PARIS: Avec Soul, Pixar offre le 25 décembre un voyage onirique sur le sens de la vie, dans la veine de ses films les plus ambitieux et singuliers. Un cadeau de Noël réservé aux abonnés Disney+ et privé de sortie en salles.
Vingt-troisième long-métrage du studio Pixar qui a marqué l'histoire de l'animation, de Toy Story au Monde de Némo, Soul relate les tribulations entre la vie et la mort de Joe Gardner, un prof de musique new-yorkais qui souhaite devenir jazzman auprès des plus grandes stars.
Une chute le précipite dans une interminable file d'attente céleste, antichambre de la mort, avant qu'il ne bascule dans le « Grand Avant », un monde avant la naissance où chaque « âme" humaine acquiert sa personnalité, qualités et défauts, avant d'intégrer un corps humain.
Un univers abstrait, né de l'imagination de Pete Docter, le plus original des auteurs du studio, oscarisé pour « Là Haut » et « Vice-Versa ».
Dans « Soul », qui met en scène le premier héros afro-américain de Pixar, le réalisateur exploite à nouveau le filon psychologique, explorant cette fois les tréfonds de l'âme : « est-on envoyé sur terre avec un but ? Il y a-t-il un sens à la vie ? Est-ce qu'on doit le trouver ? », a-t-il détaillé en conférence de presse.
Le pauvre Joe Gardner, lui, se voit désigner chaperon d'une âme esseulée, « 22», qui n'a jamais accepté de rejoindre un corps et de vivre sa vie sur terre, préférant s'amuser dans le confort ouaté du « Grand Avant ». Il doit lui expliquer en quoi la vie vaut d'être vécue.
« Même des chamans »
Le film s'articule autour de leur relation et de leur quête du sens de la vie, brassant les grandes questions de l'amitié, de la confiance et du destin, et alternant entre le décor entièrement imaginaire du « Grand Avant » et les scènes de la vie new-yorkaise. Les voix françaises sont signées Omar Sy, Camille Cottin et Ramzy Bedia.
Pixar, souvent pionnier tant dans les techniques visuelles que dans les thèmes abordés, touche une nouvelle fois frontalement la question de la mort, rappelant « Coco » ou « La-Haut ».
Le film empreinte aussi à « Vice-Versa » , sorti en 2015, qui partait à la découverte du « centre de contrôle » de la conscience d'une fillette introvertie.
« Pour nous ce film (« Soul ») était une exploration de la vie (...) Les enfants comprennent les idées complexes et ils ont déjà ces questionnements », a souligné le scénariste et co-réalisateur Kemp Powers, soulignant que des « projections test » étaient effectuées par Pixar pour s'assurer que ses films ne risquaient pas « de terrifier toute une génération ».
Signe de la volonté de ne froisser personne avec son scénario empreint de métaphysique, la filiale de Disney, groupe échaudé récemment par des polémiques autour de « Mulan » et du sort fait en Chine aux Ouïghours, a pris les devants : l'équipe du film a consulté « des prêtres, des rabbins, personnes de tradition hindoue, bouddhiste et même des chamans » pour se « renseigner autant que possible » et éviter de « dire par inadvertance des choses qui pourraient déranger », a expliqué Pete Docter.
Taillé pour le grand écran, distingué par la mention « Cannes 2020 », le film ne sera finalement disponible qu'en ligne, sur décision de Disney. Entre temps, beaucoup de pays ont de toute manière fermé leurs cinémas en raison du coronavirus.
« Soul » est en tout cas un parfait produit d'appel la plateforme Disney +, lancée dans une course aux nombre d'abonnés avec d'autres mastodontes tels Netflix ou Amazon Prime.