Les attaques des Houthis en mer Rouge, une menace pour Israël

Les attaques de la milice houthie du Yémen contre les navires commerciaux de la mer Rouge, en réponse aux bombardements israéliens sur Gaza, risquent d’affecter l'économie israélienne (Photo, Shutterstock).
Les attaques de la milice houthie du Yémen contre les navires commerciaux de la mer Rouge, en réponse aux bombardements israéliens sur Gaza, risquent d’affecter l'économie israélienne (Photo, Shutterstock).
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Publié le Jeudi 21 décembre 2023

Les attaques des Houthis en mer Rouge, une menace pour Israël

  • Les attaques contre les navires commerciaux se sont multipliées depuis la mi-novembre en représailles aux bombardements sur Gaza
  • Les experts estiment qu'une perturbation prolongée de la navigation pourrait inciter Israël à riposter contre la milice, ce qui aggraverait le conflit

DUBAI: Deux des plus grandes compagnies maritimes du monde, Maersk et Hapag-Lloyd, ont récemment suspendu le passage des porte-conteneurs par le détroit de Bab al-Mandab, en mer Rouge, à la suite d'une série d'attaques menées par la milice houthies du Yémen contre les navires commerciaux.

La perturbation de la route maritime, qui relie l'océan Indien à la mer Rouge, a interrompu les flux commerciaux et accru les tensions géopolitiques au Moyen-Orient. L'une des économies de la région particulièrement exposée est celle d'Israël.

«Il est certain qu'il y aura un impact économique. Ce n'est pas bon pour les économies de tous les pays riverains de la mer Rouge», a-t-il expliqué.

Et ce ne sont pas seulement les routes maritimes proches de chez nous qui sont touchées.

Ce mercredi, le gouvernement malaisien a annoncé qu'il interdisait à tous les navires appartenant à des Israéliens ou battant pavillon israélien, ainsi qu'à tous les navires à destination d'Israël, d'accoster dans ses ports, en réponse à la conduite d'Israël dans son conflit avec le Hamas.

Les attaques contre les navires de commerce en mer Rouge se sont multipliées depuis la mi-novembre en réponse aux bombardements israéliens sur Gaza, ce qui a incité certains navires à interrompre leurs opérations dans la région ou à se dérouter via la pointe sud de l'Afrique.

Outre Maersk et Hapag-Lloyd, la compagnie pétrolière BP et le groupe pétrolier Frontline ont également annoncé qu'ils éviteraient la route de la mer Rouge pour passer par le cap de Bonne-Espérance, en Afrique, un détour qui peut prendre dix jours de plus et ajouter quelque 3 500 milles nautiques au voyage.

Les prix du pétrole et du gaz ont grimpé et les primes d’assurance de transport ont presque doublé pour certains transporteurs à cause des perturbations.

La milice Houthi, qui fait partie du même axe de résistance que le groupe militant palestinien Hamas, a déclaré que les attaques contre la navigation commerciale étaient un acte de représailles pour «l'oppression du peuple palestinien».

Le porte-avions USS Gerald R. Ford se ravitaille auprès du pétrolier ravitailleur USNS Laramie en Méditerranée orientale, le 11 octobre 2023 (Photo, US Navy via AP).

Lors d'un incident très médiatisé survenu le 19 novembre, des hommes armés houthis se sont filmés en train de descendre en rappel d'un hélicoptère sur le pont du cargo Galaxy Leader, prenant ainsi le contrôle du navire et de ses 25 membres d'équipage internationaux.

Le navire britannique battant pavillon des Bahamas, exploité par une société japonaise mais ayant des liens avec un homme d'affaires israélien, se dirigeait de la Turquie vers l'Inde lorsqu'il a été saisi et dérouté vers le port d’Al-Hodeïda, au Yémen, où il est devenu une attraction touristique.

Les experts avertissent que ces attaques ont augmenté la possibilité que la guerre d'Israël contre le Hamas à Gaza, lancée en réponse à l'attaque du groupe militant palestinien contre le sud d'Israël le 7 octobre, s'étende à l'ensemble de la région.

Le 15 décembre, la compagnie maritime danoise Maersk a demandé à tous ses navires en mer Rouge d'interrompre leurs voyages dans le détroit de Bab al-Mandab après un «incident évité de justesse» impliquant le navire Maersk Gibraltar et «une nouvelle attaque contre un porte-conteneurs».

Les attaques de vendredi contre le Maersk Gibraltar et l'Al-Jasrah de Hapag-Lloyd se sont produites près du Bab al-Mandab, par lequel passent chaque année quelque 20 000 navires desservant les ports des États riverains, dont le port israélien d'Eilat.

Le navire Maersk Gibraltar a été la cible d'un missile alors qu'il se rendait de Salalah (Oman) à Djeddah (Arabie Saoudite). L'équipage et le navire ont été déclarés sains et saufs.

Des Palestiniens récupèrent leurs biens après une attaque israélienne à Rafah, dans la bande de Gaza, en décembre (Photo, AP).

Le 19 décembre, le gouvernement américain a annoncé l'opération «Prosperity Guardian», une coalition maritime internationale incluant des pays occidentaux et arabes pour protéger la navigation en mer Rouge.

Lloyd Austin, le secrétaire américain à la défense, a tenu une réunion virtuelle avec les ministres de plus de 40 pays mardi, et a appelé davantage de pays à contribuer aux efforts visant à assurer la sécurité de la navigation dans la région.

«Actuellement, nous avons une force multinationale dirigée par les États-Unis. Il a donc été demandé aux Israéliens de ne pas régler la situation, mais de permettre à une force d'intervention internationale de s'en occuper afin de ne pas transformer la situation en une confrontation entre les Houthis et l'Iran avec les Israéliens», a indiqué Kahwaji.

«Le prétexte de cette nouvelle force est qu'il s'agit d'une attaque contre la navigation internationale, et donc d'une réponse globale. Aujourd'hui, nous avons une coalition de neuf pays qui va probablement s'élargir, et qui mènera des opérations pour protéger les voies maritimes et ripostera probablement aux attaques contre les navires», a-t-il précisé.

EN CHIFFRES

* 12% = Proportion du commerce mondial annuel qui passe par la mer Rouge.

* 1 000 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,91 euro) = Valeur des marchandises commerciales transitant par la mer Rouge chaque année.

* 20 000 = Nombre de navires qui passent par le détroit de Bab al-Mandab chaque année.

* 3 500 milles nautiques = Distance supplémentaire autour du cap de Bonne-Espérance.

Dans certains cas, les miliciens houthis ont abordé ou tenté d'aborder des navires marchands, tandis que dans d'autres cas, ils ont ciblé des cargos avec des missiles et des drones. Bien que les dégâts soient minimes, la situation reste tendue.

Selon Reuters, plusieurs porte-conteneurs ancrés en mer Rouge ont désactivé leurs systèmes de repérage pendant qu'ils ajustent leur trajectoire.

De nombreux navires continuent d'emprunter la voie maritime, dont plusieurs ont des gardes armés à bord, selon l'agence de presse Reuters, citant des données du London Stock Exchange Group.

Bien que les attaques des Houthis et les perturbations du transport maritime commercial qui en découlent auront probablement un impact sur l'économie israélienne, les experts estiment qu'il est peu probable que le pays connaisse des pénuries ou une inflation importante des prix.

Des membres de la milice houthie lors de la capture d'un cargo lié à Israël dans un lieu non défini de la mer Rouge (Photo, AP).

«Israël a des débouchés sur la mer Rouge et la Méditerranée», a déclaré Kahwaji, prédisant que les autorités israéliennes détourneront tous les navires vers le port de Haïfa, le plus grand des trois grands ports maritimes internationaux d'Israël.

«Oui, l'économie israélienne sera affectée, mais cela signifie-t-il qu'Israël ne pourra rien obtenir? Non», a-t-il ajouté.

En tant que l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, la mer Rouge est située au sud du canal de Suez et constitue la plus importante voie navigable reliant l'Europe à l'Asie et à l'Afrique de l'Est.

Tout navire passant par le canal de Suez en direction ou en provenance de l'océan Indien doit passer par le détroit de Bab al-Mandab et la mer Rouge.

Le canal de Suez est la voie maritime la plus rapide entre l'Asie et l'Europe. Il est particulièrement important pour le transport du pétrole et du gaz naturel liquéfié.

Lloyd Austin, secrétaire américain à la défense, a tenu une réunion virtuelle avec les ministres de plus de 40 pays mardi, et a appelé davantage de pays à contribuer aux efforts visant à assurer la sécurité du transport maritime dans la région (Photo, AFP).

Environ 12% du commerce mondial passe par la mer Rouge, dont 30% du trafic mondial de conteneurs et des marchandises d'une valeur de 1 000 milliards de dollars chaque année.

Des milliards de dollars de marchandises et de fournitures commerciales transitent chaque année par la mer Rouge. Cela signifie que les retards ou les perturbations peuvent avoir un impact sur les prix du pétrole, la disponibilité des produits électroniques et d'autres aspects du commerce mondial.

Le détroit de Bab al-Mandab est un point d'étranglement particulièrement vulnérable le long de la route maritime, ce qui en fait une cible pour la piraterie et le terrorisme. Situé à l'extrémité sud de la mer Rouge, entre Djibouti et le Yémen, le détroit mesure 18 milles nautique de large à son point le plus étroit.

Si l'opération navale menée par les États-Unis en mer Rouge ne parvient pas à dissuader les Houthis de lancer de nouvelles attaques contre la navigation commerciale, entraînant des perturbations prolongées, Israël pourrait se sentir contraint d'agir contre la milice yéménite, ce qui marquerait une escalade régionale potentiellement dangereuse.

En effet, étant donné que les États-Unis souhaitent éviter une implication directe dans un conflit potentiel ou une escalade impliquant l'Iran et ses nombreuses milices mandataires dans la région, peu de gens s'attendent à ce que la force navale conjointe fasse plus que des patrouilles.

«Tout dépend des règles d'engagement qui seront adoptées par cette nouvelle force navale conjointe», a précisé Kahwaji.

«Adopteront-ils des règles d'engagement restreintes qui les limitent à la protection des navires et à la défense contre les drones ou les missiles? Ou prendront-ils des mesures proactives, en menant des frappes préventives, en ripostant aux attaques en s'attaquant aux lanceurs de missiles, en ciblant les bases à partir desquelles les houthis lancent les drones?»

À l'heure actuelle, les attaques contre la navigation commerciale constituent une menace pour les économies régionales, dont beaucoup sont encore en train d'ajuster leurs chaînes d'approvisionnement après les perturbations causées par la pandémie de la Covid-19 et l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Si les attaques des Houthis en mer Rouge se poursuivent ou s'intensifient, entraînant des pertes parmi les équipages, le naufrage de navires ou des attaques contre des cibles militaires, le conflit a toutes les chances de s'étendre au-delà de Gaza et d'embraser la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.

 


Le procureur de la CPI, Karim Khan, rencontre le nouveau dirigeant syrien 

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  • Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire
  • M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion

DAMAS: Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a été reçu vendredi par le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar al-Assad accusé de crimes durant la guerre civile, a indiqué l'agence de presse officielle Sana.

M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion.

Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire.

Le groupe islamiste de M. Chareh, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition qui a renversé Assad le 8 décembre, plus de 13 ans après la répression sanglante de manifestations anti-Assad ayant déclenché une guerre qui a fait plus de 500.000 morts.

Les nouvelles autorités ont promis de rendre justice aux victimes des atrocités commises durant les décennies de règne du clan Assad, s'engageant à juger les responsables impliqués dans la torture des détenus.

Elles ont exhorté la communauté internationale à leur remettre les personnes recherchées qui ont fui.

La CPI, basée à La Haye, n'a pas été en mesure d'enquêter sur la Syrie car le pays n'a jamais ratifié le Statut de Rome, son traité fondateur.

En 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à renvoyer le dossier syrien devant la CPI.

 


Explosion au port de Beyrouth: le juge reprend ses enquêtes après deux ans de suspension

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
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  • M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires
  • La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur la  gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth a repris ses investigations et engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes jeudi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale du Liban, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6.500.

M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

M. Aoun et M. Salam se sont engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et à empêcher toute ingérence dans le travail du juge, dans un pays où la culture de l'impunité prévaut.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes".

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d'interrogatoire sont également prévues en mars et avril avec d'autres inculpés, parmi lesquels des anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar prévoit ensuite de clore l'enquête et de la transmettre au procureur général près la Cour de cassation pour qu'il examine l'affaire, en vue de formuler un acte d'accusation.

"Espoir" 

"Les promesses faites par le président et le Premier ministre, puis la reprise de l'enquête (...) aujourd'hui, nous donnent l'impression qu'il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous n'avons cessé de lutter, ne seront pas oubliés", a déclaré à l'AFP Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans l'explosion.

Jeudi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a appelé à la "reprise d'une enquête indépendante", insistant sur la nécessité que les responsables "rendent des comptes" et proposant l'aide de son Bureau à cette fin.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait dû jeter l'éponge, après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s'était à son tour attaqué à des responsables politiques, mais a été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah qu'il soit démis de ses fonctions.

Il avait repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d'être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches de victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la formation d'une commission d'enquête internationale, mais s'étaient heurtés à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a dit qu'il ferait "tout son possible pour rendre justice aux victimes de l'explosion".