AMMAN: La Jordanie a décidé mercredi de rappeler "immédiatement" son ambassadeur en Israël pour protester contre l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza, déclenchée après une attaque sanglante perpétrée le 7 octobre par le Hamas palestinien sur le sol israélien.
Le royaume jordanien, qui a signé en 1994 un traité de paix avec son voisin israélien, est le premier pays arabe à avoir rappelé son ambassadeur depuis le début le 7 octobre de la guerre entre Israël et le Hamas au pouvoir à Gaza.
"Aujourd'hui (mercredi), le ministre des Affaires étrangères Ayman Al-Safadi a décidé de rappeler immédiatement l'ambassadeur jordanien en Israël", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Nous rejetons et condamnons la guerre israélienne continue à Gaza qui tue des innocents, provoque une catastrophe humanitaire sans précédent", a affirmé le communiqué, en mettant en garde contre une "expansion" de cette guerre, qui "menacerait la sécurité de l'ensemble de la région ainsi que la sécurité et la paix mondiales".
M. Safadi, a ajouté le ministère, a appelé les "autorités compétentes à demander au ministère israélien des Affaires étrangères de ne pas renvoyer en Jordanie son ambassadeur, qui avait précédemment quitté le royaume".
En Israël, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Lior Haiat a affirmé que son pays "déplore la décision du gouvernement jordanien".
Dans un communiqué, M. Haiat a précisé que l'Etat d'Israël "se concentre sur la guerre imposée par l'attaque terroriste meurtrière du mouvement terroriste Hamas".
Depuis le 7 octobre, plusieurs manifestations de solidarité avec les Palestiniens ont eu lieu à Amman pour réclamer l'annulation du traité de paix entre la Jordanie et Israël et la fermeture de l'ambassade israélienne.
La Jordanie partage sa frontière avec Israël et la Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
La dernière fois où la Jordanie avait rappelé son ambassadeur en Israël remonte à 2019 quand elle avait voulu protester contre le refus d'Israël de libérer deux Jordaniens détenus depuis plusieurs mois.
«Tributaire»
"Un retour des ambassadeurs est tributaire de l'arrêt de la guerre menée par Israël contre Gaza (...) et de la fin de toutes les mesures qui privent les Palestiniens de leur droit à la nourriture, à l'eau, aux médicaments, et leur droit à une vie sûre et stable sur leur sol national", a dit mercredi le ministère.
Mardi, le roi Abdallah II de Jordanie avait souligné, lors d'un appel téléphonique avec le président américain Joe Biden, "la nécessité de cesser le feu et d'œuvrer à une trêve humanitaire immédiate à Gaza, en garantissant un accès ininterrompu à l'aide humanitaire (...)".
Lors d'un sommet au Caire le 21 octobre, Abdallah II s'était insurgé contre le fait que "le monde est silencieux" face aux bombardements israéliens. "Le monde arabe l'entend clairement: les vies palestiniennes valent moins que les vies israéliennes".
L'Egypte a été le premier pays arabe a signer un traité de paix avec Israël, en 1979. A partir d'août 2020, les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc ont normalisé leurs relations avec Israël.
Hors du Moyen-Orient, la Bolivie a rompu ses relations diplomatiques avec Israël, alors que le Chili et la Colombie ont annoncé rappeler leurs ambassadeurs en Israël pour protester contre les bombardements israéliens à Gaza.
Selon les autorités israéliennes, au moins 1.400 personnes ont été tuées en Israël, en majorité des civils et la plupart le jour de l'attaque du 7 octobre.
Dans la bande de Gaza, dirigée par le Hamas, près de 8.800 personnes, dont 3.648 enfants, ont été tuées dans les bombardements israéliens, selon un communiqué du ministère de la Santé du Hamas.