LONDRES: Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a exprimé dimanche sa "profonde préoccupation" au sujet d'"interférences" de Pékin "dans la démocratie parlementaire britannique" auprès de son homologue chinois après la révélation d'arrestations pour espionnage, a déclaré un porte-parole de Downing Street aux médias britanniques.
Le chef du gouvernement britannique a rencontré le Premier ministre chinois Li Qiang en marge du sommet du G20 à New Delhi et lui a fait part de sa "profonde préoccupation au sujet d'interférences chinoises dans la démocratie parlementaire britannique", après la révélation de deux arrestations pour espionnage en mars, dont celle d'un jeune homme qui travaillait au Parlement de Westminster.
"Des agents du service de police métropolitain ont arrêté deux hommes le 13 mars, soupçonnés d'infractions à l'article 1 de la loi sur les secrets officiels de 1911", a indiqué la police. Le premier a été interpellé dans la région d'Oxford, l'autre à Édimbourg.
Selon le Sunday Times, le deuxième homme a eu des contacts avec des députés du parti conservateur au pouvoir alors qu'il travaillait au Parlement.
Parmi eux figuraient le secrétaire d'Etat à la Sécurité, Tom Tugendhat, et Alicia Kearns, la présidente de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des communes.
Il s'agit d'un Britannique ayant travaillé sur la politique internationale, notamment sur les relations avec Pékin, et qui a déjà travaillé en Chine, ajoute le journal.
L'année dernière, le renseignement britannique avait révélé le cas d'une agente du gouvernement chinois, Christine Lee, "engagée dans des activités d'ingérence politique au nom du Parti communiste chinois, en dialoguant avec des membres du Parlement".
En juillet, la commission du renseignement et de la sécurité de la Chambre des communes a affirmé que la Chine ciblait le Royaume-Uni, démuni pour y faire face.
Après "l'âge d'or" voulu par l'ex-Premier ministre David Cameron en 2015, les relations entre Londres et Pékin se sont nettement dégradées ces dernières années.
Les deux pays ont des positions divergentes notamment sur la répression du mouvement pro-démocratie à Hong Kong, ex-colonie britannique, ainsi que sur le sort de la minorité musulmane ouïghoure dans la région du Xinjiang ou sur les accusations de violations des droits humains au Tibet.
Le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly a effectué fin août une visite officielle en Chine, affirmant qu'il avait abordé la question des droits humains avec tous les responsables politiques chinois qu'il a rencontrés.
Pékin avait fait valoir que la situation à "Hong Kong et au Xinjiang relève des affaires internes" chinoises et que le gouvernement chinois "n'admet aucune interférence étrangère".
La visite en Chine de M. Cleverly avait coïncidé avec la publication d'un rapport parlementaire très critique envers Pékin, qualifiant la Chine de "menace pour le Royaume-Uni et ses intérêts", et appelant le gouvernement à développer une "diplomatie de la dissuasion".