PARIS: Ce mercredi sort en salles le documentaire Yallah Gaza, alors que le territoire palestinien subit des bombardements israéliens quotidiens, lancés en représailles de l'attaque menée le 7 octobre dernier par le Hamas.
Depuis un mois, 10 022 Palestiniens ont perdu la vie, en majorité des civils, dont plus de 4 000 enfants, selon le bilan du ministère de la Santé du Hamas lundi.
Roland Nurier, lui, montre la résilience légendaire des Gazaouis dans son nouveau film, Yallah Gaza, leur rage de vivre. Et si les Palestiniens de Gaza n’étaient «qu’un peuple normal qui vit dans un environnement totalement anormal?», se demande le cinéaste français, qui a réalisé en 2019 un premier film intitulé Le char et l’olivier, une autre histoire de la Palestine.
«Après deux voyages dans les territoires occupés (Cisjordanie), j’ai voulu comprendre et appréhender les Palestiniens de Gaza, territoire isolé du reste de la Palestine et sous blocus total israélien depuis 2007», écrit-il dans sa note d’intention.
Dans Yallah Gaza, Roland Nurier donne la parole à des citoyens gazaouis, issus de la société civile, acteurs de la vie économique, éducative, sanitaire et sociale, culturelle, sportive, attestant ainsi de la vitalité de la population. Les travailleuses sociales Wissam Mohamed Hammad et Iktimal Eghareb expliquent les difficultés quotidiennes des familles gazaouies, amplifiées par l’enfermement et les traumatismes dus aux fréquents bombardements. Le film les remet en contexte à travers des rappels historiques des grands jalons qui ont façonné le Moyen-Orient tel que nous le connaissons aujourd’hui, notamment l’évolution de la politique israélienne depuis 1948 à l’égard des Palestiniens et la particularité de la bande de Gaza.
Des témoignages de responsables politiques palestiniens de tous bords égrènent les cent une minutes du film: celui de Hassan Albalawi, membre de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), conseiller à la mission de Palestine auprès de l’Union européenne (UE); de Bassem Naim, membre du Hamas, ancien ministre de la Santé, responsable des relations internationales, ou de Maryam Abu Daqqa, responsable pour Gaza du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). La venue de la militante palestinienne pour une projection du film à l’Assemblée nationale le 9 novembre a d’ailleurs été annulée par Yaël Braun-Pivet.
Alertée par plusieurs parlementaires, j’ai décidé d’interdire la venue de Mme Abu Daqqa, membre du FPLP, reconnu organisation terroriste par l’UE, à l’@AssembleeNat pour la projection du film « Yallah Gaza » le 9 novembre prochain. pic.twitter.com/9yjRfQ8Pyo
— Yaël Braun-Pivet (@YaelBRAUNPIVET) October 9, 2023
Roland Nurier aborde aussi dans le film les questions de droit international et notamment les plaintes en cours pour «crimes de guerre» à l’encontre d’Israël auprès de la Cour pénale internationale (CPI), à travers les explications de Gilles Devers, avocat mandaté par la Palestine auprès de la CPI, et le témoignage d’Amira al-Qurem, qui porte plainte après la mort d’une partie de sa famille dans un bombardement israélien.
Des voix critiques israéliennes, comme celle d’Éléonore Bronstein, chercheuse franco-israélienne, cofondatrice de l’association De-Colonizer; de Ronnie Barkan, dissident israélien antisioniste ou de Yonatan Shapira, ancien pilote de l’armée de l’air israélienne, permettent d’apporter un autre regard sur la société israélienne, de l’intérieur.
Enfin, des journalistes et chercheurs complètent le tableau dressé à travers des analyses de la situation à Gaza.
Une troupe de jeunes danseurs et danseuses de dabke (danse traditionnelle orientale) réalisant une chorégraphie sur et dans des immeubles dévastés d’un quartier de Gaza à la suite de l’une des multiples destructions perpétrées par l’armée israélienne viennent apporter des respirations tout au long du film, entre les nombreux témoignages et entretiens.
Le réalisateur n’a pas obtenu l’autorisation de rentrer dans Gaza. Le film est donc réalisé, pour la partie Gaza, en étroite collaboration avec un chef-opérateur gazaoui francophone, Iyad Alasttal, également réalisateur, documentariste et créateur de la série Gaza stories.