Marche contre l'antisémitisme: l'introuvable union nationale

La Première ministre française Elisabeth Borne assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française à Paris, le 7 novembre 2023. (Photo, Thomas SAMSON / AFP)
La Première ministre française Elisabeth Borne assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française à Paris, le 7 novembre 2023. (Photo, Thomas SAMSON / AFP)
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Publié le Mercredi 08 novembre 2023

Marche contre l'antisémitisme: l'introuvable union nationale

  • L'Elysée n'a pas indiqué si Emmanuel Macron serait présent. La Première ministre Elisabeth Borne, dont le père de confession juive a été déporté, y participera ainsi que plusieurs membres du gouvernement
  • Seule La France insoumise n'ira pas. «On ne lutte pas contre l'antisémitisme et le racisme dans la confusion»

PARIS: Pas d'union nationale contre l'antisémitisme: au lieu de réunir la classe politique, la "grande marche civique" prévue dimanche, où se rendra Elisabeth Borne, se heurte au boycott de LFI et à la participation du RN jugée encombrante à gauche et dans la majorité.

Elle se voulait consensuelle: "une mobilisation générale" contre la recrudescence des actes antisémites en France - plus de 1 000 en un mois, un record.

Mais le défilé entre l'Assemblée nationale et le Sénat voulu par leurs présidents Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher a été aussitôt rejeté par Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise.

En outre, la présence du Rassemblement national provoque un malaise à gauche et dans la majorité.

Pas question pour Marine Le Pen de renoncer. "J'y participerai" et "j'appelle l'ensemble de nos adhérents et de nos électeurs à venir se joindre à cette marche", a-t-elle lancé mercredi.

"Plus il y aura de monde et mieux ce sera", a ajouté la cheffe de file des députés RN, prête à défiler "en queue de cortège" puisque sa présence dérange.

Une polémique similaire avait eu lieu en 2015 pour la manifestation en soutien à Charlie Hebdo, visé le 7 janvier par un attentat islamiste. Le FN avait alors appelé ses partisans à manifester en province.

"A mon sens, le Rassemblement national n'a pas sa place dans cette manifestation", mais "c'est une manifestation publique à laquelle chacun est libre, en conscience, de participer", a relevé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, après le Conseil des ministres.

L'Elysée n'a pas indiqué si Emmanuel Macron serait présent. La Première ministre Elisabeth Borne, dont le père de confession juive a été déporté, y participera ainsi que plusieurs membres du gouvernement.

Embarras

A gauche, le malaise domine. Le numéro un du PCF Fabien Roussel va se rendre au rassemblement, mais "ne défilera pas aux côtés" du RN, héritier du Front national fondé par Jean-Marie Le Pen "plusieurs fois condamné pour propos antisémites" et par "des hommes qui ont collaboré" avec l'Allemagne nazie.

Même embarras chez les socialistes, qui appellent à se joindre à la manifestation, mais jugent que "la présence du RN à cette marche est illégitime" au vu notamment des propos tenus dimanche par son président Jordan Bardella pour qui Jean-Marie Le Pen n'était pas antisémite.

Les Ecologistes y participeront également, mais ont exhorté Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher à exclure les partis d'extrême droite, qui "font de cette marche une étape supplémentaire de leur stratégie de dédiabolisation".

Le secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné, a également émis des réserves quant à la présence du RN, invitant les organisateurs et les partis politiques "à ne pas être les complices de la banalisation d'un parti fondé par des antisémites".

D'autres ont moins d'état d'âme: à droite, Eric Ciotti (LR), à l'extrême droite Eric Zemmour et Marion Maréchal (Reconquête!) ont immédiatement fait savoir qu'ils en seraient.

Mélenchon boycotte

Seule La France insoumise n'ira pas. "On ne lutte pas contre l'antisémitisme et le racisme dans la confusion", a-t-elle estimé dans un communiqué. "L'ambiguïté des objectifs de cette démarche permet les soutiens les plus insupportables", dit le parti qui refuse de défiler aux côtés du RN.

La veille, M. Mélenchon avait provoqué une nouvelle polémique en déclarant que "les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous" dimanche, "sous prétexte d'antisémitisme".

Les massacres du 7 octobre, qui ont fait plus de 1 400 morts côté israélien, ont déclenché une guerre dévastatrice entre le Hamas et Israël qui, depuis, pilonne la bande de Gaza. Selon le mouvement islamiste, les opérations militaires israéliennes y ont fait plus de 10 300 morts.

Depuis un mois, LFI est critiquée de toutes parts, y compris par certaines voix en interne, pour le refus de ses dirigeants de qualifier l'organisation palestinienne islamiste Hamas de "terroriste". Dans son communiqué, elle répète qu'"il est nécessaire de se réunir autour des objectifs de paix pour exiger clairement un cessez-le-feu et la libération des otages".


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.