L'Equateur, un havre de paix dévoré par la violence et la corruption du narcotrafic

Tamia (à droite, au premier plan) et Amanda Villavicencio, les filles du candidat présidentiel équatorien assassiné Fernando Villavicencio, se tiennent près du cercueil de leur père lors d'un rassemblement organisé par le parti Movimiento Construye et ses amis au Centre des expositions de Quito, le 11 août 2023. (AFP)
Tamia (à droite, au premier plan) et Amanda Villavicencio, les filles du candidat présidentiel équatorien assassiné Fernando Villavicencio, se tiennent près du cercueil de leur père lors d'un rassemblement organisé par le parti Movimiento Construye et ses amis au Centre des expositions de Quito, le 11 août 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 13 août 2023

L'Equateur, un havre de paix dévoré par la violence et la corruption du narcotrafic

  • Cette semaine, le candidat centriste à la présidentielle Fernando Villavicencio, deuxième favori dans les sondages, a été abattu lors d'un rassemblement politique
  • M. Villavicencio avait dénoncé la corruption et reçu des menaces de mort du gang de trafiquants Los Choneros

QUITO: L'Équateur était encore, il y a peu, un havre de paix situé entre les plus gros producteurs de cocaïne au monde, la Colombie et le Pérou. Mais depuis 2018, le trafic de stupéfiants et les homicides, imputés aux groupes criminels transnationaux organisés, y ont considérablement augmenté.

Cette semaine, le candidat centriste à la présidentielle Fernando Villavicencio, deuxième favori dans les sondages, a été abattu lors d'un rassemblement politique.

Six Colombiens ont été arrêtés et un septième est mort dans un échange de tirs avec la police.

L'assassinat du politicien, qui a choqué le pays, s'est produit avant les élections générales prévues le 20 août. Cet ancien journaliste avait dénoncé la corruption et reçu des menaces de mort du gang de trafiquants Los Choneros.

«Extrême violence criminelle»

Le taux d'homicides lié au trafic de drogue, de 26 pour 100 000 habitants depuis le début de l'année, a presque doublé par rapport à l'an dernier et marque un record.

Les  victimes de violence sont des maires, des juges, des procureurs et des dizaines de civils sans casier judiciaire.

Le président Guillermo Lasso, qui a lutté contre les gangs, mais sans parvenir à endiguer la criminalité, a accusé le "crime organisé" d'avoir commandité le meurtre de M. Villavicencio.

Selon le ministre de l'Intérieur, Juan Zapata, plus de 13 organisations criminelles opèrent en Équateur, dont Los Choneros, la plus ancienne et la plus puissante, désormais alliée au cartel mexicain de Sinaloa.

Mais le renseignement militaire recense jusqu'à 26 gangs liés au trafic de drogue. Los Lobos, le principal gang rival de Los Choneros, est associé au cartel mexicain Jalisco Nueva Generación.

Des experts, consultés par l'AFP, expliquent que la guerre contre la drogue au Mexique et en Colombie a conduit des cartels de ces deux pays, en plus de mafias albanaises, à s'installer en Equateur, où bénéficier de la porosité des frontières, de l'économie "dollarisée", de la corruption de l'État et du manque de contrôle sur le blanchiment d'argent.

Pour le trafic de drogue, les ports du Pacifique, point de départ de la cocaïne vers l'Europe et les États-Unis, sont stratégiques.

Pour Jorge Restrepo, directeur du centre d'études colombien Cerac, les cartels opèrent en Equateur "à moindre coût de production".

Mais, "il y a une difficulté en Equateur que n'a pas la Colombie aujourd'hui, l'Equateur mène une politique de lutte contre le crime organisé qui n'empêche pas la force publique et les organisations judiciaires d'être infiltrées par le crime organisé lié au trafic de drogue", explique-t-il.

Selon Luis Córdova Alarcón, directeur du programme de recherche sur l'ordre, les conflits et la violence à l'Université centrale d'État de l'Équateur, le début de "l'extrême violence criminelle" en Equateur remonte à l'explosion d'une voiture piégée en janvier 2018.

Un poste de police avait été en partie détruit dans cet attentat singulier qui avait fait 23 blessés légers dans une ville frontalière de la Colombie.

«État en embuscade»

L'auteur était un dissident de la guérilla colombienne des FARC qui avait assassiné trois membres du journal de Quito El Comercio, avant de trouver lui-même la mort aux mains des forces de sécurité colombiennes cette même année.

"L'Équateur devient de plus en plus violent en raison de la manière dont l'État intervient, par le biais de ses forces de sécurité, sur le marché de la cocaïne en faisant tomber les chefs et en augmentant les saisies de cocaïne", estime Córdova Alarcón.

Les saisies de cocaïne, plus de 530 tonnes au cours des trois dernières années, sont en augmentation.

Les organisations criminelles défendent leurs intérêts, dont le trafic de drogue, d'armes et d'or, a expliqué le spécialiste. Le crime organisé "est déjà en train de s'attaquer à l'État", selon lui.

A partir de l'attentat à la voiture piégée, des règlements de compte se sont produits dans les prisons, laissant plus de 430 morts en près de trois ans.

Rappelant les méthodes des narcos mexicains, des cadavres démembrés ont commencé à apparaître dans les rues du pays, des corps pendus à des ponts et des enlèvements pour extorsion se sont multipliés, laissant dans le meilleur des cas, les victimes amputées d'un doigt ou d'une oreille.

"Le crime organisé prend l'État en embuscade, assiège l'économie et la société", déclare à l'AFP un autre expert qui a requis l'anonymat de crainte de représailles.

Les bandes criminelles défient l'État, selon lui. "Elles ont le renseignement, beaucoup de ressources, des technologies de pointe, une très grande capacité d'infiltration".


La Finlande signe la déclaration franco-saoudienne sur la Palestine

L'adoption de la déclaration franco-saoudienne par la Finlande "est conforme au rapport du gouvernement finlandais sur la politique étrangère et de sécurité de la Finlande, qui a été adopté à l'unanimité par le Parlement", a ajouté la ministre finlandaise. (AFP)
L'adoption de la déclaration franco-saoudienne par la Finlande "est conforme au rapport du gouvernement finlandais sur la politique étrangère et de sécurité de la Finlande, qui a été adopté à l'unanimité par le Parlement", a ajouté la ministre finlandaise. (AFP)
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  • Le gouvernement finlandais est divisé sur la reconnaissance de l'Etat palestinien. Le parti des Finlandais, d'extrême droite, ainsi que les Chrétiens démocrates, sont par exemple contre une reconnaissance de l'Etat palestinien
  • "La Finlande s'engage à reconnaître l'État de Palestine à un moment donné dans le futur", a ajouté la ministre devant des journalistes, sans cependant donner de date

HELSINKI: La Finlande a annoncé vendredi qu'elle signait la déclaration franco-saoudienne sur une solution à deux Etats, mais sans s'engager sur une date de reconnaissance d'un Etat palestinien.

"Le processus mené par la France et l'Arabie Saoudite est l'effort international le plus important depuis des années pour créer les conditions d'une solution à deux États", a déclaré la ministre des Affaires étrangères Elina Valtonen sur X.

Le gouvernement finlandais est divisé sur la reconnaissance de l'Etat palestinien. Le parti des Finlandais, d'extrême droite, ainsi que les Chrétiens démocrates, sont par exemple contre une reconnaissance de l'Etat palestinien.

"La Finlande s'engage à reconnaître l'État de Palestine à un moment donné dans le futur", a ajouté la ministre devant des journalistes, sans cependant donner de date.

Le président finlandais Alexander Stubb avait annoncé début août être prêt à reconnaître l'Etat de Palestine si une proposition en ce sens lui était faite par le gouvernement. Le chef de l'Etat est doté de pouvoirs limités et dirige la politique étrangère en étroite coopération avec le gouvernement.

De nombreux pays, dont la France et le Royaume-Uni, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de la 80e Assemblée générale de l'ONU en septembre.

L'adoption de la déclaration franco-saoudienne par la Finlande "est conforme au rapport du gouvernement finlandais sur la politique étrangère et de sécurité de la Finlande, qui a été adopté à l'unanimité par le Parlement", a ajouté la ministre finlandaise.

La présidente des démocrates-chrétiens, ministre de l'Agriculture et des Forêts Sari Essayah, a indiqué sur X qu'elle avait fait part de son opinion divergente avec cette décision lors de la réunion du comité ministériel de la politique étrangère et de sécurité.

Ce comité chargé des questions de politique étrangères réunit le président finlandais, le Premier ministre et des membres du gouvernement.


Négociations à Doha entre l'UE et l'Iran sous la menace de sanctions

Sur cette photo collective diffusée par l'agence d'État russe Sputnik, le chef de cabinet du président iranien Mohsen Haji-Mirzaei (au centre) assiste à une réunion entre les présidents iranien et russe en marge du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Tianjin, le 1er septembre 2025. (AFP)
Sur cette photo collective diffusée par l'agence d'État russe Sputnik, le chef de cabinet du président iranien Mohsen Haji-Mirzaei (au centre) assiste à une réunion entre les présidents iranien et russe en marge du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Tianjin, le 1er septembre 2025. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, réunis au sein du groupe dit E3, ont indiqué être prêts à abandonner les nouvelles sanctions si l'Iran répond aux préoccupations soulevées par son programme nucléaire
  • Signé en juillet 2015 par l'E3, l'Iran, les Etats-Unis, la Chine et la Russie - sous la présidence de Barack Obama qui cherchait à rapprocher Washington de Téhéran - l'accord suspendait diverses sanctions économiques prises par l'ONU

DOHA: La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas s'est entretenue jeudi à Doha avec le ministre iranien des Affaires étrangères pour tenter de trouver une solution négociée à la question du programmme nucléaire de Téhéran, alors que la menace de sanctions se rapproche.

La rencontre a eu lieu alors que les puissances européennes ont laissé la semaine dernière un mois à Téhéran pour négocier sur son programme nucléaire et éviter le rétablissement de sanctions faute de mise en oeuvre d'un accord conclu en 2015.

"Mme Kallas a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi à Doha pour discuter des efforts pour atteindre une solution négociée à la question du nucléaire iranien", a indiqué un responsable de l'UE sous le couvert de l'anonymat.

"Les discussions se sont concentrées sur une série de questions, dont l'accès des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique aux sites nucléaires iraniens et le sort des stocks iraniens d'uranium hautement enrichi", a-t-il ajouté.

Le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, réunis au sein du groupe dit E3, ont indiqué être prêts à abandonner les nouvelles sanctions si l'Iran répond aux préoccupations soulevées par son programme nucléaire.

Signé en juillet 2015 par l'E3, l'Iran, les Etats-Unis, la Chine et la Russie - sous la présidence de Barack Obama qui cherchait à rapprocher Washington de Téhéran - l'accord suspendait diverses sanctions économiques prises par l'ONU en échange d'une réduction des activités de Téhéran dans le domaine nucléaire.

Les Etats-Unis, sous le premier mandat du président Donald Trump, avaient décidé en 2018 de s'en retirer et avaient rétabli leurs propres sanctions.

Téhéran s'était ensuite affranchie de certains engagements, notamment sur l'enrichissement d'uranium.

Sous son second mandat commencé le 20 janvier, le milliardaire républicain avait commencé à renouer le dialogue avec l'Iran, avant qu'Israël ne le convainque de l'aider à frapper les installations nucléaires iraniennes lors d'une guerre de 12 jours en juin.

Les pays occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique. Téhéran nie et défend son droit à développer un programme nucléaire civil.


Ukraine: "prêts" sur les garanties de sécurité, les Européens vont tester les engagements de Trump

Le président français Emmanuel Macron (C,D) tient une réunion de travail avec le président ukrainien au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 3 septembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C,D) tient une réunion de travail avec le président ukrainien au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 3 septembre 2025. (AFP)
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  • Réunis à Paris autour d’Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, les alliés européens de l’Ukraine actent leur volonté de garantir la sécurité de Kiev, tout en pressant les États-Unis de formaliser leur propre engagement
  • Vladimir Poutine, soutenu par la Chine et la Corée du Nord, rejette toute intervention étrangère et affirme que la Russie poursuivra ses objectifs militaires en Ukraine

PARIS: Les soutiens européens de l'Ukraine se réunissent jeudi pour tester l'engagement des Etats-Unis pour la sécurité future de l'Ukraine, alors que les efforts de paix de Donald Trump patinent et que Vladimir Poutine, fort de ses soutiens internationaux, paraît plus inflexible que jamais

Le président français Emmanuel Macron copréside à 10H30 (08H30 GMT) à l'Elysée une réunion de la "Coalition des volontaires", qui rassemble les principaux soutiens militaires de Kiev - une trentaine de pays, essentiellement européens - en présence de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les dirigeants s'entretiendront ensuite par téléphone à 14H00 (12H00 GMT) avec Donald Trump. Avec deux sujets à l'ordre du jour: un appel à plus de sanctions américaines contre la Russie et les contributions de chacun aux garanties de sécurité futures à apporter à l'Ukraine.

Outre M. Zelensky, le président finlandais Alexander Stubb sera présent à l'Elysée, de même que les Premiers ministres polonais Donald Tusk, espagnol Pedro Sanchez, danoise Mette Frederiksen ou encore les présidents des institutions de l'Union européenne Ursula von der Leyen et Antonio Costa.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer, coprésident de la réunion, interviendra en visioconférence de même que les autres dirigeants européens, de l'Allemand Friedrich Merz à l'Italienne Georgia Meloni.

- Réserves -

Les Européens vont acter qu'ils sont "prêts" sur l'octroi de garanties de sécurité à l'Ukraine, pour mieux signifier qu'ils attendent désormais des gestes concrets des Américains dans le même sens.

"Nous sommes prêts pour ces garanties de sécurité. L'Europe est au rendez-vous, pour la première fois avec ce niveau d'engagement et d'intensité", a déclaré le président français en accueillant son homologue ukrainien dès mercredi soir à l'Elysée pour un tête-à-tête.

Les alliés de l'Ukraine attendent maintenant "de voir ce que les Américains souhaitent apporter concernant leur participation", a renchéri le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, à Bruxelles.

La Coalition des volontaires est disposée à contribuer au renforcement de l'armée ukrainienne, voire pour certains pays - dont la France, le Royaume-Uni et la Belgique - à déployer des soldats en Ukraine, une fois un cessez-le-feu conclu, pour dissuader la Russie de toute nouvelle agression.

Mais certains alliés se sont montrés hésitants dans l'attente de la contribution américaine, que plusieurs pays européens jugent indispensable avant tout engagement de leur part.

Jusqu'à un cessez-le-feu, "il n'y aura certainement pas de déploiement de troupes en Ukraine et même après, j'ai des réserves considérables à ce sujet concernant l'Allemagne", a lancé le chancelier Merz sur la chaîne Sat1.

La Russie a répété jeudi qu'elle n'accepterait aucune "intervention étrangère quelle qu'en soit la forme", la porte-parole de sa diplomatie Maria Zakharova qualifiant les protections demandées par Kiev de "garanties de danger pour le continent européen".

- "A l'offensive" -

Donald Trump a promis lors d'une réunion avec six dirigeants européens le 18 août à Washington que les Etats-Unis apporteraient des garanties de sécurité, sans préciser lesquelles.

Ce "filet de sécurité" américain, ou "backstop" en anglais, pourrait prendre différentes formes - renseignement, soutien logistique, communications -, le président américain ayant exclu l'envoi de troupes américaines au sol.

Il a affirmé mercredi qu'il "se passerait quelque chose" si Vladimir Poutine ne répondait pas à ses attentes, deux semaines après leur rencontre en Alaska qui n'a abouti à aucun progrès substantiel sur une issue à la guerre en Ukraine.

En attendant, Vladimir Poutine, qui affiche un retour en force sur la scène internationale avec une présence très remarquée mercredi au côté du président chinois Xi Jinping et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un à Pékin, après le sommet d'Anchorage le 15 août avec Donald Trump, multiplie les déclarations offensives.

Moscou atteindra ses objectifs en Ukraine par la voie militaire si les négociations avec Kiev échouent, a-t-il averti depuis la Chine, assurant que ses troupes demeuraient "à l'offensive" sur l'ensemble du front.

Au même moment, la Russie lançait une vaste attaque avec plus de 500 drones et missiles sur l'Ukraine, tuant au moins neuf personnes et privant des milliers de foyers d'électricité.

"Malheureusement, nous n'avons pas encore vu de signes de la part de la Russie indiquant qu'ils veulent mettre fin à la guerre", a déploré Volodymyr Zelensky à Paris, se disant toutefois convaincu que l'Europe et les Etats-Unis aideraient Kiev à "accroître la pression sur la Russie pour avancer vers une solution diplomatique".