BEYROUTH: Une réunion d’urgence, qui s’est tenue jeudi par le gouvernement intérimaire libanais, n’a pas réussi à prolonger le mandat du commandant des Forces armées libanaises, Joseph Aoun, qui se termine dans cinquante-cinq jours.
M. Aoun est également un candidat potentiel à l’élection présidentielle.
Une nouvelle déclaration politique devrait être publiée alors que la situation militaire reste tendue à la frontière sud du Liban avec Israël.
Le Hezbollah a pris pour cible des sites israéliens, notamment les zones de Misgav Am, Bayad Blida, Metula, Asi et Harmon, ainsi que la caserne de Yiftah.
Le groupe a également «directement touché» un rassemblement de forces terrestres israéliennes sur la colline de Karantina, près du site de Hadab Yaron, avec «des armes appropriées».
Les forces israéliennes ont répondu par des bombardements aériens de forêts, de plaines, de villes et de villages frontaliers libanais à l’aide de munitions au phosphore.
La proposition de prolonger le mandat de Joseph Aoun suggérait de retarder l’âge de la retraite d’un an, de six mois ou jusqu’à l’élection d’un nouveau président.
Le ministre de l’Information par intérim, Abbas Halabi, a déclaré que le gouvernement avait décidé que les conditions de prolongation nécessitaient des discussions supplémentaires afin qu’une solution puisse être adoptée par toutes les parties.
Il a également été décidé que la direction militaire ne devait pas être laissée vacante et que «la mission du commandant de l’armée devait continuer».
Les analystes politiques soutiennent que le vide présidentiel qui dure depuis un an au Liban pourrait entraver la nomination d’un nouveau commandant de l’armée, ce qui nécessite, en théorie, un président et un gouvernement élus.
La classe dirigeante libanaise cherche des solutions capables de remédier aux divergences entre les partis politiques du pays.
Le vide à la tête de l’armée est le dernier revers en date au Liban, le pays ne disposant par ailleurs ni de gouverneur de Banque centrale ni de président. Les chrétiens maronites occupent traditionnellement les trois postes.
Les activités qui se rapportent à la sécurité libanaise, au travail judiciaire et à la diplomatie sont ralenties en raison de l’absence de dirigeants.
Le Premier ministre par intérim, Najib Mikati, a averti que «l’unité interne» devait être protégée face à l’escalade à la frontière sud du Liban et aux «répercussions de la guerre à Gaza».
L’unité est nécessaire pour «éviter des effondrements mortels au Liban», a-t-il ajouté.
M. Mikati a critiqué «la tentative de certaines personnes d’entraîner à nouveau le gouvernement dans des discussions en apparence constitutionnelles et politiques, mais qui sont en réalité perturbatrices et vindicatives».
«Nous sommes déterminés à aller de l’avant. Le gouvernement œuvre en fonction de ce qu’il juge approprié et non selon les programmes que certains tentent d’imposer pour éclipser les événements électoraux majeurs au cours de cette phase critique», a-t-il précisé, ajoutant: «Toute décision que nous prendrons concernant tout événement électoral imminent découlera principalement de l’intérêt du pays et de la priorité accordée à la protection des institutions dans cette phase critique.»
«Le gouvernement ne sera certainement pas un terrain utilisé par ceux qui veulent régler des comptes personnels et des différends individuels au détriment de l’intérêt public.»
Un observateur politique a déclaré à Arab News que le fait de retirer la proposition de prolongation du mandat de Joseph Aoun des négociations visait à éviter des divisions immédiates au sein du gouvernement après que les membres chrétiens ne sont pas parvenus à un consensus.
Mais les appels se sont multipliés ces derniers jours pour mettre fin au vide militaire avant le début des vacances.
Le Courant patriotique libre a rejeté la proposition de prolongation du mandat de Joseph Aoun, insistant sur des nominations exclusives.
Par ailleurs, plusieurs députés et personnalités sunnites ont exigé qu’un nouveau chef des Forces de sécurité intérieure soit nommé – un poste qui restera vacant après le départ à la retraite du général Imad Othman.
Les représentants du bloc de la modération nationale ont proposé, il y a quelques jours, une loi qui reporte d’un an le départ à la retraite des chefs de la sécurité du Liban. Cette loi est également soutenue par les Forces libanaises et le Parti socialiste progressiste.
Le président du Parlement, Nabih Berri – un allié du Hezbollah – s’est déclaré prêt à coopérer et à tenir une session législative le mois prochain «pour éviter un vide institutionnel».
Le conseil politique du Courant patriotique libre (CPL), dirigé par le député Gebran Bassil, a qualifié les efforts qui visent à prolonger le mandat de Joseph Aoun de «campagne politique et médiatique programmée et intimidante avec des objectifs politiques».
Il a soutenu qu’il n’y avait «aucune chance» qu’un vide s’installe au sein de la direction militaire.
Le conseil du CPL a déclaré: «Le droit de diriger selon le grade prévaut, même en temps de guerre. Alors pourquoi recourir à des solutions anticonstitutionnelles et illégales qui mèneraient à un recours?»
Gebran Bassil s’est fermement opposé à la nomination de Joseph Aoun à la présidence du Liban.
Pendant ce temps, le Hezbollah est resté silencieux au sujet du poste vacant à la tête de l’armée, malgré son alliance politique avec le CPL.
Prolonger le mandat de Joseph Aoun nécessite d’assurer un quorum pour le gouvernement ou le Parlement, ce qui signifie que le soutien du Hezbollah, du mouvement Amal et de leurs alliés est nécessaire pour que la proposition soit approuvée.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com