L'idée d'une réoccupation de Gaza par Israël soulève des questions sur les obligations et les responsabilités juridiques

Un char israélien franchit la frontière avec la bande de Gaza au milieu des combats entre les forces israéliennes et le Hamas. L'éventuel retour de Gaza sous contrôle israélien soulève des questions sur les responsabilités d'une puissance occupante. (Photo, AFP)
Un char israélien franchit la frontière avec la bande de Gaza au milieu des combats entre les forces israéliennes et le Hamas. L'éventuel retour de Gaza sous contrôle israélien soulève des questions sur les responsabilités d'une puissance occupante. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 19 novembre 2023

L'idée d'une réoccupation de Gaza par Israël soulève des questions sur les obligations et les responsabilités juridiques

  • Plus d'un mois après le lancement de l'offensive militaire, Israël semble manquer d'une politique cohérente d'après-guerre
  • En vertu du droit humanitaire international, une puissance occupante est tenue d'agir en gouvernance civile

LONDRES: Israël a laissé ouverte la perspective d'une réoccupation de la bande de Gaza après la défaite attendue du groupe militant palestinien Hamas, affirmant qu'il lui incomberait de trouver une administration civile pour prendre en charge le territoire palestinien.

La perspective d'un retour à une administration israélienne directe soulève toutefois une série de questions sur les obligations et les responsabilités qui incomberaient à Israël en tant que puissance occupante, compte tenu des caractéristiques uniques de Gaza au regard du droit international.

Plus d'un mois après le début des combats, Israël ne dispose toujours pas d'une politique post-conflit cohérente pour Gaza, le gouvernement faisant face aux provocations des politiciens d'extrême droite en faveur de l'expulsion des Palestiniens tout en faisant volte-face sur ses propres intentions.

Après avoir déclaré à ABC News, au début du conflit, qu'Israël aurait «la responsabilité globale de la sécurité (...) pour une période indéfinie» sur l'enclave palestinienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait volte-face à la suite d'un reproche sévère des États-Unis, déclarant quelques jours plus tard à Fox News que l'occupation n'était en fait pas l'objectif recherché.

Il a plutôt indiqué que le plan consistait à «démilitariser, déradicaliser et reconstruire» la bande de Gaza tout en se chargeant de trouver un «gouvernement civil» pour gérer le territoire, laissant ainsi la porte ouverte à une occupation provisoire.

C'est en tout cas ce que les experts pensent de la situation.

1
Des Palestiniens se réfugient dans des zones plus sûres de la ville de Gaza après des frappes aériennes israéliennes, le 13 octobre 2023. Israël a appelé à la relocalisation immédiate de 1,1 million de personnes à Gaza au milieu de ses bombardements massifs en représailles aux attaques du Hamas. Les Nations Unies ont mis en garde contre les conséquences «dévastatrices» de ces bombardements. (Photo, AFP)

Dans un article paru sur The Conversation au début du mois, Rob Geist Pinfold, professeur d'études sur la paix et la sécurité à l'université de Durham, a déclaré qu'il s'attendait à ce que les «diverses occupations antérieures d'Israël» se répètent.

Dans la pratique, Israël occuperait probablement «indéfiniment» certaines parties de Gaza et chercherait «à fuir de ses responsabilités en matière de gouvernance civile dans le reste du territoire».

Bien qu'il puisse chercher à éviter toute responsabilité, en vertu du droit humanitaire international, Israël pourrait néanmoins se trouver dans l'obligation d'intervenir dans la gouvernance civile.

Eugénie Duss, chargée de recherche à l'Académie de droit international humanitaire et de droits de l'homme de Genève, a déclaré à Arab News que le droit de l'occupation belligérante est conçu pour permettre aux civils de poursuivre leur vie «aussi normalement que possible».

À ce titre, le système local existant doit garantir la fourniture de nourriture, de services de santé, d'hygiène, d'assistance spirituelle et d'éducation.

«Toutefois, si les besoins de la population locale ne peuvent être ainsi satisfaits, la puissance occupante doit elle-même fournir des biens et des services tout en respectant les traditions et les sensibilités locales», a-t-elle précisé.

«Si elle ne peut toujours pas satisfaire les besoins de la population locale, la puissance occupante doit accepter et faciliter l'aide humanitaire extérieure», a-t-elle ajouté.

L'occupation n'est cependant pas une nouveauté pour Gaza.

1
Des soldats israéliens tirent sur des adolescents palestiniens qui lancent des pierres à Khan Younès dans la bande de Gaza, lors des affrontements du 24 octobre 2000. Près de quatre semaines d'affrontements entre manifestants palestiniens et forces israéliennes en Israël et dans les territoires palestiniens ont fait 136 morts et environ 4 000 blessés. Tous les morts sont des Palestiniens, sauf huit. (Photo, AFP)

Israël a certes démantelé et retiré ses 21 colonies de la bande de Gaza en 2005 dans le cadre de la politique de désengagement de l'ancien Premier ministre Ariel Sharon, mais la communauté juridique internationale s'accorde à reconnaître que le gouvernement a conservé un contrôle effectif sur le territoire en tant que force d'occupation.

Selon Duss, ce «point de vue majoritaire» s'explique en grande partie par le fait qu'Israël a conservé le contrôle de l'espace aérien de Gaza, des eaux territoriales, des points de passage frontaliers terrestres, de la fourniture d'infrastructures civiles et de fonctions gouvernementales clés telles que la gestion du registre de la population palestinienne.

Lorsqu'on l'interroge sur ce point, Israël soutient depuis longtemps que Gaza n'était pas, et n'est pas, occupée. Pour se justifier, il affirme que le territoire n'a pas été reconnu comme une «haute partie contractante» investie de droits et d'obligations en vertu du droit international au moment de son occupation initiale en 1967.

«La Cour internationale de justice a rejeté l'argument d'Israël en déclarant qu'il suffisait que la Jordanie et Israël (la CIJ n'avait à se pencher que sur le statut de la Cisjordanie) aient été, au moment des faits, parties aux conventions et se soient engagés dans un conflit armé qui a conduit à l'occupation de la Cisjordanie», a expliqué Duss.

«Il est donc indifférent que le territoire occupé appartienne à un autre État» a-t-elle poursuivi.

Dans le même contexte, Emily Crawford, professeure de droit international à l'université de Sydney, a déclaré à Arab News que la reconnaissance du statut d'État palestinien était sans importance. En effet, sur les 193 États membres des Nations unies, 138 ont reconnu la Palestine comme un État souverain.

Pour Crawford, l'adhésion de la Palestine aux conventions de Genève et de La Haye entre 2014 et 2018 lui a permis de bénéficier de la protection du droit international humanitaire et a obligé Israël à occuper le territoire palestinien conformément aux dispositions des conventions.

Ces règles sont «assez larges et couvrent certains principes fondamentaux», a mentionné Duss.

EN CHIFFRES

* Plus de 12 000 Palestiniens ont été tués à Gaza lors de l'offensive militaire israélienne, selon les autorités sanitaires palestiniennes.

* 1 200 Israéliens et étrangers tués lors de l'attaque du Hamas le 7 octobre, selon les autorités israéliennes.

* Plus de 230 personnes sont retenues en otage par le Hamas et des groupes alliés, selon les autorités israéliennes.

«Les personnes protégées ne peuvent être ni transférées de force ou déportées d'une autre manière hors du territoire occupé, ni transférées de force à l'intérieur du territoire occupé», a clarifié Duss.

«De même, la puissance occupante ne peut pas transférer une partie de sa propre population, même si elle y consent, dans le territoire occupé», a-t-elle avisé.

En outre, les personnes protégées dans un territoire occupé ne peuvent être privées de leur liberté en tant qu'internés civils que pour des raisons impératives de sécurité, en vue d'un procès pénal ou pour purger une peine pénale.

Et pour les personnes détenues, la loi garantit qu'elles seront traitées humainement et sur leur propre territoire.

La législation locale reste applicable et les institutions locales doivent pouvoir continuer à fonctionner, a déclaré Duss, la puissance occupante n'étant autorisée à modifier les lois locales que dans quatre cas: pour protéger la sécurité de ses forces, pour se conformer au droit humanitaire international, pour respecter ses obligations en vertu du droit international des droits de l'homme et lorsque le Conseil de sécurité des Nations unies l'autorise explicitement.

Même la propriété privée est protégée par la loi. Il s'agit notamment des biens consacrés à la religion, à la charité, à l'éducation, aux arts et aux sciences, qui ne peuvent être confisqués, même si, selon Duss, ils peuvent être réquisitionnés pour les besoins de l'armée d'occupation.

1
Une femme palestinienne crie tandis que ses enfants fouillent les ruines de leur maison détruite par l'armée israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 avril 2001. (Photo, AFP)

«On peut faire valoir que le concept de propriété couvre également les intérêts tangibles et intangibles», a éclairci Duss.

«La destruction de biens privés n'est autorisée que si elle est rendue absolument nécessaire par les opérations militaires. Les biens publics mobiles de l'ennemi, notamment l'argent liquide, qui peuvent être utilisés pour les opérations militaires peuvent être saisis comme butin de guerre», a-t-elle illustré.

Une question reste cependant en suspens, celle de savoir si une occupation est en soi légale.

Crawford et Duss notent toutes deux que la légalité d'une occupation dépend essentiellement de son autorisation par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Si tel est le cas, l'occupation peut être considérée comme légale. À titre d'exemple, Crawford a cité l'occupation provisoire du Kosovo, qui a duré de 1999 à la déclaration d'indépendance en 2008.

Étant donné que l'affirmation selon laquelle Israël occupe en fait la Palestine depuis plus de 50 ans bénéficie d'un large soutien, on peut s'interroger sur l'efficacité de ce corpus juridique.

«La loi est-elle adaptée à l'objectif visé? En quelque sorte, mais uniquement dans les situations où il ne s'agit pas d'une occupation prolongée», a déclaré Crawford.

«L'ensemble du droit de l'occupation est axé sur le caractère temporaire de l'occupation, de sorte que dans les situations où l'occupation n'est pas temporaire, le système commence à être mis à rude épreuve», a-t-elle estimé.

Comme c'est souvent le cas en droit international, le comportement des forces de l'ordre dépend de la mesure dans laquelle l'État en question entend respecter les règles. Néanmoins, Crawford a souligné qu'il existe des mécanismes que les tierces parties peuvent utiliser pour forcer la main de l'occupant.

1
«La leçon que nous tirons de la crise de Gaza est la nécessité de revenir à la solution des deux États», a déclaré Anwar Gargash, conseiller en politique étrangère du président des Émirats arabes unis. (Photo, AFP)

«Il existe toujours la possibilité de recourir à des mécanismes d'application non judiciaires, tels que les sanctions, les embargos, les pressions diplomatiques, ainsi que les procès pénaux d’après-guerre ou la saisine de la Cour internationale de justice», a indiqué Crawford.

De nombreux facteurs non juridiques contribuent également au respect du droit humanitaire international, notamment la routine, l'intérêt militaire pour la discipline et l'efficacité, l'opinion publique, les facteurs éthiques et religieux, la réciprocité positive et le désir de rétablir une paix durable, a développé Duss.

Alors que les médias mettent «trop souvent» l'accent sur les violations, la réalité est que le droit international humanitaire est le plus souvent «respecté plutôt que violé», a-t-elle ajouté.

Certains pourraient se moquer de cette dernière suggestion, la Cour internationale s'étant montrée impuissante par le passé, en particulier si l'on considère l'affaire Contra (l’Irangate) avec les États-Unis en 1986, qui, lorsque Washington a été condamnée, elle a simplement nié la compétence de la Cour.

Mais ce qui rend les choses différentes dans le cas de Gaza, c'est «l'attention publique sans précédent qui lui est portée», a jugé Crawford.

«Pour la première fois de ma mémoire, nous assistons à des protestations généralisées, non seulement de la part de groupes palestiniens, mais aussi de la part d'Israéliens et de groupes juifs préoccupés par ce qui se passe en Israël et à l'étranger», a-t-elle estimé.

«Il semble y avoir une énorme vague de fond contre Netanyahou et la réponse du gouvernement israélien, qui a été décrite comme disproportionnée et peut-être motivée par d'autres raisons que l'autodéfense.

«Avec le temps, cela peut s'avérer être une force puissante pour contrôler et même mettre fin à ce qui se passe», a soutenu Crawford.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
Short Url
  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

Short Url
  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


Des frappes israéliennes font des dizaines de morts dans la bande de Gaza

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.  "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe. "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
Short Url
  • Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement Hamas
  • Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien

TERRITOIRES PALESTINIENS: Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Déclenchée le 7 octobre 2023 après une attaque d'une ampleur inédite du Hamas sur le sol israélien, la guerre à Gaza s'est propagée au Liban, où le mouvement pro-iranien Hezbollah a ouvert un "front de soutien" au mouvement palestinien.

Après des discussions à Beyrouth en vue d'obtenir une trêve entre l'armée israélienne et le Hezbollah, l'émissaire spécial du président américain, Amos Hochstein, doit rencontrer jeudi en Israël le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, à 12H30 (10H30 GMT).

Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien.

Dans la bande de Gaza, la Défense civile a annoncé jeudi la mort de 22 personnes tuées dans la nuit par une frappe israélienne sur un quartier de Gaza-ville (nord).

"Nous confirmons que 22 martyrs ont été transférés (vers des hôpitaux) après une frappe ayant visé (une) maison (...) à Cheikh Radwan", a indiqué à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de l'organisation.

"Ici, il y a un martyr et un corps sans tête. Nous ne savons pas de qui il s'agit jusqu'à présent", témoigne auprès de l'AFPTV, Moataz Al-Arouqi, un Palestinien du quartier.

Une autre frappe survenue aux alentours de minuit (22H00 GMT) dans la zone de Beit Lahia et Jabalia (nord) a fait des dizaines de morts, selon des sources médicales.

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.

"Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza".

"Arrêt total de l'agression" 

La guerre dans le territoire palestinien a été déclenchée en riposte à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, l'armée israélienne a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, malgré les appels internationaux demandant la fin du conflit.

Au Liban, Israël et le Hezbollah sont entrés en guerre ouverte le 23 septembre après un an de tirs transfrontaliers, et l'armée israélienne mène des incursions dans le sud du pays depuis le 30 septembre.

Israël dit vouloir éloigner le Hezbollah des régions frontalières du sud du Liban pour permettre le retour des quelque 60.000 habitants du nord d'Israël déplacés par les tirs du mouvement. Au Liban, des dizaines de milliers d'habitants ont également été déplacés.

L'ambassadrice américaine à Beyrouth, Lisa Johnson, avait présenté jeudi dernier au Premier ministre libanais, Najib Mikati, et au chef du Parlement, Nabih Berri, un plan en 13 points prévoyant une trêve de 60 jours et le déploiement de l'armée dans le sud du Liban.

Dans ce contexte, l'émissaire Amos Hochstein s'est rendu mardi à Beyrouth où il a déclaré qu'une solution était "à portée de main" mais que c'était aux belligérants de "décider".

Israël "ne peut pas nous imposer ses conditions", a prévenu mercredi le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, disant exiger "l'arrêt total de l'agression" au Liban.

M. Netanyahu avait averti lundi que Israël "mènera(it) des opérations" militaires contre le Hezbollah même en cas de trêve.

"Très violente frappe" 

Pendant ce temps, les bombardements israéliens se poursuivent au Liban sur des bastions du Hezbollah. De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer.

Plusieurs secteurs du sud du pays ont été ciblés, notamment la bourgade de Khiam, située à environ six kilomètres de la frontière, où des affrontements entre le Hezbollah et les forces israéliennes avaient éclaté la veille, selon l'Agence nationale d'information libanaise (Ani).

Jeudi matin, le porte-parole de l'armée en langue arabe, Avichay Adraee, a lancé des appels à évacuer aux habitants de trois zones proches de la ville de Tyr (sud).

Les violences entre Israël et le Hezbollah ont fait au Liban plus de 3.550 morts depuis octobre 2023, la plupart depuis le début de la campagne israélienne massive de bombardements le 23 septembre. Côté israélien, 79 militaires et 46 civils ont été tués en 13 mois.