Cela fait près de sept mois que les affrontements entre les forces armées soudanaises et le puissant groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR) ont éclaté au Soudan et aucun signe de résolution du conflit ou de victoire n'est encore perceptible.
Les parties n'ayant pas réussi à s'entendre sur un cessez-le-feu permanent dans les premiers jours du conflit, il était inévitable que les affrontements dégénèrent en une guerre civile meurtrière.
Malheureusement, à mesure que la guerre se poursuit, le Soudan risque de se fragmenter davantage et le nombre de groupes impliqués risque de se multiplier. Ce phénomène aggravera la violence dans l'ensemble du pays, tout en augmentant l'ampleur et la durée de la guerre.
Le désastre humanitaire infligé par la guerre à la population soudanaise a atteint des niveaux catastrophiques. Les grandes villes ont été détruites, plus de 5 millions de personnes ont été déplacées, environ 9 000 ont été tuées et plus de 12 000 ont été blessées, selon les dernières estimations.
Il est également alarmant de constater que des cas de dengue, de rougeole, de paludisme et de choléra ont été recensés, d'autant plus que près de 70% des établissements de soins de santé dans les zones touchées sont actuellement hors service. La poursuite du conflit pourrait provoquer l'effondrement total du système de santé au Soudan, au risque d'entraîner des épidémies plus importantes qui toucheraient également d'autres pays.
Les enfants, qui sont les plus vulnérables, sont généralement les plus touchés par les guerres civiles. Quelque 20 millions d'enfants subissent déjà les conséquences de la fermeture des écoles au Soudan, tandis que 14 millions d'enfants nécessitent d'urgence une aide humanitaire vitale. Par ailleurs, selon le barreau du Darfour, des cas d'enfants soldats combattant pour les deux parties au conflit ont été signalés au Soudan.
Le désastre humanitaire infligé par la guerre à la population soudanaise a atteint des niveaux catastrophiques.
Majid Rafizadeh
Les efforts pour négocier un accord de paix ont malheureusement été inefficaces jusqu'à présent et les cessez-le-feu n'ont pas tenu. Comme l'a souligné Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International: «Les personnes sont tuées à l'intérieur de leur maison ou alors qu'elles cherchent désespérément de la nourriture, de l'eau et des médicaments. Elles sont prises dans des tirs croisés en tentant de fuir, et abattues délibérément lors d'attaques ciblées. Des dizaines de femmes et de jeunes filles, dont certaines n'ont que douze ans, ont été violées et soumises à d'autres formes de violence sexuelle par des membres des parties belligérantes. Aucun lieu n'est sûr.»
Toute solution efficace susceptible de déboucher sur un processus politique visant à mettre fin au conflit nécessite une implication régionale. La participation, l'engagement fort et la coopération des pays de la région, en particulier ceux qui sont les plus touchés par le conflit, sont essentiels. L'Union africaine (UA) devrait jouer un rôle de premier plan dans toute initiative diplomatique en menant le dialogue et les négociations susceptibles de garantir un cessez-le-feu permanent, ainsi que l'ouverture de couloirs pour l'acheminement de l'aide humanitaire.
Une résolution doit impliquer toutes les parties et tracer la voie d'un processus politique global et inclusif. L'exclusion de toute partie impliquée dans le conflit soudanais, qu'il s'agisse d'un État ou d'un acteur non étatique, pourrait à terme conduire à l'échec d'un accord négocié.
La décision de l'UA et de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) de proposer ce mois-ci une nouvelle vision pour mettre fin à la guerre au Soudan constitue un pas dans la bonne direction. Par ailleurs, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a accueilli en juillet les dirigeants de l'Éthiopie, du Sud-Soudan, du Tchad, de l'Érythrée, de la République centrafricaine et de la Libye. Ces importants pourparlers de paix régionaux ont montré que les pays voisins du Soudan s'efforcent de jouer un rôle plus décisif. Comme l'a souligné Al-Sissi dans sa conclusion, «un accord a été conclu pour former un mécanisme ministériel concernant la crise soudanaise au niveau des ministres des Affaires étrangères des pays voisins. Les Forces de soutien rapide et l'armée soudanaise ont approuvé au moins dix cessez-le-feu, dont beaucoup ont été négociés lors des pourparlers de Djeddah».
Toute solution efficace susceptible de déboucher sur un processus politique visant à mettre fin au conflit nécessite une implication régionale.
Majid Rafizadeh
L'Union africaine pourrait demander l'aide des Nations unies. Afin de faciliter le processus de rétablissement de la paix, les Nations unies doivent adopter une position ferme et unifiée contre la guerre au Soudan. De nombreux pays pourraient s'unir et utiliser leur influence politique pour imposer une pression diplomatique sur les parties impliquées dans le conflit.
Une autre approche consisterait à exercer une pression économique sur les parties qui refusent de participer aux pourparlers de paix. Les sanctions financières ou les mesures incitatives contribuent souvent à pousser les belligérants à négocier un cessez-le-feu.
L'UA pourrait également demander l'aide de la Ligue arabe. Elle pourrait intégrer dans ses efforts la déclaration d'engagement de Djeddah pour la protection des civils du Soudan. La déclaration de l'Arabie saoudite est ancrée dans le droit international des droits de l'homme. Elle distingue entre civils et combattants et met l'accent sur le passage sécurisé des civils, la protection du personnel médical, l'acheminement de l'aide humanitaire à la population et la prévention du recrutement d'enfants soldats.
En résumé, le rôle accru joué par l'Union africaine pour mettre fin à la guerre au Soudan est un pas dans la bonne direction. La communauté internationale devrait soutenir cette initiative, ainsi que les efforts entrepris par les pays voisins du Soudan.
Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.
X : @Dr_Rafizadeh
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com