PARIS: D'abord "interloquée" par la proposition d'Emmanuel Macron, Rachida Dati n'a "pas hésité" à accepter le poste de ministre de la Culture, a-t-elle dit mardi lors de ses vœux aux habitants du VIIe arrondissement, dont elle "veut rester" maire.
"Le président de la République m'a fait l'honneur de me proposer ce ministère. C'est vrai qu'au début, j'ai été interloquée", a reconnu la nouvelle ministre dans une mairie comble, sur son rez-de-chaussée, pour l'occasion.
Mais Emmanuel Macron "m'a expliqué ce qu'il attendait de moi, je n'ai pas hésité", a ajouté l'ancienne ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy.
"Quand on a une possibilité de faire les choses, sur des choses qui vous intéressent, sur lesquelles vous vous dites +je serai capable de changer et d'améliorer les choses+, il faut pas hésiter", a expliqué Mme Dati.
"Oui, je suis une femme de droite, mais je ne suis pas sectaire", a-t-elle ajouté. "Je n'en fais pas une affaire de partis politiques".
"Je suis votre maire et je veux le rester", a aussi indiqué Mme Dati, maire de cet arrondissement huppé depuis 2008. "Vous avez toujours été ma priorité, ça ne changera pas", a-t-elle assuré aux administrés présents, parmi lesquels de nombreuses personnes âgées.
Avec notamment "la Tour Eiffel et les Invalides", le VIIe arrondissement est "la plus belle illustration de notre culture et son plus bel écrin", a souligné la ministre.
Celle qui est encore la présidente du principal groupe d'opposition à la maire PS Anne Hidalgo n'a en revanche pas évoqué la perspective des élections municipales de 2026.
Après son exclusion des Républicains, annoncée dans la foulée de sa nomination, le groupe LR et apparentés du Conseil de Paris doit décider dans les prochains jours le maintien ou non de Mme Dati à sa tête.
«Vieille jurisprudence»
Après ses voeux, Rachida Dati s'est rendue à l'Elysée pour la conférence de presse d'Emmanuel Macron, qui a été interrogé sur sa nomination et un possible "deal" entre eux autour de 2026.
"Nous n'avons pas parlé de Paris", a assuré le chef de l'Etat, saluant chez Mme Dati "son énergie, son talent, sa liberté" qui "ne se réduisent pas à une appartenance politique".
Ces qualités seront "utiles à la culture", pour "ouvrir des portes" et "mettre fin à cette France du +c'est pas fait pour moi+", a estimé M. Macron.
Quant à sa mise en examen pour corruption dans l'enquête sur des contrats noués par une filiale de Renault-Nissan, "il n'y a pas de règle qui fait qu'un ministre mis en examen devrait quitter" le gouvernement, a estimé le président.
"Sinon en quelque sorte, je reconnaîtrais moins à un responsable politique la présomption d'innocence qu'à un autre", a-t-il ajouté, évoquant une "forme de bon sens".
Si une "vieille jurisprudence" voulait qu'un ministre mis en examen devait démissionner, c'est parce qu'il y avait "un de ses collègues qui pouvait donner une instruction individuelle au parquet", a-t-il expliqué.
Mais "depuis maintenant dix ans dans notre pays, il n'y a plus d'instruction individuelle sur les dossiers", a-t-il fait valoir.