Amérique latine: face aux cartels et aux gangs, les limites de la guerre totale

Des membres de l'armée patrouillent dans le quartier de Lucha de los Pobres, dans le sud de Quito, le 12 janvier 2024, alors que l'Équateur est en "état d'urgence" depuis l'évasion de prison de l'un des plus puissants narcotrafiquants du pays. (Photo Stringer AFP)
Des membres de l'armée patrouillent dans le quartier de Lucha de los Pobres, dans le sud de Quito, le 12 janvier 2024, alors que l'Équateur est en "état d'urgence" depuis l'évasion de prison de l'un des plus puissants narcotrafiquants du pays. (Photo Stringer AFP)
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Publié le Samedi 13 janvier 2024

Amérique latine: face aux cartels et aux gangs, les limites de la guerre totale

  • Soutenu par les Etats-Unis, l'Equateur a décrété l'état d'exception face à la récente flambée de violences: évasions, prise d'otages
  • La tentative de «neutraliser» des chefs de cartels a favorisé l'émergence de leaders «plus jeunes», «parfois sans vision stratégique», «plus violents», d'après l'expert en sécurité Erubiel Tirado, de l'université Iberoaméricaine à Mexico

MEXICO, Mexique : Après le Salvador, l'Equateur a lancé cette semaine une guerre contre les cartels et les gangs, une option qui a montré ses lacunes voire ses effets pervers en Colombie et au Mexique, où les autorités tentent d'autres stratégies.

«Conflit armé interne» pour «neutraliser» 22 «groupes terroristes», avec couvre-feu et déploiement de milliers de militaires: soutenu par les Etats-Unis, l'Equateur a décrété l'état d'exception face à la récente flambée de violences: évasions, prise d'otages.

«Les gouvernements ont recours à cette réponse car ils veulent des réponses immédiates», estime Mathew Charles, de l'Observatoire colombien du crime organisé.

Pendant sa campagne, le président Daniel Noboa avait déjà plaidé pour la militarisation du pays après l'assassinat d'un candidat, rappelle le Think Tank Insight crime.

Le jeune président a aussi annoncé début janvier la construction de deux prisons de haute sécurité, sur le modèle de celles créées au Salvador.

Gangréné par la violence des gangs, le petit Salvador (six millions d'habitants, 8.124 km2) prétend être une référence en matière de sécurité.

Le président Nayib Bukele a fait emprisonner plus de 73.000 gangsters présumés en vertu d'un état d'urgence très critiqué par les défenseurs des droits humains. Quelque 7.000 personnes innocentes ont par la suite été libérées.

Bukele a annoncé un taux d'homicides de 2,4/100.000 habitants en 2023, contre 83/100.000 en 2017 avant son élection. «Le Salvador est officiellement le pays le plus sûr d'Amérique latine», assure le très populaire président, en campagne pour sa réélection.

- «Politique antidrogue erronée» -

En Equateur, la répression est nécessaire dans l'urgence «mais ne sera visiblement pas suffisante», indique à l'AFP l'ex-président équatorien Rafaël Correa.

Il plaide pour davantage de «contrôle» en matière de blanchiment d'argent dans son pays, dont l'économie est dollarisée.

La guerre en Equateur contre les gangs «manque d'une stratégie de sortie», ajoute également le think tank Insight Crime.

«Nous savons que la manière forte ne dure jamais et ne fonctionne que dans l'immédiat», résume l'expert Mathew Charles, de l'Observatoire colombien du crime organisé.

Les criminels «ont toujours des armes» et vont «répondre avec plus de violence», poursuit-il. «Envoyer les gens en prison n'est pas la réponse parce que nous avons vu que dans les prisons, ce sont les gangs qui contrôlent et qui commandent».

En Colombie tout comme au Mexique, les présidents de gauche ont amorcé un changement de stratégie.

«En Amérique, l'expansion de bandes puissantes internationales est liée à une politique antidrogue erronée», a répété le président colombien Gustavo Petro mercredi, en réagissant sur X (ex-Twitter) à la proposition d'«assistance» des Etats-Unis à l'Equateur.

«Malgré les énormes efforts entrepris pendant plus d'un demi-siècle», la lutte anti-drogue n'a pas atteint ses buts, a constaté son gouvernement dans un rapport sur les plantations de coca en 2022.

La Colombie reste le premier producteur mondial de cocaïne avec au moins 1.738 tonnes en 2022, d'après l'ONU.

«Les pays latino-américains doivent se doter de puissantes politiques en faveur des jeunes», insiste le président colombien, élu en 2022.

Son gouvernement veut sur dix ans (2023-2033) «oxygéner» les territoires touchés par le trafic de drogue, et «asphyxier» les organisations criminelles «qui génèrent la violence».

- «Stratégie de long-terme»-

Le Mexique tente également de tourner la page de la «guerre contre la drogue» lancée en décembre 2006 par l'ex-président Felipe Calderon.

Depuis cette date, le nombre des homicides (plus de 400.0000) et des enlèvements (des dizaines de milliers) n'a cessé d'augmenter.

La tentative de «neutraliser» des chefs de cartels a favorisé l'émergence de leaders «plus jeunes», «parfois sans vision stratégique», «plus violents», d'après l'expert en sécurité Erubiel Tirado, de l'université Iberoaméricaine à Mexico.

Au pouvoir depuis décembre 2018, le président Andres Manuel Lopez Obrador a qualifié de «crime» la guerre contre la délinquance lancée par son prédécesseur.

«On ne peut pas affronter la violence par la violence», a-t-il ajouté. Son gouvernement prétend s'attaquer aux causes de la violence avec des programmes sociaux pour réduire la pauvreté.

En même temps, Lopez Obrador a créé un nouveau corps de sécurité, la Garde nationale (en remplacement de l'ex-police fédérale). Et plusieurs barons de la drogue ont été arrêtés pendant son mandat.

«Tous les jours nous arrêtons des délinquants. Et quand il n'y a pas d'autres options, il y a des affrontements», résumait-il le 4 juillet 2022.

Sous son mandat, le taux d'homicide a battu des records à 29 pour 100.000 habitants entre 2018 et 2020, avant de revenir à 25/100.000 en 2022.

L'Amérique latine souffre de «corruption» et d'inégalités sociales, conclut l'expert Mathew Charles, qui plaide donc pour «un programme intégral de sécurité, de lutte anti-corruption et d'investissement social. Mais cela demande des stratégies à long-terme».


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.