L’abécédaire 2020 de l’Algérie : l’année de tous les changements

La Covid-19 a eu raison de la ferveur populaire communément appelé le «Hirak» qui a été suspendu par les autorités algériennes. En effet la crise sanitaire est venue mettre fin aux manifestations du vendredi, devenues un rendez-vous presque traditionnel. Le souffle est retombé pour les centaines de milliers de protestataires qui, chaque semaine depuis le 22 février, envahissaient les grandes villes pour réclamer la fin du «système». (Photo Sarra Ben Ali Cherif).
La Covid-19 a eu raison de la ferveur populaire communément appelé le «Hirak» qui a été suspendu par les autorités algériennes. En effet la crise sanitaire est venue mettre fin aux manifestations du vendredi, devenues un rendez-vous presque traditionnel. Le souffle est retombé pour les centaines de milliers de protestataires qui, chaque semaine depuis le 22 février, envahissaient les grandes villes pour réclamer la fin du «système». (Photo Sarra Ben Ali Cherif).
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Publié le Jeudi 31 décembre 2020

L’abécédaire 2020 de l’Algérie : l’année de tous les changements

  • Pour l’Algérie, 2020 a été une année riche en événements, rebondissements et émotions
  • À l’instar du reste des pays du monde, l’Algérie a été fortement touchée par le nouveau coronavirus, devenue même l’un des pays d’Afrique les plus touchés par la pandémie

ALGER : Incontestablement, les Algériens auront passé une année 2020 particulièrement riche en événements, rebondissements et émotions. Arab News en français a sélectionné pour vous, de A à Z, les faits les plus marquants de cette année qui ne ressemble décidément à aucune autre.

A comme Algérie nouvelle: L’édification démocratique de l’Algérie nouvelle à laquelle aspirent les Algériens a été le mot d’ordre de l’année 2020. En effet, faire sortir l’Algérie d’une situation politique et économique délicate vers une phase nouvelle, une ère où le peuple retrouvera confiance en ses institutions, était le principal défi des pouvoirs publics. Le nouveau gouvernement mis en place a œuvré à l’édifice de l’État de droit tant revendiqué par le peuple qui, grâce à sa conscience et à son courage, a pu remporter une victoire avec le départ forcé d’Abdelaziz Bouteflika, qui a remis sa démission après vingt ans au pouvoir.

B comme Bouregaâ Lakhdar: Le décès en novembre dernier du héros de l’indépendance algérienne et figure du Hirak, Lakhdar Bouregaâ, a suscité une forte émotion. De centaines d’Algériens lui ont rendu hommage. Décédé à l’âge de 87 ans, après avoir été affecté par la Covid-19, ce vétéran de la révolution était très respecté par ses compatriotes. Son emprisonnement du 30 juin 2019 au 2 janvier 2020 pour son engagement aux côtés du Hirak avait suscité une vive indignation dans le pays.

C comme Covid-19: À l’instar des autres pays du monde, l’Algérie a été fortement touchée par le nouveau coronavirus, devenue même l’un des pays d’Afrique les plus touchés par la pandémie. Chaque jour, l’Algérie bat presque le record de contaminations quotidiennes. Près de 100 000 cas d’infection ont été recensés depuis l’enregistrement du premier cas le 25 février, dont plus de 3000 décès. Face à la dégradation de la situation, les autorités ont restreint certaines activités économiques et imposé un couvre-feu dans plusieurs provinces. Les frontières sont fermées depuis le 17 mars.

D comme Djamaâ el-Djazaïr: L'appel du muezzin a retenti pour la première fois en octobre de cette année à la grande mosquée d’Alger, troisième plus grande mosquée du monde et première d'Afrique, qui a reçu ses premiers prêches. À la veille de la fête du Mawlid, la naissance du prophète de l'islam Mahomet, la grande salle de prière qui peut accueillir jusqu'à 120 000 fidèles a été officiellement inaugurée par le Premier ministre, Abdelmadjid Djerad. Érigée sur plus de 27 hectares, la grande mosquée d’Alger possède le plus haut minaret au monde, long de 267 mètres. Le coût global de réalisation de ce joyau architectural s’élève à 898 millions d’euros.

E comme Économie: L’économie de l’Algérie est au plus mal. La crise sanitaire a aggravé la baisse d’activité d’une grande partie des secteurs de l’économie. Les domaines des transports aériens et terrestres, le tourisme, la restauration font partie des secteurs les plus touchés par cette pandémie. Un des effets les plus marquants du coronavirus est d’avoir mis en lumière les défaillances et les fragilités de l’économie nationale. Face à cette situation, l’action du gouvernement a oscillé entre promesses de sauvetages et esquisses de plans de relance. Une dynamique toujours en œuvre pour gérer la crise sanitaire qui perdure, nécessitant jour après jour le déploiement de plus de moyens pour tenter de sortir le pays de la crise avec le moins de dégâts possible. Lourde tâche qui sera éventuellement évaluée dans ses détails en 2021.

F comme Féminicides: Chaïma, Ikram, Amira, Asma, Razika et 42 autres femmes ont été victimes de féminicides durant l’année 2020. Des meurtres odieux qui ont suscité une large indignation en Algérie, relançant le débat sur l'urgence de la lutte contre les violences faites aux femmes. L’émoi provoqué par de récents féminicides a incité un groupe d’actrices à lancer une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux contre les violences faites aux femmes.

G comme Gastronomie: «Le couscous a réussi là où la politique a échoué», ce plat ancestral a fait son entrée au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). En effet, l ’Algérie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, qui se sont longtemps disputé la paternité se sont mis d’accord pour déposer un dossier multinational des savoirs, savoir-faire et pratiques liés à sa production.

H comme Héliopolis: Le premier long-métrage du producteur algérien Djaâfar Gacem a été sélectionné pour représenter l'Algérie pour l'Oscar du meilleur long métrage international (film non anglophone). Inspiré de faits réels, ce film traite des massacres perpétrés par la colonisation française en Algérie. Il met en scène l'un des crimes les plus odieux commis par la France contre le peuple algérien. Le film relate les événements qui ont précédé les manifestations du 8 mai 1945 et qui leur ont succédé, et les massacres perpétrés contre les Algériens. Selon les estimations officielles, au moins 45 000 personnes ont été tuées.

I comme Idir: Le chanteur Idir, l’un des principaux ambassadeurs de la chanson kabyle, s’est éteint à l’âge de 70 ans, le 2 mai de cette année.  L’interprète de la chanson A Vava Inouva, diffusée dans 77 pays et traduite en quinze langues, a succombé à une maladie pulmonaire. Le choc a été immense. Autant en Algérie qu'à l'étranger, une avalanche de réactions a suivi l'annonce de sa disparition. L’Algérie a perdu «une pyramide de l’art algérien».

J comme Justice: Justice, voilà un domaine qui incarne les attentes et les aspirations de tout un peuple en rapport avec l'instauration d'un véritable État de droit. La justice pendant l'année 2020 ne fonctionne plus au gré des humeurs du clan Bouteflika et de son régime déchu. Elle semble s’émanciper progressivement. Le renouveau national en Algérie entend hisser la justice au rang de source de quiétude au sein de la société. Un vrai défi pour la justice algérienne sous le regard d’une population qui aspire tant à voir émerger l’État citoyen.

K comme Khaled Drareni: Incarcéré depuis le 29 mars, le journaliste algérien Khaled Drareni est devenu un symbole du combat pour la liberté de la presse. Il a été condamné en appel à deux ans de prison ferme pour «incitation à attroupement non armé» et «atteinte à l'unité nationale». La sentence, d'une sévérité inédite, avait surpris et indigné en Algérie comme à l’étranger. Il bénéficie d'une très forte mobilisation en faveur de sa libération. Nombreux sont ceux, confrères et consœurs, médias, syndicats ou organisations de défense de la liberté de la presse, qui, sans relâche, tentent d'obtenir sa libération.

L comme Lutte contre la corruption: La lutte contre la corruption sous toutes ses formes s'est poursuivie de manière résolue en 2020. M. Abdelmadjid Tebboune l'a érigée en nécessité absolue pour restaurer l'autorité de l'État et regagner la confiance des citoyens. De vastes enquêtes pour corruption et népotisme avaient été lancées après la démission, sous la pression d’un mouvement de contestation inédit. De ce fait, de lourdes peines d'emprisonnement ont été requises par le parquet algérien contre d'anciens hauts dirigeants politiques, dont deux ex-Premiers ministres, et des hommes d'affaires accusés de corruption, dans des procès sans précédent en Algérie.

M comme Mouvement populaire: La Covid-19 a eu raison de la ferveur populaire communément appelé le «Hirak» qui a été suspendu par les autorités algériennes. En effet la crise sanitaire est venue mettre fin aux manifestations du vendredi, devenues un rendez-vous presque traditionnel. Le souffle est retombé pour les centaines de milliers de protestataires qui, chaque semaine depuis le 22 février, envahissaient les grandes villes pour réclamer la fin du «système».

N comme Nouvelle loi électorale: La révision de la loi électorale fait partie de l'agenda tracé par M. Tebboune. Une révision qui devait succéder à la réforme constitutionnelle et préparer des législatives et des locales anticipées. Cette loi devrait, selon les spécialistes, prendre en considération les nouveautés qui concernent l’intervention et la réponse aux demandes publiques croissantes qui exigent plus de crédibilité et de transparence de l’opération politique qui s’est affaissée durant l’ère de Bouteflika.

O comme Obsèques de Mgr Henri Teissier: Le décès de l’ex-archevêque d'Alger Henri Teissier a également marqué les Algériens qui lui ont rendu un hommage solennel lors de ses obsèques organisées dans la capitale où il a été inhumé. Ces derniers ont salué «sa grande connaissance de la culture arabo-musulmane» et «son engagement pour le dialogue civilisationnel et pour le vivre-ensemble». Profondément attaché à l'Algérie, le défunt a obtenu la nationalité algérienne en 1965.

P comme Pétrole: Comme l’ensemble des producteurs de pétrole et de gaz du monde, l’Algérie a été durement affectée par la pandémie et la faible demande de pétrole et de gaz. Cette année, l’Algérie a produit 8% de moins de sa production d’hydrocarbures par rapport à l’année dernière. Les recettes de la vente des hydrocarbures et des produits pétrochimiques vont afficher, au 31 décembre, 22 milliards de dollars, contre 33 milliards de dollars en 2019, soit un tiers de moins.

Q comme Qualification à la CAN 2022: L’équipe nationale algérienne, championne d’Afrique en titre, a validé son billet pour la prochaine édition de la Coupe d'Afrique des nations, prévue au Cameroun du 9 janvier au 6 février 2022. Rappelons que l'édition 2021 a été reportée en raison de l'épidémie de coronavirus. Les Fennecs défendront donc le trophée qu'ils avaient décroché en 2019.

R comme référendum constitutionnel: Le rendez-vous référendaire a été sans aucun doute l’événement le plus marquant de 2020. Le référendum constitutionnel qui doit lancer «l’Algérie nouvelle» a été massivement boycotté par les Algériens. Le taux de participation final s’est établi à 23,7%, le plus bas historiquement pour un scrutin majeur. Le «oui» a, tout de même, recueilli 66,8 % des voix.

S comme Sahara occidental: Depuis son indépendance, l'Algérie a pris fait et cause pour le droit des peuples à l'autodétermination, en particulier celui des Sahraouis, dont elle est un des soutiens les plus actifs. La reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara occidental a provoqué la colère d'Alger qui fustige des manœuvres étrangères voulant déstabiliser le pays. L’Algérie estime que le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu'à travers l'application du droit international.

T comme Tebboune Abdelmadjid: Indubitablement le nouveau président de l’Algérie a été «la personnalité à laquelle les Algériens se sont le plus intéressés en 2020. Contesté par certains et idolâtré par d’autres, Tebboune s’est trouvé confronté dès son investiture à une situation compliquée sur les plans économique, politique et social. Il n’a cessé de renouveler son engagement de tendre la main pour mettre en œuvre les revendications du Hirak dans le cadre d'un consensus national. La tâche s’est avérée compliquée, surtout à la suite de son hospitalisation à la fin d’octobre après avoir contracté le coronavirus.

U comme Union maghrébine: Décidément, le projet d’une alliance concrète entre les pays du Maghreb est remis aux calendes grecques et tarde à se concrétiser. Même si la proximité entre les peuples existe bel et bien, l’union politico-économique reste problématique et sa mise en forme s’éloigne de plus en plus, notamment à la suite de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël.

V comme vingt-quatre restes mortuaires: Les restes mortuaires de 24 résistants algériens à la colonisation française ont été rapatriés de France en juillet après avoir été transférés vers des structures muséales en France depuis plus d'un siècle et demi.

W comme Wilayas: Impulser une nouvelle dynamique et favoriser le développement économique local, deux thèmes au centre des préoccupations du gouvernement pour cette année. L’enjeu, c’est davantage la mise des walis devant leurs responsabilités et plus que jamais tenus à réussir leurs missions sur plus d’un front. Il est question également d’améliorer les conditions de vie des citoyens en renforçant leur participation dans la démocratie locale et le développement de leurs collectivités.

X comme Nés sous X: L’Algérie autorise désormais les parents adoptifs à donner leur nom aux enfants nés sous X. Cette décision importante permettra à ces enfants d’échapper à la stigmatisation dont ils sont l’objet et de mener une vie normale, et facilitera leur insertion dans la société.

Y comme Yazid Zerhouni: Le décès de l’ancien ministre de l’Intérieur Noureddine Yazid Zerhouni en ce mois de décembre a également touché les Algériens. L’histoire retiendra son courage et sa détermination, en tant que ministre de l’Intérieur en poste, de dénoncer la loi sur les hydrocarbures que l’ancien président de la République avait confectionnée pour les multinationales américaines.

Z comme Zones d’ombre: Le dossier du développement des zones d'ombre à travers le territoire national arrive en tête des priorités inscrites dans le programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Plus de 15 000 zones d’ombre ont été recensées par les pouvoirs publics avec une population de près de 8 millions d’habitants.


Abbas appelle le Hamas à libérer les otages à Gaza, frappes israéliennes meurtrières

Le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé mercredi le Hamas à libérer les derniers otages retenus à Gaza, où des frappes israéliennes ont fait 25 morts, selon les secours, laissant des "corps calcinés" et des victimes ensevelies sous les décombres. (AFP)
Le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé mercredi le Hamas à libérer les derniers otages retenus à Gaza, où des frappes israéliennes ont fait 25 morts, selon les secours, laissant des "corps calcinés" et des victimes ensevelies sous les décombres. (AFP)
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  • Le président palestinien a affirmé mercredi depuis Ramallah, en Cisjordanie occupée, que le Hamas avait fourni à Israël "des prétextes pour commettre ses crimes dans la bande de Gaza, le plus flagrant (de ces prétextes) étant la détention d'otages"
  • "C'est moi qui en paie le prix, notre peuple en paie le prix, pas Israël (...) Libérez-les", a déclaré Mahmoud Abbas, qui n'exerce plus d'autorité sur Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007

GAZA: Le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé mercredi le Hamas à libérer les derniers otages retenus à Gaza, où des frappes israéliennes ont fait 25 morts, selon les secours, laissant des "corps calcinés" et des victimes ensevelies sous les décombres.

Rompant une trêve de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive sur le territoire palestinien, affirmant vouloir contraindre le mouvement islamiste à libérer les otages qu'il retient depuis l'attaque du 7 octobre 2023.

Le président palestinien a affirmé mercredi depuis Ramallah, en Cisjordanie occupée, que le Hamas avait fourni à Israël "des prétextes pour commettre ses crimes dans la bande de Gaza, le plus flagrant (de ces prétextes) étant la détention d'otages".

"C'est moi qui en paie le prix, notre peuple en paie le prix, pas Israël (...) Libérez-les", a déclaré Mahmoud Abbas, qui n'exerce plus d'autorité sur Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

Après plus de 18 mois de guerre, l'ONU a fait état de cas de "malnutrition aiguë sévère" parmi les 2,4 millions d'habitants du territoire, dont la plupart ont été déplacés par les combats.

Selon un responsable du mouvement, une délégation du Hamas se trouve actuellement au Caire pour discuter avec les médiateurs de "nouvelles idées" visant à rétablir un cessez-le-feu.

"Vivre comme les autres" 

Mercredi, la frappe israélienne la plus meurtrière a détruit une école qui abritait des déplacés dans la ville de Gaza, dans le nord, faisant onze morts et 17 blessés, "y compris des femmes et des enfants", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile palestinienne, Mahmoud Bassal.

"Le bombardement a provoqué un incendie massif dans le bâtiment et plusieurs corps calcinés ont été retrouvés", a-t-il dit.

Au total, 25 personnes ont été tuées dans les frappes qui ont visé plusieurs secteurs du nord de Gaza ainsi que Khan Younès, dans le sud, selon la Défense civile.

"Nous avons reçu des appels de détresse signalant plusieurs personnes disparues sous les décombres dans différentes zones de la bande de Gaza ", a affirmé Mahmoud Bassal.

Plusieurs corps enveloppés dans des linceuls blancs ont été transportés à l'hôpital al-Chifa, où se recueillaient des femmes éplorées.

"Nous ne voulons rien d'autre que la fin de la guerre pour pouvoir vivre comme le font les gens dans le reste du monde", s'exclamait Walid Al Najjar, un habitant de Khan Younès.

Selon Mahmoud Bassal, les secouristes manquent "des outils et équipements nécessaires pour les opérations de sauvetage et pour récupérer les corps".

L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

Mardi, elle avait dit avoir détruit environ "40 engins du génie utilisés à des fins terroristes, y compris lors du massacre du 7 octobre".

Elle affirme que le Hamas utilise ces engins "pour poser des explosifs, creuser des tunnels souterrains, percer des clôtures de sécurité et dégager les gravats pour retrouver des armes et du matériel militaire".

Mesure "intolérable" 

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 1.928 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars, portant à 51.305 le nombre de morts à Gaza depuis le début de l'offensive de représailles israélienne.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées, 58 sont toujours otages à Gaza dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

La situation est aggravée par le blocage de l'aide humanitaire imposé par Israël depuis le 2 mars.

Les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont conjointement exhorté mercredi Israël à cesser ce blocage, y voyant une mesure "intolérable" qui expose les civils à "la famine, des épidémies et la mort".

"Plusieurs personnes souffrant de malnutrition aiguë sévère à Gaza ont été admises à l'hôpital cette semaine", a indiqué mardi le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), ajoutant que ces cas étaient "en augmentation".

"Malgré des approvisionnements extrêmement faibles, environ 180 cuisines communautaires continuent de fonctionner chaque jour. Cependant, beaucoup d'entre elles sont sur le point de fermer car les stocks s'épuisent", a-t-il prévenu.

 


Turquie: puissant séisme de magnitude 6,2 au large d'Istanbul

Un puissant séisme de magnitude 6,2, dont l'épicentre est situé en mer de Marmara, a secoué mercredi Istanbul, sans faire de victime ni de dégât, selon les autorités turques. (AFP)
Un puissant séisme de magnitude 6,2, dont l'épicentre est situé en mer de Marmara, a secoué mercredi Istanbul, sans faire de victime ni de dégât, selon les autorités turques. (AFP)
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  • Deux secousses au moins, à une fraction de seconde d'intervalle, ont été fortement ressenties dans tous les quartiers de l'immense ville de 16 millions d'habitants située sur le Bosphore et la Mer de Marmara
  • Des milliers de personnes se sont jetées dans les rues en proie à la panique

ISTANBUL: Un puissant séisme de magnitude 6,2, dont l'épicentre est situé en mer de Marmara, a secoué mercredi Istanbul, sans faire de victime ni de dégât, selon les autorités turques.

Selon l'Agence nationale de la gestion des catastrophes AFAD et le ministre de l'Intérieur Ali Yerlikaya, "un séisme de 6,2 s'est produit au large de Silivri, en mer de Marmara" peu avant 13H00 (10H00 GMT).

Deux secousses au moins, à une fraction de seconde d'intervalle, ont été fortement ressenties dans tous les quartiers de l'immense ville de 16 millions d'habitants située sur le Bosphore et la Mer de Marmara.

Des milliers de personnes se sont jetées dans les rues en proie à la panique, ont constaté les journalistes de l'AFP.

"J'ai senti la secousse je me suis jeté dehors" confie un peintre, rencontré près de la Tour de Galata après avoir dévalé ses quatre étages.

Les autorités n'ont pas fait état de victimes ni de dégâts.

Le président Recep Tayyip Erdogan a indiqué "suivre les développements de près".

"Tous nos services d'urgence sont en état d'alerte. Aucun bâtiment ne s'est effondré selon les informations dont nous  disposons à ce stade. Nous poursuivons les recherches", a indiqué le gouvernorat d'Istanbul qui appelle "les citoyens à ne pas s'approcher de bâtiments endommagés".

La municipalité indique elle aussi suivre la situation, précisant qu'"aucun cas grave n'a été sigalé jusqu'à présent".

La hantise du "Big one" 

Outre le séisme principal, l'AFAD précise avoir enregistré trois autres secousses de magnitude 3.9 à 4.9 dans la même zone.

La Turquie est traversée par deux failles qui ont causé de nombreux drames par le passé.

Istanbul vit dans la hantise du "Big one": elle est située à 20 km de la faille nord-anatolienne et les plus pessimistes des experts prévoient un séime de magnitude 7 au moins d'ici à 2030, qui provoquerait l'effondrement partiel ou total de centaines de milliers d'édifices.

Le sud-est du pays a subi un violent tremblement de terre en février 2023 qui a fait au moins 53.000 morts et dévasté la cité antique d'Antakya, l'ex Antioche.

Le district de Silivri abrite notamment l'une des principales prisons du pays, où se trouvent notamment incarcérés le maire d'oppposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu et le mécène et philanthrope Osman Kavala.

C'est également là qu'ont été conduits de très nombreux manifestants interpellés lors de la vague de contestation qui a suivi l'arrestation de M. Imamgolu le 19 mars, incarcéré à Silivri six jours plus tard.

Le réseau d'entraide des parents des jeunes détenus a affirmé sur X que l'établissement n'avait pas subi de dégâts.

 


1978 - Les Accords de Camp David: Un chemin trompeur vers la paix

Anouar el-Sadate (gauche) serre la main de Menahem Begin en présence du président américain Jimmy Carter. (AFP)
Anouar el-Sadate (gauche) serre la main de Menahem Begin en présence du président américain Jimmy Carter. (AFP)
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  • Si les accords ont valu à Sadate et Begin le prix Nobel, ils n'ont que peu contribué à l'établissement d'une paix durable au Moyen-Orient
  • En 1978, la population de colons ne comptait que 75,000 personnes. En 1990, elle avait triplé pour atteindre 228,000. Aujourd'hui, plus d'un demi-million de colons israéliens occupent au moins 370 colonies

CHICAGO — En se rendant à Jérusalem, le président égyptien Anouar el-Sadate poursuivait une vision ambitieuse: prévenir tout nouveau conflit et résoudre la crise israélo-arabe par voie diplomatique. Sa démarche reposait sur la conviction profonde qu'une paix véritable ne pourrait être fragmentaire. Elle devait, selon lui, englober non seulement l'Égypte et ses voisins arabes — Jordanie, Syrie et Liban — mais s'articuler essentiellement autour d'un engagement formel d'Israël à se retirer des territoires occupés et à permettre l'émergence d'un État palestinien souverain.

Face aux parlementaires israéliens réunis à la Knesset, Sadate a prononcé un discours-fleuve dont l'une des déclarations les plus marquantes résonne encore aujourd'hui : "Mon voyage n'a pas pour objectif un accord bilatéral isolant l'Égypte... Car même si tous les États du front parvenaient à un accord avec Israël, cette paix resterait fragile et illusoire tant qu'une solution équitable à la question palestinienne ne sera pas trouvée. C'est cette paix juste et pérenne que la communauté internationale appelle unanimement de ses vœux."

Sadate n'aura pas vécu assez longtemps pour constater à quel point il avait raison:  l'obstination israélienne à maintenir son emprise sur les territoires occupés allait effectivement déclencher un engrenage fatal. Cette politique d'occupation a progressivement nourri les courants extrémistes, multipliés les cycles de violence, fragilisée la stabilité de l'Égypte elle-même, et fait voler en éclats tout espoir d'une réconciliation durable dans la région.

L'objectif unique du Premier ministre israélien Menahem Begin était d'éliminer la menace militaire égyptienne, de diviser les "États du front" arabes et de bloquer les revendications en faveur d'un État palestinien.

Sadate fut naïf de faire confiance à Begin, l'un des terroristes les plus impitoyables du Moyen-Orient. Begin avait orchestré certaines des atrocités civiles les plus odieuses durant le conflit israélo-arabe de 1947-1948, notamment le massacre de près de 100 civils dans le petit village palestinien de Deir Yassine. 

Légende: La une du journal relatait l'avancement des accords, notant que le sommet avait atteint "une étape décisive".
Légende: La une du journal relatait l'avancement des accords, notant que le sommet avait atteint "une étape décisive".

Ce massacre, au cours duquel des femmes enceintes furent sauvagement assassinées et leurs corps jetés dans le puits du village, a profondément choqué la population arabe de Palestine, provoquant un exode massif de réfugiés terrorisés. Avant son discours à la Knesset, Sadate avait visité le mémorial de l'Holocauste Yad Vashem qui, ironie du sort, est édifié sur les vestiges de Deir Yassine.

Déroulé tapis rouge par Israël et les États-Unis, Sadate se vit propulsé au rang de chef d'État modèle pour son audace pacificatrice. Sa tournée américaine de 1978 prit des allures de triomphe: banquets somptueux et réceptions officielles dans les métropoles du pays. À Chicago, pourtant, un autre accueil l'attendait. J'étais là, mêlé à une foule de 500 Américains d'origine arabe, scandant notre opposition à ce que nous considérions comme une véritable reddition diplomatique.

Les Accords de Camp David ont valu à Sadate et Begin le Prix Nobel de la paix 1978, mais aussi l'opprobre du monde arabe. La Ligue arabe réagit en excluant l'Égypte et en transférant le siège de l'organisation du Caire à Tunis.

La stratégie d'Israël était transparente pour tous, sauf pour Sadate. Il signa les accords après 12 jours d'intenses négociations en 1978, du 5 au 17 septembre. Mais quelques semaines auparavant, Begin avait inauguré la colonie d'Ariel, sur des terres confisquées en Cisjordanie à plus de 16 kilomètres à l'est de la Ligne verte, devenue depuis un symbole de la guerre continue d'Israël contre l'État palestinien et le centre de l'expansion des colonies israéliennes.

Malgré cette réalité troublante sur le terrain, Sadate signa un traité de paix formel avec Israël à la Maison Blanche le 26 mars 1979, mettant officiellement fin au conflit entre les deux pays.

Dates clés

14 février 1977
Le président américain Jimmy Carter écrit à son homologue égyptien Anouar el-Sadate et au Premier ministre israélien Yitzhak Rabin pour exprimer son engagement à trouver "un règlement de paix durable au Moyen-Orient".

 21 octobre 1977
Dans une lettre manuscrite, Carter fait appel à Sadate: "Le moment est venu d'avancer, et votre soutien public précoce à notre approche est extrêmement important — peut-être vital".

 11 novembre 1977
Après l'annonce par Sadate de son intention de visiter Israël, le nouveau Premier ministre israélien, Menahem Begin, s'adresse au peuple égyptien depuis Jérusalem en plaidant pour "plus de guerres, plus d'effusion de sang".

3 août 1978
Carter adresse des lettres confidentielles à Sadate et Begin, leur proposant une rencontre.

5 septembre 1978
Sadate et Begin arrivent à Camp David pour dix jours de pourparlers.

17 septembre 1978
À 21h37, Carter, Begin et Sadate embarquent à bord de l'hélicoptère présidentiel Marine 1 et s'envolent du Maryland vers la Maison Blanche. À 22h31, Begin et Sadate signent un cadre pour la paix.

27 octobre 1978
Sadate et Begin reçoivent conjointement le Prix Nobel de la paix.

26 mars 1979
Sadate et Begin signent le traité de paix égypto israélien à Washington.

6 octobre 1981
Sadate est assassiné au Caire par des extrémistes islamiques opposés au traité de paix.

Si l'on examine les cinq fondements de l'accord, seuls deux ont franchi le cap de la concrétisation. L'Égypte a récupéré le Sinaï, sous conditions de démilitarisation, et la normalisation diplomatique formelle entre Le Caire et Tel-Aviv, mettant officiellement un terme à l'état de belligérance.
 
Les trois autres engagements sont restés lettre morte: les négociations pour résoudre la question palestinienne, avec la participation jordanienne, ont stagné; l'introduction de l'autonomie palestinienne en Cisjordanie et à Gaza dans un délai de cinq ans a échoué; et la fin des colonies israéliennes n'a même jamais été amorcée.

Les accords n'ont jamais été autorisés à entraver les plans visant à renforcer l'emprise d'Israël sur les territoires occupés. Lorsque le président américain Jimmy Carter a perdu sa réélection le 4 novembre 1980, et que Sadate a été assassiné lors d'un défilé militaire le 6 octobre 1981, Begin a reçu carte blanche pour enterrer définitivement le "rêve" de Sadate.

Malgré leurs divergences politiques, le président américain Ronald Reagan tenta de poursuivre la vision de paix au Moyen-Orient portée par Carter et proposa, en août 1982, un "gel" des colonies, exhortant Israël à accorder aux Palestiniens une "autonomie" comme étape vers un État. 

Le Premier ministre israélien Menahem Begin (gauche) et le président égyptien Anouar el-Sadate conversent et plaisantent lors d'une rencontre en juillet 1979 à Alexandrie. AFP
Le Premier ministre israélien Menahem Begin (gauche) et le président égyptien Anouar el-Sadate conversent et plaisantent lors d'une rencontre en juillet 1979 à Alexandrie. AFP

La réaction de Begin fut immédiate. Le 2 septembre 1982, avec Carter et Sadate hors-jeu, il conduisit une initiative à la Knesset pour consolider l'emprise d'Israël sur la Cisjordanie, Jérusalem Est et le plateau du Golan, augmentant la population de colons juifs. Israël, déclara le Cabinet, "se réserve le droit d'appliquer sa souveraineté sur les territoires à l'issue de la période de transition de cinq ans" vers "l'autonomie" palestinienne explicitement envisagée dans les Accords de Camp David.

En 1978, la population de colons ne comptait que 75,000 personnes. En 1990, elle avait triplé pour atteindre 228,000. Aujourd'hui, plus d'un demi-million de colons israéliens occupent au moins 370 colonies ou "avant-postes" en Cisjordanie et à Jérusalem Est.

Cette année, le 20 janvier, premier jour de son second mandat, le président américain Donald Trump a levé les sanctions imposées par l'administration Biden sur des groupes de colons d'extrême droite accusés de violences contre les Palestiniens.

Ironie du sort, alors que les accords de Camp David devaient créer un climat d'espoir et d'optimisme, leur progression limitée au seul retour du Sinaï a engendré un sentiment de fatalisme nourrissant l'extrémisme, comme en témoignent de façon dramatique les attaques meurtrières du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Si le cessez-le-feu entre Le Caire et Tel-Aviv tient toujours, l'incapacité chronique à résoudre la question palestinienne a considérablement affaibli la portée historique des accords. Ce qui devait incarner une paix globale s'est progressivement dégradé en un simple pacte de non-agression formalisé. Aujourd'hui, les relations égypto-israéliennes se résument essentiellement à une collaboration sécuritaire.

Ray Hanania est un ancien journaliste politique primé de la mairie de Chicago. Il est chroniqueur pour Arab News et anime l'émission de radio Ray Hanania. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com