Au Maroc, la normalisation avec Israël freinée par la guerre à Gaza

Des manifestants scandent des slogans et brandissent des drapeaux palestiniens lors d'une manifestation de solidarité avec le peuple palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, occupées par Israël, à Rabat, capitale du Maroc, le 16 novembre 2023, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo AFP)
Des manifestants scandent des slogans et brandissent des drapeaux palestiniens lors d'une manifestation de solidarité avec le peuple palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, occupées par Israël, à Rabat, capitale du Maroc, le 16 novembre 2023, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo AFP)
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Publié le Vendredi 24 novembre 2023

Au Maroc, la normalisation avec Israël freinée par la guerre à Gaza

  • Défense, agriculture, nouvelles technologies, tourisme: la coopération bilatérale s'était accélérée dans la foulée de l'accord de normalisation, signé en décembre 2020
  • Mais depuis le 7 octobre, les liaisons aériennes entre Israël et le Maroc ont été suspendues, les touristes israéliens se sont volatilisés comme les investisseurs

RABAT, Maroc : Les échanges entre le Maroc et Israël prospéraient à la faveur de la normalisation de leur relations il y a trois ans, mais la guerre à Gaza et le soutien de la population marocaine à la cause palestinienne ont coupé cet élan, estiment des analystes.

Défense, agriculture, nouvelles technologies, tourisme: la coopération bilatérale s'était accélérée dans la foulée de l'accord de normalisation, signé en décembre 2020 et en contrepartie duquel le Maroc a engrangé les reconnaissances américaine puis israélienne de sa souveraineté sur le territoire disputé du Sahara occidental.

Mais depuis le 7 octobre et l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien, prélude à une nouvelle guerre dans la bande de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste, les liaisons aériennes entre Israël et le Maroc ont été suspendues, les touristes israéliens se sont volatilisés comme les investisseurs.

«Du jour au lendemain, il n'y avait plus personne. Les Israéliens qui étaient là se sont sauvés, ils ont eu très peur», relate Michel Cohen, investisseur franco-israélien, propriétaire d'un restaurant cacher à Marrakech ayant fermé, comme 11 autres sur les 14 qui avaient ouvert dans la foulée de la normalisation.

En parallèle, les manifestations pro-palestiniennes, qui avaient toujours été un vecteur de mobilisation mais s'étaient essoufflées ces trois dernières années, ont repris de l'ampleur, donnant lieu à des appels à une rupture des relations entre le Maroc et Israël.

Face aux images de Gaza bombardée sans relâche, «la société civile (marocaine) exprime sa grogne et Rabat a dû tenir compte de cette demande populaire», relève Zakaria Abouddahab, professeur de relations internationales à l'université Mohammed V.

Depuis le 7 octobre, le ton de Rabat a évolué: exprimant d'abord sa «profonde préoccupation» et condamnant toute attaque contre des civils, le royaume a fini par dénoncer, le 11 novembre lors d'un sommet arabo-islamique à Ryad, «la persistance d'Israël dans son agression flagrante contre les civils désarmés». Sans jamais condamner l'attaque du Hamas elle-même.

- «Gagnant-gagnant» -

A Gaza, plus de 14.500 personnes ont été tuées dans les frappes israéliennes en représailles à l'attaque du Hamas, la plus meurtrière commise en Israël depuis la création de l'Etat en 1948, ayant fait 1.200 morts, d'après les autorités locales.

«Le Maroc aujourd'hui est dans une situation très délicate», avec d'un côté «un désir profond de maintenir une relation gagnant-gagnant» et «la pression de la rue» de l'autre, analyse M. Abouddahab.

En octobre, l'évacuation du bureau de liaison israélien à Rabat pour des raisons de sécurité, rapportée par des médias marocains, a rappelé la rupture des relations en 2000, sur fond de seconde Intifada (soulèvement palestinien).

Rabat avait alors dénoncé la «violence israélienne», causant la fermeture du bureau israélien.

Mais selon des analystes, ce scénario est peu probable aujourd'hui.

«On va maintenir la relation mais ralentir la cadence des rencontres, des visites», estime M. Abouddahab auprès de l'AFP.

Difficile dans ce contexte d'imaginer le royaume accueillir des responsables israéliens de haut niveau et encore moins le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lui-même, dont une visite était pressentie d'ici la fin de l'année.

- «Cordon ombilical» -

D'après Jamal Amiar, auteur de «Le Maroc, Israël et les Juifs marocains», les liens tissés depuis 2020, militaires, sécuritaires et économiques, sont trop forts pour être rompus même si le soutien à la normalisation -- qui n'était déjà que de 31% l'an dernier d'après un sondage du réseau Arab Barometer -- a encore baissé.

Une rupture créerait aussi «un désordre diplomatique», notamment avec l'administration américaine, dit-il, rappelant que le soutien sur la question du Sahara occidental était aux yeux de Rabat une «contrepartie énorme» à la normalisation.

M. Amiar préconise que le royaume fasse de sa position délicate «un atout» pour «jouer un rôle plus dynamique» dans les efforts de médiation, misant sur ses liens avec Israël, les pays arabes mais aussi l'importante communauté juive au Maroc, qui en fait un pays unique dans le monde arabe.

Estimés à 3.000 personnes, les Juifs marocains demeurent la principale communauté juive d'Afrique du Nord, alors que quelque 700.000 Israéliens sont d'ascendance marocaine et ont gardé une forte attache avec leur pays d'origine.

«Les fondamentaux de la relation maroco-israélienne sont forts, ils ont des racines», dit M. Amiar à l'AFP.

Au Maroc, il y a une «véritable» coexistence entre musulmans et juifs, assure Jacky Kadoch, représentant de la communauté juive de Marrakech, qui veut croire à un retour à la normale, car malgré les crises répétitives, «le cordon ombilical ne s'est jamais coupé entre les deux pays».


Gaza: le ministère de la Santé du Hamas annonce 1.042 morts depuis la reprise des frappes israéliennes

 Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien, dont 41 au cours des dernières 24 heures. (AFP)
Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien, dont 41 au cours des dernières 24 heures. (AFP)
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  • Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées
  • Le ministère ajoute dans un communiqué que les bombardements et l'offensive au sol d'Israël ont également fait 2.542 blessés depuis le 18 mars

GAZA: Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien, dont 41 au cours des dernières 24 heures.

Le ministère ajoute dans un communiqué que les bombardements et l'offensive au sol d'Israël ont également fait 2.542 blessés depuis le 18 mars, et que le bilan total depuis le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, se monte désormais à 50.399 morts dans la bande de Gaza.

 


Djibouti : nomination d'un nouveau ministre des Affaires étrangères

Le ministre des Affaires étrangères de Djibouti et candidat à la Commission de l'Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, pose pour une photo lors du 38e sommet de l'Union africaine (UA), au cours duquel les dirigeants éliront un nouveau chef de la Commission de l'UA, au siège de l'UA à Addis-Abeba, le 15 février 2025. (Photo Amanuel Sileshi / AFP)
Le ministre des Affaires étrangères de Djibouti et candidat à la Commission de l'Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, pose pour une photo lors du 38e sommet de l'Union africaine (UA), au cours duquel les dirigeants éliront un nouveau chef de la Commission de l'UA, au siège de l'UA à Addis-Abeba, le 15 février 2025. (Photo Amanuel Sileshi / AFP)
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  • Un nouveau ministre des Affaires étrangères a été nommé à Djibouti pour remplacer Mahamoud Ali Youssouf, élu en février à la tête de la Commission de l'Union africaine
  • Abdoulkader Houssein Omar, ancien ambassadeur à Koweït et en Jordanie, est nommé « au poste de ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale.

ADDIS ABEBA, ETHIOPIE : Un nouveau ministre des Affaires étrangères a été nommé à Djibouti pour remplacer Mahamoud Ali Youssouf, élu en février à la tête de la Commission de l'Union africaine, selon un décret présidentiel publié mardi.

Abdoulkader Houssein Omar, ancien ambassadeur à Koweït et en Jordanie, est nommé « au poste de ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, porte-parole du gouvernement » d'après le décret signé par le chef de l'État, Ismaïl Omar Guelleh.

« On ne parle même pas de remaniement ministériel, c'est le seul changement au sein du gouvernement », a précisé à l'AFP Alexis Mohamed, porte-parole de la présidence djiboutienne.

L'ancien titulaire du poste, Mahamoud Ali Youssouf, était resté à la tête de la diplomatie de Djibouti pendant près de 20 ans.

Le chef de l'État Ismaël Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, quittera son poste à la suite de la prochaine élection présidentielle, prévue en 2026.

Djibouti, pays parmi les moins peuplés du continent avec quelque un million d'habitants, joue un rôle central dans la région.

Îlot de stabilité prisé dans une région troublée, ce pays d'Afrique de l'Est est situé face au Yémen, à la sortie de la mer Rouge, dans le détroit de Bab-el-Mandeb où transite une grande part du commerce mondial entre Asie et Occident.

La France, ancienne puissance coloniale de plus en plus contestée sur le continent, y dispose de bases militaires en compagnie des États-Unis et de la Chine.


Une étude saoudienne sur le microbiome de l'œil humain participe au lancement de la fusée SpaceX

Une mission saoudienne visant à étudier les effets de la faible gravité sur le microbiome de l'œil humain a rejoint le lancement du vol Fram2 de SpaceX dans la nuit de lundi à mardi. (Reuters)
Une mission saoudienne visant à étudier les effets de la faible gravité sur le microbiome de l'œil humain a rejoint le lancement du vol Fram2 de SpaceX dans la nuit de lundi à mardi. (Reuters)
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  • L'étude menée par Falak for Space Science and Research portera sur les bactéries et autres micro-organismes de l'œil dans des conditions de microgravité.
  • « Ce projet contribuera à la réalisation de progrès qualitatifs en matière d'éducation et de recherche dans le domaine de l'espace et des technologies associées », a déclaré le Dr Ayoub Al-Subehi, PDG de Falak,

RIYAD : Une mission saoudienne visant à étudier les effets de la faible gravité sur le microbiome de l'œil humain s'est jointe au lancement du vol Fram2 de SpaceX dans la nuit de lundi à mardi.

L'étude menée par Falak for Space Science and Research examinera les bactéries et autres micro-organismes de l'œil dans des conditions de microgravité.

Une équipe de chercheurs a recueilli des échantillons biologiques de cultures microbiennes et a effectué des tests pour s'assurer que les échantillons pouvaient résister aux conditions de lancement et revenir de l'espace en toute sécurité.

« Ce projet contribuera à la réalisation de progrès qualitatifs en matière d'éducation et de recherche dans le domaine de l'espace et des technologies associées », a déclaré le Dr Ayoub Al-Subehi, PDG de Falak, à l'agence de presse saoudienne avant le lancement.

L'étude du microbiome oculaire dans l'espace est un domaine de recherche émergent. Cette expérience analysera les taux de croissance des micro-organismes dans l'espace par rapport aux taux de croissance sur Terre.

Elle permettra également de suivre les changements génétiques et protéiques pouvant résulter de l'exposition à la microgravité.

L'expérience vise également à évaluer la capacité des microbes à former des biofilms, ce qui peut augmenter le risque d'infection dans l'espace, ainsi qu'à analyser les changements dans la résistance microbienne aux antibiotiques après une exposition à la microgravité.

Le Dr Wedad bint Saeed Al-Qahtani, chercheuse dans le cadre de la mission, a déclaré : « Étudier l'impact de l'environnement spatial sur la microflore naturelle de l'œil pourrait fournir des données précieuses sur la façon dont elle réagit aux conditions de microgravité. Cela pourrait aider à développer de nouvelles stratégies et de nouveaux protocoles pour préserver la santé des yeux. »

Un autre scientifique de la mission, le professeur Salwa Al-Hazza, a souligné l'importance de la recherche ophtalmologique en déclarant : « Ce que nous faisons aujourd'hui ne se limite pas à l'envoi d'une expérience scientifique dans l'espace, mais constitue une étape fondamentale pour mieux comprendre l'impact de l'environnement spatial sur la santé oculaire.

Nous espérons que les résultats contribueront au développement de futures solutions médicales qui amélioreront les soins de santé oculaire, à la fois dans l'espace et sur Terre. 

Cela permettra également de porter fièrement le drapeau saoudien et de représenter une étape importante dans l'engagement du Royaume à innover scientifiquement et à renforcer son rôle grandissant dans le secteur spatial mondial. »

Cette mission s'inscrit dans le cadre des efforts déployés à l'échelle mondiale pour étudier l'impact de l'espace sur la santé humaine. Elle a été précédée par des recherches similaires sur l'effet de la microgravité sur les microbiomes intestinaux et buccaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com