Deuxième anniversaire des accords d'Abraham: avantages et coûts de la normalisation arabo-israélienne

Le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, Abdullatif al-Zayani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président américain Donald Trump et le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Abdullah ben Zayed al-Nahyan, signent les accords d'Abraham à la Maison Blanche en 2020. (AFP)
Le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, Abdullatif al-Zayani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président américain Donald Trump et le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Abdullah ben Zayed al-Nahyan, signent les accords d'Abraham à la Maison Blanche en 2020. (AFP)
Short Url
Publié le Samedi 17 septembre 2022

Deuxième anniversaire des accords d'Abraham: avantages et coûts de la normalisation arabo-israélienne

  • Dans le cadre de l'accord avec les EAU, Israël s'est engagé à suspendre ses projets d'annexion des territoires palestiniens occupés
  • Deux ans après, même les signataires de l'accord doutent qu'il ait rectifié le comportement d'Israël

WASHINGTON D.C. : Il y a deux ans, les Émirats arabes unis et le Bahreïn officialisaient les accords de paix qu'ils avaient conclus avec Israël le mois précédent en signant les accords d'Abraham à la Maison Blanche, lors d'une cérémonie parrainée par Donald Trump, alors président des États-Unis.

Lorsque les cheikhs Abdullah ben Zayed et Abdullatif al-Zayani, respectivement ministres des affaires étrangères des Émirats arabes unis et de Bahreïn, et l'ancien Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ont apposé leur signature sur le document, le 15 septembre 2020, ce moment a été salué comme le début d'une nouvelle ère pour la diplomatie au Moyen-Orient.

Dans le cadre de l'accord, Israël a déclaré qu'il suspendrait ses projets d'annexion des territoires palestiniens occupés. Le cheikh Abdullah avait affirmé alors que les Émirats arabes unis restaient attachés à la solution des deux États et que leur soutien à la cause palestinienne était « indéfectible ».

La perspective d'avantages économiques et diplomatiques immédiats a incité le Soudan à normaliser ses relations avec Israël en octobre 2020. Le pays d'Afrique du Nord est devenu signataire des accords d'Abraham en janvier 2021, à peu près au même moment où il a été retiré de la liste américaine des États soutenant le terrorisme.

Le Maroc a normalisé ses relations avec Israël deux mois après le Soudan. En effet, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a signé un accord de sécurité avec son homologue marocain en novembre 2021. Israël a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange de l'établissement de liens.

Deux ans après la cérémonie de signature des accords d'Abraham sur la pelouse de la Maison Blanche, il est désormais possible d'évaluer de manière logique et impartiale certains des résultats de l'accord, à savoir, son incidence sur les liens bilatéraux ou la partie qui en a le plus tiré profit.

Outre l'engagement diplomatique et la coopération économique, Israël et les signataires des accords d'Abraham devaient collaborer dans plusieurs domaines d'intérêt commun, notamment l'énergie, l'agriculture, le tourisme, la sécurité et l'innovation technologique.

Les représentants des gouvernements israélien et bahreïni ont eu des échanges publics depuis la signature des accords. Israël a commencé à importer de l'aluminium de Bahreïn, et les deux pays prévoient de signer un accord permettant le transbordement de marchandises arrivant par voie maritime à Bahreïn sur des avions à destination d'Israël.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid (G), accueille le ministre bahreïni des Affaires étrangères, Abdullatif ben Rashid al-Zayani, à son arrivée au Sommet du Néguev, à Sde Boker, dans le désert du Néguev, le 27 mars 2022. (AFP/Photo de dossier)
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid (G), accueille le ministre bahreïni des Affaires étrangères, Abdullatif ben Rashid al-Zayani, à son arrivée au Sommet du Néguev, à Sde Boker, dans le désert du Néguev, le 27 mars 2022. (AFP/Photo de dossier)

L'année dernière, le Premier ministre israélien, Yair Lapid, alors ministre des Affaires étrangères, a effectué la première visite ministérielle à Bahreïn, où il a inauguré l'ambassade d'Israël à Manama. En février de cette année, M. Gantz est devenu le premier ministre israélien de la Défense à se rendre officiellement dans ce pays du Golfe. Il était accompagné de plusieurs hauts responsables militaires et sécuritaires, dont le chef de la marine israélienne.

M. Gantz a signé un protocole d'accord avec son homologue bahreïni, officialisant une relation de sécurité qui, selon son bureau, « contribuera à faire progresser la coopération en matière de renseignement et entre les industries de défense des deux pays. Elle fournira également un cadre aux exercices communs ».

La visite de Gantz a eu lieu au moment où la 5e flotte de la marine américaine, basée à Bahreïn, lançait son exercice maritime international biennal 2022. La marine israélienne a participé à l'exercice, rejoignant pour la première fois publiquement des pays arabes et musulmans avec lesquels Israël n'a pas de relations diplomatiques.

En ce qui concerne le Maroc et Israël, les deux pays coopèrent aujourd'hui dans des domaines tels que l'éducation, le tourisme, les investissements transfrontaliers, les énergies renouvelables et la sécurité. Le Maroc a une forte tradition juive avec de nombreux bâtiments, monuments et cimetières juifs historiques. Le Maroc accueille également la plus grande communauté juive dans un pays arabe. Israël, quant à lui, abrite l'une des plus grandes communautés d'expatriés marocains.

Les drapeaux israélien et marocain sont photographiés lors d'une cérémonie officielle à Tel Aviv, ville côtière méditerranéenne d'Israël. (AFP)
Les drapeaux israélien et marocain sont photographiés lors d'une cérémonie officielle à Tel Aviv, ville côtière méditerranéenne d'Israël. (AFP)

La croissance du commerce du Maroc avec Israël de 84% en une année – pour atteindre 41,6 millions de dollars – est considérée par les deux pays comme le début d'une nouvelle relation commerciale précieuse. Le savoir-faire technique israélien, combiné aux capitaux des partenaires de l'accord d'Abraham, Bahreïn et les EAU, pourrait donner un coup de fouet aux efforts du Maroc pour se diversifier en s'éloignant des combustibles fossiles.

En revanche, l'accord complet entre Israël et le Soudan n'a pas encore abouti en raison de l'instabilité et du coup d'État d'octobre 2021. En mai, l'administration Biden a suspendu l'aide au développement, au commerce et à l'investissement au Soudan, y compris l'aide alimentaire liée à son accord de normalisation avec Israël, comme les expéditions de blé.

Comme on pouvait s'y attendre, les échanges et le commerce entre Israël et les EAU ont prospéré depuis la normalisation des relations il y a deux ans. En mai de cette année, les deux pays ont signé un accord de partenariat économique global qui devrait porter le commerce bilatéral à plus de 10 milliards de dollars d'ici cinq ans et ajouter 1,9 milliard de dollars au produit intérieur brut des EAU d'ici 2030.

Le 27 juin, Amir Hayek, ambassadeur d'Israël aux EAU, a déclaré dans un message publié sur Twitter que le volume total des échanges commerciaux entre les deux pays pour les cinq premiers mois de l'année avait atteint une valeur de 912,1 millions de dollars, contre 399,5 millions de dollars au cours de la même période l'année dernière.

Des activistes palestiniens et autres brandissent des drapeaux nationaux face aux forces de sécurité israéliennes, lors d'une manifestation contre les colonies juives. (AFP)
Des activistes palestiniens et autres brandissent des drapeaux nationaux face aux forces de sécurité israéliennes, lors d'une manifestation contre les colonies juives. (AFP)

Au cours des deux dernières années, Israël et les EAU ont également signé des accords de plusieurs milliards de dollars dans les domaines de la médecine, des investissements bilatéraux et de la navigation spatiale.

En juillet, les États-Unis, Israël, les EAU et l'Inde ont annoncé la formation d'un nouveau bloc, I2U2, dans le but de renforcer la collaboration technologique dans la région et de relever les défis transnationaux dans six domaines principaux : l'eau, l'énergie, les transports, l'espace, la santé et la sécurité alimentaire.

Le tourisme entre les EAU et Israël s'est également développé rapidement depuis 2020. Les vols commerciaux entre les deux pays ont débuté en novembre 2020, avec des vols quotidiens à partir de l'année suivante. Les sites web touristiques cherchent à attirer les visiteurs arabes en les encourageant à visiter la mosquée Al-Aqsa et le quartier musulman de Jérusalem, en plus du musée d'art islamique.

Le flux de touristes dans le sens inverse a été encore plus important. Entre 2020 et 2021, environ 230 000 Israéliens ont visité les Émirats arabes unis, malgré les restrictions liées à la pandémie.

Cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyan (à gauche), à l’époque prince héritier d'Abu Dhabi, recevant le président israélien Isaac Herzog (2e à gauche) à Abu Dhabi au début de l'année. (AFP)
Cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyan (à gauche), à l’époque prince héritier d'Abu Dhabi, recevant le président israélien Isaac Herzog (2e à gauche) à Abu Dhabi au début de l'année. (AFP)

L'accroissement du tourisme entre Israël et les EAU a toutefois mis en évidence le large fossé qui sépare les deux sociétés. En août, de nombreux médias arabes et israéliens ont rapporté que la police israélienne avait brièvement arrêté deux touristes émiratis après une fusillade à Tel Aviv.

Bien que les deux touristes aient été relâchés et aient reçu des excuses de la part des agents qui les avaient arrêtés, de nombreux internautes ont suggéré que la police israélienne avait commis un délit de faciès, prenant les touristes émiratis pour des Palestiniens. Un utilisateur de Twitter a déclaré : « Si vous êtes arabe, Israël vous traitera toujours comme un suspect ».

L'arrestation présumée des Émiratis n'est pas la seule raison pour laquelle les Arabes du monde entier se demandent si les accords de normalisation encourageront les partisans de la ligne dure au pouvoir en Israël à adopter une position plus raisonnable envers les Palestiniens et les lieux saints de Jérusalem.

Le prince Turki al-Faisal, ancien chef des services de renseignement d’Arabie saoudite et ancien ambassadeur à Londres et à Washington, a exprimé des doutes quant au fait que les efforts de normalisation des pays arabes avec Israël conduisent à une amélioration des droits des Palestiniens.

« Le peuple palestinien fait toujours l’objet d’une occupation ; il est toujours emprisonné par le gouvernement israélien. Des attaques et des assassinats de Palestiniens ont lieu presque quotidiennement », a-t-il déclaré en mai au talk-show « Frankly Speaking » d'Arab News.

« L’usurpation de terres palestiniennes par Israël se poursuit malgré les assurances données par Israël aux signataires de l'accord de paix entre les Émirats arabes unis et Israël. Rien donc ne porte à croire que le fait d'apaiser Israël changerait son attitude ».

En juillet, citant un sondage réalisé par le Washington Institute for Near East Policy, qui demandait aux résidents des pays arabes leur avis sur la normalisation israélo-arabe, l'universitaire émirati Abdulkhaleq Abdulla a déclaré que les Émiratis voyaient le processus de normalisation d'un mauvais œil. Le sondage de 2022 a révélé que seul un Émirati sur quatre considérait l'amélioration des liens comme un développement positif.

À l'approche de la signature des accords d'Abraham, Youssef al-Otaiba, ambassadeur des Émirats arabes unis aux États-Unis, écrivait dans le site d'information israélien Ynetnews : « Aux EAU et dans une grande partie du monde arabe, nous aimerions croire qu'Israël est perçu comme une opportunité et non comme un ennemi. Nous sommes confrontés à trop de dangers communs et nous voyons le grand potentiel de liens plus étroits. La décision que prendra Israël au sujet de l'annexion sera un signal sans équivoque pour savoir s'il voit les choses de la même manière »

Les drapeaux des EAU et d'Israël flottent à l'Expo 2020 de Dubaï. (AFP/Photo de dossier)
Les drapeaux des EAU et d'Israël flottent à l'Expo 2020 de Dubaï. (AFP/Photo de dossier)

Deux ans et deux offensives militaires contre Gaza plus tard, peu d'Arabes ont probablement l'illusion que les initiatives de normalisation dans le cadre des accords d'Abraham ont changé le comportement d'Israël, et encore moins mis fin à sa politique d'annexion des terres palestiniennes.

Les appels répétés de la Ligue arabe à mettre aux violations israéliennes du caractère sacré des lieux saints de Jérusalem, à l'arrêt de la violence et au retour au calme semblent être tombés dans l'oreille d'un sourd.

Les attaques des forces de sécurité israéliennes contre les fidèles musulmans dans la mosquée Al-Aqsa et l'autorisation de prier pour les juifs sur le lieu saint sont considérées par la Ligue arabe comme une provocation flagrante pour les musulmans du monde entier.

Participant à une discussion organisée le 8 septembre par le groupe de réflexion Atlantic Council pour marquer le deuxième anniversaire des accords d'Abraham, M. al-Otaiba a appelé à faire davantage pour faire avancer la solution des deux États au conflit israélo-palestinien.

« Tout ce dont nous parlons est formidable, mais nous ne pouvons éviter de parler de la solution des deux États. Nous ne le pouvons pas », a-t-il déclaré lors de l'événement virtuel, au cours duquel il a décrit les Palestiniens comme « l'éléphant dans la pièce ».

Faisant référence aux accords d'Abraham, al-Otaiba a déclaré : « Je ne pense pas qu'ils étaient destinés à résoudre le conflit – je pense qu'ils étaient destinés à gagner de l'espace et du temps afin de permettre à la diplomatie d'aborder la solution des deux États. Je continue de penser que la solution des deux États est la seule solution possible. Je pense que nous devons œuvrer dans ce sens ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Short Url
  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Short Url
  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.