LILLE : La justice, saisie par la mairie de Calais, a ordonné jeudi aux migrants vivant sous plusieurs ponts de partir sans délai, sans quoi la mairie pourra demander aux forces de l'ordre de les expulser, selon un jugement consulté par l'AFP.
Le juge des référés du tribunal administratif de Lille a estimé que l'évacuation des lieux, où «sont installées environ 80 tentes dans des conditions de sécurité et de salubrité particulièrement dégradées», présente «un caractère d’urgence et d’utilité» en raison des «risques graves et immédiats» auxquels sont exposés les migrants «en l’absence de toute structure sanitaire, et compte tenu des impératifs de sécurité, de tranquillité et de salubrité publiques».
Le tribunal juge par ailleurs qu'il «est constant que l'État a prévu en novembre 2020 et met en œuvre à Calais un dispositif humanitaire en faveur de la population migrante, garantissant une mise à l'abri, une prise en charge spécifique des mineurs isolés, un accès aux soins et à des structures sanitaires, ainsi que la distribution de repas».
«Dans ces conditions, la demande de la commune ne se heurte à aucune contestation sérieuse», écrit-il. Ce que réfutent les associations d'aide aux migrants vivant sur le littoral dans l'espoir de rejoindre l'Angleterre, en montant dans des camions ou en traversant la Manche sur de petites embarcations.
«Alors que Calais s’illumine et offre à ses habitants la possibilité de célébrer les fêtes de fin d’année, il n'y aura pas de trêve à Noël pour plusieurs centaines de personnes exilées vivant sous les ponts de la ville», «dont des enfants», s'étaient offusquées mercredi onze associations dans un communiqué commun, avant l'audience.
«Face aux expulsions brutales de lieux de vie qui se sont succédé ces derniers mois, face à la pose de grillages ou au déboisage de zones entières de la ville afin d’empêcher toute installation, de nombreuses personnes ont été contraintes de se réfugier sous les ponts», analysent-elles, reconnaissant que leur situation y «est indigne».
«Cependant, nous savons que nuls expulsions forcées, grillages, déboisements ou mesures coercitives ne permettront de rétablir une quelconque dignité», font-elles valoir, plaidant pour une «mise à l’abri basée sur le volontariat, la pleine information des personnes exilées ou encore un diagnostic social permettant de comprendre la situation des personnes et donc de leur proposer une solution adaptée».