BOREAUX: Elisabeth Borne se rend dimanche devant les cadres et militants de Renaissance pour chercher le soutien dont elle aura besoin afin de traverser un automne budgétaire semé de 49.3 et répondre aux préoccupations des Français sur leur pouvoir d'achat, malgré les économies programmées.
"Allez, allez Babeth!", lancent les jeunes macronistes sur le passage de la Première ministre venue déambuler samedi soir, au son d'une fanfare, autour des stands du "campus européen" du parti présidentiel, installé le temps d'un week-end près de Bordeaux.
La cheffe du gouvernement et de la majorité clora dimanche par un discours ces trois jours de réunions militantes, après les interventions des présidents des partis alliés Edouard Philippe (Horizons) et François Bayrou (MoDem).
Puis elle répondra, pendant une heure depuis le campus, aux questions de BFMTV.
Embrassades, selfies et rires, la cheffe de la majorité a pris dès samedi des forces auprès des siens avant une saison parlementaire qui risque d'être ponctuée par une dizaine de 49.3 pour l'adoption des textes financiers, et peut-être autant de motions de censure.
En mars, elle avait failli être renversée, à seulement 9 voix près, sur la réforme des retraites.
«Ne pas braquer»
"Trois mois de 49.3, ça va être long jusqu'à Noël" pour elle, estime un conseiller ministériel, alors que sa popularité faiblit dans les sondages.
Prix des carburants, crise du logement, "mis bout à bout, elle a peu de bonnes de nouvelles à apporter", ou alors c'est "le président qui les prend", sur la planification écologique comme sur l'essence à prix coûtant, ajoute le même conseiller, selon qui "elle aura peu de moments où elle pourra lever les bras".
L'exercice est en effet délicat pour la Première ministre: "sur le budget, il ne faut pas braquer les oppositions" et faire attention à "chaque mot ou sortie un peu nouvelle", prévient un ministre qui connaît la matière et associe cette période à une "gestion des frustrations".
Elisabeth Borne a également besoin de réconfort pour se frayer un chemin entre les ambitions de ses ministres pour 2027, au premier rang desquels Gérald Darmanin, qui interroge dans Le Parisien "l'envie" de l'allié Edouard Philippe, et Bruno Le Maire, qui réclame pour Renaissance de la "clarté", de la "fermeté", en prévenant que "le temps n'est pas à la mollesse".
"Celui ou celle qui conduira" la liste de la majorité aux élections européennes de 2024 "devra y aller sabre au clair", a par ailleurs estimé samedi devant la presse le locataire de Bercy, alors que Renaissance n'a pas encore choisi son numéro un pour le scrutin de juin.
Quant au ministre de l'Intérieur, qui a cru pouvoir remplacer Elisabeth Borne à Matignon cet été, il dit sobrement avoir une relation "professionnelle" avec elle.
Conférence sociale
Elisabeth Borne "a besoin de nous, d'avoir un parti qui soit derrière elle, qui a des idées, qui soit sur le terrain", affirme une ministre, qui attend de la cheffe du gouvernement de "mobiliser les troupes".
"On doit apporter notre enthousiasme (...) Un chef, il cheffe, il est là pour montrer un chemin, pas pour se planquer", prévient un autre membre du gouvernement à l'égard d'une patronne réputée sérieuse et peu adepte des grands-messes comme celle de Bordeaux.
"C'est compliqué, son job...", résume un ancien député Renaissance. Surtout quand le budget 2024 est fondé sur des économies, au moment où les principales inquiétudes des Français portent sur le pouvoir d'achat.
Elisabeth Borne aura l'occasion de leur répondre le 16 octobre lors d'une conférence sociale qu'elle présidera à Matignon.
En amont de cette rencontre sur "les carrières et les branches situées sous le salaire minimum", elle recevra la semaine prochaine tour à tour les organisations syndicales et patronales, dans pas moins de 13 réunions bilatérales.
L'organisation de cette conférence, qui figurait à l'agenda social des partenaires sociaux, avait été validée par le président Emmanuel Macron fin août lors des "Rencontres de Saint-Denis" avec les chefs de partis politiques.