Comment les réfugiés et les personnes déplacées au Moyen-Orient pourraient bénéficier d’un traitement précoces du cancer du sein

Des hôpitaux, cliniques, laboratoires, usines pharmaceutiques et autres infrastructures de soins oncologiques ont subi des dégâts ou ont été détruits dans toute la Syrie par des années de combats. Ci-dessus, des femmes syriennes déplacées portant des bébés, dans le camp de Washukanni, en 2019. (Photo d'archives AFP)
Des hôpitaux, cliniques, laboratoires, usines pharmaceutiques et autres infrastructures de soins oncologiques ont subi des dégâts ou ont été détruits dans toute la Syrie par des années de combats. Ci-dessus, des femmes syriennes déplacées portant des bébés, dans le camp de Washukanni, en 2019. (Photo d'archives AFP)
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Publié le Mercredi 01 novembre 2023

Comment les réfugiés et les personnes déplacées au Moyen-Orient pourraient bénéficier d’un traitement précoces du cancer du sein

  • Des milliers de membres du corps médical ont fui les conflits au Moyen-Orient, privant les femmes de soins
  • Les Syriens et les Palestiniens ne peuvent souvent pas accéder à un traitement à l'étranger en raison des restrictions de voyage et du manque de moyens

DUBAÏ: Lorsque l'écrivaine et traductrice syrienne Dina Aboul Hosn a reçu il y a trois ans une lettre des autorités sanitaires locales en Allemagne lui demandant de venir pour un examen de routine des seins, elle ne s’en est pas souciée.

Dina Aboul Hosn, qui venait d'avoir cinquante ans et avait demandé l'asile en Allemagne huit ans auparavant, était consciente de la nécessité de respecter la distanciation sociale et de se mettre en quarantaine, dans un contexte de pandémie de Covid-19, et elle avait donc choisi de reporter son rendez-vous.

Lorsqu'elle s'est finalement présentée à un examen approfondi deux ans plus tard, elle n'était pas préparée aux résultats. «Il n’y a pas lieu de trop s’inquiéter, mais vous avez une lésion qui doit être contrôlée», lui avait alors dit son médecin après une séance d'imagerie par ultrasons.

Bien que la lésion ne soit ni maligne ni dangereuse, le nom de Dina Aboul Hosn a été transféré de la liste des personnes qui subissent des examens de santé tous les deux ans à celles qui subiront un examen annuel. Depuis, cette alerte l’a amenée à être beaucoup plus attentive à son état de santé.

Le cancer du sein est le type de cancer le plus répandu dans le nord-ouest de la Syrie. Ci-dessus, des bénévoles organisent des sessions sur les risques et les symptômes de la maladie, les méthodes d'examen à faire soi-même et l'importance des examens dans la prévention et le rétablissement. (X: Les Casques blancs)
Le cancer du sein est le type de cancer le plus répandu dans le nord-ouest de la Syrie. Ci-dessus, des bénévoles organisent des sessions sur les risques et les symptômes de la maladie, les méthodes d'examen à faire soi-même et l'importance des examens dans la prévention et le rétablissement. (X: Les Casques blancs)

L’amie de Dina Aboul Hosn, une compatriote syrienne qui réside également en Allemagne, n’a pas eu cette chance. On lui a diagnostiqué un cancer du sein à un stade précoce, et elle a subi une tumorectomie ainsi qu’un traitement complet de radiothérapie.

Les deux femmes ont bénéficié d’une couverture complète de leur assurance maladie, et de soins de qualité élevée fournis par le système de santé allemand.

Le résultat aurait pu être différent pour ces femmes si elles étaient restées dans leur pays d’origine, où douze années de conflits sanglants ont conduit au déplacement de la moitié de la population et laissé les services essentiels fonctionner à grand-peine.

«C'est une chose terrible. Même en cas de maladie, il y a ce sentiment de culpabilité, le fait que j’ai accès aux services médicaux ici, mais pas eux. C’est un sentiment terrible», confie Dina Aboul Hosn à Arab News.

Des hôpitaux, cliniques, laboratoires, usines pharmaceutiques et autres infrastructures de soins oncologiques ont subi des dégâts ou ont été détruits dans toute la Syrie par des années de combats, tandis que ceux qui ont été épargnés souffrent de la pression économique et des embargos commerciaux.

Le cancer du sein est le type de cancer le plus répandu dans le nord-ouest de la Syrie. Ci-dessus, des bénévoles organisent des sessions sur les risques et les symptômes de la maladie, les méthodes d'examen à faire soi-même et l'importance des examens dans la prévention et le rétablissement. (X: Les Casques blancs)
Le cancer du sein est le type de cancer le plus répandu dans le nord-ouest de la Syrie. Ci-dessus, des bénévoles organisent des sessions sur les risques et les symptômes de la maladie, les méthodes d'examen à faire soi-même et l'importance des examens dans la prévention et le rétablissement. (X: Les Casques blancs)

«Les modalités d'imagerie diagnostique et de radiothérapie ne sont pas disponibles dans la majorité des centres médicaux en Syrie, ce qui rend très difficile pour les médecins de suivre les directives universelles en matière de diagnostic et de traitement», selon un article publié dans l'American Society of Clinical Oncology Educational Book en 2018, intitulé: «Traitement du cancer pour les réfugiés et les populations déplacées; conflits au Moyen-Orient et catastrophes naturelles mondiales».

De nombreux médecins et praticiens ont été tués ou ont quitté le pays. Selon l’organisation non gouvernementale Physicians for Human Rights, quelque 15 000 médecins ont fui pour la seule année 2015.

Traf al-Traf, pharmacien et coordinateur de programme auprès de l’International Wars and Disasters Victims Protection Association («Association internationale pour la protection des victimes des guerres et des catastrophes») dans la province d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, tenue par l’opposition, s’efforce de sensibiliser la population à l’examen à faire soi-même et au dépistage.

«Nous essayons de sensibiliser la population, et de freiner la propagation des cas de cancer avec nos moyens très limités», indique M. Al-Traf à Arab News. Cela comprend des cliniques mobiles, la distribution de dépliants et l'affectation d'une équipe féminine qualifiée pour sensibiliser les femmes.

Le cancer du sein est le type de cancer le plus répandu dans le nord-ouest de la Syrie, précise Traf al-Traf. Sur 373 nouveaux cas de cancer signalés en 2021, quelque 241 étaient des cancers du sein, suivis de 61 cas de lymphome de Hodgkin.

Le cancer du sein est le type de cancer le plus répandu dans le nord-ouest de la Syrie. Ci-dessus, des bénévoles organisent des sessions sur les risques et les symptômes de la maladie, les méthodes d'examen à faire soi-même et l'importance des examens dans la prévention et le rétablissement. (X: Les Casques blancs)
Le cancer du sein est le type de cancer le plus répandu dans le nord-ouest de la Syrie. Ci-dessus, des bénévoles organisent des sessions sur les risques et les symptômes de la maladie, les méthodes d'examen à faire soi-même et l'importance des examens dans la prévention et le rétablissement. (X: Les Casques blancs)

Lorsqu'un cancer est diagnostiqué chez une femme, cette dernière est orientée vers le principal hôpital d’Idlib, qui bénéficie du soutien de la Syrian American Medical Society. Cependant, l’hôpital n’est pas en mesure de proposer des traitements pour tous les types de cancer, et seuls les Syriens disposant de suffisamment de moyens ou de relations peuvent se rendre à l’étranger pour se faire soigner.

Le coût du traitement du cancer, ainsi que de l’imagerie spécialisée, est très élevé. Alors que la maladie et son traitement sont angoissants pour tous les patients, la détresse est encore plus importante pour les déplacés. Un grand nombre d’entre eux sont diagnostiqués beaucoup plus tard, le financement des soins palliatifs peut être refusé, et nombre d’autres meurent sans diagnostic ni traitement approprié.

Souvent, les dépenses liées au traitement des patients déplacés atteints de cancer ne sont pas couvertes par les organismes d'aide internationale et les organisations de bénévoles, car le cancer est «de trop mauvais pronostic et/ou trop coûteux à traiter», selon un article intitulé «Burden of Cancer Among Syrian Refugees in Jordan» («Le lourd fardeau du cancer pour les Syriens réfugiés en Jordanie»), publié dans le Journal of Global Oncology en 2018.

Les services de santé conçus pour les réfugiés par les organismes d'aide humanitaire ont tendance à se concentrer sur des problèmes tels que la nutrition et les maladies infectieuses, tout en négligeant les maladies spécifiques comme le cancer.

Arab News a contacté quatre organisations humanitaires régionales et internationales à Amman, Beyrouth, Le Caire et Dubaï, pour s'enquérir des programmes qu'elles proposent pour sensibiliser la population au cancer du sein, ou pour fournir un diagnostic ou des traitements précoces dans des camps en Jordanie, au Liban, au Soudan, au Yémen et en Palestine.

Deux organisations ont déclaré qu’elles n’avaient pas de tels programmes, tandis que deux autres n’ont donné aucune réponse précise, déclarant seulement qu’elles étaient «très prises par la guerre à Gaza».

Le cancer du sein est le cancer le plus répandu parmi les Palestiniennes déplacées dans les camps par la guerre israélo-arabe de 1948, représentant 32% des diagnostics de cancer en Cisjordanie et à Jérusalem, et 18% dans la bande de Gaza.

Le cancer du sein est le cancer le plus répandu chez les Palestiniennes déplacées dans les camps par la guerre israélo-arabe de 1948. (Photo d'archives AFP)
Le cancer du sein est le cancer le plus répandu chez les Palestiniennes déplacées dans les camps par la guerre israélo-arabe de 1948. (Photo d'archives AFP)

Les femmes de Gaza «sont plus susceptibles que celles vivant en Cisjordanie et à Jérusalem d’avoir une bonne connaissance des facteurs de risque de cancer du sein (42% et 35,2%, respectivement), selon le rapport de 2022, intitulé: «Sensibilisation des femmes palestiniennes aux facteurs de risque de cancer du sein», publié dans la revue JCO Global Oncology.

«Cette différence pourrait être aggravée par le fait que la Cisjordanie et Jérusalem ont des points de contrôle et des restrictions à la mobilité interne, même entre les villes, ce qui rend difficile l’accès aux soins de santé», indique le rapport.

«Une autre explication pourrait être due au nombre de femmes vivant dans les régions rurales, où la Cisjordanie et Jérusalem ont une proportion plus élevée, qui pourraient avoir un accès limité aux établissements de santé.»

Malgré un bon niveau de sensibilisation parmi les femmes de Gaza, certaines options de traitement, comme la radiothérapie, restent hors de portée dans ce secteur. Les patients doivent obtenir un permis des autorités israéliennes pour recevoir de tels traitements dans les hôpitaux de Jérusalem-Est. Or, ces permis sont souvent impossibles à obtenir.

Des études montrent qu’en 2018, près de 40% des demandes de permis israéliens permettant aux patients palestiniens de quitter la bande de Gaza pour recevoir un traitement en Cisjordanie ou à Jérusalem ont été rejetées ou retardées. Près d’un quart de ces demandes concernaient des soins contre le cancer.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Reconnaître l'État palestinien et mettre fin à l'effusion de sang, demande l'ancien l'ambassadeur saoudien aux États-Unis

 La paix et la stabilité au Moyen-Orient reposent sur une solution juste à la question palestinienne, a déclaré le prince Turki Al-Faisal, ancien ambassadeur saoudien au Royaume-Uni et aux États-Unis, lors d'un important forum de politique étrangère organisé à Washington. (AFP)
La paix et la stabilité au Moyen-Orient reposent sur une solution juste à la question palestinienne, a déclaré le prince Turki Al-Faisal, ancien ambassadeur saoudien au Royaume-Uni et aux États-Unis, lors d'un important forum de politique étrangère organisé à Washington. (AFP)
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  • Le prince Turki Al-Faisal appelle Washington à "tenir compte des voix de ses amis et alliés dans la région"
  • Au Moyen-Orient, les guerres deviennent "presque normales dans cette région assoiffée de conflits", a-t-il déclaré

RIYAD: La paix et la stabilité au Moyen-Orient reposent sur une solution juste à la question palestinienne, a déclaré le prince Turki Al-Faisal, ancien ambassadeur saoudien au Royaume-Uni et aux États-Unis, lors d'un important forum de politique étrangère organisé à Washington.

S'adressant à la conférence annuelle des décideurs arabes et américains organisée par le Conseil national des relations américano-arabes, l'ancien chef des services de renseignement a déclaré que les troubles récurrents avaient plongé la région dans un "état de confusion stratégique".

Au Moyen-Orient, les guerres deviennent "presque normales dans cette région assoiffée de conflits", a-t-il déclaré.

Soulignant la "réponse implacable et destructrice" d'Israël aux attaques du Hamas du 7 octobre, le prince Turki a déclaré que la guerre qui en a résulté "représente un échec politique découlant de l'arrogance et de convictions infondées qui ont conduit à ignorer les souffrances endurées par la population assiégée de Gaza".

Ces "illusions" ont également conduit Israël à mal interpréter les ouvertures arabes en faveur de la paix, a-t-il ajouté.

"Cependant, le Moyen-Orient n'est pas le seul à connaître des troubles et des incertitudes", a déclaré l'ancien diplomate. "Où que nous regardions aujourd'hui sur la carte du monde, nous constatons qu'il y a une crise dans chaque coin, et sans un horizon clair pour trouver des solutions appropriées qui résolvent les problèmes."

Cet état de confusion stratégique contribue énormément à la poursuite et à l'escalade de la violence, a-t-il ajouté.

"Il crée également de nouveaux conflits qui compliquent la situation dans une région où chaque crise engendre une autre crise et où chaque problème est lié à un autre problème. La fatigue et la confusion au Moyen-Orient sont synonymes d'une forte polarisation, d'une multiplicité de questions conflictuelles et d'une multiplicité d'acteurs concurrents qui gèrent la situation au cas par cas.

Le prince Turki a souligné l'absence d'une orientation ou d'une stratégie claire visant à mettre fin aux conflits de manière pacifique et à créer les conditions nécessaires à la paix, à la stabilité et à la sécurité.

Il a salué les mesures prises par des pays tels que la France et la Norvège pour reconnaître l'État palestinien et "convaincre ceux qui ne le sont pas que la paix au Moyen-Orient passe par une solution juste de cette question en suspens".

Appelant les États-Unis à poursuivre leurs efforts pour mettre fin à la guerre de Gaza, le prince Turki a déclaré que Washington devrait "faire le pas le plus important en prenant en compte les voix de ses amis et alliés dans la région" en soutenant les principes de l'initiative de paix arabe et en faisant pression pour mettre fin au conflit.

Les dirigeants qui font des pas supplémentaires pour la paix sont considérés comme de grands dirigeants", a-t-il déclaré lors de la conférence, ajoutant : "Président Trump, c'est à votre tour de faire un pas en avant : "Président Trump, c'est à votre tour d'être ce leader. Menez votre proposition de cessez-le-feu en 20 points jusqu'à l'inévitable 21e point."

Le prince Turki a exhorté le dirigeant américain à profiter de la visite officielle du prince héritier Mohammed bin Salman pour reconnaître l'État palestinien et "mettre fin à jamais à l'effusion de sang des Palestiniens et des Israéliens."


Le président libanais juge le monopole des armes à l'Etat "nécessaire et inévitable"

le président libanais Joseph Aoun s'adressant à la nation à la veille de la fête de l'indépendance dans un discours télévisé depuis le quartier général du commandement du secteur sud du Litani de l'armée libanaise à Tyr, le 21 novembre 2025. (AFP)
le président libanais Joseph Aoun s'adressant à la nation à la veille de la fête de l'indépendance dans un discours télévisé depuis le quartier général du commandement du secteur sud du Litani de l'armée libanaise à Tyr, le 21 novembre 2025. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun affirme que le monopole des armes par l’État est “nécessaire et inévitable”, alors que l’armée prévoit de démanteler la présence militaire du Hezbollah au sud du Liban conformément au cessez-le-feu
  • Ce message intervient dans un contexte de fortes pressions américaines, de frappes israéliennes récurrentes et d’appels libanais à un soutien et un encadrement international pour sécuriser la mise en œuvre de ces engagements

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun, sous forte pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, a jugé dans un discours prononcé vendredi dans le sud du Liban "nécessaire et inévitable" le monopole des armes à l'Etat.

Depuis le cessez-le-feu qui a mis fin il y a un an à une guerre meurtrière entre Israël et le mouvement pro-iranien, le Liban est sous forte pression de Washington pour qu'il pousse le Hezbollah à remettre ses armes à l'armée libanaise.

Conformément à l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

L'armée a ainsi soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque d'ici la fin de l'année, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais.

Dans son discours, prononcé à la veille de la fête nationale, le président libanais a jugé le monopole de l'Etat sur les armes "nécessaire et inévitable" tout en appelant le comité chargé de surveiller la trêve regroupant Etats-Unis, France, ONU, Liban et Israël, à "s'assurer que les forces armées libanaises contrôlent seules" le sud du pays.

Il a répété que le Liban était prêt à négocier, sous parrainage américain ou international, "tout accord qui mettra fin à ces agressions transfrontalières".

Joseph Aoun a enfin exhorté "les amis du Liban et les pays frères à superviser l'ensemble de ce processus en établissant un calendrier clair et en mettant en place un mécanisme international de soutien à l'armée libanaise".

Au cours des dernières semaines, l'armée israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban, accusant le Hezbollah de chercher à y reconstruire les infrastructures militaires détruites lors de sa guerre contre ce mouvement soutenu pro-iranien et allié au Hamas palestinien.

Selon le ministère de la Santé, une personne a été tuée lors d'une frappe vendredi dans le sud du Liban. Plus de 330 personnes ont été tuées au Liban et 945 blessées depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, selon la même source.

Morris Tidball-Binz, rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, a dénoncé vendredi dans un communiqué le "schéma répété de meurtres illégaux et de violations du cessez-le-feu par Israël".


L'armée israélienne affirme que l'attaque au Liban a tué 13 militants du Hamas

Des personnes en deuil portent les cercueils des victimes de la frappe aérienne israélienne de mardi, lors d'un cortège funèbre dans le camp de réfugiés palestiniens d'Ein El-Hilweh, dans la ville portuaire de Sidon, au sud du Liban, jeudi. (AP)
Des personnes en deuil portent les cercueils des victimes de la frappe aérienne israélienne de mardi, lors d'un cortège funèbre dans le camp de réfugiés palestiniens d'Ein El-Hilweh, dans la ville portuaire de Sidon, au sud du Liban, jeudi. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir tué 13 membres du Hamas, dont Jihad Saïdaoui, dans une frappe sur le camp d’Aïn el-Héloué, tandis que le Hamas dénonce un « massacre » visant des civils
  • Le lieu de la frappe est au cœur d’un récit contradictoire : Israël parle d’un camp d’entraînement, tandis que des témoins et le Hamas évoquent un terrain de sport fréquenté par des jeunes du camp

JERUSALEM: L'armée israélienne a affirmé vendredi avoir tué "13 terroristes du Hamas" dans sa frappe menée mardi soir sur le camp de réfugiés palestiniens d'Aïn el-Héloué au Liban, dans laquelle les autorités libanaises ont annoncé 13 morts, sans préciser leur identité.

"Treize terroristes du Hamas ont été éliminés" dans cette frappe, "dont Jihad Saïdaoui, impliqué dans la formation de terroristes destinés à mener des attaques" contre Israël et ses soldats à partir territoire libanais, écrit dans un communiqué en hébreu l'armée qui avait aussi utilisé la graphie de "Jaouad Sidaoui".

A l'AFP qui lui demandait de lui fournir la liste nominative des douze autres personnes qu'elle dit avoir éliminées dans la frappe, l'armée israélienne a répondu n'avoir rien à ajouter à ce qui a été publié dans son communiqué.

Dans un avis de décès ayant circulé mercredi au Liban, le Hamas a publié la liste des noms des treize morts, en commençant par celui de Jihad Saïdaoui, avant de publier le lendemain sur Telegram, un message avec les photos de treize hommes d'apparence jeune, voire juvénile, accompagné d'un texte qualifiant la frappe "d'horrible massacre" ayant causé la mort de "plusieurs civils innocents".

Mardi, peu de temps après la frappe, l'armée israélienne avait annoncé avoir visé "des terroristes en opération dans un camp d'entraînement du Hamas".

"Les allégations (d'Israël) selon lesquelles le lieu ciblé serait un complexe d'entraînement appartenant au mouvement ne sont que pure calomnie (et visent) à justifier son agression criminelle et à inciter à la haine contre les camps et notre peuple palestinien", avait répliqué le Hamas, affirmant n'avoir "aucune installation militaire dans les camps palestiniens au Liban".

- "Terrain de sport" -

L'armée israélienne a diffusé ce qu'elle a présenté comme une vidéo de sa frappe montrant une attaque sur un bâtiment.

Mais le mouvement islamiste palestinien affirme que "ce qui a été pris pour cible est un terrain de sport ouvert fréquenté par les jeunes du camp (...) et que ceux qui ont été visés étaient un groupe de jeunes présents sur le terrain au moment de l'attaque".

"On a entendu trois explosions, nos maisons ont vacillé et les enfants tremblaient de peur", a déclaré à l'AFP au lendemain de l'attaque Mohammad Moustafa, habitant d'Aïn al-Heloué, le plus grand des camps de réfugiés palestiniens du Liban, près de la ville de Saïda, dans le sud du pays.

Agé de 67 ans, M. Moustafa a assuré que les morts étaient en majorité "des jeunes du camp qui jouaient au foot dans un terrain à l'intérieur du hangar" visé, dans lequel un correspondant de l'AFP a vu mercredi matin des taches de sang maculant le sol et des secouristes rassemblant des restes humains.

Lors des funérailles organisées à l'intérieur du camp pour 11 des 13 personnes tuées, un correspondant de l'AFP a vu des drapeaux aux couleurs du mouvement islamiste du Hamas, mais aussi des drapeaux palestiniens, sur les cercueils.

Les deux autres, dont une personne identifiée comme étant Jihad Saïdaoui, ont été enterrées dans un cimetière à l'extérieur du camp.

Le Liban "s'est engagé à désarmer les factions armées dans les camps palestiniens, mais les organisations terroristes continuent d'exploiter cyniquement la population et les infrastructures civiles" à leurs fins, écrit vendredi l'armée israélienne.

La frappe sur Aïn el-Héloué est survenue sur fond de trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza et alors que l'armée israélienne intensifie ses tirs sur le sud du Liban malgré un cessez-le-feu avec le Hezbollah, allié du Hamas, qu'elle accuse de chercher à se réarmer.