et de couper leurs sources de financement.
Plus d'une vingtaine d'organisations humanitaires ont fait part de leur "profonde inquiétude" face à la récente escalade au Yémen, mettant en garde contre ses conséquences sur ce pays dévasté par la guerre.
Pays le plus pauvre de la péninsule arabique, le Yémen est en proie depuis plus de huit ans à un conflit armé opposant le gouvernement, soutenu par une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite, et les Houthis, proches de l'Iran.
Plus des deux tiers de sa population dépendent de l'aide humanitaire, selon l'ONU.