Il y a quatre ans, lorsque Donald Trump avait défié Hillary Clinton, j’ai soutenu que les Palestiniens et les Arabes devaient secouer le plateau de jeu des élections américaines. En fait, j’ai suggéré aux électeurs de jeter le plateau en l'air car, bien que risqué, ceci pourrait permettre un changement réel dans lequel le système politique américain pourrait diminuer son soutien au racisme extrémiste du gouvernement israélien et mieux reconnaître les droits civils et la justice palestiniens.
Trump, qui entretenait des relations étroites avec de nombreux arabes et palestiniens, comprenait le conflit aussi bien, ou même mieux que la plupart.
J’ai appelé cela la « théorie de la perturbation », dans laquelle Trump, qui est aussi motivé par les émotions et les problèmes personnels que les Arabes et les Palestiniens eux-mêmes, pourrait indigner Israël au point de provoquer un véritable gouffre politique. Le pire scénario était l'argument secondaire selon lequel il n'y a pas de différence entre les deux partis et que le changement ne vient que d'un changement politique - une version modifiée de l'argument du « moindre mal ».
Cependant, je ne m’attendais pas à ce que l’élection de Trump donne aux extrémistes de notre communauté une base à partir de laquelle ils peuvent se mobiliser contre le président, fermer la porte à toute discussion et rendre la politique gouvernementale des États-Unis encore plus unilatérale.
Oui, au lieu d'engager Trump, les activistes l'ont attaqué, en utilisant la question de son « Muslim ban ». Il est vrai qu'en 2015, alors qu'il faisait campagne, il avait appelé à interdire l’entrée de « tous les musulmans » dans le pays. Mais, une fois élu, cela a été ajusté pour ne cibler que certains pays, qui comprennent aujourd'hui les pays à majorité musulmane, dont l’Iran, la Libye, la Somalie, la Syrie et le Yémen, ainsi que les pays à majorité non musulmane, dont la Corée du Nord et le Venezuela. Chacun de ces pays est problématique ou dysfonctionnel en matière de sécurité de l’immigration.
Montrant à quel point ils se soucient peu des droits des Palestiniens, la plateforme DNC détaille leur engagement sans faille envers Israël.
Ray Hanania
Il existe au moins 50 pays à majorité musulmane qui ne sont pas affectés, et le Pew Research Center a estimé que l’interdiction initiale touchait seulement 12 pourcents de tous les musulmans dans le monde (ce chiffre a maintenant diminué puisque l’Irak et le Soudan ont été rayés de la liste).
Cette controverse constitue toutefois l’arme parfaite pour alimenter une cause politique. La semaine dernière, les représentants Rashida Tlaib et Ilhan Omar ont coparrainé un projet de loi visant à abroger le « Muslim ban » à la Chambre des représentants américaine. Leur décision était purement politique et avait pour but de faire les manchettes et d’augmenter leurs chances d’être réélus. La Chambre contrôlée par les démocrates a approuvé le projet de loi, mais celui-ci n'a absolument aucune chance de passer le Sénat contrôlé par les républicains ou d'être signé par Trump.
La distinction entre les politiques des partis républicain et démocrate au Moyen-Orient devient de plus en plus vague et indiscernable. Les démocrates ne sont pas très différents des républicains dans la manière dont ils abordent la cause palestinienne, sauf dans leur rhétorique. La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël en est un bon exemple. Avec ou sans cette initiative, Israël a bafoué les droits politiques et civils des Palestiniens à Jérusalem et est engagé dans un processus lent mais régulier de nettoyage ethnique de la ville des non-juifs. Chaque jour, des Palestiniens sont expulsés de Jérusalem-Est et leurs maisons sont données à des colons et des fanatiques juifs. Pour vous montrer à quel point les démocrates sont similaires aux républicains et pourquoi il était préférable de soutenir Trump plutôt que Clinton, j'ai choisi la théorie de la perturbation comme la meilleure option.
Si vous n’êtes pas convaincus que les deux partis ont des objectifs similaires et qu’ils ne diffèrent que légèrement dans la rhétorique, vous n’avez qu’à examiner la plateforme lancée la semaine dernière par le Comité national démocrate (DNC), qui a fait tout son possible en 2016 pour bloquer la désignation du sénateur Bernie Sanders, en partie parce qu'il était un ardent défenseur de la justice pour la Palestine et était la meilleure option politique des Palestiniens. Montrant à quel point ils se soucient peu des droits des Palestiniens, la plateforme DNC détaille, dans les deux dernières pages d'un projet de document de 80 pages, leurs points de vue sur le Moyen-Orient et leur engagement sans faille envers Israël.
« Les démocrates estiment qu’un Israël fort, sûr et démocratique est vital pour les intérêts des États-Unis. Notre engagement envers la sécurité d’Israel, son avantage militaire qualitatif, son droit de se défendre… est irréprochable », indique-t-il. « Les démocrates reconnaissent la valeur de chaque Israélien et de chaque Palestinien. C’est pourquoi nous œuvrerons à mettre fin à un conflit qui a causé tant de souffrances à tant de personnes ». Il précise également qu’une administration démocrate reconnaîtrait également Jérusalem comme la capitale d’Israël.
La plateforme déclare que les démocrates « soutiennent une solution négociée entre deux États qui assure l’avenir d’Israël en tant qu’État juif et démocratique ayant des frontières reconnues et qui défend le droit des Palestiniens à vivre dans la liberté et la sécurité dans un État viable qui leur est propre ».
Les démocrate et les républicains, s’opposent tous deux au mouvement BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions), et la nouvelle plateforme soutient que le fait de sanctionner les américains qui défendent le boycott d’Israël ne menace pas « le droit constitutionnel de nos citoyens à s’exprimer librement ».
Si l’argent est tout ce qui importe, les démocrates affirment qu’ils rétabliront le financement des Palestiniens. Trump a laissé entendre qu'il ferait cela également s'ils s'engageaient dans le processus de paix plutôt que de rejeter ses efforts. Mais je recherche quelque chose de significatif qui reconnaît les droits civils des Palestiniens, et aucun des deux partis ne le fait vraiment.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique primé et chroniqueur au Chicago City Hall.
Site web www.Hanania.com
Twitter : @RayHanania
L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com.