GAZA: Vétéran de l'armée israélienne, Tzvi Koretzki a été de toutes les opérations menées depuis 25 ans contre la bande de Gaza. Pour lui, la guerre menée depuis le 7 octobre contre le Hamas est "la plus dure" et il espère qu'elle sera "la dernière".
Autour du lieutenant-colonel de 47 ans, des dizaines de jeunes appelés dont beaucoup ont la moitié de son âge et aucune expérience de la guerre. A la frontière avec la bande de Gaza, les canons de leur régiment d'artillerie, pointés sur le territoire palestinien, tirent jour et nuit.
Leurs cibles, de l'autre côté d'un rideau d'arbres qui se détachent dans le ciel immaculé, sont invisibles à l'oeil nu.
Rappelé auprès de son bataillon dès le 7 octobre, le jour des attaques meurtrières du mouvement islamiste Hamas sur le sol israélien, Tzvi Koretzki s'est rapidement douté que ce conflit ne serait pas comme les précédents affrontements.
"C'est une guerre plus dure (...) Au cours de mes 25 années passées dans l'armée, je n'ai rien vu de tel", explique-t-il à l'AFP, bob kaki sur le crâne, lors d'une rencontre organisée par l'armée.
"Mais c'est la première fois que nous prenons les choses au sérieux en voulant détruire le Hamas", ajoute ce gradé réserviste, se félicitant qu'un objectif "clair" ait été fixé.
Depuis le 7 octobre, plus de 1.400 personnes sont mortes côté israélien, en majorité des civils tués le jour même des attaques du mouvement palestinien, selon les autorités israéliennes.
Stress et force
"C'est la 6e ou 7e fois que je tire sur Gaza avec de l'artillerie", dit le lieutenant-colonel Koretzki en énumérant les opérations auxquelles il a participé depuis 2012. "J'espère que ce sera la dernière".
Après un mois de combats, les jeunes soldats qui l'entourent ne se plaignent pas, dit-il: ils ne demandent pas "+combien de temps ça peut prendre ? Quand est-ce que ce sera fini ? C'est trop dur+. Ce n'est pas le genre de questions qu'on nous pose cette fois-ci".
"Je pense que la mission est tellement claire cette fois-ci qu'il n'est pas nécessaire de donner trop d'explications", assure le lieutenant-colonel.
Se projeter dans la durée, "ça peut faire baisser le moral", glisse un jeune caporal de 21 ans prénommé Navad. "C'est dur pour tout le monde, ça nous fait peur, il y a du stress mais on est fort", ajoute ce jeune franco-israélien.
La terre ocre et sableuse sous leurs pieds est striée de traces de véhicules lourds. Sur cette position d'artillerie écrasée de soleil, l'armée israélienne a disposé des obusiers aux puissants canons d'une portée de plusieurs kilomètres.
"On est tout le temps en alerte, la nuit, le jour, on reçoit des positions et dès qu’il faut tirer, on tire sur les cibles terroristes, peu importe l’heure et le moment", décrit Navad. Il est régulièrement interrompu par le bruit des tirs des obusiers qui sature l'air quelques secondes avant que le silence ne revienne.
Kibboutz attaqué
"Soit un observateur avancé vous communique les coordonnées de la cible, soit vous les acquérez vous-mêmes avec un drone, un radar, un système d'observation à longue portée", explique Tzvi Koretzki.
L'armée israélienne utilise l'artillerie, à l'arrière du front, pour appuyer la progression des unités au sol, infanterie et blindés, dans le nord de la bande de Gaza. Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a affirmé mardi soir que les troupes se trouvaient "au coeur de la ville de Gaza".
Dans l'exigu territoire palestinien de 365 km2 au total, plus de 10.300 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées par les bombardements incessants d'Israël depuis un mois, selon le ministère de la Santé du Hamas.
"Jamais on va tirer si on sait que ça va tomber sur des civils, et on les prévient", assure Navad, qui dit ne pas avoir accès aux médias.
Après un mois de guerre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou continue de rejeter la possibilité d'un cessez-le-feu à Gaza ou de pauses humanitaires, faisant de la libération des quelque 240 otages retenus par le Hamas un préalable.
Chef d'une entreprise d'électro-optique dans le civil, Tzvi Koretzki vit dans un kibboutz à moins de deux kilomètres avec Gaza, attaqué par le Hamas le 7 octobre.
"Nos gars les ont combattus, j'ai emmené les blessés à l'hôpital car les ambulances ne pouvaient pas arriver dans le kibboutz", raconte-t-il.
"Dimanche matin, ils ont évacué tout le kibboutz, et je suis allé à l'armée. Le dimanche 8 au matin, nous avions déjà des unités qui tiraient sur Gaza".