Quand la cocaïne sud-américaine et la violence des cartels déferlent sur l'Europe

Sur cette photo d'archives prise le 7 janvier 2022, des douaniers belges recherchent de la drogue dans un conteneur au port d'Anvers. (Photo de François Walschaerts / AFP)
Sur cette photo d'archives prise le 7 janvier 2022, des douaniers belges recherchent de la drogue dans un conteneur au port d'Anvers. (Photo de François Walschaerts / AFP)
Un agent belge vérifie une caisse de bananes lors d'un contrôle douanier pour la drogue dans le hangar d'une entreprise fruitière du port d'Anvers. (Valeria Mongelli / AFP)
Un agent belge vérifie une caisse de bananes lors d'un contrôle douanier pour la drogue dans le hangar d'une entreprise fruitière du port d'Anvers. (Valeria Mongelli / AFP)
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Publié le Lundi 16 janvier 2023

Quand la cocaïne sud-américaine et la violence des cartels déferlent sur l'Europe

  • Dans la capitale française, comme dans la plupart des grandes villes européennes, la «coke» coule à flots
  • 2022 s'annonce encore meilleure: 162 tonnes ont été saisies l'an dernier dans les seuls ports d'Anvers (Belgique) et Rotterdam (Pays-Bas), selon les douanes des deux pays

PARIS : "Un c'est 70, deux c'est 120." Le livreur présente quelques boulettes à la jeune femme qui l'a rejoint au bas de son immeuble du très chic VIe arrondissement de Paris. Sous le plastique, de la cocaïne venue tout droit d'Amérique du Sud.

"C'est comme tous les livreurs à domicile, ceux qui 'speedent' avec des courses ou des sushis", s'amuse le jeune dealer, "je reçois des commandes et je tourne dans Paris".

Dans la capitale française, comme dans la plupart des grandes villes européennes, la "coke" coule à flots.

Quelques dizaines de minutes suffisent pour en prendre commande sur une messagerie cryptée type WhatsApp ou Signal et la faire porter chez soi comme une pizza. En matière de stupéfiants aussi, "l'ubérisation" a révolutionné le marché.

"Les consommateurs préfèrent passer par une plateforme (de messagerie) et se faire livrer en bas de chez eux par un mec qui ressemble à un Deliveroo", décrit la commissaire Virginie Lahaye, cheffe des "stups" parisiens. "C'est beaucoup plus facile que d'aller dans un coin un peu sordide en banlieue."

En 2021, quelque 3,5 millions d'Européens ont goûté au moins une fois à la cocaïne, selon l'Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT). Un niveau "historique", quatre fois supérieur à celui mesuré il y a vingt ans.

La demande de poudre blanche suit la même progression que l'offre. Vertigineuse.

Le volume des saisies sur le Vieux Continent, seul baromètre officiel en la matière, a battu un nouveau record en 2021 avec 240 tonnes, selon l'Office de police européen (Europol), contre 213 tonnes en 2020 et 49 dix ans plus tôt.

2022 s'annonce encore meilleure: 162 tonnes ont été saisies l'an dernier dans les seuls ports d'Anvers (Belgique) et Rotterdam (Pays-Bas), selon les douanes des deux pays.

"Un tsunami", résume le patron de la police judiciaire fédérale belge, Eric Snoeck.

Incontournable coca

Le périple de la cocaïne débute à des milliers de kilomètres de là.

Sur les pentes des hauts-plateaux de Colombie, du Pérou et de Bolivie, poussent les feuilles dont est extraite la drogue popularisée au XIXe siècle par Sigmund Freud et une poignée de chimistes européens pour ses vertus médicinales.

Dans la région du Catatumbo (nord-est de la Colombie), la coca a pris depuis belle lurette la place des cultures vivrières. C'est grâce à elle que José del Carmen Abril nourrit sa famille de huit enfants.

"La coca (...) a remplacé le gouvernement qui n'est jamais venu par ici", commente, chapeau de paille sur la tête, ce père de famille de 53 ans. "Avec elle, nous avons pu construire des écoles, des centres de santé, des routes et des habitations."

Dans un pays où le salaire quotidien minimum ne dépasse pas 7 dollars, un planteur de coca peut en gagner cinq fois plus.

Plus de 200 000 familles colombiennes récoltaient de la coca en 2018, selon l'ONU. Les milliards de dollars dépensés depuis des décennies par Bogota et son principal soutien Washington dans leur "guerre contre la drogue" n'y ont rien changé: la production n'en finit pas de croître.

Elle a même battu un record historique en 2021: 1 400 tonnes de poudre produites contre 1 228 tonnes l'année précédente, selon l'Office des Nations unies contre la drogue et la criminalité (ONUDC). Une hausse de 14%.

Les experts estiment à plus de 2 000 tonnes le volume total de cocaïne proposé sur le marché mondial en 2021.

Producteur de coca, José del Carmen Abril y a pris sa part. Mais il refuse d'être taxé de "narco". Les paysans comme lui sont "des paysans qui récoltent (...) et n'ont pas de salaire minimum", se défend-il. Les trafiquants, eux, "se font combien de millions avec un kilo de cocaïne ?"

Une fois récoltées, ses feuilles sont confiées à des chimistes qui les mélangent à de l'essence, de la chaux, du ciment et du sulfate d'ammonium pour obtenir une pâte blanche vendue dans le Catatumbo autour de 370 dollars le kilo.

Cette pâte est ensuite enrichie dans d'autres laboratoires d'un cocktail d'acides et de solvants pour devenir la "coke". Pure, son prix a passé la barre des 1 000 dollars le kilo.

Cartels mexicains

La Colombie fournit à elle seule les deux tiers de la cocaïne mondiale. Mais la chute des cartels de Medellin et Cali au milieu des années 1990 et l'accord de paix signé en 2016 avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) ont bouleversé le marché.

Simples intermédiaires à la fin du siècle dernier, les Mexicains ont profité de l'atomisation de leurs rivaux colombiens pour arracher le contrôle quasi total du secteur, du financement de la production à la supervision des exportations.

Longtemps, les cartels de Sinaloa ou de Jalisco ont privilégié leur marché "naturel", les Etats-Unis. Ils visent désormais en priorité l'Europe, où la consommation flambe.

Europol y évalue aujourd'hui le marché annuel de la vente au détail de cocaïne entre 7,6 à 10,5 milliards d'euros.

"Le marché US est saturé et la coke se vend en Europe à un prix 50 à 100% supérieur", décrypte le patron du renseignement douanier français, Florian Colas. "Autres avantages pour les trafiquants, le risque pénal est sans doute moins dissuasif en Europe qu'aux Etats-Unis et les options logistiques sont multiples entre les deux continents."

Comme 90% du commerce mondial, l'essentiel de la "blanche" traverse l'Atlantique dans des conteneurs maritimes, dissimulée dans des cargaisons parfaitement légales de bananes, de sucre en poudre ou de conserves.

Le reste circule en avion dans les valises ou les intestins de "mules" qui embarquent à Cayenne, en Guyane française, pour Paris. Quand elle ne se faufile pas au fond des mers à bord de sous-marins ou de submersibles téléguidés, comme ceux saisis en juillet dernier par la police espagnole.

Au début des années 2000, les Mexicains avaient établi leur tête de pont européenne sur la Costa del Sol espagnole, un des nœuds du trafic de cannabis marocain.

L'arrestation quelques années plus tard de plusieurs "barons" et surtout l'explosion du transport maritime les a convaincus de réorienter leur trafic vers les principaux ports à conteneurs du continent, dans le nord de l'Europe.

Embarqués dans le port brésilien de Santos, tenu par la mafia de Sao Paulo, celui de Guayaquil en Equateur, en Colombie, au Panama ou au Pérou, les pains de "neige" cinglent vers Anvers, Rotterdam, Hambourg (en Allemagne) ou Le Havre (en France).

"C'est par là que passe l'essentiel de la drogue destinée à l'Europe", détaille la directrice adjointe des douanes françaises, Corinne Cléostrate. "Certaines cargaisons font étape aux Antilles. D'autres filent vers les Balkans ou transitent en Afrique de l'Ouest, avant de remonter vers l'Europe."

Mafias européennes

Ces routes sont gérées selon un "business plan" bien rodé.

Les cartels mexicains vendent "leur" produit aux multinationales européennes du crime. Parfois via des courtiers qui répartissent les cargaisons, collectent leur financement et mutualisent les pertes en cas de saisie.

"Ces organisations criminelles peuvent être concurrentes", observe la policière Stéphanie Cherbonnier. "Mais elles créent aussi des alliances car elles doivent unir leurs compétences, leur savoir-faire, pour faire rentrer la drogue."

"Mocro-maffia" d'origine marocaine aux Pays-Bas et en Belgique, pègre albanaise, serbe ou kosovare et Ndrangheta calabraise se répartissent le marché selon leur localisation et leurs spécialités (logistique, protection, blanchiment...).

Ces groupes pilotent la réception de la drogue dans les ports, confiée à des "petites mains" du cru au nom d'un strict cloisonnement des tâches.

Leurs moyens sont considérables car le trafic de cocaïne offre une rentabilité sans pareil: le kilo acheté 1.000 dollars en Amérique du Sud est vendu 35.000 euros en Europe. Une fois sortie des ports et coupée - jusqu'à 40% - la marchandise est vendue au client autour de 70 euros le gramme.

Un bénéfice qui autorise toutes les corruptions.

Dockers, agents portuaires ou chauffeurs-routiers, douaniers et policiers parfois, sont achetés pour laisser les "petites mains" récupérer le butin dans les conteneurs.

Au Havre, décrit un policier français, les 2 200 dockers qui règnent en maîtres sur les piles de conteneurs rouges, bleus ou verts entassés sur ses quais, sont devenus les complices préférés et souvent obligés des trafiquants.

Ces dernières années, plusieurs ont été condamnés en France à des années de prison ferme pour avoir "collaboré".

L'un d'eux a décrit à son avocat l'engrenage qui l'a plongé dans le trafic: "Avant, je récupérais des cartouches de cigarettes ou du parfum pour les revendre. Ça me rapportait 200 à 300 euros par mois. Puis un jour, des mecs nous ont demandé de sortir des sacs. Ils nous ont offert 1 000 euros le sac. Ça a commencé comme ça..."

Certains dockers leur prêtent un badge pour entrer sur le port, d'autres déplacent un conteneur chargé de drogue hors du champ des caméras ou "autorisent" la sortie d'un autre.

A Rotterdam, le plus grand port d'Europe, policiers et douaniers ont surpris des petits soldats du trafic cachés dans des "conteneurs hôtels" avec vivres et couvertures pour attendre l'arrivée d'un chargement de cocaïne.

Le "ticket de sortie" d'une "boîte" - un conteneur - peut se monnayer jusqu'à 100 000 euros au Havre où, confesse un douanier, "on ne contrôle que 1% des conteneurs parce qu'on n'a pas les moyens de faire plus".

Exécution

En plus d'acheter complicités ou silences, ces sommes folles nourrissent une violence qui déborde largement dans les rues des villes portuaires.

Dans le quartier résidentiel anversois de Deurne, Steven de Winter en a connu au moins trois vagues.

En mai dernier, une maison de son quartier, occupée par une famille connue pour son implication dans le trafic, a été attaquée à l'explosif alors que des voisins célébraient un mariage dans un jardin tout proche.

"Ce n'est plus possible", enrage l'employé de banque de 47 ans, "ça suffit !"

En cinq ans, le parquet de la cité flamande dit avoir recensé "plus de 200 actes de violence liés à la drogue": menaces, agressions ou jets d'engins explosifs.

Le 9 janvier encore, une fillette de 11 ans a été tuée dans sa maison anversoise visée par des tirs. Le bourgmestre Bart De Wever a immédiatement fait le lien avec "une guerre de la drogue".

Aux Pays-Bas, les groupes criminels sont allés encore plus loin.

Le 6 juillet 2021, il est 19h30 quand le célèbre journaliste Peter R. de Vries quitte le studio d'Amsterdam où il a participé à un talk-show télévisé. A l'entrée d'un parking souterrain, le reporter est abattu de plusieurs coups de feu.

Spécialiste des affaires criminelles, il était le confident du principal témoin à charge dans le procès de Ridouan Taghi, un chef présumé de la "Mocro-maffia" arrêté à Dubaï en 2019.

Séquestration de dockers, torture de rivaux, élimination de gêneurs: les trafiquants sont prêts à tout pour défendre leur commerce. Le démantèlement l'an dernier du réseau de messagerie crypté Sky/ECC a ouvert une fenêtre inédite sur leurs méthodes.

"On a découvert une violence complètement inouïe", souffle le policier belge Eric Snoeck. "Il y a très, très peu de retenue par rapport au fait de torturer quelqu'un qui a une bonne information ou tout simplement d'exécuter quelqu'un qui n'a pas respecté un contrat (...) ça fait froid dans le dos."

En 2020, la police néerlandaise avait découvert des conteneurs aménagés en chambre de détention et de torture...

Les mafias de la cocaïne visent de plus en plus haut. Un projet d'enlèvement du ministre belge de la Justice a été déjoué en septembre. Aux Pays-Bas, c'est la princesse héritière Amalia et le Premier ministre Mark Rutte qui semblaient visés cet automne.

«Guerre totale»

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Sur cette photo d'archives prise le 7 novembre 2022, un douanier français teste un colis suspecté d'être de la cocaïne à l'aéroport d'Orly, au sud de Paris. (AFP) 

Pour enrayer la vague qui déferle sur l'Europe, policiers et magistrats ont engagé une "guerre totale".

En développant renseignement et "ciblage", en musclant la coopération internationale et en renforçant la sécurité des ports, les saisies ont battu des records chaque année. Près de 110 tonnes en 2022 à Anvers, le principal point d'entrée de la "blanche" en Europe, contre 89,5 tonnes en 2021.

"Ça signifie que nos méthodes sont plus efficaces mais aussi que les flux augmentent", concède la douanière française Corinne Cléostrate.

Jamais confirmé, un "chiffre noir" circule: seuls 10% du volume de la cocaïne en circulation seraient interceptés.

"Nous avons des terminaux de plus en plus automatisés, cela rend plus difficile la tâche (des trafiquants)", note le chef des douaniers chargés des interceptions à Rotterdam, Ger Scheringa. A Rotterdam, les saisies ont nettement reculé de 72,8 à 46,8 tonnes de 2021 à 2022.

Mais les trafiquants ont déjà ouvert des "itinéraires bis" vers des ports moins surveillés. C'est le cas de Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire (ouest) en France, où près de 600 kilos de "coke" ont été saisis en 2022.

Les polices européennes ont également renforcé la chasse aux têtes du trafic.

Fin novembre, Europol a annoncé le démantèlement d'un "super cartel" qui contrôlait un tiers du trafic de cocaïne vers l'Europe: 49 suspects arrêtés en France, Espagne, Pays-Bas, Belgique et surtout à Dubaï, un de leurs repaires favoris.

En première ligne de cette guerre, les douaniers français de Martinique ne se font pourtant guère d'illusion.

Inlassablement, ils surveillent et inspectent les yoles de pêche, voiliers et cargos qui voguent dans les eaux turquoises du canal de Sainte-Lucie, face aux côtes sud-américaines.

"Les trafiquants connaissent nos méthodes (...) on fait au mieux mais il faut savoir reconnaître qu'on ne pourra pas tout attraper", concède le patron des douaniers de l'île, Jean-Charles Métivier. "On a souvent un coup de retard."

Pendant ce temps à Paris, le commerce bat son plein, avec ses guerres des prix et ses offres commerciales.

"Big promo, 50 euros: 1 caro", (un gramme de "coke"), promet un message posté sur la boucle d'une messagerie.


Nouvelle date pour la conférence sur l’État palestinien relancée par la France et l’Arabie saoudite

Un drapeau palestinien flotte face aux colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. La conférence franco-saoudienne sur la création d'un État palestinien, qui avait été reportée, a été reprogrammée pour les 28 et 29 juillet. (AFP/File Photo)
Un drapeau palestinien flotte face aux colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. La conférence franco-saoudienne sur la création d'un État palestinien, qui avait été reportée, a été reprogrammée pour les 28 et 29 juillet. (AFP/File Photo)
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  • Initialement prévue du 17 au 20 juin, la conférence a été reportée après le lancement par Israël, le 13 juin, d'une guerre de 12 jours contre l'Iran
  • L'objectif de la conférence, reprogrammée pour les 28 et 29 juillet, est l'adoption urgente de mesures concrètes conduisant à la mise en œuvre d'une solution à deux États

NEW YORK : Une conférence internationale organisée et coprésidée par l'Arabie saoudite et la France pour discuter de la création d'un État palestinien, qui avait été reportée le mois dernier, a été reprogrammée pour la fin du mois.

"La conférence ministérielle sur la solution des deux États reprendra les 28 et 29 juillet ; les détails seront communiqués sous peu", ont confirmé des diplomates à Arab News vendredi.

Initialement prévu du 17 au 20 juin, l'événement, officiellement intitulé "Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États", a été reporté après le lancement par Israël, le 13 juin, de son opération militaire de 12 jours contre l'Iran.

L'événement, convoqué par l'Assemblée générale des Nations unies, aura lieu au siège des Nations unies à New York. L'objectif est l'adoption urgente de mesures concrètes qui conduiront à la mise en œuvre d'une solution à deux États et mettront fin à des décennies de conflit entre Israéliens et Palestiniens.

Au moment du report, le mois dernier, le président français Emmanuel Macron avait déclaré que la conférence était repoussée pour des raisons logistiques et de sécurité, mais avait insisté sur le fait qu'elle se tiendrait "dès que possible".

Ce report ne "remet pas en cause notre détermination à aller de l'avant dans la mise en œuvre de la solution des deux États", avait-il ajouté

M. Macron devrait annoncer officiellement la reconnaissance par la France d'un État palestinien lors de cet événement. Cette semaine, il a exhorté les autorités britanniques à faire de même.

La Palestine est officiellement reconnue par 147 des 193 États membres de l'ONU. Elle bénéficie du statut d'observateur au sein de l'organisation, mais n'en est pas membre à part entière.

Lors d'une réunion préparatoire des Nations unies en mai, Manal Radwan, conseillère au ministère saoudien des affaires étrangères, a déclaré que la conférence intervenait à un moment "d'urgence historique", alors que Gaza "endurait des souffrances inimaginables".

Elle a déclaré que l'Arabie saoudite était honorée de se tenir aux côtés des autres nations engagées dans des efforts diplomatiques pour apporter "un changement réel, irréversible et transformateur, afin d'assurer, une fois pour toutes, le règlement pacifique de la question de la Palestine".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
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  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".