PARIS: Les parlementaires socialistes ont dénoncé lundi le projet de loi sur l'immigration durci par le Sénat, le jugeant "indigne" et "truffé de préjugés racistes" à la veille de son adoption à la chambre haute et avant son examen à l'Assemblée nationale à partir du 11 décembre.
"Nous voulons réveiller les esprits" sur une "course-poursuite entre la droite et l'extrême droite et entre les libéraux et la droite", a déclaré le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, lors d'une conférence de presse organisée au Sénat en présence de députés et de sénateurs socialistes.
Déjà opposés au projet de loi initial du gouvernement, les parlementaires socialistes s'inquiètent d'autant plus de son durcissement par le Sénat à majorité de droite, qui devrait l'adopter mardi par un vote solennel.
"C'est une surenchère mortifère pour les républicains et les humanistes", a regretté M. Faure, dénonçant un texte "indigne" et "truffé de préjugés racistes" et craignant que "la bataille culturelle soit gagnée par l'extrême droite".
Les parlementaires socialistes fustigent les mesures introduites par la droite sénatoriale, comme la suppression de l'aide médicale d'Etat (AME), transformée en aide médicale d'urgence, le resserrement des conditions du regroupement familial, la restriction du droit du sol ou encore l'augmentation à cinq ans du délai de résidence des étrangers en France nécessaire au versement des allocations familiales ou de l'aide au logement (APL).
Loi de l’extrême droite
Le président des députés PS, Boris Vallaud, a dénoncé "une loi de la droite et de l'extrême droite qui a bénéficié de la bienveillance du gouvernement, ou de sa complicité".
Il a promis de "combattre" ce texte à l'Assemblée nationale et exhorté "l'aile gauche de la macronie" à exprimer "ses intentions" face au tour de vis imprimé par Les Républicains.
"J'espère qu'ils en tireront les conclusions qui conviennent", a-t-il ajouté, alors que le camp présidentiel doit trouver une majorité à l'Assemblée nationale s'il veut éviter de passer par le 49.3 pour faire adopter son texte.
La sénatrice Marie-Pierre de La Gontrie a regretté la recherche du "compromis" à tout prix par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. "On est passé du compromis à la compromission", a-t-elle critiqué.