Escroquerie liée à une dette après la mort d'une Israélienne: Jusqu'à deux ans de prison requis

Un croquis du tribunal montre les accusés français Eric Robic et Claude Khayat jugés le 27 novembre 2014 dans la salle d'audience de Paris pour un accident de la route avec délit de fuite à Tel Aviv qui a tué une jeune Israélienne (Photo, AFP).
Un croquis du tribunal montre les accusés français Eric Robic et Claude Khayat jugés le 27 novembre 2014 dans la salle d'audience de Paris pour un accident de la route avec délit de fuite à Tel Aviv qui a tué une jeune Israélienne (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 22 novembre 2023

Escroquerie liée à une dette après la mort d'une Israélienne: Jusqu'à deux ans de prison requis

  • Le parquet de Bobigny a requis mardi jusqu'à deux ans de prison à l'encontre de Claude Khayat et Eric Robic
  • À l'encontre d'Eric Robic, le ministère public a requis 18 mois de prison aménageable et 50000 euros d'amende

BOBIGNY: Le parquet de Bobigny a requis mardi jusqu'à deux ans de prison à l'encontre de Claude Khayat et Eric Robic, au cœur d'une vaste escroquerie à un million d'euros liée à une dette contractée après la mort accidentelle d'une Israélienne en 2011.

A l'encontre d'Eric Robic, le ministère public a requis 18 mois de prison aménageable et 50.000 euros d'amende, estimant qu'il a montré "des signes d'amendement au cours de l'audience".

"Le manager" de la fraude "a fourni des explications cohérentes", selon le procureur Antoine Haushalter.

Une peine de deux ans de prison ferme avec mandat d'arrêt et une amende 75.000 euros ont été requises contre Claude Khayat, considéré comme "le financier" de l'escroquerie et jugé en son absence.

En préambule de son interrogatoire, Eric Robic, 49 ans, a raconté "l'histoire de (s)a vie, celle "d'une caution de 200.000 euros à rembourser". Ce Français est poursuivi avec sept autres personnes pour une arnaque à un million d'euros d'il y a près de 10 ans.

Pour justifier cette escroquerie qui a fait une centaine de victimes en 2013-2014, le mis en cause est revenu longuement sur sa matinée du 16 septembre 2011 à Tel-Aviv.

Ce jour-là, "je commets un accident de la circulation et je suis pris de panique", raconte d'une voix rauque M. Robic, élégant pantalon gris et baskets blanches dernier cri.

Ivre dans son bolide lancé à toute vitesse, il fauche mortellement Lee Zeitouni, une professeure de yoga de 25 ans.

Avec son passager Claude Khayat, l'autre tête pensante de la fraude, ils fuient Israël et provoquent un imbroglio diplomatique puisque la France n'extrade pas ses ressortissants hors Union européenne.

Rattrapé par un procès à Paris, M. Robic séjourne quelques mois en prison avant d'être jugé.

Pour sortir de détention, une caution est fixée à 200.000 euros "que je peux pas payer", confie l'escroc, qui a aussi plusieurs créanciers israéliens à ses trousses pour ne pas avoir honoré un projet dans le domaine du prêt-à-porter.

C'est Claude Khayat qui va finalement emprunter 333.000 euros auprès d'un membre du clan Hornec, du nom de figures du grand banditisme.

«Faillite, dépression, divorce»

Craignant que les deux arnaqueurs repartent en prison pour d'autres affaires, le clan Hornec les presse de rembourser cette somme.

"Et là je rentre dans une spirale, je rentre dans toutes ces escroqueries", assume dans son intégralité Eric Robic auprès de la présidente du tribunal qui résume ses combines.

Lui et Claude Khayat réactivent des sociétés dormantes afin d'appuyer leur crédibilité auprès des banques.

A la tête de ces compagnies, ils vont placer des gérants de paille, souvent des proches comme une sœur ou un oncle. Des peines avec sursis et des amendes ont été demandées à leur encontre.

Ces prête-noms vont ouvrir des comptes bancaires grâce à des bilans comptables falsifiés et la complicité de "Manu le banquier".

L'ex-banquier à la HSBC obtient des cotations favorables aux sociétés fictives auprès de la Banque de France, précieux sésame pour faciliter l'obtention d'un crédit.

L'argent en poche, une flopée d'entreprises vont pouvoir acheter des voitures, changer les plaques, puis les revendre à des prix défiant toute concurrence à des garages peu scrupuleux.

L'escroquerie qui "marche" est dupliquée sur de faux sites internet destinés à des artisans repérés sur les pages jaunes.

Une des rares victimes à témoigner à la barre confie d'une voix à peine audible avoir engagé "la totalité" de sa trésorerie, près de 7.000 euros.

Cet artisan croule sous les dettes jusqu'à faire faillite. Dans "son cauchemar" s'ajoutent "une dépression" et "un divorce".

Le million d'euros récolté par les fraudeurs va "blanchir" entre la Pologne, la Chine et Israël et par le truchement d'un comptable, M.H. alias "Majax", en référence au célèbre magicien, pour qui le parquet a demandé une peine de 18 mois de prison avec sursis et 30.000 euros d'amende.

Le cash blanchi est récupéré en France auprès de grossistes chinois de Seine-Saint-Denis, a précisé M. Robic, père de quatre enfants et aujourd'hui chargé du personnel dans une entreprise informatique.

Condamné dix fois, M. Robic jure avoir "tout arrêté, le jour où on (l)'a arrêté".

En détention, il écrit même au juge d'instruction pour lui indiquer qu'"il a oublié une société" dans ses poursuites.

La décision sera mise en délibéré.


Après les tensions, Paris et Alger entament un nouveau chapitre

Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune sont convenus de relancer les échanges bilatéraux et de jeter les bases de cette reprise. (AFP)
Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune sont convenus de relancer les échanges bilatéraux et de jeter les bases de cette reprise. (AFP)
Short Url
  • Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont décidé de relancer les échanges bilatéraux
  • L'échange téléphonique a permis de formaliser une feuille de route ambitieuse et pragmatique

Après avoir frôlé la rupture, un nouveau chapitre s'ouvre dans les relations entre la France et l'Algérie.

Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune sont convenus de relancer les échanges bilatéraux et de jeter les bases de cette reprise.

Le communiqué publié par le palais de l'Élysée fait suite à plusieurs signes récents de rapprochement, notamment l'entretien accordé par Tebboune aux journalistes des médias publics algériens, où il a exprimé sa volonté de renouer le dialogue avec son homologue français et de mettre fin à ce qu'il a qualifié de «période d'incompréhension» entre leurs deux pays.

L'échange téléphonique a permis de formaliser une feuille de route ambitieuse et pragmatique, centrée sur trois axes prioritaires: la coopération sécuritaire, la gestion des flux migratoires et les questions mémorielles.

Le communiqué conjoint, publié à l’issue de cet échange, souligne la volonté des deux chefs d’État de dépasser les crises récentes pour amorcer une relation apaisée et mutuellement bénéfique.

Premier résultat concret dans le cadre de cette volonté affichée, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot se rend à Alger le 6 avril pour des entretiens avec son homologue algérien Ahmed Attal.

Les ministres devront détailler un programme de travail ambitieux et en décliner les modalités opérationnelles et le calendrier de mise en œuvre.

La coopération sécuritaire doit reprendre sans délai, notamment pour lutter contre le terrorisme au Sahel et sécuriser les frontières de la région.

La gestion des migrations irrégulières et la question des réadmissions de ressortissants algériens en situation irrégulière en France sont au cœur des discussions. 

Cette dynamique s’inscrit dans la continuité de l’engagement du président français, exprimé dès le début de son premier mandat et même avant, lors de sa campagne électorale en Algérie, où il avait qualifié la colonisation de «crime contre l’humanité».

Plus tard et dès son élection en 2017, Macron a affiché sa volonté de regarder «la vérité en face». Sa première visite officielle en Algérie marquait la priorité qu’il entend donner à la relation franco-algérienne, en posant les bases d’un dialogue sincère et apaisé. 

Cet engagement a été réaffirmé par la déclaration d’Alger en août 2022, qui prévoyait la mise en place d’une «commission mixte des historiens» chargée d’examiner les archives et de favoriser une meilleure compréhension mutuelle.

Les enjeux de ce rapprochement, dont l’objectif est la poursuite du travail de refondation des relations bilatérales, dépassent le cadre strictement bilatéral et s’inscrivent dans un contexte géopolitique et sécuritaire complexe.

La coopération entre Paris et Alger est essentielle pour répondre aux défis régionaux, notamment dans le Sahel, où le terrorisme et l’instabilité menacent la sécurité de l’Afrique du Nord et de l’Europe. 

La France et l’Algérie partagent un intérêt commun pour la lutte contre les groupes armés et leur coopération stratégique revêt une importance capitale pour stabiliser la région.

La gestion des flux migratoires reste un point de tension récurrent, car si la France souhaite des mécanismes de réadmission efficaces, l’Algérie demande le respect de la dignité et des droits de ses ressortissants. 

Malgré la volonté de réconciliation affichée, le dossier mémoriel reste un obstacle majeur.

La question des excuses officielles pour les crimes coloniaux demeure sensible. Si Emmanuel Macron a reconnu des «crimes contre l’humanité» en 2017, les demandes d’excuses formelles de l’Algérie n’ont pas encore été pleinement satisfaites. 

Les travaux de la commission mixte des historiens, lancés à l’été 2022, doivent permettre d’approfondir la recherche sur cette période sombre et de poser les bases d’un dialogue apaisé.

Malgré les gestes d’ouverture, les relations entre Paris et Alger restent fragiles, en partie en raison d’une méfiance réciproque, alimentée par des perceptions contradictoires des enjeux bilatéraux.

L’un des points de friction les plus marquants est la question du Sahara occidental. La position française, perçue comme favorable au Maroc, a suscité des crispations du côté algérien, allant jusqu’au rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France. 

Pour Alger, le soutien implicite de Paris au plan d’autonomie marocain est perçu comme un alignement qui remet en cause l’équilibre diplomatique régional.

Bien que la France ait tenté de clarifier sa position, en affirmant vouloir accompagner une dynamique internationale de sortie de crise, ce dossier demeure une source de tension. 

Au-delà des relations diplomatiques, les opinions publiques des deux pays jouent un rôle crucial dans l’évolution du partenariat.

En Algérie, une partie de la population reste méfiante vis-à-vis des intentions françaises, nourrie par un sentiment de souveraineté exacerbée et par la mémoire toujours vive des exactions coloniales. 

En France, la question algérienne suscite également des clivages politiques. Certains considèrent les gestes mémoriels comme une forme de repentance excessive, tandis que d’autres appellent à une reconnaissance plus franche des torts commis pendant la colonisation. 

La relance des relations entre la France et l’Algérie repose sur un équilibre délicat entre la reconnaissance du passé, la gestion des défis actuels et la mise en œuvre d’une coopération tournée vers l’avenir. 

Malgré la volonté politique manifeste, la concrétisation de ce partenariat dépendra de la capacité des deux dirigeants à dépasser les clivages historiques et à impulser une dynamique durable.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
Short Url
  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Short Url
  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau.