Comment la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza affecte la santé mentale des enfants palestiniens

Exposés à la violence armée à Gaza, les enfants palestiniens risquent de souffrir de troubles de l'attachement, de cauchemars et d'une anxiété persistante. (Photo, AFP)
Exposés à la violence armée à Gaza, les enfants palestiniens risquent de souffrir de troubles de l'attachement, de cauchemars et d'une anxiété persistante. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 28 octobre 2023

Comment la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza affecte la santé mentale des enfants palestiniens

  • Au-delà des blessures physiques, les enfants vivant dans la zone de guerre entre Israël et le Hamas devront faire face à des blessures émotionnelles durables
  • Selon les experts, l'exposition à un conflit armé peut entraîner des troubles de l'attachement, des cauchemars, des hallucinations et une anxiété persistante

LONDRES: Les vagues incessantes de frappes aériennes israéliennes sur Gaza au cours des quinze derniers jours ont aggravé une situation déjà périlleuse pour les enfants de l'enclave, qui souffrent depuis plus de dix ans sans qu'aucune fin au conflit ne soit en vue.

Les autorités sanitaires de la bande de Gaza affirment que plus de 2 300 enfants ont été tués dans la guerre entre Israël et le Hamas, qui a éclaté à la suite de l'assaut lancé le 7 octobre par le groupe militant palestinien contre le sud d'Israël.

Environ 40% des habitants de ce territoire sont âgés de moins de 18 ans, et l'UNICEF signale qu'en moyenne 400 enfants sont tués ou blessés chaque jour dans les violences. L’organisation Save the Children craint que 870 autres enfants soient piégés sous les décombres.

1
Malgré la réouverture du poste frontalier de Rafah entre l'Égypte et Gaza vendredi et la livraison de dizaines de camions chargés d'aide et de fournitures médicales, le besoin d'assistance reste primordial. (Photo, AFP)

Pourtant, on oublie parfois qu'au-delà des blessures physiques, les enfants des zones de conflit ont également dû faire face à des blessures émotionnelles profondes et durables.

Dans un article récent intitulé «Child casualties in Gaza ‘a growing stain on our collective conscience’», l'UNICEF a révélé que «presque tous les enfants de la bande de Gaza» ont été témoins d'événements pénibles et de traumatismes, et NPR a noté qu'après la guerre de 2021, 91% des enfants de Gaza avaient souffert de stress post-traumatique.

«On a constaté que les enfants exposés aux conflits présentaient des taux plus élevés d'anxiété, de dépression et de troubles psychosomatiques», a expliqué Ayesha Kadir, conseillère principale en santé humanitaire à Save the Children. «Mais les enfants n'expriment pas leur détresse psychologique de la même manière. Certains peuvent passer à l'acte, d'autres se replier sur eux-mêmes.»

«Ils peuvent agir plus jeunes que leur âge, commencer à faire pipi au lit, avoir du mal à dormir, refuser de manger ou avoir des effets d'intériorisation tels que des maux de ventre ou des maux de tête. Les enfants qui subissent un traumatisme ne sont pas tous traumatisés. Cependant, l'expérience d'un conflit est une forme de stress toxique, qui a des effets néfastes à la fois sur le plan physique et psychologique», a-t-elle ajouté.

En outre, un rapport publié l'année dernière par Save the Children a révélé que plus de la moitié des enfants de Gaza avaient des pensées suicidaires et que trois sur cinq s'automutilaient. Et avec la dernière flambée de violence, les enfants de Gaza ne sont pas les seules victimes directes.

L'UNICEF mentionne que 30 enfants auraient été tués lors des attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre, tandis que des dizaines d'autres sont eux-mêmes retenus en otage à Gaza ou ont de la famille en captivité.

1
Les autorités sanitaires de la bande de Gaza affirment que plus de 2 300 enfants ont été tués. (Photo, AFP)

Jeeda al-Hakim, psychologue spécialisée dans l'accompagnement psychologique à la City University de Londres, a indiqué que pour les enfants qui ont été témoins d'attentats à la bombe, d'attaques de missiles ou de la perte d'un membre de leur famille, la manifestation psychologique du choc peut aggraver ou créer des problèmes physiques supplémentaires.

«Ils peuvent trembler de manière incontrôlée, devenir muets ou incapables de parler, se renfermer sur eux-mêmes ou avoir des crises de panique», a-t-elle expliqué à Arab News. «Dans le corps, le traumatisme déclenche la libération d'hormones de stress comme le cortisol et l'adrénaline. Cela entraîne des problèmes physiques tels que des maux de tête, des maux d'estomac, un rythme cardiaque rapide et un mauvais sommeil.»

Al-Hakim a ajouté que, bien qu'étroitement liés, le choc et le traumatisme sont différents. Elle a décrit le choc comme «un état de dissociation, où le corps et l'esprit de la victime se sentent déconnectés et où rien ne semble réel», et le traumatisme comme «toute expérience soudaine et terrible qui perturbe votre bien-être et vous submerge».

EN CHIFFRES

- 400 enfants sont tués ou blessés chaque jour dans la guerre de Gaza.

- 91% des enfants de Gaza ont souffert de troubles post-traumatiques à la suite de la guerre de 2021.

- 100 camions d'aide sont nécessaires pour répondre aux besoins quotidiens de Gaza.

Bien que le choc soit une réaction courante au traumatisme — un moyen pour le cerveau de faire face à un événement stressant ou accablant — les événements traumatiques ne provoquent pas tous de choc, et les réactions de choc ne sont pas toutes le résultat d'un traumatisme, a précisé Al-Hakim.

En plein conflit, ce n'est pas seulement l'exposition à la violence qui affecte la santé mentale des enfants de Gaza. Des événements tels que les déplacements forcés, le manque d'accès aux besoins de base — comme l'éducation, les soins de santé et l'assainissement — ou le fait qu'un membre de la famille ou un ami soit directement victime de la violence, peuvent avoir des répercussions sur le bien-être et le développement d'un enfant. 

Kadir a signalé que «l'exposition directe et indirecte est préjudiciable à la santé mentale des enfants, même pour ceux qui vivent loin du lieu où se déroulent les combats», précisant que ces expériences peuvent «souvent s'aggraver mutuellement».

Ayant traité des problèmes liés aux traumatismes au Moyen-Orient, Al-Hakim a affirmé que l'exposition à un conflit armé peut également entraîner des troubles de l'attachement. Les cauchemars, les hallucinations et l'anxiété persistante sont également fréquents chez les enfants exposés à la guerre, ce qui peut souvent entraîner des troubles du développement et de l'apprentissage.

Hamzah Barhameyeh, de World Vision Syria Response, une organisation caritative qui soutient les enfants vulnérables dans le nord-ouest de la Syrie, au Liban et en Irak, a déclaré qu'il avait été témoin de toutes ces réactions chez les enfants, ajoutant que les perturbations de l'attachement aux personnes qui s'occupent d'eux peuvent entraver la capacité d'un enfant à nouer des relations sûres. Sans ce lien avec des personnes qui s'intéressent à lui, Al-Hakim prévient que l'enfant aura du mal à développer son identité.

«Les enfants qui ont subi un traumatisme peuvent ensuite, en grandissant, avoir des difficultés relationnelles et avoir du mal à se sentir proches des autres», a-t-elle expliqué. «Le deuil et la perte continus sont extrêmement douloureux. Le fait de vivre un événement traumatisant brise la confiance de l'enfant dans les idées fondamentales, notamment ses croyances sur la sécurité du monde et son estime de soi, ce qui lui donne un sentiment de profonde solitude.»

1
Au moins 1,4 million d'habitants de Gaza sont déplacés. (Photo, AFP)

Si l'arrêt de la violence est le premier pas vers la résolution de ces problèmes, les cicatrices à cet âge tendre risquent de ne pas être refermées. Al-Hakim a souligné que le stress post-traumatique, la dépression, les troubles anxieux, les troubles physiques tels que les maux de tête et les pensées suicidaires peuvent apparaître même après la fin de la violence. Elle a averti que «les traumatismes peuvent également être transmis dans les familles sur plusieurs générations».

Cependant, Al-Hakim et Kadir ont toutes deux déclaré qu'il existe des moyens d'atténuer ces effets, en commençant par répondre aux besoins fondamentaux des enfants, tels que le logement, la nourriture, la sécurité, la scolarisation, les soins de santé, l'eau potable et la stabilité.

Malgré la réouverture du poste frontalier de Rafah entre l'Égypte et Gaza vendredi et la livraison de dizaines de camions chargés d'aide et de fournitures médicales, le besoin d'assistance reste primordial.

«La population de Gaza a besoin d'un engagement beaucoup plus important — des livraisons continues de l'aide à Gaza en fonction des besoins», a déclaré Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, lors d'un sommet de la paix au Caire, en Égypte, samedi.

Au moins 1,4 million d'habitants de Gaza sont déplacés, et environ 580 000 personnes vivent dans des abris d'urgence gérés par les Nations unies, selon les chiffres communiqués par le Conseil norvégien pour les réfugiés, qui a indiqué que Gaza avait besoin de 100 camions d'aide par jour pour faire face à l'augmentation des besoins.

Selon l'UNICEF, «les enfants et les familles de Gaza sont pratiquement à court de nourriture, d'eau, d'électricité, de médicaments et d'un accès sûr aux hôpitaux, après des jours de frappes aériennes et de coupures de toutes les voies d'approvisionnement».

Pour aider les enfants survivants des guerres, les experts ont déclaré qu'il fallait répondre aux besoins fondamentaux des enfants et des personnes qui s'occupent d'eux.

«La santé physique et mentale des soignants a des répercussions importantes sur la santé physique et mentale des enfants», a mentionné Kadir. «Bien que certains enfants aient besoin de soins spécialisés, la majorité d'entre eux s'adapteront positivement si leurs besoins fondamentaux sont satisfaits et s'ils bénéficient d'un soutien psychosocial approprié.»

1
Au-delà des blessures physiques, les enfants des zones de conflit ont également dû faire face à des blessures émotionnelles profondes et durables. (Photo, AFP)

«Le soutien des réseaux familiaux et sociaux, le rétablissement d'un sentiment de sécurité et de normalité, les écoles et les lieux sûrs où jouer avec leurs amis sont essentiels pour aider les enfants à surmonter ces difficultés», a estimé Kadir.

Suggérant l'adoption d'une approche de santé publique à la suite des conflits régionaux, Al-Hakim a souligné l'importance d'éduquer les adultes sur les traumatismes subis par les enfants afin d'aider à créer des environnements sûrs et stimulants pour le rétablissement.

«Le counseling, la thérapie de groupes, les programmes scolaires et le soutien de la communauté aident à traiter le traumatisme, à gérer les symptômes du stress post-traumatique (SSPT) et à reconstruire un développement sain, des capacités d'adaptation et de l'espoir», a-t-elle soutenu. «D'autres thérapies incluent l'art, la musique, les pratiques spirituelles et les activités communautaires pour aider à restaurer les traditions culturelles, les liens familiaux, l'identité et les significations des choses.»

Al-Hakim a ajouté: «Les efforts de vérité et de réconciliation, l'obligation de rendre des comptes pour les crimes commis contre les enfants et les initiatives en matière de justice constituent un aspect très important de la réadaptation.»

«Ces efforts soutiennent et facilitent la guérison de la société et des individus», a-t-elle conclu.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
Short Url
  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

Short Url
  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


Des frappes israéliennes font des dizaines de morts dans la bande de Gaza

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.  "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe. "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
Short Url
  • Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement Hamas
  • Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien

TERRITOIRES PALESTINIENS: Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Déclenchée le 7 octobre 2023 après une attaque d'une ampleur inédite du Hamas sur le sol israélien, la guerre à Gaza s'est propagée au Liban, où le mouvement pro-iranien Hezbollah a ouvert un "front de soutien" au mouvement palestinien.

Après des discussions à Beyrouth en vue d'obtenir une trêve entre l'armée israélienne et le Hezbollah, l'émissaire spécial du président américain, Amos Hochstein, doit rencontrer jeudi en Israël le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, à 12H30 (10H30 GMT).

Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien.

Dans la bande de Gaza, la Défense civile a annoncé jeudi la mort de 22 personnes tuées dans la nuit par une frappe israélienne sur un quartier de Gaza-ville (nord).

"Nous confirmons que 22 martyrs ont été transférés (vers des hôpitaux) après une frappe ayant visé (une) maison (...) à Cheikh Radwan", a indiqué à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de l'organisation.

"Ici, il y a un martyr et un corps sans tête. Nous ne savons pas de qui il s'agit jusqu'à présent", témoigne auprès de l'AFPTV, Moataz Al-Arouqi, un Palestinien du quartier.

Une autre frappe survenue aux alentours de minuit (22H00 GMT) dans la zone de Beit Lahia et Jabalia (nord) a fait des dizaines de morts, selon des sources médicales.

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.

"Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza".

"Arrêt total de l'agression" 

La guerre dans le territoire palestinien a été déclenchée en riposte à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, l'armée israélienne a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, malgré les appels internationaux demandant la fin du conflit.

Au Liban, Israël et le Hezbollah sont entrés en guerre ouverte le 23 septembre après un an de tirs transfrontaliers, et l'armée israélienne mène des incursions dans le sud du pays depuis le 30 septembre.

Israël dit vouloir éloigner le Hezbollah des régions frontalières du sud du Liban pour permettre le retour des quelque 60.000 habitants du nord d'Israël déplacés par les tirs du mouvement. Au Liban, des dizaines de milliers d'habitants ont également été déplacés.

L'ambassadrice américaine à Beyrouth, Lisa Johnson, avait présenté jeudi dernier au Premier ministre libanais, Najib Mikati, et au chef du Parlement, Nabih Berri, un plan en 13 points prévoyant une trêve de 60 jours et le déploiement de l'armée dans le sud du Liban.

Dans ce contexte, l'émissaire Amos Hochstein s'est rendu mardi à Beyrouth où il a déclaré qu'une solution était "à portée de main" mais que c'était aux belligérants de "décider".

Israël "ne peut pas nous imposer ses conditions", a prévenu mercredi le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, disant exiger "l'arrêt total de l'agression" au Liban.

M. Netanyahu avait averti lundi que Israël "mènera(it) des opérations" militaires contre le Hezbollah même en cas de trêve.

"Très violente frappe" 

Pendant ce temps, les bombardements israéliens se poursuivent au Liban sur des bastions du Hezbollah. De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer.

Plusieurs secteurs du sud du pays ont été ciblés, notamment la bourgade de Khiam, située à environ six kilomètres de la frontière, où des affrontements entre le Hezbollah et les forces israéliennes avaient éclaté la veille, selon l'Agence nationale d'information libanaise (Ani).

Jeudi matin, le porte-parole de l'armée en langue arabe, Avichay Adraee, a lancé des appels à évacuer aux habitants de trois zones proches de la ville de Tyr (sud).

Les violences entre Israël et le Hezbollah ont fait au Liban plus de 3.550 morts depuis octobre 2023, la plupart depuis le début de la campagne israélienne massive de bombardements le 23 septembre. Côté israélien, 79 militaires et 46 civils ont été tués en 13 mois.