L'ONU a fêté cette semaine un autre anniversaire, puisqu'elle a officiellement vu le jour il y a 78 ans, le 24 octobre 1945. Elle a remplacé la Société des Nations, qui avait été créée après la Première Guerre mondiale mais n'avait pas réussi à empêcher la Seconde Guerre mondiale.
Examinons l'évolution de cette organisation internationale cruciale, ses échecs, ses réalisations et ses défis, ainsi que ses méthodes et les réformes qui peuvent être menées afin d'accroître son efficacité lorsqu'il s'agit de traiter les questions complexes d'aujourd'hui.
L'ONU a été fondée à la fin de la guerre la plus destructrice de l'histoire, la Seconde Guerre mondiale, qui aurait fait jusqu'à 60 millions de morts. Ses objectifs initiaux étaient de prévenir les guerres futures, de jouer le rôle de pacificateur sur la scène mondiale, de promouvoir la sécurité et la stabilité internationales, de résoudre les conflits entre États souverains et de développer des relations amicales entre les nations.
La Charte des Nations unies, adoptée à l'unanimité au War Memorial Opera House de San Francisco en juin 1945, a créé le Conseil de sécurité, qui se composait à l'origine de cinq membres permanents et de six membres non permanents. Il s'est depuis élargi à 10 membres non permanents. Seuls les cinq membres permanents ont le droit d'opposer leur veto aux projets de résolution.
La structure organisationnelle prédominante de l'ONU est restée la même à ce jour. L'ONU compte actuellement cinq organisations opérationnelles principales actives: le Secrétariat de l'ONU, l'Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social et la Cour internationale de justice. Le nombre d'États membres a progressivement augmenté, en particulier après la période de décolonisation des années 1950 et 1960, passant de 51 à l'origine à 193 aujourd'hui, qui font tous partie de l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU).
L'AGNU est l'organe principal de l'ONU − elle s'occupe de l'élaboration des politiques, vote les décisions de l'ONU et constitue une plate-forme essentielle qui peut rallier la coopération et le soutien multilatéraux afin de discuter et de convenir de mesures collectives liées à la résolution de problèmes majeurs. Les résolutions adoptées par l'AGNU sont considérées comme non contraignantes, tandis que celles adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) sont contraignantes et sont appliquées par les Nations unies.
Il est important de souligner que les résolutions adoptées par l'AGNU tendent à être plus efficaces en termes d'application et de mise en œuvre que celles adoptées par le CSNU, en dépit du fait qu'elles ne sont pas officiellement contraignantes. En effet, les résolutions de l'AGNU ont plus d'influence politique et sont plus inclusives car elles sont approuvées par une majorité d'États membres de l'ONU, et non par quelques pays seulement. Mais il est important de souligner que, malheureusement, un membre du Conseil de sécurité des Nations unies peut aussi empêcher le Conseil d'adopter une résolution ou d'appeler à un cessez-le-feu.
Avec l'augmentation du nombre d'États membres et de l'activisme dans le monde, la mission et les responsabilités de l'ONU se sont étendues du simple maintien de la paix et de la sécurité internationales à la résolution des problèmes liés au développement social et économique, à l'environnement et aux droits de l'homme fondamentaux. En conséquence, le nombre de résolutions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies a considérablement augmenté et davantage d'agences ont été créées au sein de l'organisation. Il s'agit notamment de l'UNESCO, de l'UNICEF, de l'Organisation mondiale de la santé et du Programme alimentaire mondial.
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«La mission et les responsabilités de l'ONU se sont accrues au fur et à mesure que le nombre d'États membres augmentait et que l'activisme se développait.»
Majid Rafizadeh
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Cependant, l'ONU a souvent été critiquée pour certains de ses défauts, tels que la capacité d'un seul membre du Conseil de sécurité à opposer son veto à une résolution, son manque de pouvoir d'exécution, l'inefficacité de la gouvernance mondiale face aux défis modernes, l'incapacité à parvenir à un consensus ou à agir face à certains des conflits les plus graves du monde − notamment les guerres en Syrie et au Soudan −, la lenteur des processus, l'impression de partialité et le manque de modernisation.
L'une des principales critiques adressées à l'ONU est son incapacité à mettre en œuvre un cessez-le-feu immédiat dans le bombardement incessant de la bande de Gaza par Israël. Cette demande est soutenue par une majorité de membres du Conseil de sécurité, mais les États-Unis (l'allié le plus fidèle d'Israël) l'ont bloquée. Près de 100 membres des Nations unies ont également appelé à un cessez-le-feu, mais l'organisation est paralysée.
Il est fondamentalement antidémocratique qu'un membre puisse empêcher le Conseil de sécurité des Nations unies d'imposer un cessez-le-feu pour permettre l'entrée de l'aide humanitaire. Même le secrétaire général, António Guterres, a exprimé sa frustration face à l'incapacité des Nations unies à agir.
Les réformes susceptibles d'accroître l'efficacité des Nations unies comprennent l'augmentation du nombre d'États membres au sein du Conseil de sécurité, la simplification du processus décisionnel en améliorant sa gestion, et le renforcement de son engagement auprès des sociétés civiles, des entreprises, des philanthropes et du secteur privé. Comme l'a déclaré l'ancien secrétaire général Ban Ki-moon: «De vastes partenariats sont la clé pour résoudre de vastes défis. Lorsque les gouvernements, les Nations unies, les entreprises, les organisations philanthropiques et la société civile travaillent main dans la main, nous pouvons réaliser de grandes choses.»
Parmi les autres réformes possibles, citons l'amélioration de la transparence et de la responsabilité de l'ONU, l'adoption de stratégies antiterroristes plus efficaces et mieux coordonnées, une meilleure gestion du budget de l'ONU et de son affectation, l'amélioration de ses capacités de consolidation de la paix et l'adoption de mesures plus proactives afin d’éviter que les guerres n'éclatent.
De telles réformes constructives renforceraient l'efficacité de l'ONU dans sa lutte contre les problèmes mondiaux complexes. Comme l'a souligné Dag Hammarskjold, le deuxième secrétaire général, en 1955: «L'ONU n'est pas seulement un produit de bienfaiteurs. C'est une dure réalité. Un jour viendra où les hommes verront clairement l'ONU et ce qu'elle signifie. Tout ira bien − vous savez quand ? Quand les gens, rien que les gens, cesseront de considérer l'ONU comme une étrange abstraction de Picasso et la verront comme un dessin qu'ils ont fait eux-mêmes.»
Dr. Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. X: @Dr_Rafizadeh
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com