Un mois après le 7 octobre, combats acharnés à Gaza, Israël rejette la pause humanitaire

Cette photo a été prise à Sderot, le long de la frontière avec la bande de Gaza, le 5 novembre 2023. (AFP)
Cette photo a été prise à Sderot, le long de la frontière avec la bande de Gaza, le 5 novembre 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 05 novembre 2023

Un mois après le 7 octobre, combats acharnés à Gaza, Israël rejette la pause humanitaire

  • Al Quds, le quotidien palestinien le plus lu, souligne que «Gaza est devenue un cimetière pour des milliers d'innocents»
  • «Le Hezbollah peut mettre le feu à la région», met en garde Avi Melamed, un spécialiste israélien de la région

JERUSALEM: Un mois après le choc suscité en Israël par l'attaque sanglante du Hamas et la guerre meurtrière qu'elle a enclenchée à Gaza, la terre brûle sous les pieds des Israéliens et des Palestiniens.

A l'horreur du massacre perpétré par le mouvement islamiste en bordure de la bande de Gaza a succédé la dévastation causée dans ce territoire par l'implacable riposte d'Israël, déterminé à "anéantir" le Hamas.

Les images des cadavres de civils mutilés et calcinés retrouvés en Israël dans les 25 kibboutz et localités en bordure de Gaza, pris d'assaut par le Hamas le 7 octobre à l'aube, continuent de hanter les Israéliens, de même que l'absence des plus de 240 otages toujours détenus par le Hamas.

Elles se superposent désormais à la vision des milliers de Palestiniens tués dans les ruines de la bande de Gaza, un territoire de 2,4 millions d'âmes, long de 41 km et d'une largeur qui varie de 6 à 12 km, bombardé par Israël.

"La terre brûle", a écrit cette semaine le quotidien de gauche israélien Haaretz.

Al Quds, le quotidien palestinien le plus lu, souligne que "Gaza est devenue un cimetière pour des milliers d'innocents".

Selon les autorités israéliennes, au moins 1.400 personnes ont été tuées en Israël depuis le début de la guerre, en majorité des civils et la plupart le jour de l'attaque du Hamas.

Selon le Hamas, classé comme organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, près de 9.500 personnes, là aussi en majorité des civils, ont été tuées depuis le 7 octobre dans les bombardements israéliens.

Le président américain Joe Biden a fait état samedi de progrès dans l'obtention de la "pause humanitaire" réclamée par Washington dans les combats entre Israël et le Hamas à Gaza, censée aider à protéger les civils et à acheminer davantage d'aide vers la bande de Gaza assiégée.

Interrogé sur l'existence de progrès à ce sujet, Joe Biden a répondu "oui", à sa sortie d'une église du Delaware, levant le pouce, avant de monter dans son véhicule.

Cependant, des avions de combat israéliens ont frappé un camp de réfugiés dans la bande de Gaza tôt dimanche, tuant 45 personnes et en blessant des dizaines d'autres, selon des responsables de la santé. Cette frappe a eu lieu alors qu'Israël a déclaré qu'il poursuivrait son offensive visant à écraser les dirigeants du Hamas dans le territoire, malgré les appels des États-Unis en faveur d'une pause afin d'acheminer de l'aide aux civils désespérés.

«Poudrière»

La crainte d'un embrasement généralisé est palpable.

L'Iran, allié du Hamas et du Hezbollah au Liban, a averti que la situation risquait de devenir "incontrôlable" au Moyen-Orient, transformé en "poudrière", son chef de la diplomatie Hossein Amir-Abdollahian prévenant que les groupes pro-iraniens de la région ne pouvaient rester "silencieux face aux crimes" dans la bande de Gaza.

Ce à quoi un responsable du Pentagone a répliqué que "les membres du réseau de menace iranien intensifient leurs attaques d'une manière qui risque d'entraîner une erreur de calcul ou de faire basculer la région dans la guerre".

Dans ce contexte hautement inflammable, les Israéliens sont en alerte à leur frontière nord dans le cas d'une entrée massive du Hezbollah pro-iranien dans le jeu.

En prévision, les Etats-Unis ont renforcé leur présence militaire dans la région et des conseillers militaires américains ont été dépêchés en Israël. Le président Joe Biden a en outre donné l'ordre à des navires de guerre américains de se rapprocher des côtes d'Israël.

"Le Hezbollah peut mettre le feu à la région", met en garde Avi Melamed, un spécialiste israélien de la région dans un entretien à l'AFP. "Il dispose d'une capacité militaire 10 fois supérieure à celle du Hamas (...) Il peut infliger de très graves dommages à l'Etat d'Israël".

Rompant le silence vendredi, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a estimé que "toutes les options" étaient ouvertes pour un élargissement du conflit au front libanais. Il a fait porter aux Etats-Unis la responsabilité de la guerre à Gaza.

Après ce discours, un porte-parole du Pentagone, le général Patrick Ryder, a quelque peu tempéré, affirmant à la BBC qu'un "conflit régional plus large" avait "été dissuadé" à ce stade.

Mais les menaces restent multiples. Les rebelles Houthis au Yémen, proches de l'Iran, ont ainsi promis de "mener des attaques de missiles et de drones jusqu'à ce que l'agression israélienne s'arrête".

Les militaires israéliens se disent par ailleurs préparés à affronter un soulèvement des Palestiniens de Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 et en proie à une intensification des violences depuis le début de la guerre.

«Radicalisation»

Depuis le 7 octobre, pour les Israéliens, le mythe de la "forteresse imprenable" s'est effondré aussi vite que la barrière qui les séparait de la bande de Gaza. La peur s'est installée.

Pour les Palestiniens a ressurgi le spectre d'un nouvel exode.

"Je ne dors plus", confie Sarit Zehavi, mère de trois enfants et lieutenant-colonel de réserve qui craint que le Hezbollah libanais, comme l'a fait le Hamas, s'infiltre "dans les localités, les kibboutz du nord d'Israël pour tuer, massacrer".

Pour Omar Ashour, un Palestinien de Gaza qui avait 8 ans en 1948, "ce qui se passe est dangereux". Il craint que les destructions provoquent "une deuxième Nakba", une fuite des Gazaouis comme lors de la création de l'Etat d'Israël.

Il y a 75 ans, la "Nakba", ou "Catastrophe" en arabe, a contraint à l'exode 760.000 Palestiniens, selon l'ONU, après la première guerre israélo-arabe déclenchée en mai 1948.

"Les appels à un cessez-le-feu sont des appels à Israël à se rendre face au Hamas. Cela ne se produira pas", a de son côté averti le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, martelant son objectif d'"anéantir" le mouvement islamiste palestinien.

Un responsable militaire du Hamas, Abou Obeida, a lui promis que "Gaza sera un cimetière et un bourbier pour l'ennemi".

"La possibilité d'un règlement pacifique est très lointaine. Je ne vois rien de positif à l'horizon", confie à l'AFP le professeur Claude Klein, ancien doyen de la faculté de droit de l'Université hébraïque de Jérusalem.

"Ce qui s'est passé le 7 octobre a renforcé ceux qui en Israël disent qu'il n'y a pas d'interlocuteurs pour parler de paix", observe cet universitaire.

Pour l'ancien ministre palestinien Ghassan al-Khattib, qui enseigne à l'université Bir Zeit (Cisjordanie), "la radicalisation a renforcé les deux parties au conflit et a conduit à une profonde incrédulité vis-à-vis d'une solution pacifique".

"J'ai arrêté de croire à une solution à deux Etats bien avant le 7 octobre", ajoute-t-il en faisant remonter son pessimisme à l'assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin par un extrémiste juif, il y a presque 28 ans jour pour jour.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.