Crues: Des centaines d'évacuations dans le Pas-de-Calais, un mort en Loire-Atlantique

Un panneau indiquant "Inondation. Ralentissez" est placé à l'entrée d'une zone inondée (Photo, AFP).
Un panneau indiquant "Inondation. Ralentissez" est placé à l'entrée d'une zone inondée (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 04 janvier 2024

Crues: Des centaines d'évacuations dans le Pas-de-Calais, un mort en Loire-Atlantique

  • Selon la préfecture du Pas-de-Calais, 371 personnes ont dû être évacuées depuis le début de ce nouvel épisode de crues
  • En Loire-Atlantique, un homme de 73 ans a été découvert mort dans sa voiture en partie immergée mercredi après-midi

BLENDECQUES: Plus de 300 personnes ont été évacuées ces derniers jours dans le Pas-de-Calais, où l'eau a atteint par endroits le niveau des crues historiques de novembre, et une mort est à déplorer en raison des inondations en Loire-Atlantique.

Les crues touchent six autres départements du nord-est de la France, classés en vigilance orange.

En Loire-Atlantique, un homme de 73 ans a été découvert mort dans sa voiture en partie immergée mercredi après-midi après s'être apparemment engagé sur une route coupée à la circulation en raison d'inondations, a annoncé le parquet de Nantes.

Son corps a été découvert par les plongeurs de la gendarmerie, a précisé le procureur, ajoutant : "tout laisse à penser que l'intérêt s'est engagé sur cet axe qui était pourtant coupé à la circulation".

Dans le Pas-de-Calais, l'Aa, fleuve côtier placé en vigilance rouge depuis mardi, "est globalement au même niveau qu'en novembre", lorsqu'il avait atteint son plus haut niveau historique, indique Vigicrues à l'AFP . Les niveaux pourraient encore augmenter "très légèrement", mais "on peut considérer qu'on est au pic de cette crue", ajoute l'organisme.

"C'est une catastrophe", s'émeut Rachid Ben Amor, maire de Blendecques, commune traversée par l'Aa, où de nombreuses maisons sont inondées. Emmanuel Macron, avec qui il a parlé mardi au téléphone, lui "a dit qu'il déléguerait tout ce qu'il fallait". Mais "quand ?", s'interroge-t-il, disant "(attendre) plus de moyens de l'Etat".

Avec les crues qui se succèdent, "j'ai des patients qui sont dans un état physique, et psychique surtout, terrible" s'inquiète Bertrand Rose, médecin généraliste à Blendecques.

"Tout est sous l'eau", se lamente Michelle Coste, 59 ans.

"On ne s'attend pas à ce que ça recommence aussi vite".

Dans cette ville de 5.000 habitants, les sinistrés, arrivant en bottes avec quelques affaires dans leur cabas et parfois leurs animaux de compagnie, sont accueillis dans une salle de basket-ball où des lits de camp ont été installés.

Rivés sur leur téléphone, Davis et Valérie Tabary suivent les nouvelles des voisins. "Le moral en prend un coup", observe Valérie, 58 ans, locataire, qui se dit prête à quitter son domicile "selon ce que diront les assurances". "Et cette fois, plus de zone inondable, plus de rivières à proximité", assure-t-elle.

Une envie partagée par Anita Odart, 47 ans : "On a déjà fait le dossier pour partir. Soit à Arques, soit à Longuenesse, mais bien en hauteur", souligne-t-elle, entourée de son mari et de leurs trois enfants. Ils se sont installés dans un coin "comme la dernière fois": en novembre la famille avait déjà dormi trois nuits dans ce gymnase.

Tronçons routiers fermés

Selon la préfecture du Pas-de-Calais, 371 personnes ont dû être évacuées depuis le début de ce nouvel épisode de crues, dont 115 depuis 6H00 mercredi.

"Les travaux doivent commencer maintenant", martèle Xavier Bertrand, présidente Les Républicains de la région Hauts-de-France, venue à la rencontre des sinistrés dans ce centre d'hébergement. "Ce que (les habitants) veulent, c'est qu'on nettoie les cours d'eau".

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, et Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, se rendent jeudi dans plusieurs communes du Pas-de-Calais, à la rencontre d'élus et de sinistrés.

Outre l'Aa classé en rouge, 11 cours d'eau dans le quart nord-est de la France le sont en orange, dans le Pas-de-Calais, mais aussi le Nord, l'Aisne, les Ardennes, la Meuse, la Moselle et la Meurthe-et-Moselle.

Partout dans les Hauts-de-France, les crues sont importantes, entraînant la de dizaines de tronçons routiers fermetures.

Des distributions d'eau en bouteille sont en cours, 2.100 habitants étant privés d'eau potable mercredi soir, ajoute la préfecture.

Alors que plus de 10.000 foyers ont été privés d'électricité mercredi dans le Nord et le Pas-de-Calais, 95% d'entre eux ont été réalimentés dès la fin de la journée, a indiqué le gestionnaire du réseau de distribution d'électricité. électricité Enedis.

Des images aériennes d'Esquerdes, à proximité de Blendecques, révèlent des pâtés de maisons entières sous l'eau et des torrents d'eau boueuse dévalant des jardins.

A Eperlecques, autre commune de l'agglomération de Saint-Omer, le centre-ville est inondé, indique la préfecture.

Quatre pompes de la sécurité civile doivent être installées dans le secteur de Mardyck (Nord) jeudi. D'autres moyens de pompage européens "sont en cours d'acheminement en provenance de la République Tchèque, de la Slovaquie et des Pays-Bas pour être opérationnels vendredi", selon la direction générale de la sécurité civile.

Plus à l'est, en Meurthe-et-Moselle, la montée des eaux se poursuit sur l'Orne, avec des prévisions indiquant un niveau de crue pouvant dépasser le niveau historique de 2016, selon la préfecture.


La rédaction de France Inter critique la «convocation inacceptable» de Guillaume Meurice

L'auteur, animateur de radio, écrivain et humoriste français Guillaume Meurice, pose lors d'une séance photo à Paris le 13 mars 2024. (Photo, AFP)
L'auteur, animateur de radio, écrivain et humoriste français Guillaume Meurice, pose lors d'une séance photo à Paris le 13 mars 2024. (Photo, AFP)
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  • "Nous demandons le maintien à l'antenne de Guillaume Meurice, sans délai", ont déclaré dans un communiqué les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter
  • Jeudi, le chroniqueur de l'émission "Le grand dimanche soir", présentée par Charline Vanhoenacker, a été suspendu, quatre jours après avoir réitéré à l'antenne ses propos polémiques tenus fin octobre sur le Premier ministre israélien

PARIS: La rédaction de France Inter a dénoncé vendredi la "convocation inacceptable" de Guillaume Meurice en vue d'un éventuel licenciement, y voyant un "signe très inquiétant pour la liberté d'expression", au lendemain de la suspension de l'humoriste par Radio France.

"Nous demandons le maintien à l'antenne de Guillaume Meurice, sans délai", ont déclaré dans un communiqué les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter.

Jeudi, le chroniqueur de l'émission "Le grand dimanche soir", présentée par Charline Vanhoenacker, a été suspendu, quatre jours après avoir réitéré à l'antenne ses propos polémiques tenus fin octobre sur le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

"Il y a des choses qu'on peut dire. Par exemple, si je dis: +Netanyahu est une sorte de nazi mais sans prépuce+, c'est bon. Le procureur, il a dit: +C'est bon+", a lancé l'humoriste dimanche, en référence au récent classement sans suite d'une plainte à son encontre l'accusant d'antisémitisme pour des propos similaires.

Convoqué à un entretien dont la date reste inconnue, il risque une "éventuelle sanction disciplinaire pouvant aller jusqu'à la rupture anticipée de (son) contrat à durée déterminée pour faute grave", rappellent les SDJ et SDPI de France Inter, qui "voient dans cette décision un signe très inquiétant pour la liberté d'expression, valeur que défend Radio France".

"Cette convocation inacceptable semble être le symptôme d'un virage éditorial plus large", déplorent-elles.

Elles affirment ainsi avoir appris que le programme "La terre au carrée" allait s'arrêter "pour laisser place à une émission de sciences et d'écologie +plus narrative+ toujours présentée par Mathieu Vidard mais sans Camille Crosnier" et évoquent une "coupe drastique" du budget du "Grand dimanche soir".

Interrogée par l'AFP sur ces éléments, France Inter a expliqué qu'"en accord avec Mathieu Vidard, il y aura une évolution éditoriale de son émission à la rentrée mais elle gardera ses fondamentaux, l'environnement et la science".

Camille Crosnier, elle, restera aux manettes des "P'tits bateaux", désormais diffusée sept jours sur sept, et elle est "en discussions sur d'autres projets" au sein de la grille.

Quant au "Grand dimanche soir", France Inter "souhaite que l'émission continue l'an prochain mais il faut la faire évoluer d'un point de vue éditorial pour qu'elle rentre dans nos frais, en gardant toute l'équipe et en restant en public", a expliqué la radio.

"Aujourd'hui, des séquences coûtent extrêmement cher à produire. Un travail est en cours avec la productrice, Charline Vanhoenacker, pour trouver la meilleure formule", a-t-on appris de même source.

 

 


Victimes de cyberattaques attribuées à la Chine, des parlementaires français s'inquiètent

Un homme lit un journal chinois dont la première page couvre la rencontre du président chinois Xi Jinping avec le président français Emmanuel Macron dans une vitrine publique dans un parc de Pékin le 7 avril 2023. (Photo, AFP)
Un homme lit un journal chinois dont la première page couvre la rencontre du président chinois Xi Jinping avec le président français Emmanuel Macron dans une vitrine publique dans un parc de Pékin le 7 avril 2023. (Photo, AFP)
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  • A quelques jours de la venue en France du président chinois Xi Jinping, "nous sommes confrontés à une ingérence étrangère d'envergure manifeste de la part de la Chine", s'inquiète le sénateur centriste Olivier Cadic
  • Lui et six autres parlementaires français affirment avoir fait l'objet, en janvier 2021, d'emails toxiques envoyés par un groupe de hackeurs baptisé APT31

PARIS: Ciblés par une campagne mondiale de cyberespionnage menée par un groupe de hackers aux liens présumés avec l'Etat chinois, plusieurs parlementaires français ont tiré ces derniers jours la sonnette d'alarme devant la "légèreté" de la réponse des autorités face à cet "acte de guerre".

A quelques jours de la venue en France du président chinois Xi Jinping, "nous sommes confrontés à une ingérence étrangère d'envergure manifeste de la part de la Chine", s'inquiète le sénateur centriste Olivier Cadic.

Lui et six autres parlementaires français affirment avoir fait l'objet, en janvier 2021, d'emails toxiques envoyés par un groupe de hackeurs baptisé APT31, que plusieurs pays, dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni, considèrent lié au gouvernement chinois.

Le point commun de ces élus ? Tous sont membres de l'alliance interparlementaire sur la Chine (IPAC), une instance crée en 2020 pour agir de manière coordonnée sur différents sujets relatifs à la Chine (Covid, répression des Ouïghours, manifestations à Hong Kong...).

Pour la plupart, ces députés et sénateurs français n'ont pourtant découvert l'existence de cette attaque qu'à la fin du mois de mars 2024, lorsque le ministère de la justice américain a publié un acte d'accusation inculpant sept Chinois pour une "prolifique opération de piratage informatique à l'échelle mondiale". Seraient concernés, notamment, plusieurs centaines de comptes liés à l'IPAC, attaqués en janvier 2021.

Pixels malveillants

Lorsqu'il apprend la nouvelle, l'ex-sénateur André Gattolin, qui coprésidait la branche française de l'IPAC jusqu'en septembre 2023, fait le lien tout de suite: à l'automne 2021, les services informatiques du Sénat avaient trouvé dans son ordinateur professionnel des virus de type "cheval de Troie", à la suite d'une alerte de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi).

"A l'époque, je rédigeais un rapport très sensible sur les ingérences étatiques dans les universités et la recherche. Déjà, je m'étais demandé si la Chine pouvait être derrière tout ça", affirme l'ancien élu à l'AFP.

En fouillant ses emails, André Gattolin retrouve la "source corrosive": un mail du 6 janvier 2021 lui proposant de soutenir une soi-disant journaliste indépendante chinoise enquêtant sur la pandémie de Covid à Wuhan.

"Je me rends compte que ce mail avait été ouvert", raconte-t-il. "J'appelle l'Anssi, j'ai du mal à me faire entendre. Même son de cloche auprès des services de renseignement intérieur français (DGSI). Je dépose plainte le 4 avril et nous prenons contact à l'IPAC avec le FBI, qui nous assure avoir prévenu les services français dès 2022. Mais personne ne nous a rien dit", ajoute l'ancien sénateur, agacé.

Alertée par son collègue, la députée du parti présidentiel Renaissance Anne Genetet fait la même manipulation sur sa boîte mail et retrouve aussi un courrier suspect du 21 janvier 2021. "Malencontreusement, je l'ouvre. Une image s'affiche immédiatement, je comprends tout de suite qu'un virus malveillant se trouve dans les pixels", raconte la députée, qui porte plainte immédiatement et dont l'ordinateur est sous scellés depuis.

Interrogé par l'AFP, le parquet s'est refusé à tout commentaire sur ce dossier.

" Dysfonctionnements" 

"S'il y avait aussi peu de parlementaires concernés, je serais rassuré", glisse un haut-responsable français familier des questions de défense. Ce dernier note que l'Anssi protège les services informatiques des deux chambres, ce qui permet de "voir passer pas mal de choses". "Mais il est important que toutes les personnalités importantes se disent qu'elles peuvent être interceptées", insiste cette source.

Les mêmes courriers ont été remarqués par des parlementaires du monde entier, en Belgique, au Canada, en Allemagne ou encore au Danemark.

"Il y a au minimum beaucoup de légèreté et de dysfonctionnements. Je m'inquiète de voir cette puissance chinoise qui agit et un silence total en face. Autant faire entrer tout de suite des espions chinois dans les bureaux", reprend André Gattolin.

Interpellé mardi au Sénat, le gouvernement français s'en est tenu à une réponse convenue: "Le mode opératoire d'APT31 fait l'objet d'un suivi particulier", "y compris judiciaire", a assuré la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, et "le gouvernement n'exclut pas d'attribuer publiquement ces cyberattaques" à l'avenir.

Peu rassurant pour les parlementaires concernés. "C'est une attaque ouverte, officielle, et les autorités le savent", regrette Olivier Cadic. "Ce qu'on nous fait, c'est un acte de guerre".

 


Mort de Nahel: une reconstitution aura lieu dimanche

La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes. (AFP).
La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes. (AFP).
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  • Le policier mis en examen pour homicide volontaire et ses collègues présents, des témoins... "Pour la première fois, toutes les parties seront confrontées à leur déposition sur la scène du crime
  • La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes

NANTERRE: Près d'un an après la mort de Nahel, tué par un tir de policier à Nanterre le 27 juin 2023, la justice réunit dimanche les principaux protagonistes du dossier pour une reconstitution des faits, a appris l'AFP de sources concordantes.

Le policier mis en examen pour homicide volontaire et ses collègues présents, des témoins... "Pour la première fois, toutes les parties seront confrontées à leur déposition sur la scène du crime, c'est un moment fort", souligne Nabil Boudi, avocat de la mère de Nahel.

La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes.

A travers la France, les incendies de bâtiments publics et d'infrastructures ou les pillages de magasins ont causé des dégâts représentant un milliard d'euros, selon le Sénat.

A Nanterre, non loin du rond-point où Nahel a été tué et où aura lieu la reconstitution, certains bâtiments en portent encore les traces.

L'enquête sur la mort de Nahel, devenue un symbole du débat sur les violences policières, doit notamment établir si l'usage de l'arme à feu était légitime.

Une première version policière, selon laquelle l'adolescent aurait foncé sur le motard, a rapidement été infirmée par la vidéo des faits, diffusée sur les réseaux sociaux.

Policier libéré

Pendant cinq mois, le policier auteur du tir, Florian M., âgé de 38 ans au moment des faits, avait été placé en détention provisoire.

Mais en novembre, il a été libéré et placé sous contrôle judiciaire après plusieurs demandes de son conseil.

Les juges qui ont décidé de sa remise en liberté avaient reconnu qu'il existait encore "des divergences entre les différentes versions données", mais que "le risque de concertation" apparaissait désormais, "dans cette configuration, moins prégnant" et "ne saurait justifier la poursuite de la détention provisoire à ce titre".

"L'information judiciaire a progressé", les parties civiles et les deux policiers ayant été auditionnés, ont indiqué les magistrats.

Ils soulignent également que "si le trouble à l'ordre public demeure", "il est moindre qu'à la date du placement en détention provisoire".

Après la libération de Florian M., Mounia, la mère de Nahel qui l'élevait seule, avait appelé à un rassemblement auquel quelques centaines de personnes s'étaient rendues dans le calme.

"Un policier tue un enfant, arabe ou noir, devient millionnaire et sort de prison, retrouve sa famille tranquillement pour les fêtes", avait-elle déploré dans une vidéo, en référence à la cagnotte qui a récolté plus de 1,6 million d'euros en soutien à la famille du policier.

"Elle est très stressée, ça ravive de mauvais souvenirs", estime Me Boudi, son conseil.

L'avocat de Florian M. n'a pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.