Innovation: en France, des solutions uniques au monde pour le recyclage textile

Un vendeur renseigne un client, le 07 avril 2004 à Villeneuve-d'Ascq, dans un magasin du producteur et distributeur d'articles de sport français Décathlon. (Photo PHILIPPE HUGUEN / AFP)
Un vendeur renseigne un client, le 07 avril 2004 à Villeneuve-d'Ascq, dans un magasin du producteur et distributeur d'articles de sport français Décathlon. (Photo PHILIPPE HUGUEN / AFP)
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Publié le Mercredi 06 septembre 2023

Innovation: en France, des solutions uniques au monde pour le recyclage textile

  • Première plateforme d’innovation au monde parvenue à effectuer cette manipulation de manière automatisée, le Cetia, à Hendaye (sud-ouest), ouvre ainsi la voie à la refabrication de semelles neuves à partir d'usagées
  • Actuellement, en Europe, les chaussures sont désassemblées manuellement ou simplement broyées

HENDAYE: Sur une machine aux allures futuristes, une basket usagée passe un tunnel avant d'être délicatement saisie par un immense bras articulé qui lui arrache avec force et précision sa semelle : cette opération, qui paraît bénigne, est en réalité fondamentale pour le monde du recyclage textile.

Première plateforme d’innovation au monde parvenue à effectuer cette manipulation de manière automatisée, le Cetia, à Hendaye (sud-ouest), ouvre ainsi la voie à la refabrication de semelles neuves à partir d'usagées.

Alors que l'Europe ne sait recycler qu'une infime partie de ses textiles à l’échelle industrielle (1%), des acteurs se mobilisent pour structurer une filière encore embryonnaire, à l'image du Cetia qui développe des solutions pionnières en matière de préparation au recyclage.

Actuellement, en Europe, les chaussures sont désassemblées manuellement ou simplement broyées.

"On a déposé deux brevets", dévoile Chloé Salmon Legagneur, directrice du Cetia. Au départ chaire de recherche de l'école d'ingénieurs Estia, le Cetia - en partenariat avec le centre privé de recherche CETI - est désormais une entreprise proposant des prototypes novateurs en matière de recyclage du textile et du cuir.

Marilou Hargoues, jeune ingénieure, manipule une basket qui a donné du fil à retordre au robot. "La difficulté, c'est qu'il y a de la mousse" dans la semelle, dont les industriels ne communiquent pas la composition, commente-t-elle. Ce qui complique le calibrage du robot.

Ce projet, nommé Re-shoes, est "essentiel", estime Véronique Allaire-Spizer, directrice du pôle Régénération de l'éco-organisme agréé Refashion : "tant qu'on n'aura pas de solution de préparation (de la matière en vue de son recyclage), on n'aura pas de filière" en France.

L'éco-organisme injecte 900.000 euros pour financer des projets du Cetia, la Région Nouvelle- Aquitaine près d'un million.

Zips, boutons, rivets...

Actuellement, une majeure partie du 1% des textiles recyclés en Europe ne permet pas de refabriquer du fil mais est transformée en isolant, en rembourrage, en bitume...

Or, d'ici 2030, l'Union européenne entend fixer "une teneur minimum de fibres recyclées dans la composition des textiles", selon le site de la Commission.

L'enjeu est donc de parvenir à une solution industrielle qui permette d'avoir un tri de la matière assez fin et un démantèlement assez délicat pour refaire des vêtements avec des vêtements.

La machine du Cetia, qui reconnaît la couleur et la composition du tissu lors d'un mélange de deux matières grâce à une technologie infrarouge, est ainsi déterminante dans la préparation au recyclage.

Les vêtements triés passent dans une autre machine qui sépare "les points durs" (zips, boutons, etc.) du tissu. La matière qui en ressort a donc une composition connue et est plus facilement réutilisable.

Plus loin dans la halle, une autre machine avec une découpe laser permet de ne pas abîmer l'étoffe lors de la séparation du tissu des autres composants. Elle intéresse particulièrement le secteur du luxe qui a besoin de conserver intactes ses nobles matières.

Une autre, utilisant l'intelligence artificielle, sait distinguer une poche d'un col, une manche d'un bas de pantalon, une différenciation primordiale lorsqu'il s'agit d'opérer un premier tri avant recyclage.

Ces équipements de pointe valent près de 2 millions d'euros.

"Les marques nous disent : +Je veux que la matière de mes produits puisse être recyclée dans mon industrie et non pas dans de l'isolant ou du revêtement de sol", témoigne la directrice du Cetia.

Pour faciliter le recyclage, certaines marques dont Decathlon - l'un des premiers soutiens du Cetia - réfléchissent dès la conception "sur le nombre de matières utilisées, les éléments perturbateurs, etc.", explique Clémence Goubet, responsable développement durable chaussures au sein de l'enseigne de sport, qui vise 100% de produits écoconçus en 2026.

L'enjeu du recyclage est aussi politique : 200.000 tonnes de déchets textiles français partent à l'export chaque année, faute de solution nationale, chiffre le Cetia.

"On a un gisement qui est là, qu'il faut qu'on traite. Le recyclage peut être une grosse contribution" au dossier réindustrialisation de la France, souligne Chloé Salmon Legagneur.


«Nouveau Front Populaire» : comment la gauche a refait l'union en quatre jours

Le Nouveau Front Populaire annonce aussi vouloir un "protectionnisme écologique et social aux frontières de l'Europe" et "mettre fin aux accords de libre-échange".  (AFP)
Le Nouveau Front Populaire annonce aussi vouloir un "protectionnisme écologique et social aux frontières de l'Europe" et "mettre fin aux accords de libre-échange". (AFP)
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  • Le Nouveau Front Populaire, alliance des principales forces de gauche, a dévoilé vendredi son programme pour les législatives
  • Il promet sur le plan national d'abroger les réformes des retraites, de l'assurance-chômage et de l'immigration

PARIS: En 2022, les négociations pour former la Nupes avaient duré 13 jours - et 13 nuits. En 2024, face au risque qui n'a jamais été aussi fort de voir l'extrême droite arriver au pouvoir, les partis de gauche auront réussi à s'entendre autour d'un "Nouveau Front populaire" en quatre jours. Non sans tensions.

"Il me faut une cigarette. J'ai pas dormi depuis deux nuits", soupire jeudi Sébastien Vincini, secrétaire national du PS, devant le siège des Ecologistes, rue des Petits Hôtels à Paris.

Dès dimanche soir, à peine le choc de la dissolution de l'Assemblée nationale passé, la patronne des Ecologistes Marine Tondelier annonce qu'elle "va prendre les uns et les autres, à deux, à trois" pour tenter de former une union à gauche face au Rassemblement national.

Un pari des plus risqués alors que depuis plusieurs mois et l'explosion de la Nupes, les relations sont au plus bas entre communistes, Insoumis, socialistes et Ecologistes. Voire exécrables.

Après des semaines de campagne pour les européennes où les Insoumis ont régulièrement attaqué Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique, et tenté de siphonner le vote écologiste, les bises et les retrouvailles sont fraiches quand LFI arrive chez les écolos lundi après-midi.

"Laissez-les passer, on les a invités!", lance Marine Tondelier aux journalistes qui s'agglutinent autour de la délégation conduite par le coordinateur du mouvement Manuel Bompard et la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot.


Législatives: Glucksmann soutient l'union de la gauche mais assure que Mélenchon ne sera pas Premier ministre

L'ex-tête de liste PS-Place publique aux européennes, Raphaël Glucksmann, a affirmé jeudi qu'"une union de la gauche" était "la seule manière" d'empêcher la victoire du Rassemblement national. (AFP).
L'ex-tête de liste PS-Place publique aux européennes, Raphaël Glucksmann, a affirmé jeudi qu'"une union de la gauche" était "la seule manière" d'empêcher la victoire du Rassemblement national. (AFP).
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  • L'ex-tête de liste PS-Place publique aux européennes, Raphaël Glucksmann, a affirmé jeudi qu'"une union de la gauche" était "la seule manière" d'empêcher la victoire du Rassemblement national
  • Disant comprendre que ceux qui ont voté pour lui aux européennes "puissent se sentir trahis", M. Glucksmann a assuré sur France Inter avoir "obtenu" des "engagements extrêmement clairs" sur l'Ukraine, l'Europe et le conflit israélo-palestinien

PARIS: L'ex-tête de liste PS-Place publique aux européennes, Raphaël Glucksmann, a affirmé jeudi qu'"une union de la gauche" était "la seule manière" d'empêcher la victoire du Rassemblement national aux législatives, validant ainsi le "Nouveau Front Populaire" malgré ses désaccords avec La France insoumise.

Disant comprendre que ceux qui ont voté pour lui aux européennes "puissent se sentir trahis", M. Glucksmann a assuré sur France Inter avoir "obtenu" des "engagements extrêmement clairs" sur l'Ukraine, l'Europe et le conflit israélo-palestinien, et affirmé que le chef de file de cette union "ne sera pas Jean-Luc Mélenchon" car "il faut une personne qui fasse consensus".

 


Législatives en France: la gauche en ordre de marche, la droite déchirée

Côté majorité présidentielle, M. Attal doit se rendre vendredi aux chantiers de Saint-Nazaire et à Nantes, dans l'Ouest, pour un déplacement consacré à l'économie et aux entreprises, avec dans le viseur RN et LFI. (AFP)
Côté majorité présidentielle, M. Attal doit se rendre vendredi aux chantiers de Saint-Nazaire et à Nantes, dans l'Ouest, pour un déplacement consacré à l'économie et aux entreprises, avec dans le viseur RN et LFI. (AFP)
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  • Quatre jours après le séisme provoqué par la dissolution de l'Assemblée par le chef de l'Etat à la suite de la victoire de l'extrême droite aux européennes, les principaux partis de gauche ont annoncé jeudi soir un accord
  • Fruit d'intenses tractations, ce programme commun de "rupture", avec une "déclinaison pour les 100 premiers jours du mandat", doit être détaillé à 11H30 (09H30 GMT) à Paris

PARIS: Les partis de gauche français doivent détailler vendredi leur programme commun pour les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, annoncées à la surprise générale par le président Emmanuel Macron et qui n'en finissent pas de diviser à droite.

Quatre jours après le séisme provoqué par la dissolution de l'Assemblée par le chef de l'Etat à la suite de la victoire de l'extrême droite aux européennes, les principaux partis de gauche ont annoncé jeudi soir un accord portant sur un "programme de gouvernement et des candidatures uniques".

Fruit d'intenses tractations, ce programme commun de "rupture", avec une "déclinaison pour les 100 premiers jours du mandat", doit être détaillé à 11H30 (09H30 GMT) à Paris lors d'une conférence de presse des chefs de file de ce "Nouveau Front Populaire".

Les ténors socialistes, La France insoumise (LFI, gauche radicale), écologistes et communistes ont multiplié jeudi les superlatifs pour saluer un "événement politique considérable en France", "une page de l'Histoire".

Même l'ancien président socialiste François Hollande, pourtant très hostile à LFI, a dit soutenir cet accord. Pour faire barrage à "l'extrême droite", "on va au-delà des divergences", a-t-il expliqué sur TF1.

Ainsi unie pour ce scrutin uninominal à deux tours, la gauche se prend désormais à espérer une "victoire" face au Rassemblement national (RN), donné largement en tête. Reste un sujet épineux: le choix du nom d'un éventuel Premier ministre.

Recours en justice 

Un paysage loin des fractures au parti conservateur Les Républicains (LR), dont le président Eric Ciotti conteste son exclusion pour son ralliement au Rassemblement national. Le tribunal judiciaire de Paris doit examiner vendredi son recours.

Dans le camp gouvernemental, promis à une lourde défaite, le Premier ministre Gabriel Attal est rentré dans le grand bain jeudi dans le nord du pays, sans réussir à masquer un certain malaise.

M. Macron s'est pour sa part envolé pour l'Italie, où il prend part au sommet du G7 à Bari.

"Je ne crois pas" être affaibli sur la scène internationale, a-t-il assuré jeudi à des journalistes dans les Pouilles, affirmant que ses homologues avaient jugé "courageux" son choix de dissoudre l'Assemblée nationale.

Du côté du Rassemblement national, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont déjeuné jeudi avec M. Ciotti, leur nouvelle prise de guerre.

Les deux responsables d'extrême droite vont faire vendredi campagne sur le terrain, Marine Le Pen dans son fief d'Hénin-Beaumont, dans le nord de la France, pour une déambulation sur le marché le matin, et Jordan Bardella dans une exploitation agricole du Loiret (centre), l'après-midi.

Huit mois après l'implosion de la Nupes, leur précédente alliance, les partis de gauche ont arrêté un partage des 577 circonscriptions du pays prévoyant notamment 229 candidatures pour LFI, 175 pour le PS, 92 pour les Ecologistes et 50 pour les communistes.

Incertitudes pour les JO 

Les responsables des Républicains doivent pour leur part réunir un nouveau bureau politique pour valider formellement l'éviction de leur président prononcée mercredi.

Mais les responsables de LR n'en ont pas fini avec leurs divergences, notamment au sujet de l'attitude à adopter dans les cas de duels entre le "Nouveau Front Populaire" et le RN au second tour le 7 juin.

L'eurodéputé François-Xavier Bellamy voterait "bien sûr" pour le RN, a-t-il lâché avant de temporiser sur les réseaux sociaux, quand d'autres prônent l'abstention.

Côté majorité présidentielle, M. Attal doit se rendre vendredi aux chantiers de Saint-Nazaire et à Nantes, dans l'Ouest, pour un déplacement consacré à l'économie et aux entreprises, avec dans le viseur RN et LFI.

Jeudi, il a fustigé un "accord de la honte" à gauche, estimant que les électeurs du candidat soutenu par le Parti socialiste, Raphaël Glucksmann, "doivent se sentir tellement trahis" par l'alliance avec LFI.

En marge du G7, Emmanuel Macron a convoqué pour sa part un autre argument: l'approche des JO de Paris du 26 juillet au 11 août.

Les Français vont "intégrer les Jeux olympiques" dans leurs "choix" aux législatives, a-t-il assuré. "Je pense qu'ils n'ont pas envie d'avoir des Jeux olympiques qui se présentent mal"  avec "des gens qui ne sont pas prêts du tout" à organiser, a-t-il souligné en visant implicitement les dirigeants du Rassemblement national.