CASABLANCA: Et de 3 pour le Comte de Bouderbala! C’est d’ailleurs le titre du dernier spectacle de l’humoriste: 3. Le comédien a joué à Casablanca ce one-man-show plus personnel que ses précédents spectacles. Le Franco-Algérien se produisait au Maroc pour la première fois.
«C'était intéressant. Cela m'a donné envie d'y retourner pour voir à quel niveau j'étais, parce que quand on est enfants d'immigrés, jouer au Maghreb, ce n’est jamais dans les mêmes conditions qu’en France. C'est toujours pour une certaine catégorie de personnes, à cause des prix, du contexte... Ça remet les idées en place», confie-t-il à Arab News en français.
Dans son nouveau show, Sami Ameziane, alias le Comte de Bouderbala, évoque sa vie personnelle, ses tentatives d’acting au cinéma, sa carrière de basketteur et la société en général. Son humour, bienveillant, parfois sarcastique, voire cynique, a conquis le public.
Changer de registre
«Dans les deux premiers spectacles, certaines choses me plaisaient et d'autres moins. J'avais 29 ans quand j’ai commencé ma carrière. Forcément, on n'est plus le même à 44 ans. Je voulais changer de registre, proposer quelque chose de plus personnel.»
Dans son spectacle, l’artiste évoque également certains faits divers ainsi que des phénomènes de société. Des événements, des situations tantôt cocasses, tantôt dramatiques, qui lui permettent parfois de délivrer un message. «Parfois, faire prendre conscience d'une situation à certaines personnes peut faire avancer les choses. Si c'est un bon sketch, tu passes à la postérité, si tu as fait comprendre certaines choses aux gens sans être moralisateur, parce que je n'aime pas faire la morale dans mes spectacles. Un spectacle, c'est un moment d'harmonie, un moment suspendu.»
C‘est à Saint-Denis, en banlieue parisienne, que Sami grandit, se lance dans le milieu artistique et devient le Comte de Bouderbala. Il choisit d’ailleurs son nom d’artiste lors de sa première scène. Il était aux côtés de son camarade de colonie de vacances, un certain Grand Corps Malade.
«Il y a beaucoup de similarités entre le sport et la scène: l'adrénaline, le trac, le regard du public. Le public, c'est un partenaire et un adversaire en même temps. On doit avoir du rythme, on doit gagner, le convaincre…»
«On faisait du slam sur scène et on voyait que les gars avaient chacun des pseudos; on était trois et on s'est dit qu'on allait en prendre un. Lui a pris “Grand Corps Malade”, mon pote a choisi “John Pucc’ Chocolat”, et moi “Comte de Bouderbala”, car c'était assez identifié et que “bouderbala” signifie “haillons” en arabe. Pour “comte”, c’est par rapport à la ville de Saint-Denis et sa basilique, où sont enterrés tous les rois de France. C'est une espèce de faux noble un peu mal habillé. Mais l'habit ne fait pas le moine!», s’amuse-t-il.
Avant de connaître ses premiers succès sur scène, c’est donc sur les parquets que Sami Ameziane a excellé. Ce champion de basket a joué en tant que professionnel en Algérie et en France avant de rejoindre le banc des Huskies du Connecticut, aux États-Unis. En 2005, il remporte même le titre de la Conférence Est avec l’équipe universitaire.
Un partenaire et un adversaire
«Je suis arrivé à la scène parce que j'ai eu ce parcours. Il y a beaucoup de similarités entre le sport et la scène: l'adrénaline, le trac, le regard du public. Le public, c'est un partenaire et un adversaire en même temps. On doit avoir du rythme, on doit gagner, le convaincre…»
Une expérience exceptionnelle que Sami raconte dans son livre Amazing. Ce récit qui retrace son histoire et son parcours, il le partage avec son public dans son dernier spectacle, en tournée partout en France.
«J’ai écrit ce livre pour mon père, paix à son âme, et pour mes enfants. Je voulais laisser une trace et montrer aux gens qu'il faut savoir rêver, bosser, tenter le coup. Souvent, dans nos sociétés françaises et maghrébines, on nous empêche de rêver. On ne se rend pas compte, en France, de la chance qu'on a en tant qu’enfant d'immigrés. Dès qu'on passe une frontière, on est géniaux! On parle plusieurs langues, on sait faire plein de choses et, même si on est rabaissés ici, ce n'est pas une finalité. Il ne faut pas hésiter à se mettre en danger, passer une frontière et aller voir ce qu'il y a ailleurs. C'était l'idée de ce livre.»