PARIS: «L’année 2021 sera celle de la diversification de l’économie nationale», a déclaré Mohamed Arkab, le ministre algérien des Mines, sur les ondes de la radio algérienne Chaîne II. «En s'appuyant sur plusieurs secteurs, dont le secteur minier à même de contribuer à la garantie des matières premières utilisées dans les industries manufacturières à travers une large exploitation des ressources minières et des divers métaux» fait-il savoir, affirmant que cette perspective permettra au pays d’aller vers «l’abandon progressif de l’importation de matières premières entrant dans ces industries».
Faible production nationale
La production nationale des matières premières est très faible et ne couvre pas les besoins du pays. Pour y remédier, le ministre affirme que l’exploitation optimale des différents minerais permettra de répondre aux besoins de l’industrie locale en termes de matières premières et de pouvoir saisir les opportunités pour accéder aux marchés internationaux, une opportunité qui lui permettrait de générer des recettes en devises, en forte baisse depuis 2014.
Dans ce but, les pouvoirs publics misent sur la relance de la production nationale des matières premières, notamment l’exploration et l’exploitation des minerais. En effet, dans le cadre de l’application du programme national d’exploration minière 2021-2023, une convention de coopération entre l’Agence nationale des activités minières (Anam) et l’Office national des recherches géologiques (ONRG) a été signée. Cette dernière comporte 26 projets de recherche et d’exploitation des minerais à travers 17 wilayas du pays.
Selon le ministère de tutelle, l’Algérie, compte, à moyen terme, explorer toutes les régions du pays et élargir l’exploitation de ses mines, une opération qui lui permettra de mettre à jour les cartes minières du pays.
Plus concrètement, deux programmes phares sont en cours: l’exploitation de la mine de fer de Ghar-Djebilet, et de zinc et de plomb à Bejaia. «Les études techniques ont été finalisées», précise le ministre de tutelle, mais «l’élaboration des cahiers des charges pour l’exploitation des mines de Ghar-Djebilet et d’Oued Amizour est au stade final». Selon la même source, les travaux de réalisation du complexe d’exploitation de fer de Ghar-Djebilet, nécessitant l’utilisation de technologies de pointe, seront lancés en mars prochain.
Ouverture au secteur privé
Le secteur de l’exploration et l’exploitation des mines sera-t-il ouvert aux investissements privés? Dans un objectif d’intensification des capacités de production, de recherche de nouveaux gisements et d’investissement dans les ressources humaines, notamment dans la formation d’une main-d’œuvre qualifiée, une feuille de route, composée de quatre axes, a été établie par le ministère de tutelle. Pour permettre le développement de ce secteur névralgique pour l’industrie du pays, le ministre de tutelle plaide pour le «réexamen de la loi sur les mines pour attirer les investisseurs». Le ministre a aussi fait savoir que la modernisation des moyens d’exploitation et la relance du secteur minier vont permettre de relancer la machine de production, de réduire l’importation des matières premières et de créer des emplois.
De son côté, Ali Kefaifi, expert des mines et consultant auprès de l’Anam, a affirmé dans une déclaration à Radio M que l’Algérie, qui dispose d’un grand potentiel en ressources minières, pourrait, à l’horizon 2025-2030, engranger plus de 150 milliards de dollars en exportation. Dans cette perspective, l’expert plaide pour l’ouverture du marché, la facilitation des démarches pour les investisseurs et le déverrouillage de l’administration bureaucratique. Car, explique-t-il, «contrairement au pétrole, avec le minier, nous sommes obligés de nous ouvrir, d’autant que nombreuses sont les étapes qui jalonnent la chaîne de valeur dans cette filière.»