Le monde doit «accélérer le débat» sur la gouvernance de Gaza après la guerre - ministre grec des AE

Le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, dans une interview exclusive à Arab News (Capture d’écran, AN).
Le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, dans une interview exclusive à Arab News (Capture d’écran, AN).
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Publié le Vendredi 12 janvier 2024

Le monde doit «accélérer le débat» sur la gouvernance de Gaza après la guerre - ministre grec des AE

  • Gerapetritis déclare que la Grèce est préoccupée par la situation humanitaire à Gaza et par le risque de débordement du conflit dans l'ensemble de la région
  • Il qualifie l'Arabie saoudite et la Grèce de «piliers de la stabilité et de la prospérité» dans leurs régions respectives, qui devraient développer leurs relations

RIYAD: La communauté internationale doit renforcer sa réponse humanitaire à Gaza, tout en «accélérant le débat» sur la forme de la gouvernance d'après-guerre du territoire, a déclaré Giorgos Gerapetritis, ministre des Affaires étrangères de la Grèce, à Arab News lors d'une interview spéciale ce jeudi.

Lors d'une longue interview à Riyad, où Gerapetritis a ensuite rencontré son homologue saoudien, le prince Faisal ben Farhane, le haut diplomate a formulé des propositions pour mettre fin au conflit à Gaza, tout en évoquant le renforcement des relations entre la Grèce et l'Arabie saoudite.

Interrogé sur les mesures prises par la Grèce pour faire pression sur Israël afin qu'il accepte un cessez-le-feu à Gaza et qu'il permette l'acheminement d'une aide plus importante dans le territoire assiégé, Gerapetritis a indiqué que l'objectif de son gouvernement était double.

«Il s'agit tout d'abord de renforcer l'aide humanitaire, c'est-à-dire de créer des couloirs humanitaires durables, puis de mettre en place des points de contrôle supplémentaires par lesquels l'aide humanitaire pourrait passer», a-t-il signalé.

Le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis (à gauche), s'est entretenu avec Arab News à Riyad avant de rencontrer son homologue saoudien, le prince Faisal ben Farhane (Photo, AN/Abdel Rahmane Chalhoub).

Les organisations humanitaires ont accusé Israël d'entraver l'acheminement des secours à Gaza, où une campagne de bombardements israélienne soutenue depuis le 7 octobre a déplacé une grande partie de la population et laissé de nombreuses personnes au bord de la famine.

«Deuxièmement, nous essayons de faire pression non seulement sur Israël, mais aussi sur la communauté internationale, car nous devons accélérer le débat sur la situation d'après-guerre», a révélé Gerapetritis.

Il existe plusieurs possibilités quant à la manière dont Gaza pourrait être gouvernée à la fin de la guerre, de nombreux membres de la communauté internationale appelant à la création d'une entité palestinienne chargée de gérer les affaires de l'enclave, mais qui exclurait le Hamas.

Le groupe militant palestinien, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, a lancé une attaque transfrontalière sans précédent contre le sud d'Israël le 7 octobre, tuant 1 200 personnes et en enlevant 240 autres, ce qui a déclenché le conflit actuel.

Certains membres de la communauté internationale estiment que l'Autorité palestinienne, qui gouverne la Cisjordanie, devrait reprendre le contrôle de Gaza une fois la guerre terminée, une possibilité qu'Israël est réticent à accepter.

«Il est important de renforcer la légitimité de l'Autorité palestinienne car, dans l'après-guerre, nous avons besoin d'un interlocuteur crédible de la part des Palestiniens», a précisé Gerapetritis.

«Il va sans dire que nous avons besoin d'une administration forte à Gaza, créée par le peuple palestinien lui-même, mais évidemment dissociée de toute forme de terrorisme», a-t-il ajouté.

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas rencontre le roi Abdallah II de Jordanie, le 10 janvier à Aqaba (Photo, Palais royal jordanien via AFP).

Gerapetritis a indiqué qu'il avait déjà rencontré des ministres européens et arabes, le nouveau ministre israélien des Affaires étrangères, Yisrael Katz, pour discuter de ces propositions, et qu'il accueillerait bientôt à Athènes le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Maliki. Il se rendra également en Jordanie et en Égypte pour des discussions à ce sujet.

Il a mentionné qu'il était impératif d'obtenir un cessez-le-feu à Gaza pour éviter que le conflit ne dégénère en guerre régionale. Ces commentaires interviennent dans un contexte marqué par une série d'attaques des Houthis au Yémen contre des navires commerciaux en mer Rouge et par des tensions croissantes entre Israël et le Hezbollah le long de la frontière libanaise.

Comme le Hamas, les Houthis et le Hezbollah font partie de l'axe de la résistance, une coalition de milices mandataires soutenues par l'Iran et opérant dans tout le Moyen-Orient. Toute escalade impliquant ces groupes pourrait entraîner l'ensemble de la région arabe dans un conflit dévastateur avec Israël.

«La vérité, c'est que l'on s'inquiète de plus en plus de l'extension de la situation, tant en mer Rouge que dans le nord d'Israël et au Liban. Nous travaillons dur pour essayer de contenir les hostilités», a expliqué Gerapetritis.

Des combattants houthis brandissent leurs armes en solidarité au peuple palestinien, le 11 janvier à Sanaa (Photo, AFP).

Il estime qu'un sommet international réunissant les Israéliens et les Palestiniens ainsi que les pays de la région permettrait d'accélérer la recherche de solutions durables.

«L'important à l'heure actuelle est d'organiser une conférence internationale réunissant les deux principales parties prenantes, Israël et la Palestine, ainsi que les pays clés qui ont joué un rôle constructif à cet égard, tels que l'Arabie saoudite, l'Égypte et la Jordanie, et bien sûr les États-Unis», a insisté Gerapetritis.

«Je pense que la communauté internationale doit s'impliquer activement et que les modalités de la formule de paix viendront ensuite», a-t-il jugé.

Entre-temps a-t-il ajouté, des pressions devraient être exercées sur Israël pour qu'il limite le nombre de victimes civiles à Gaza, où plus de 23 000 personnes ont été tuées depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.

«Ce que nous essayons de faire comprendre au gouvernement israélien, ainsi qu'à d'autres alliés, c'est que nous devons minimiser le coût réel, le coût humain, de cette opération», a indiqué Gerapetritis.

«Toute forme d'autodéfense doit s'inscrire dans les limites du droit international et du droit international humanitaire spécial, ce qui signifie qu'en dehors de l'aide humanitaire, nous devons respecter comme il se doit la vie des civils», a-t-il souligné.

Il a ajouté: «Pour nous, il est essentiel qu'il n'y ait pas de déplacement forcé ou de punition collective, ce qui est de toute façon interdit par le droit international.»

Un palestinien porte une vctime d'un bombardement israélien à Rafah, le 7 novembre (Photo, AFP).

Lorsqu'un accord de cessez-le-feu aura été conclu à Gaza, Gerapetritis a déclaré que la communauté internationale devrait s'attacher à résoudre la question israélo-palestinienne en relançant les efforts visant à créer un État palestinien indépendant aux côtés d'Israël.

«Nous devons travailler à une solution durable pour la question palestinienne», a-t-il indiqué. «Comme vous le savez, la Grèce a un principe, une approche qui pense au-delà des frontières, concernant ce qui se passe en Palestine.

«Nous soutenons une solution à deux États basée sur les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, et nous essayons de travailler avec nos alliés à cet égard», a-t-il expliqué.

Compte tenu du conflit en cours et de l'antipathie ressentie par les parties belligérantes, Gerapetritis admet qu'un cessez-le-feu et les impératifs humanitaires à Gaza sont les priorités les plus immédiates.

«Je pense que nous devons promouvoir activement la solution à deux États. Toutefois, il est essentiel, en même temps, d'assurer une paix durable», a-t-il précisé.

«Il est important qu'en ce moment même, avec un grand nombre de victimes civiles, nous établissions une pause, une pause humanitaire qui nous permettrait de discuter de l'avenir de la Palestine. Il est évident qu'il n'est pas facile de discuter sous la pression énorme des otages retenus et des pertes humaines», a-t-il reconnu.

«Nous devons augmenter les pauses humanitaires afin de pouvoir discuter de l'avenir du Moyen-Orient sans ces énormes fardeaux. Il est donc important de mettre en place les conditions nécessaires à la poursuite des discussions.»

La visite de Gerapetritis en Arabie saoudite et dans d'autres capitales régionales est un signe de l'influence internationale croissante de la Grèce et de sa recherche de nouveaux partenariats dans les domaines de la diplomatie, de l'investissement et de l'énergie.

Giorgios Gerapetritis s'est adressé à Arab News à Riyad, avant de rencontrer son homologue saoudien, le prince Faisal ben Farhane (Photo, Abdulrahman Shalhoub via AN).

Le ministre considère les relations avec l'Arabie Saoudite comme une priorité particulière en raison de l'émergence du Royaume en tant qu'acteur régional majeur en termes de diplomatie et de développement.

«Je suis convaincu qu'il est très important, en particulier dans les circonstances instables que connaissent nos régions, que les deux pays soient des piliers de la stabilité et de la prospérité dans leurs régions respectives», a-t-il témoigné.

«L'Arabie saoudite est en effet le pilier de la stabilité dans cette région, avec une attitude modérée dans sa politique étrangère, mais d'un autre côté avec un plan très ambitieux et visionnaire pour l'avenir, en particulier la Vision 2030, qui offre d'énormes opportunités d'investissement pour d'autres pays.

La Grèce a également été «un pilier de stabilité en Méditerranée orientale et dans les Balkans, et est l'un des plus anciens membres de l'UE, je suis persuadé que c'est dans l'intérêt mutuel que nous développons nos relations», a expliqué le ministre grec.

Les deux pays ont signé plusieurs accords ces dernières années afin de faire progresser les échanges commerciaux et les investissements mutuels, ainsi que la coopération en matière de sources d'énergie renouvelable et de connectivité électrique et numérique.

«Nous avons développé notre partenariat stratégique», a déclaré Gerapetritis. «Comme vous le savez, en 2022, nous avons signé un accord pour le lancement d'un Conseil stratégique de haut niveau. Nous espérons être en mesure de le lancer efficacement dans un avenir très proche. À cet égard, nous allons avoir une coopération à part entière.

«Je mets particulièrement l'accent sur l'énergie et les investissements; les investissements parce qu'il y a beaucoup d'endroits et beaucoup de domaines où nous pouvons développer des investissements bilatéraux, à la fois des exportations importantes mais aussi des investissements directs», a-t-il évoqué.

Alors que les pays européens se tournent vers les sources d'énergie renouvelables conformément à leurs engagements en matière de climat et à la nécessité de renforcer la sécurité énergétique, nombreux sont ceux qui considèrent l'investissement de l'Arabie saoudite dans l'énergie hydrogène comme une alternative durable potentielle.

«À cet égard, nous avons également signé un accord important avec l'Arabie saoudite et un protocole d'accord entre les deux ministères de l'Énergie concernant le transfert non seulement de sources d'énergie renouvelables, mais surtout d'hydrogène vert», a affirmé Gerapetritis.

«Nous pouvons être un intermédiaire entre l'Arabie saoudite et l'Europe à ce sujet. L'UE a décidé de développer un giga projet concernant l'énergie grecque, et l'hydrogène vert de haute qualité joue un rôle important dans ce contexte.

Gerapetritis a conclu son interview en disant: «Je suis certain que l'Arabie saoudite peut fournir au moins 50% de cet hydrogène vert à l'Europe. Il s'agit d'un transfert très important.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 


Les écoles à nouveau fermées aux Emirats en raison de fortes pluies

D'épais nuages ​​remplissent le ciel au-dessus de Dubaï le 2 mai 2024, alors que de fortes pluies reviennent aux Émirats arabes unis, deux semaines seulement après des averses record que les experts ont liées au changement climatique. (AFP)
D'épais nuages ​​remplissent le ciel au-dessus de Dubaï le 2 mai 2024, alors que de fortes pluies reviennent aux Émirats arabes unis, deux semaines seulement après des averses record que les experts ont liées au changement climatique. (AFP)
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  • Les autorités émiraties ont fermé les écoles et préconisé le travail à distance dans les secteurs public et privé
  • La compagnie Emirates et sa filiale à bas coût Flydubai ont toutes deux informé leurs passagers de possibles retards

DUBAI: Les écoles et de nombreux bureaux étaient fermés jeudi aux Emirats arabes unis en raison des fortes pluies qui se sont abattues sur ce pays désertique, deux semaines après des précipitations records imputées par les experts au changement climatique.

Des orages accompagnés de vents violents ont balayé le pays du Golfe durant la nuit, et plus de 50 millimètres (mm) de pluie sont tombés avant 8 heures du matin dans certaines régions, a indiqué le Centre national de météorologie.

Les autorités émiraties ont fermé les écoles et préconisé le travail à distance dans les secteurs public et privé.

A Dubaï, le centre touristique et financier du pays, l'eau s'est accumulée dans certains quartiers tandis que l’aéroport de la ville, l'un des plus fréquenté au monde, a annulé 13 vols et détourné cinq autres, a déclaré un porte-parole.

La compagnie Emirates et sa filiale à bas coût Flydubai ont toutes deux informé leurs passagers de possibles retards.

Les intempéries ont été bien moins sévères que celles du 16 avril, lorsque qu'un record de 259,5 mm de pluie avait provoqué la mort de quatre personnes, des inondations sans précédent et l'annulation de plus de 2.000 vols.

La circulation était toutefois au ralenti sur les autoroutes habituellement bondées de Dubaï, tandis que des voitures ont été submergées près du centre commercial Ibn Battuta, dans le sud de la ville.

Des camions ont été dépêchés pour pomper l'eau dans certaines zones, le système d'évacuation des eaux de la ville étant souvent saturé lors de fortes précipitations.

Les pluies diluviennes du mois dernier aux Émirats arabes unis, qui ont également fait 21 morts dans le pays voisin d'Oman, étaient les plus importantes depuis le début des relevés météo en 1949.

Selon les scientifiques du réseau World Weather Attribution (WWA), le réchauffement climatique est l'explication "la plus probable" à ces pluies torrentielles.


Les civils du Liban-Sud, premières victimes de la guerre entre Israël et le Hezbollah

Des milliers de familles des villes et villages du Liban-Sud ont fui dès les premiers échanges de tirs. (Photo, AN)
Des milliers de familles des villes et villages du Liban-Sud ont fui dès les premiers échanges de tirs. (Photo, AN)
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  • Des milliers de familles des villes et villages du Liban-Sud ont fui dès les premiers échanges de tirs
  • Beaucoup de ces communautés sont désormais des villes fantômes, ayant perdu environ 90% de leurs habitants

BEYROUTH: Depuis plus de six mois, une guerre non déclarée fait rage le long de la frontière sud du Liban avec Israël, entraînant le déplacement de quelque 92 000 citoyens libanais et la destruction d’habitations, d’entreprises et de terrains agricoles.

La ligne de front de ce conflit entre le Hezbollah et les forces armées israéliennes s’étend sur quelque 850 kilomètres, incluant des parties de la Ligne bleue surveillée par l’ONU. Les missiles tirés par les deux camps s’engouffrent jusqu’à 15 kilomètres à l’intérieur de leurs territoires respectifs.

Bien que les échanges soient restés relativement maîtrisés, les attaques israéliennes ont causé des pertes parmi les civils, endommagé et détruit des maisons, des infrastructures et des terrains agricoles. Elles ont par ailleurs déclenché des incendies de forêt. Les civils des deux côtés de la frontière ont été déplacés.

«Notre village est situé juste à la frontière et il n’y a plus que 100 habitants sur 1 000. Les autres n’ont pas réussi à trouver d’autres moyens de subsistance», déclare Jean Ghafri, maire d’Alma el-Chaab, un village à majorité chrétienne dans le district de Tyr, lors d’un entretien accordé à Arab News.

«Jusqu’à présent, les bombardements ont détruit 94 maisons. 60% des oliveraies, des vergers de manguiers et d’avocats, des vignobles, des oliviers et des caroubiers ont été brûlés. Certains des oliviers brûlés ont trois cents ans.»

La plupart des habitants de la région frontalière sont chiites. Les autres sont sunnites, druzes et chrétiens. Il y a aussi des dizaines de familles de réfugiés syriens, quelque 10 000 soldats de la Finul et plusieurs milliers de soldats libanais.

Des membres de la milice libanaise du Hezbollah, soutenue par l’Iran, ont commencé à lancer des attaques à la roquette contre Israël le 8 octobre, un jour après que l’attaque menée par le Hamas contre le sud d’Israël a déclenché la guerre à Gaza.

 

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Un bulldozer déblaie les décombres après une frappe israélienne sur une maison du village de Sultaniyé, au sud du Liban. (AFP)

Depuis, le Hezbollah et l’armée israélienne ont échangé des tirs le long de la frontière commune, faisant craindre que le conflit à Gaza ne déborde et n’engloutisse le Liban dans une guerre dévastatrice rappelant l’invasion israélienne de 2006.

«Le village, bien que situé dans une zone de conflit, n’avait pas connu un tel niveau de destruction directe lors de la guerre de 2006», poursuit M. Ghafri. «Il est impossible de connaître l’ampleur exacte des dégâts car la zone est considérée comme une zone de guerre. Ceux qui sont encore sur place reçoivent des rations alimentaires de la part d’organisations religieuses ou internationales.»

Dhaïra est un autre village qui subit de violents bombardements sur une base presque quotidienne depuis le début du conflit. C’est depuis sa frontière voisine que le Hezbollah a lancé son assaut militaire le 8 octobre.

Son maire, Abdallah Ghouraïb, dénombre «dix-sept maisons entièrement détruites et des dizaines qui ne sont plus habitables en raison de la puissance des bombardements».

Il explique: «Il n’y a qu’une seule femme, Radhya Atta Sweid, 75 ans, qui a tenu à rester dans sa maison. Elle y était restée aussi pendant la guerre de 2006. Sa belle-sœur, qui se trouvait avec elle dans la maison, a été tuée et elle est restée là.»

Hassan Sheit, le maire de Kfar Kila, un village situé à quelques pas de la frontière israélienne, a brossé un tableau similaire de destruction et de déplacement.

«Les pertes matérielles sont considérables. Été comme hiver, les habitants vivent dans ce village et il ne reste que 7% des 6 000 habitants», déclare M. Sheit à Arab News.

«Contraints au déplacement, les gens se sont retrouvés sans abri, habitant chez des proches et dans des appartements loués. Ils vivent de l’aide – financière et en nature – de la société civile et du Hezbollah.»

 

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Des flammes s'élèvent dans un champ près du village frontalier de Bourj al-Mamlouk à la suite d’une frappe israélienne. (Reuters)

«Le village a perdu quinze martyrs dans les bombardements israéliens. Même pendant la guerre de 2006, nous n’avions pas vécu ce que nous vivons aujourd’hui.»

Des milliers de familles des villes et villages du Liban-Sud ont fui dès les premiers échanges de tirs. Beaucoup de ces communautés sont désormais des villes fantômes, ayant perdu environ 90% de leurs habitants.

Les personnes déplacées, pour la plupart des femmes et des enfants, ont élu domicile dans des villages plus éloignés de la frontière, notamment dans les zones autour de Tyr, Nabatieh, Zahrani, Sidon, Jezzine et même dans la banlieue sud de Beyrouth, où elles louent des appartements ou séjournent chez des proches.

Ceux qui n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins ont été contraints de résider dans des refuges créés par les autorités locales. Ces abris, pour la plupart situés dans des bâtiments scolaires, sont concentrés dans la ville de Tyr, à proximité de leurs villes et villages.

Ce déplacement prolongé s’est accompagné de difficultés économiques engendrées par la crise financière qui a frappé le Liban à la fin de 2019. Par ailleurs, de nombreux Libanais du sud ont perdu leurs moyens de subsistance à la suite de leur déplacement.

 

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Funérailles des membres du Hezbollah Ismaïl Baz et Mohammed Hussein Chohury, tués lors d’une frappe israélienne contre leurs véhicules, à Chehabiya. (AFP)

M. Ghafri, le maire d’Alma el-Chaab, soutient que plusieurs résidents déplacés ont déclaré que les dépenses à Beyrouth étaient différentes de celles des villages. On lui a même dit que les habitants «ne travaillent pas et n’ont donc aucun revenu à l’exception de l’aide en nature fournie par les organisations civiles et internationales et les riches expatriés».

«Il n’y a ni partis politiques ni militants à Alma el-Chaab. Toute la population soutient l’État libanais et refuse que son village soit utilisé comme champ de bataille. Les gens s’inquiètent pour leur avenir et j’essaie de transmettre cette position au Hezbollah.»

Ceux qui bénéficiaient initialement d’un loyer réduit ou gratuit se voient désormais demander de payer davantage ou de partir. Le loyer de certains appartements serait passé de 100 à 1 000 dollars par mois, mettant à rude épreuve l’épargne et les revenus des ménages.


Une bande de colons israéliens attaque un convoi humanitaire jordanien à destination de Gaza

Cette photo montre un convoi humanitaire transportant un hôpital de campagne jordanien qui arrive à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 novembre 2023, après avoir traversé le poste-frontière de Rafah avec l’Égypte. (AFP)
Cette photo montre un convoi humanitaire transportant un hôpital de campagne jordanien qui arrive à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 novembre 2023, après avoir traversé le poste-frontière de Rafah avec l’Égypte. (AFP)
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  • Le gouvernement jordanien a condamné l’attaque et déclaré qu’il tenait les autorités israéliennes pleinement responsables d’assurer la protection des convois humanitaires
  • M. Blinken a déclaré qu’Israël devait déployer davantage d’efforts en matière d’aide, en établissant un mécanisme de désescalade du conflit avec les organismes humanitaires

DJEDDAH: Une bande de colons israéliens en Cisjordanie occupée a attaqué mercredi deux convois d’aide humanitaire transitant de la Jordanie vers Gaza, a annoncé le gouvernement jordanien.

Israël a rouvert, mercredi, le seul passage situé à la limite nord de la bande de Gaza, permettant aux camions d’aide de passer par le point de contrôle d’Erez, à la suite des appels américains à déployer davantage d’efforts pour faire face à la crise humanitaire croissante.

Un convoi de 31 camions se dirigeait vers le point de passage d’Erez au nord de Gaza et l’autre, qui comprenait 48 camions, vers le point de passage de Kerem Shalom au sud de Gaza. Ils transportaient de la nourriture et de la farine, entre autres aides humanitaires.

«Deux convois jordaniens transportant de la nourriture, de la farine et d’autres aides humanitaires vers la bande de Gaza ont été attaqués par des colons», a indiqué le ministère, sans fournir plus de détails sur l’incident.

Les deux convois ont réussi à poursuivre leur chemin et à atteindre leur destination dans la bande de Gaza ravagée par la guerre, a ajouté le ministère dans un communiqué. Une telle route vers la bande de Gaza les aurait conduits à travers la Cisjordanie occupée et Israël.

Honenu, une agence israélienne d’aide juridique, a déclaré que la police avait arrêté quatre colons qui bloquaient les camions d’aide alors que les convois passaient près de la colonie de Maale Adumim en Cisjordanie. Les camions ont poursuivi leur route jusqu’à leurs destinations.

Le gouvernement jordanien a condamné l’attaque et déclaré qu’il tenait les autorités israéliennes pleinement responsables d’assurer la protection des convois humanitaires et des organismes internationaux.

La Jordanie a largué de l’aide par voie aérienne et envoyé des convois vers l’ouest par voie terrestre pour soutenir les Palestiniens de Gaza tout au long de la guerre, qui a éclaté le 7 octobre, entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas au pouvoir à Gaza.

La réouverture du passage d’Erez est l’une des principales revendications des organismes d’aide internationale depuis des mois, pour lutter contre la faim considérée comme le fléau le plus grave parmi les centaines de milliers de civils du secteur nord de l’enclave.

Mercredi en Israël, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a exhorté le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à permettre l’acheminement d’une aide supplémentaire à Gaza. Israël est la dernière étape de la tournée du plus haut diplomate américain au Moyen-Orient. Il s’agit de sa septième visite dans la région.

M. Blinken a visité un complexe au point de passage de Kerem Shalom où sont retenus, pour inspection, les camions d’aide à destination de Gaza. Il a visité le port d’Ashdod, dans le sud, qui a récemment commencé à recevoir de l’aide pour Gaza.

Plus tôt, au cours de plus de deux heures de discussions avec Netanyahou, M. Blinken a noté «une amélioration au niveau de l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza depuis l’appel entre le président Biden et le Premier ministre Netanyahou le 4 avril. Il a insisté sur l’importance d’accélérer et de maintenir cette amélioration», a déclaré le département d’État.

M. Blinken a déclaré qu’Israël devait déployer davantage d’efforts en matière d’aide, en établissant un mécanisme de désescalade du conflit avec les organismes humanitaires et en s’assurant qu’il y ait suffisamment de chauffeurs et de camions à Gaza pour acheminer l’aide là où elle était nécessaire.

Il affirme qu’une liste claire d’articles humanitaires est également nécessaire pour garantir que les expéditions d’aide ne soient pas arbitrairement refusées à l’entrée à Gaza par le service d’inspection israélien – un processus que les groupes humanitaires dénoncent comme goulot d’étranglement majeur.

Alors que l’objectif de la visite de M. Blinken était d’apporter davantage d’aide aux Palestiniens à Gaza, Washington a également averti Israël de ne pas lancer une attaque planifiée contre la ville de Rafah, dans le sud du pays.

Mardi, Netanyahou a déclaré qu’Israël mènerait une opération contre le Hamas à Rafah, même si un accord de cessez-le-feu et de libération des otages était conclu.

Le chef de l’aide humanitaire de l’ONU, Martin Griffiths, a déclaré que les améliorations apportées par Israël à l’acheminement de l’aide à Gaza «ne peuvent pas être utilisées pour préparer ou justifier une attaque militaire à grande échelle contre Rafah».

(Avec agences)

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com